A Date Which Will Live in Lunacy

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A Date Which Will Live in Lunacy

Le vendredi 13 octobre 2017, date du discours du président des Etats-Unis sur le traité JCPOA signé avec l’Iran par plusieurs puissances, dont les USA, pourrait-il rester dans la catégorie des “A Date Which Will Live...“ (comme disait Roosevelt à propos de Pearl Harbor, “A Date Which Will Live in Infamy”), mais bien entendu en remplaçant le dernier mot de la citation, – et cela nous donnant à peu près : “A Date Which Will Live in Lunacy” ? Il y a des analyses de fond qui paraissent sur la “politique iranienne” de Trump, qui varient d’ailleurs dans les orientations, mais qui sont marquées en général par la stupéfaction la plus grande devant les caractères extraordinaires de ce discours, par sa forme, par l’étrangeté de son contenu.

La façon dont Trump, ou sa plume de type “neocon-moron, décrit l’histoire et la situation actuelle de l’Iran, la façon dont il traite les faits historiques avérés et les événements actuels évidents, a de quoi couper le souffle. La critique s’attarde bien sûr aux distorsions factuelles mais s’arrête surtout à la tenue structurelle et intellectuelle générale du discours, à sa psychologie si l’on veut par ce qu’il dit de l’intérêt porté aux vérités-de-situation ; ainsi la critique n’est-elle plus intellectuelle mais relève du diagnostic... Et Alexander Mercouris de conclure : « En vérité, dans cet asile de fou, en quoi s’est transformée ce qui fut en d’autres temps la grande République Américaine, les fous ont pris le pouvoir. »

• Effectivement, la première des deux citations que nous faisons, de deux commentateurs au sérieux et à la compétence avérés, que nous connaissons bien, est celle d’Alexander Mercouris. Pour lui, ce discours est la pire pièce d’incohérence dialectique qui nous ait jamais été proposée, pire encore que le discours de GW Bush annonçant l’invasion de l’Irak le 19 mars 2003.

Mercouris reprend une critique déjà faite sur son site TheDonan.com, notamment par Adam Garrie qu’il mentionne d’ailleurs à plusieurs reprises ; montrant par là qu’il ne cherche pas tant à mettre à jour des faits, c’est-à-dire des narrative dont le caractère mensonger est évident et déjà signalé, qu’à montrer l’impudence, la folie même et justement qui conduit la rédaction du propos. Nous sommes certes dans un simulacre, on le sait depuis longtemps, mais dans ce cadre et compte tenu de ce que nous savons du contexte et des enjeux le simulacre n’est plus seulement tromperie et manipulation, c’est quasiment une transmutation en une monstruosité inhumaine. Un tel mépris pour la vérité touche à une sorte d’indifférence pathologique qui ne peut être qu’un indice de folie. Aucune attention n’est portée, ni à la crédibilité du propos, ni à l’habileté de la dialectique ; il y a toute la puissance, – ou mieux, la surpuissance car l’inspiration du Système n’est pas loin, – de la crétinerie la plus complète (brute momon, comme l’on dit brute force).

On peut donc lire l’article très intéressant également par son souci du détail critique de Mercouris dans TheDuran.com le 15 octobre 2017, dont nous extrayons deux passages, un premier paragraphe du début et les quelques paragraphes de fin. Ces extraits nous restituent le jugement général de Mercouris sur Trump, sur son administration, sur le pouvoir washingtonien, sur ce qui est, de toutes les façons et dans toutes les directions, plus que jamais “D.C.-la-folle”. (Les surlignages en caractères gras sont de notre initiative.)

« Suffice to say that in many years of following US Presidential addresses (some of them very weird) I have never heard or read any other speech from a US President on an important foreign policy issue which was so completely detached from reality or so frankly bizarre (the only one which comes close is George W. Bush’s address given on the eve of his invasion of Iraq). [...]

» The damage done by Trump’s speech is not to Iran or (probably) to the JCPOA.  It is to the international perception of the US, which is conducting itself ever more irrationally, so that one administration sets out to undermine an agreement reached by a previous administration, even when doing so is contrary to US interests, so that no one can put any trust in the US’s word any more.

» After the huge damage done to the US’s international reputation by George W. Bush’s incompetence and belligerence and by Barack Obama’s arrogance and narrow-mindedness, many governments around the world welcomed the new Trump administration which came with – apparently – fresh ideas, and – seemingly – a willingness to turn a new leaf in international relations.

» At a blistering pace they are all becoming increasingly disillusioned as they face the reality of another disastrous US Presidency, functioning against a backdrop of a US political system which has been exposed as hopelessly dysfunctional and increasingly irrational, offering no promise of things ever getting better at any time in the future.

