Dissolution-suite, du Président et du TPP

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Dissolution-suite, du Président et du TPP

Barack Obama existe toujours puisqu’on l’a vu lors d’une rencontre très chaleureuse avec le jeune Trudeau, le nouveau hyper-jeune Premier ministre très-rock and roll du Canada, dans une ambiance particulièrement swing. Non seulement le président existe toujours, mais il a même une politique, sort of ; cela concerne notamment le TPP (TransPacific Partnership), l’accord massif de libre-échange pour le Pacifique, qui précède chronologiquement le TTIP (accord du même type pour la zone transatlantique) ; ledit TPP que le président Obama pousse de toutes ses forces et de toute son influence pour le faire ratifier par le Sénat. Pourquoi ? C’est là que nous entrons dans le Palais des Mystères avec ses multiples miroirs déformants, car il n’y a pas grand’monde à Washington qui veuille de cet accord, comme on l’a déjà vu ; et d’ailleurs autant de chance, c’est-à-dire quasiment aucune, qu’il (le traité) puisse être ratifié...

Grande est l’incompréhension de Scott Paul, qui fait partie de l’AAM (Alliance for American Manufacturing) et qui ne distingue aucun argument sérieux, ni même des chances très sérieuses pour que le traité soit ratifié par le Sénat, où il nous confirme n’y a pas assez de voix pour un vote favorable. A la question du “pourquoi ?” (“Pourquoi Obama continue-t-il à pousser sa politique de soutien au TPP ?”) Scott Paul répond donc, en toute logique et dans la plus complète candeur, que «[c’] est une bonne question. J’essaie chaque jour de déterminer quel bénéfice le président pourrait tirer d’une telle position et d’une telle politique. On peut supposer qu’il considère cela comme faisant partie de son legs, comme la loi sur les soins de santé et le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba. Même les analystes de l’administration prédisent que ce traité conduira à des pertes d’emploi [aux USA], et malgré cela il continue à aller de l’avant... Il continue alors que [le chef de la majorité républicaine au Sénat] McConnell prévient qu’il n’y a pas assez de voix [pour voter la ratification]. Pourtant, comme vous le savez, McConnell est partisan du traité. Alors évidemment, c’est un peu mystérieux pour moi de voir le président continuer à pousser avec tant de force ce traité, et d’autant plus que la direction du parti [démocrate], ou plutôt la prochaine direction du parti, – que ce soit Hillary Clinton ou Bernie Sanders, – ils disent tous les deux “nous n’en voulons pas !” »

Si par exemple Obama était un grand fan de Clinton, – et vraiment, c’est une hypothèse digne d’un scénario-Fantasy, – on pourrait supposer avec une très vaste imagination qu’il voudrait lui faire une fleur, en lui donnant l’occasion de vaincre aisément sur un tel dossier et d’asseoir son crédit : puisque le TPP n’a aucune chance d’être ratifié dans la situation actuelle, Clinton pourrait affirmer une opposition encore plus franche à la démarche du président, et celui-ci n’obtenant finalement pas la ratification ou bien paraissant céder à ses pressions, et ainsi la candidate Clinton soudainement vertueuse, protectrice des emplois des petits salariés et ainsi de suite.. Mais outre que, non vraiment, Obama n’est pas assez fan d’Hillary pour lui offrir sa propre défaite pour la renforcer, outre que la manœuvre pourrait aussi bien bénéficier à Sanders, encore plus adversaire du TPP que Clinton, il y a sans aucun doute l’argument contraire que la très forte et haute opinion qu’Obama a de lui-même lui interdit moralement de prêter la main à de telles intrigues où il n’est pas perçu comme le meilleur, l’homme du “Yes we can”. Il reste donc l’explication du legs d’Obama, renforcée pour la crédibilité par le rappel qu’il (Obama) vit dans une bulle à la narrative impénétrable posée sur la Maison-Blanche, à l’intérieur de laquelle l’on doit lui susurrer qu’il a raison et toutes les chances de forcer les sénateur à s'incliner, et là sa vanité est parfaitement rencontrée. Cette étonnante situation est donc développée dans l’interview de Scott Paul...

RT: « Why is the President so adamant when he knows that most of his party doesn’t like it, and two presidential candidates from his party don’t want it? Even Donald Trump is against it? »

Scott Paul: « That is a good question. I struggle with that every day trying to figure out what the benefit is to the presidency. What I can gather is that he views it as a part of his legacy, as part of the Obama legacy - much like the Affordable Care Act, or diplomatic relations with Cuba. Even though the study the administration uses predicts it is going to lose manufacturing jobs, he continues to move forward. He moves forward even though Mitch McConnell says the votes aren’t there in the Senate. Mitch McConnell is a supporter of this act, as you know. So it is a little bit mystifying to me as to why the President would continue to press it so forcefully, when the party leadership or the next party leadership – Hillary Clinton, Bernie Sanders – both say: “No go on this!” » [...]

