Poutine, le bombardier démodé entre les dents

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Les Britanniques sont touchants dans leur entêtement à reconstruire inlassablement un monde virtualiste conforme à leurs erreurs transformées en choix judicieux grâce à ce coup de baguette magique (le vitualisme). Ainsi en est-il de leur “affrontement” avec la Russie. Ils sont à peu près les seuls, avec la Commission européenne et les hystériques des pays de l’Est de l’UE, — compagnies significatives, — à poursuivre, depuis plusieurs mois avec une obstination très britannique cette politique de résurrection de la Guerre froide. Cette obsession britannique a l’avantage (?) de tenter de justifier le choix blairiste de l’alignement aveugle sur les USA, — dont on voit par ailleurs le prix qui se compte en humiliation et en sang versé. Elle s’appuie sur l’argument, ou plutôt la croyance que les USA seront ainsi ramenés dans le giron de la relation privilégiée UK-USA de la Guerre froide. Dans ce cas également, les Britanniques nous assènent la preuve que l’extrême de la vanité conduit à la naïveté ; et la preuve également qu’ils comprennent de moins en moins qui sont les Américains.

… Par conséquent, nouvelle alarme, la nième depuis le début de l’année : les Russes réarment! Un texte de ce matin nous annonce la renaissance de la puissance aérienne russe. Ce texte nous renvoie aussi à un édito de l’Observer du 19 août qui suivait l’annonce de la reprise des vols de reconnaissance russes à longue distance (activité qui semble réservée par évidence du devoir internationaliste aux seuls avions de l’USAF et de l’U.S. Navy). Ce texte-là est plein de raisonnements tordus et de semi-lapsus assez charmants, qui dissimulent mal la difficulté pour les Britanniques de plaider cet affrontement créé de toutes pièces par leurs besoins politiques, qu’il faut pourtant absolument attribuer à l’autre côté tout en ménageant tout le monde pour ne pas couper les ponts avec chacun, y compris avec sa propre logique britannique sans doute.

• Par exemple, ce début où la tension anglo-russe est subtilement transformée en tension entre l’Ouest et la Russie (deux mots soulignés en gras par nous) : «The diplomatic atmosphere between Britain and Russia has been getting sharply chillier since Moscow refused to extradite the man Scotland Yard accuses of the murder of ex-spy Alexander Litvinenko. There were tit-for-tat embassy expulsions. Now the BBC World Service has had its licence to broadcast in Moscow revoked.

»But this is a sideshow in a broader story of Russia's growing suspicion of the West and a tendency towards neo-Soviet grandstanding…»

• Le dernier paragraphe est instructif. La Russie, désignée comme si dangereuse, y est pêle-mêle accusée d’utiliser des vieux bombardiers sans grande efficacité, de tenter d’attirer l’attention sur elle, de montrer une faiblesse évidente, d’avoir une économie surestimé et en réalité bidon, d’avoir un vilain argent sans valeur puisqu’il vient des bénéfices du pétrole, de chercher la “reconnaissance et le respect” plutôt que la confrontation, d’être “ouverte à la négociation”, — par conséquent, il faut s’en méfier diablement, terriblement et de plus en plus… L’Angleterre peut rassurer la Russie parce qu’elle veut la coopération et le partenariat mais il est très dangereux d’“apaiser” le nationalisme. Par conséquent, plus la Russie est faible plus elle est dangereuse, plus elle veut négocier plus il faut lui répondre oui en lui disant que c’est une folie de négocier avec elle parce qu’elle suit une marche belliciste avec ses armes démodées et son économie sans importance… (Ouf… Pour une fois nous avons traduit.)

«Last week's scrambling of aged bombers to patrol the skies is a desperate bid for international attention and domestic applause. Such posturing is a sign of weakness. Russia has an underdeveloped economy, dependent on rising oil prices. Mr Putin wants recognition and respect from the West more than conflict. He is open to negotiation. But we must be wary of this neo-Soviet state. Britain can reassure Russia that it wants co-operation and partnership. But history warns of the danger of appeasing aggressive nationalism.»

.. Non, en réalité, le plus intéressant dans cet édito, on le trouve dans les commentaires souvent outrés des lecteurs confrontés à la remarquable hypocrisie du raisonnement imposé par les restes du blairisme.


Mis en ligne le 22 août 2007 à 15H14

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