» Truly in the lunatic asylum, which is what the once great American Republic has become, the inmates have taken over. »

• Le deuxième exemple est celui de Robert Parry, de ConsortiumNews, le même 15 octobre 2017. Parry, lui, développe une longue analyse du discours de Trump, et par conséquent de sa stratégie dans l’affaire iranienne. Il avance une explication classique : Trump est bien une “marionnette”, mais nullement la “marionnette de Poutine” comme l’en accusait Hillary Clinton (tiens, où en est-elle, celle-là ?) mais une “marionnette de Netanyahou”. Bien entendu, on peut envisager cette façon de voir, mais on peut aussi s’attacher à ce fait que la longue explication qui nous est proposée, avec les différents changements d'attitude de Trump, nous laisse voir l’attirance irrésistible de The-Donald pour la “politique du zigzag”, avec cette explication : « En privé, Trump a expliqué à une source combien il adorait l’évolution en zigzag [mais] que le but final ne changeait pas. »

On peut accepter l’idée, mais l’on peut aussi se demander ce qu’est le but final, si Trump est au courant de la chose, si telle ou telle théorie y correspond et ainsi de suite. Ce qui est gênant dans l’idée de “telle ou telle théorie”, c’est l’introduction d’un facteur rationnel dans une pièce où manifestement la rationalité n’a absolument plus sa place. Que Trump soit ou non la “marionnette de Netanyahou”, il reste l’hypothèse d’une prépondérance actuelle des neocons (certes, à la satisfaction de Netanyahou qui se croit manipulateur), correspondant parfaitement au climat de folie qui sourd du discours et de ses à-côtés ; ces neocons qui ne sont jamais plus à l’aise que lorsqu’ils arrivent à se trouver une place dans le désordre-chaos qui les précède, non pas parce qu’il s’agit d’une stratégie (on a eu le temps d’en mesurer la complète inexistence) mais parce qu’ils sont eux-mêmes producteur de désordre-chaos sans stratégie ni but particuliers, simplement enfin parce qu’ils sont eux-mêmes désordre et chaos. Tout cela, ils l’ont prouvé depuis 9/11, depuis ce temps où on les prenait encore au sérieux, parce qu’entretemps ils se sont révélés pour ce qu’ils sont, – de simples agents pathogènes participant avec leurs moyens au climat général de “D.C.-la-folle”.

Un détail mentionné en passant dans l’extrait du texte de Parry que nous donnons ne doit pas échapper à notre vigilance, à propos du discours de vendredi, « qui ressemble à un travail rédactionnel de John Bolton, l’un des conseillers neocons de Bush, qu’on a vu entrant à la Maison-Blanche la semaine dernière... ». En plus d’avoir été un conseiller de Bush et parce qu’il a la peau dure, Bolton est aussi un conseiller neocon de Trump, que nous soupçonnons depuis un certain temps de tenter de placer, sinon de réussir à placer l’un ou l’autre discours de son cru, particulièrement sur l’Iran, pour meubler les loisirs de Trump. Cela ne contredit en rien l’hypothèse Haley, qui est aussi “neocon-moron” que Bolton, et qui travaille sans le moindre doute en équipe avec le susdit... Haley, Bolton, “marionnette de Netanyahou”, de toutes les façons c’est la même folie qui règne à “D.C.-la-folle” au milieu de mille complots décrits et déroulés par des commentateurs qui se disent souvent et un peu vite antiSystème, qui sont avides de retrouver ce qui leur semblerait être un peu de terre ferme où installer leurs constructions fantasmatiques où la raison (même complotiste) retrouverait sa place.

Mais il résulte de tout cela, bien au contraire selon nous, que nous sommes bien dans le même asile de fou, et c’est bien là l’appréciation essentielle qu’il faut porter sur la situation pour en faire sortir une vérité-de-situation. C’est dans tous les cas ce que reconnaît Parry qui retrouve les mêmes références que Mercouris pour apprécier le discours de cette “Date Which Will Live in Lunacy”, – précisément la référence du discours de GW annonçant l’attaque de l’Irak. Ces deux commentateurs que l’on connaît bien, qui pèsent leurs commentaires, qui sont ennemis des excès et des hypothèses hasardeuses, ont les mêmes jugements intellectuels qui confirme bien ce discours pour ce qu’il est : le signe d’une complète déraison, qui règne en maîtresse au cœur du pouvoir washingtonien.

« Trump’s Iran speech was so ludicrous it almost defies serious analysis. It ranks with the reckless rhetoric of President George W. Bush when he pronounced an “axis of evil,” with the incongruous linking of Iraq and Iran (two bitter enemies) and North Korea accompanied by Bush’s bogus claims about Iraq’s WMD and Iraq’s alleged collaboration with Al Qaeda.

» In Friday’s speech, which looked like the handiwork of John Bolton, one of Bush’s neocon advisers who was seen entering the White House last week, Trump repeated all the nonsense tying Iran to Al Qaeda, presumably thinking that the American people still don’t understand that Al Qaeda is a fanatical Sunni terror group that targets both the West and Shiites, the dominant Muslim faith in Iran, as heretics deserving death. »

 

Mis en ligne le 16 octobre 2017 à 13H13