RT: « Congress can still stop this deal, they could vote in the Senate. You’ve got two Democratic candidates who are on record against it, Trump is against it. Why wouldn’t Clinton and Sanders lobby fellow Democrats and the Senate to defeat it if they both don’t want it? »

Scott Paul: « I think it would make a lot of sense. You often see this at the end of campaigns when senators come back and take key votes on issues. This has happened in a lot of different elections. If the President continues to push this, I don’t know how much of a push that Clinton with Sanders would have to give to defeat it, because it sounds like the votes aren’t there right now. But rather than just being a talking point for Clinton, for instance, it would certainly lend credibility to the fact that she is really opposed to this – as we know, Senator Sanders is – if she were to actually put some shoe leather behind some of the words she gives on the stump. »

RT: « If they were to go to Obama and say: “Look, we’re going to do our own trade deal,” there might be some political card there to play. And the more the American people hear about this, the more they don’t like it, correct? »

Scott Paul: « Right. I don’t want to underestimate or understate the economic significance of the TPP. When you look at the major problems we have in our country today economically – widening inequality; a hollowed out middle class; people living pay check to pay check – a big part of that has been globalization and the trade deals that led us to this point. And the TPP would dramatically expand it. Why we don’t put a pause on and think about doing it differently? I don’t know. »

En vérité sans doute, Obama n’est-il pas informé que Washington D.C., s’accrochant au cirque des primaires et aux voix venues du fond de cette grande démocratie, est entrée dans une “nouvelle ère” où les grands traités de libre-échange n’ont plus ni bonne presse ni leur place. Le président termine son mandat, plus que jamais enfermé dans sa bulle cuirassée par l’“impénétrable narrative” dont le général Flynn a fait la douloureuse expérience. C’est simplement que ce jeune président (Obama), image parfaite du multiculturalisme de la globalisation, n’est vraiment plus de son temps, devenu tristement “un homme du passé” dans une époque (la postmodernité) où le passé n’a pas sa place.

C’est ainsi que se défont les choses et qu’avance la Grande Crise, par dissolution silencieuse et insaisissable, derrière les vociférations de The Donald, Hillary & Cie. Le plus remarquable est effectivement que ce “cirque”, dont tous les experts s’entêtent à nous dire qu’au soir du 8 novembre il sera oublié, ait des effets si rapides et efficaces, qu’on dirait presque par abstentions silencieuses, par retraits discrets. Dans le cas présent, il se passe simplement que les candidats, répondant aux consignes de l’“insurrection” populaire-populiste plutôt qu’à celles de leurs très-généreux donateurs, rejettent ces traités et que le sénateur McConnell, un dur de dur à la peau couturée de corruptions diverses, raclant ses fonds de tiroir et tirant ses poches vides, découvre tout soudain qu’il n’a pas les voix nécessaires pour une ratification du Sénat. Les donateurs, eux, ces maîtres du monde manipulateurs de toutes les intrigues, continuent à donner et découvrent que l’argent ne fait plus leur bonheur (voir le destin de Jeb Bush). Tout cela, n’est-ce pas, sans tambours ni trompettes...

Dieu sait, et de nombreux commentateurs avec Lui, que nous étions tous sûrs, il y a un an encore, de passer à la casserole du Corporate Power organisant une globalisation complètement nivelée et réduite à un vaste champ entropique. Dans cette entreprise, les frères siamois TPP-TTIP avaient un rôle essentiel à jouer. Aujourd’hui, ils se dissolvent, ils s’effacent discrètement. Nous parlons du TPP, pas encore du TTIP qui est transatlantique et nous intéressent précisément : comment voudrait-on qu’un tel traité transatlantique puisse seulement espérer être encore considéré sérieusement, lorsque le successeur d’Obama, s’il y en a un ou une, sera installé dans un fauteuil branlant avec les échos continuels de l’“insurrection virtuelle” en mode de croisière ? Décidément, l’Amérique magique aura toujours une longueur d’avance sur le Vieux-Monde.

Pendant ce temps, comme on vous l’a déjà dit, la consigne stricte et militaire, notamment venue du bunker-Juncker à destination des couloirs des institutions de l’UE, est d’être très discret sur les négociations en cours du TTIP, dont on vous assure entre deux portes qu’“elles marchent bien”. Chchuttt, il ne faut pas réveiller une bureaucratie qui négocie.

 

Mis en ligne le 11 mars 2016 à 17h36

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