La première attaque fondamentale contre le JSF avec l’évocation d’un “plan B”

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Le 12 mars, à une audition de la commission sénatoriale des appropriations de défense, une première attaque fondamentale, de type strtucturelle, a été lancée contre le programme JSF. Cette attaque vient à la suite de la publication le 11 mars des rapports du GAO sur le programme JSF, notamment les points où le GAO annonce une augmentation de $38 milliards en un an du programme de développement et d’acquisition de l’avion (à partir d’un coût déjà majoré à plusieurs reprises de $299 milliards l’année dernière) et un coût global probable du programme (développement, acquisition, maintenance, utilisation) dépassant les $950 milliards et approchant le trillion. (Ces chiffres valent pour l’intention officielle annoncée d’acquérir 2.458 avions pour les trois services, intention largement mise en doute de différentes façons.)

L’attaque vient du sénateur Christopher “Kit” Bond, un républicain du Missouri, qui estime que le programme JSF/F-35 est sur le point de tomber sous le coup de l’amendement Nunn-McCordy. Cet amendement requiert une notification officielle au Congrès d’une augmentation de 15% puis de 25% selon le cas, pour un programme, pour une complète réévaluation officielle du programme (dans le cas de 15%) et pour l’abandon du programme (25%). Il s’agit de “notifications officielles” portant sur une augmentation très précisément établie sur une période de temps très limitée, par rapport à l’“estimation officielle” initiale communiquée par le Pentagone. D’une façon générale, Nunn-McCurdy, qui date de 1981, n’aboutit pas à l’abandon du programme mais oblige à une révision générale publique des conditions du programme, voire à une restructuration complète du programme. Dans le cas hautement polémique du JF/F-35, soumis depuis deux ans à des tensions grandissantes de la part du Congrès, dans un contexte de crise où le F-35 est opposé au F-22, un tel développement aurait un énorme effet médiatique et aurait des effets au minimum de délais très importants à cause de la possibilité de la refonte du programme.

Voici ce qu’en dit le Daily Report de l’AFA en date du 14 mars:

«Bond Claims F-35 Nunn-McCurdy: Sen. Christopher “Kit” Bond (R-Mo.) thinks the Lockheed Martin F-35 stealth fighter program faces an imminent breach of Nunn-McCurdy cost-monitoring thresholds. Bond, in whose state rival Boeing builds F-15s, made the comments during the March 12 hearing of the Senate Appropriations defense subcommittee with the Air Force’s top leadership. Citing a just-released Government Accountability Office report indicating that the F-35 program now has a total estimated lifetime price tag approaching one trillion dollars and will experience more delays, he said he was told that “there will most likely” be a breach—meaning program costs have risen sharply. “But somehow,” he said, “the Defense Acquisition Board is claiming scheduling delays, which delays the announcement of what I believe is inevitably a Nunn-McCurdy breach and possibly delays our taking action in this committee.” Bond also laid into the Air Force leaders for what he characterized as the service’s “unrealistic” fighter modernization efforts. “I remain extremely troubled and concerned about Air Force management … and its unwillingness to consider alternative courses of action to meet current and future threats,” he told Air Force Secretary Michael Wynne and Gen. Michael Moseley, Chief of Staff. The current strategy of building the F-35 as well as Lockheed Martin’s F-22 fails to address the impact on the fighter aircraft industrial base, he said. (Such as giving Boeing more fighter work with additional buys of F-15s.) Sole sourcing the F-35 to Lockheed Martin was a “stupendously bad decision,” he claimed. And with cost overruns and the number of F-22s capped, there will never be enough F-22s to supply the Air National Guard, making it impossible to fill gaps when older fighters are retired, he said. The Air Force needs to come up with a “Plan B,” such as pursuing a mix of F-22s, and modernized F-15s and F-16s, he said.»

Comme on le lit, Bond représente un “Etat-Boeing”, puisque la chaîne des F-15 se trouve dans le Missouri. Son intérêt est donc évident. Il n’empêche que sa plaidoirie, qui porte également sur la crise de l’USAF et sur la crise de la base industrielle, touche un problème d’une pressante actualité. Son évocation précise de la nécessité d’un “plan B” (poursuite du F-22, relance du F-15 et du F-16 dans des versions modernisées pour palier à la carence hypothétique du JSF) est une hypothèse extrêmement actuelle, une possibilité jusqu’ici évoquée en théorie mais qui acquiert une actualité grandissante devant les problèmes rencontrés par le JSF.

Le fait que cette hypothèse soit présentée publiquement montre que les partisans d’une alternative au JSF dans le plan de modernisation de l’USAF (et des autres armes, pour d’autres “plans B”, comme la Navy avec plus de F-18E/F, voire une nouvelle version de cet avion) sentent le moment venu de mettre en avant cette possibilité à l’heure où l’on approche d’un changement d’administration, avec les démocrates favoris pour prendre la Maison-Blanche. Cette évolution suit également l’affaire du programme KC-45, où les démocrates se retrouvent, autant par intérêt politicien que par conviction, du côté de Boeing qui a perdu le contrat. Ces divers mouvements impliquent nettement une contre-attaque de Boeing dans les divers domaines de la défense, et notamment, pour le cas du JSF mis en cause, une poussée favorable à une relance du F-15 pour l’USAF et un choix pour plus de F-18E/F et une noiuvelle version du même Super Hornet, tout cela pour combler le “trou” d’une éventuelle mise en cause, temporaire ou pire, du programme JSF.

Mis en ligne le 15 mars 2008 à 05H35