Le prix du virtualisme : 935 mensonges officiels pour l’Irak

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Quel est le prix du virtualisme en termes de mensonges répertoriés, ces affirmations répétées, toutes mensongères, qui créent une unanimité de certitude d’une réalité virtuelle? Le cas de l’Irak est l’archétype avec les affirmations sur les armes de destruction massive et les liens de l’Irak avec Al Qaida, deux affirmations absolument fausses de bout en bout. Une étude minutieuse a été faite sur les deux années qui précédèrent l’attaque de mars 2003. C’est le Center for Public Integrity qui a fait cette étude en répertoriant les déclarations officielles (dépêche AP, reprise par RAW Story le 22 janvier).

Le décompte final, portant sur des affirmations ditectes et sans ambiguïté aboutit à 935 affirmations officielles, dont 532 directement d’officiels de l’administration GW Bush dans des “conditions officielles”. A tout seigneur… GW Bush mène avec 259 affirmations publiques (231 sur les ADM et et 28 sur les liens de Saddam et Al Qaïda). Mais surprise… C’est le bon, brave et modéré Colin Powell qui est un très bon, un très proche second avec 254 affirmations mensongères (244 sur les ADM, où il prend la tête dans cette “sous-catégorie” des mensonges, et 10 sur Al Qaïda). On trouve le reste de la bande (Cheney, Rice, Rumsfeld & compagnie) pour suivre.

«The study counted 935 false statements in the two-year period. It found that in speeches, briefings, interviews and other venues, Bush and administration officials stated unequivocally on at least 532 occasions that Iraq had weapons of mass destruction or was trying to produce or obtain them or had links to al-Qaida or both.

»“It is now beyond dispute that Iraq did not possess any weapons of mass destruction or have meaningful ties to al-Qaida,” according to Charles Lewis and Mark Reading-Smith of the Fund for Independence in Journalism staff members, writing an overview of the study. “In short, the Bush administration led the nation to war on the basis of erroneous information that it methodically propagated and that culminated in military action against Iraq on March 19, 2003.”

»Named in the study along with Bush were top officials of the administration during the period studied: Vice President Dick Cheney, national security adviser Condoleezza Rice, Defense Secretary Donald H. Rumsfeld, Secretary of State Colin Powell, Deputy Defense Secretary Paul Wolfowitz and White House press secretaries Ari Fleischer and Scott McClellan.

»Bush led with 259 false statements, 231 about weapons of mass destruction in Iraq and 28 about Iraq's links to al-Qaida, the study found. That was second only to Powell's 244 false statements about weapons of mass destruction in Iraq and 10 about Iraq and al-Qaida.»

La réaction officielle (Maison-Blanche) à cette étude a été à peine embarrassée et basée essentiellement sur les explications du type prudhommesque, – “tout le monde était sûr de savoir”, ou bien “tout le monde croyait savoir”, ou bien “tout le monde était d’accord, y compris les agences de renseignement”. «White House spokesman Scott Stanzel did not comment on the merits of the study Tuesday night but reiterated the administration's position that the world community viewed Iraq's leader, Saddam Hussein, as a threat. “The actions taken in 2003 were based on the collective judgment of intelligence agencies around the world,” Stanzel said.»

Plus que jamais, il doit être mis en évidence qu’il existait une certitude collective et “sincère” par rapport à la croyance que ces affirmations mensongères étaient justes et vraies. Le fait que Powell soit en si bonne position en est un signe indirect: si l’homme est généralement de peu de caractère et soumis à l’alignement bureaucratique du système, il ne fut certainement pas un des plus agressifs au point où l’on pourrait le soupçonner d'affirmer péremptoirement des choses dont il aurait douté fortement. Le phénomène de “groupthinking” joua ici à plein. Il s’agit du terme bureaucratique pour désigner notre virtualisme: non pas un mensonge collectif assumé en tant que mensonge mais un mensonge élaboré en “vérité” d’une façon semi-inconsciente ou simplement inconsciente, par entraînement réciproque du conformisme, par le processus bureaucratique qui aboutit à une certitude de dire la vérité par ceux qui l’expriment, particulièrement au sommet de la hiérarchie. Cette étude est intéressante parce qu’elle nous donne un aspect quantitatif d’une des facettes du virtualisme.


Mis en ligne le 24 janvier 2008 à 05H25