Ron Paul, à la poubelle !

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Il est bien possible, sinon tout à fait probable, – bref, complètement évident que l’homme à abattre de cette campagne électorale pour les présidentielles US de 2012, – d’ores et déjà commencée, certes, – est d’ores et déjà le vénérable (75 ans) républicain de tendance libertarienne, le Représentant du Texas Ron Paul. C’est sans aucun doute l’avis de Justin Raimondo, de Antiwar.com, lui-même libertarien pur sucre, qui décrit ce 7 juin 2011 les éléments divers d’une campagne anti-Ron Paul qui commence à s’organiser, aussi bien à droite qu’à gauche dans l’establishment… Raimondo cite ensuite diverses occurrences de politique étrangère, d’interviews télévisées, etc., où Ron Paul est délibérément interprété d’une façon faussaire, ou induit en erreur, etc.

«As libertarianism becomes more visible, politically, and gains ground in the GOP, the enemies of freedom are poised – on both the right and the left – for the attack. Libertarians have never had to deal with this problem before, in the main because their movement was considered marginal, if it was considered at all. Today, however, the situation is quite different: a wave of “anti-government” (i.e. pro-freedom) sentiment is sweeping the country, and the realization that libertarians were the original tea-partiers – coupled with the electoral success of that populist upsurge – has the Establishment in a panic. What we’re seeing is a two-pronged, left-right attack on libertarians, with the initial forays in the foreign policy realm.

»The main thrust of the attack is naturally directed at the leader of the libertarian movement, the man who has done the most to make libertarianism a significant political force in the modern world, and that man is Rep. Ron Paul (R-Texas). Ron has single-handedly raised the profile of the movement way beyond what anyone imagined only a few years ago. A lot of this has to do with Ron’s prescient warnings about the state of the economy, and the bursting of the real estate bubble, which have given him the kind of authority he never enjoyed in all the years spent crying in the wilderness.

»However, Ron’s prescience isn’t limited to economics: unlike most conservatives, Ron was clear from the very beginning that our foreign policy of global intervention would blow back in our faces some day, and the 9/11 terrorist attacks confirmed his view in a way that was not, at first, readily apparent. Yet Ron kept making this point, even in the wake of the war hysteria that followed the attacks, and ten years anon – as a war-weary and dead broke America staggers and seems about to fall – his views are seen as prophetic rather than marginal.

»This is precisely what terrifies the Republican party Establishment, and positively enrages the neoconservatives, whose entire philosophy is predicated on the glorification of war. As might be expected, they are sharpening their knives and hoping to go in for the kill…»

Peut-être ce qui suit vient-il souligner et confirmer les craintes de Justin Raimondo ? Il s’agit d’un sondage ABC.News/Washington Post sur les candidatures républicaines possibles face à Obama. Il donne Romney grand favori de la désignation républicaine, avec une position proche de celle d’Obama, ce qui permet à nombre de commentateurs-Système de simuler une sueur froide à la pensée que l’icône démocrate et multiculturalisme pourrait être battue. Pour autant, la sueur froide est déjà tiède et a déjà servi, parce que Romney et Obama, sur les grandes questions qu’affectionne le Système, c’est blanc bonnet et bonnet blanc (ou “black bonnet et bonnet black”, par respect pour le président en exercice des USA et le respect non moins grandement nécessaire des quotas, qui, dans ce sens, ont toutes leurs vertus puisqu’ils rétablissent l’égalité multiculturaliste dans les adages de la narrative type DisneyWorld du bloc américaniste-occidentaliste). La chose est notamment rapportée par le Guardian du 8 juin 2011, qui nous résume cette révélation, en ne citant pas une fois Ron Paul dans son texte : «Barack Obama suffers shock poll slump as Mitt Romney draws level US president in dead heat with rival as ABC-Washington Post poll shows public unhappiness with state of economy…»

Le Washington Post présente son sondage dans un long texte du 7 juin 2011, toujours axé sur la paire Obama-Romney. La seule allusion à Ron Paul tient en une seule phrase dédaigneuse, dont on retiendra pourtant un membre de phrase (souligné en gras) pour en faire, plus loin, quelques-uns de nos choux gras.

«Other candidates fared poorly on this count, including former House speaker Newt Gingrich (Ga.), whose campaign got off to a rocky start; Rep. Ron Paul (Tex.), a libertarian who has a passionate following but many detractors; and former senator Rick Santorum (Pa.), who announced his candidacy on Monday.»

