Washington bouge, puisqu’il le faut bien

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A l’ONU, les Américains évoluent. Une résolution est en cours d’élaboration, principalement entre les USA et la France, qui implique un cessez-le-feu avant toute autre mesure. Cela représenterait une concession significative de Washington, qui voulait une situation “pré-arrangée” sur le terrain (avec liquidation du Hezbollah authentifiée devant notaire) avant tout cessez-le-feu.

Selon AP, ce jour :

« Secretary of State Condoleezza Rice expressed support Thursday for an immediate cease-fire in Lebanon as the first phase in ending the conflict between Israel and Hezbollah. It was the most concrete signal yet that the U.S. may be willing to compromise on the stalemate over how to end the fighting.

» Moving closer to the position that France and other European countries are taking, Rice predicted that a U.N. Security Council resolution would be approved within days that would include a cease-fire and describe principles for a lasting peace.

» On CNN's ‘Larry King Live,’ Rice said the U.S. is moving “towards being able to do this in phases that will permit first an end or a stoppage in the hostilities and based on the establishment on some very important principles for how we move forward,” according to a partial transcript of the show being aired Thursday night.

(…)

» The measure that France and the U.S. were working on would be the first of two resolutions aimed at achieving a permanent cease-fire and a long-term solution to the conflict.

» “We're certainly getting close,” [Rice] said. “We're working with the French very closely. We're working with others.”

» Asked if U.S. policy had shifted, State Department spokesman Sean McCormack declined to comment. »

L’absence de commentaire du porte-parole McCormack nous en dit beaucoup : effectivement, il y a eu une évolution US. Cette évolution se fait vers la position française, qui représente une synthèse du ‘reste du monde’ (sauf Londres et les Israéliens) à des degrés divers. La situation est similaire à celle de 2002-2003, mais pas identique. La grande différence, c’est que les USA sont militairement épuisés et il y a l’immense surprise de l’inefficacité des Israéliens sur le terrain. La solution par la voie militaire est de plus en plus exclue parce qu’elle recèle des risques et des catastrophes impensables jusqu’ici. En 2003, au contraire, Washington était au mieux de ses illusions sur sa puissance militaire et entendait bien se passer de l’ONU (pour attaquer l’Irak).

Les USA sont donc sur la voie de reculer une fois de plus, notamment après leur recul sur l’Iran. Cette fois, la France est quasiment le “partenaire” direct des USA. Elle entend bien faire de cette évolution une preuve de plus de l’entente occidentale, avec les USA revenus au bon sens, et nullement une défaite US. C’est, une fois de plus, se bercer d’illusions sur le compte des USA (si les USA cèdent c’est par faiblesse et nullement par bon sens) et ne rien comprendre au phénomène qui affecte ce pays. Ce ne sera pas la dernière, on peut faire confiance (notamment) à la diplomatie française.

Bien entendu, sur le terrain, rien ne serait réglé avec cet éventuel cessez-le-feu. Le Hezbollah est toujours présent et sortirait dans ce cas très renforcé de la séquence. Il y aura bien des occasions pour toutes les manœuvres vicieuses et pour ranimer l’antagonisme des USA avec le ‘reste du monde’.

Il n’empêche qu’émerge de cette péripétie tactique l’essentiel pour nous rendre compte de la réalité des situations fondamentales. Le déclin de la puissance stratégique américaniste est un fait qui devient obsédant et le rôle de la France est complètement indispensable (“the indispensable nation”, comme disait l’autre?). Quant à Tony Blair, il devrait partir tout à l’heure en vacances. (*)

(*) Mais non, mais non, mauvais esprit. Grande âme, il retarde ses vacances.


Mis en ligne le 4 août 2006 à 12H20