La main de Bush ou le sparadrap de Sarko

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Un texte paru ce matin dans Le Figaro, qui nous informe que «Sarkozy veut tourner la page des polémiques» (on le comprend), est significatif de l’inquiétude du candidat aux présidentielles. Un mauvais climat s’est installé autour de la candidature de Sarkozy depuis son voyage à Washington.

Le dernier paragraphe de l’article est significatif dans ce sens. Après avoir annoncé le discours d’Agen de ce soir où Sarko voudrait effectivement dissiper ce climat en se posant comme rassembleur autour des “valeurs” de la République, le texte conclut :

«Une manière de faire oublier ce que nombre de ses amis considèrent comme des erreurs tactiques, même si les sondages le plébiscitent : la mise en cause des juges, la critique de la politique étrangère du chef de l'État et, par-dessus tout, la poignée de main avec George Bush. Une lourde erreur, estiment plusieurs conseillers, qui a donné aux chiraco-villepinistes le prétexte qu'ils attendaient pour “caricaturer” Sarkozy en “ultralibéral”.»

Pas besoin de “caricaturer”, Sarko s’est suffi à lui-même pour cela. Serrer la main de GW Bush paraissait une idée brillante alors que ce n’est qu’une idée courte de publiciste un peu trop fasciné par l’américanisme, qui ressemble par conséquent un peu trop à un geste d’allégeance — avec les Américains, impossible de faire autrement. Le geste a heurté de front la psychologie fondamentale des Français, fondée sur l’esprit d’indépendance et de souveraineté.

La poignée de main de Bush, c’est désormais le morceau de sparadrap qui colle au doigt et dont le capitaine Haddock-Sarko ne peut se débarrasser. (Il s’agissait donc bien de “Tintin à la Maison-Blanche”.) Il est possible que cette erreur psychologique colossale — quelles que soient par ailleurs les intentions de politique extérieure de Sarko-candidat — ait effectivement verrouillé l’ouverture de la brèche vers le débat fondamental de la politique extérieure de la France et des relations avec les USA, un terrain incroyablement miné, où Sarko part dans une position extrêmement défavorable.

Cela peut être résumé également comme le symptôme du “candidat parti trop tôt”, type Balladur circa 1995. Mais l’enjeu est autrement important, si l’on considère le thème de la politique extérieure et des relations avec les USA. D’où le remue-ménage général à Paris, du côté de la droite, avec Alliot-Marie plus ministre de la défense que jamais même si elle est désormais peu disponible à ce poste puisqu’elle s’affaire du côté de la politique et des rumeurs de candidature pour elle-même.

L’élection présidentielle 2007 est en train de gagner quelques points dans l’étalonnage d’un possible débat fondamental en France.


Mis en ligne le 12 octobre 2006 à 17H08