Enfin, pour ceux qui ont le courage de décortiquer la chose, on peut trouver des colonnes et des colonnes de résultats scientifiquement alignés sur le site du Washington Post le 5 juin 2011, pour nous présenter le sondage et son incomparable vertu scientifique. Une telle précision statistique pour soutenir la prose d'un des principaux organes-Pravda du Système vous permet de considérer ces gens-là d’un œil serein : il ne faut jamais désespérer du pire dans le vaste monde… Dans les décomptes, dans les hypothèses d’affrontement avec Obama, Ron Paul tombe dans des oubliettes ou, plus simplement ne concourt pas (c’est-à-dire qu’il n’est pas offert aux choix des personnes interrogées).

Certes, il ne viendrait à personne de soupçonner de telles organisations si vertueuses, de par leurs fonctions-Système, que ABC.News et le Washington Post, de quoi que ce soit d'une manipulation ou autre… Il n’empêche que nous ne pouvons nous soustraire d’une sensation de surprise extrême de voir ainsi Ron Paul disparaître des candidats républicains à considérer alors qu’il fut constamment le premier dans tous les sondages et simulations, depuis au moins un an et demi, et le meilleur candidat républicain hypothétique contre Obama.

On peut donc lire et relire nos textes du 22 février 2010, du 16 avril 2010, du 5 novembre 2010, du 22 mars 2011, du 19 avril 2011. On peut y ajouter, pour faire bonne mesure, ce texte du 5 mai 2011 (il y a un mois, c’est bien cela) de The New American, reprenant un sondage de CNN.News : «“Ron Paul cannot get elected” President, declared Donald Trump at this year’s Conservative Political Action Conference. Trump, who has never run for office, let alone won an election, may want to reconsider his parroting of this common refrain: A new CNN poll finds that, of all the Republicans being discussed as potential presidential candidates, the longtime Texas congressman has the greatest chance of beating Barack Obama, while The Donald comes in dead last.» Patatras ! En un mois, le grand et bon peuple américain, fort avisé, découvre que Paul vaut rien que moins, l’expédie aux oubliettes, et choisit plutôt Romney, homme de grande valeur et de fortes richesses, homme avec de telles connexions avec Wall Street qu’on peut avancer qu’il est le candidat de Wall Street, et ainsi de suite… Le sondage ABC.News/Washington Post vient à point à qui sait attendre.

Ce qui nous permet, pour poursuivre, de décoder la phrase du Post souligné en gras dans la citation plus haut : Ron Paul, «a libertarian who has a passionate following but many detractors». Que nous signifient donc les deux auteurs du pensum du Post, Dan Balz et Jon Cohen (en effet ils se sont mis à deux) ? Jusqu’ici, dans les nombreux textes et les divers résultats enregistrés qu’on a cités, et bien d’autres, on n’a guère vu de détracteurs, mais au contraire une popularité constante sinon en augmentation de Ron Paul. La phrase s’éclaire donc : les “détracteurs”, par la plume commune de Balz-Coen, c’est le Système soi-même, avec ses manigances, ses tricheries, ses démarches faussaires, sa haine-panique inextinguible devant l’existence du Représentant républicain Ron Paul.

Il nous faudra donc suivre cette campagne avec une loupe et une machine à décoder sous la main, et en suivant deux mondes parallèles. Il y aura le monde réel, où figure Ron Paul, où s’amassent ses partisans, où sa popularité ne cesse d’augmenter (voir le 6 juin 2011) ; il y aura le monde-Système, l’officiel, le seul autorisé à paraître, pour lequel Ron Paul n’existe pas, – ne peut pas exister…

Son porte-parole, de ce monde-là, pourrait être Robert Zelnik, ancien journaliste, reconverti dans une plantureuse fonction universitaire, qui nous disait le 27 avril 2011 ces phrases définitives, porteuses d’une haine-Système sans retour, faisant de Ron Paul un non-être : «Ron Paul is, at heart, a very small man with small visions and small aspirations for his country. His opposition to a big military is rooted in the same anti-modernity as his opposition to a central bank like the Federal Reserve. It may be that the American century is ending, that the nation is suffering a collective failure of will, and that we are ready to deal submissively with those who grow weary of American power and responsibility. For these, Ron Paul is the man of the hour. For the rest of us, his time will never come.»

La campagne 2012 ne sera pas sans intérêt ni enseignements divers (refrain, là encore).


Mis en ligne le 8 juin 2012 à 17H28