La crise haute, – haute, haute, haute…

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La crise haute, – haute, haute, haute…

Nous nous arrêtons à deux faits qui peuvent figurer comme accessoires ou bien marginaux, ou bien d’un domaine très différent, par rapport à ce que nous avons désigné comme la “crise haute”, et qui, pourtant, contribuent à rendre cette crise “plus haute” encore. Nous dirions plutôt que ces deux faits, qui sont sans doute exemplaires dans leurs démarches et leurs effets plutôt qu’exceptionnels, participent de l’immense secousse qui est en train de transformer nos psychologies, pour les conduire à admettre l’existence et la puissance irrésistible de cette “crise haute” qui n’est autre que la représentation à la fois opérationnelle et eschatologique de la crise d’effondrement du Système.

• Le premier fait est une déclaration d’un politicien turc de l’opposition, le chef du Parti Démocratique Namik Kemal Zeybek, sur la possibilité d’une guerre contre l’Iran à laquelle participeraient les USA. Zeybek rappelle le comportement de l’Iran dans la guerre contre l’Irak, déclenchée par l’Irak en 1980 et qui dura jusqu’en 1988. (Dans PressTV.com, le 3 mars 2012.)

«“The Islamic Republic of Iran, even at its earliest days after the Islamic Revolution, when it did not have an organized military, managed to defend its territory against a fully equipped and well-trained army of Iraq that was supported by the US and the West,” Zeybek stated. “Any attack on Iran will bring an end to the United States. It will lead to the disintegration of the US because its states are not that much united as it may seem. Some of its southern states are annoyed by such [warmongering] policies and want to get separated from the US, and one day this will happen,” he concluded.»

Il faut remarquer l’originalité (par rapport à la réflexion-Système) de l’avis de Zeybeck : à l’alternative victoire ou défaite des USA dans une guerre contre l’Iran, il offre un troisième terme : la fin des USA par incapacité de la structure US de supporter la tension d’une guerre, et l’éclatement par conséquent. Le jugement est substantivé par le constat de la vulnérabilité structurelle des USA, ce qui rejoint évidemment notre analyse de longue date sur la faiblesse fondamentale des USA. Il faut observer que, stricto sensu, l’analyse du Turc rejoint celle du “néo-sécessionniste” du Vermont Thomas Naylor (voir les 26 avril 2010 et 27 avril 2010) : «“There are three or four possible scenarios that will bring down the empire,” Naylor said. “One possibility is a war with Iran.”»

• Le second fait est la confirmation par la NASA de la trajectoire désormais fort dangereuse de l’astéroïde 2012 DA14, par rapport à la planète Terre, avec frôlement probable, et peut-être pire, le 15 février 2013. L'astéroïde est d’une dimension de 60 mètres et l’énoncé de la nouvelle se laisse aller à parler de “nouvel Apocalypse” (sur Russia Today, le 3 mars 2012). Tout cela est peut-être excessif, ou inapproprié, ou au contraire réaliste, mais ce qui nous importe par les temps qui courent, emplis de bruits divers de Fin des Temps et de calendrier Maya, c’est bien la symbolique de la chose qui constitue un facteur psychologique d’une réelle importance.

«NASA confirms the 60-meter (197-feet) asteroid, spotted by Spanish stargazers in February, has a good chance of colliding with Earth in eleven months. The rock's closest approach to the planet is scheduled for February 15, 2013, when the distance between the planet and space wanderer will be under 27,000 km (16,700 miles). This is lower than the geosynchronous orbit kept by the Google Maps satellite. […] To avert a new apocalypse, […] scientists suggest confronting asteroid 2012 DA14 with either paint, or big guns. The tough part of either scheme is that time has long run out to build a spaceship for any operation. […]

»We could paint it,” says NASA expert David Dunham. Paint would affect the asteroid’s ability to reflect sunlight, changing its temperature and altering its spin. The asteroid would stalk off its current course, but this could also make the boulder even more dangerous when it comes back in 2056, Aleksandr Devaytkin, the head of the observatory in Russia’s Pulkovo, told Izvestia. […]

»Still, prospects of meeting 2012 DA14 are not all doom and gloom. “The asteroid may split into pieces entering the atmosphere. In this case, most part of it will never reach the planet’s surface,” remarks Dunham. But if the entire asteroid is to crash into the planet, the impact will be as hard as in the Tunguska blast, which in 1908 knocked down trees over a total area of 2,150 sq km (830 sq miles) in Siberia. This is almost the size of Luxembourg. In today’s case, the destination of the asteroid is yet to be determined.»

Nous ne pouvons rien faire de concrètement déterminant, ni du point de vue d’une prospective précise, de toutes ces nouvelles. Ce n’est d’ailleurs nullement notre intention. Nous ne les citons effectivement que pour leur portée symbolique et, par conséquent, pour leur effet psychologique autant que pour le témoignage qu’elles portent sur un climat psychologique par ailleurs nettement identifié.

…Mais le “que” restrictif (“nous ne les citons effectivement que pour…”) n’a finalement pas vraiment sa place. La puissance et l’importance du symbolisme et de son effet psychologique dans la crise générale, et de la perception psychologique d’une façon générale, ne constituent certainement pas, dans notre chef, une nouveauté de l’analyse. Symbolisme et perception psychologique constituent un formidable aliment du système de la communication, lequel transforme cet aliment en un flux informatif d’influence majeure qui, à son tour, crée un événement structuré et explicite influençant à mesure les psychologies. Parvenus, comme nous sommes, à un niveau important d’intensité de la crise générale devenue crise haute, ce circuit entre la psychologie, la perception et le système de la communication constitue une force puissante animée d’une dynamique constante, alimentant et aggravant la crise générale, et équilibrant largement les forces négationnistes qui contestent ou dissimulent l’universalité de la crise. Pour ces raisons de communication et de psychologie, des “évènements” comme ceux qu’on mentionne, qui n’en sont pas au regard des faits immédiats, qui sont tenus comme négligeables sinon ignorés par la perception-Système, s’imposent au contraire comme des évènements puissants dans le cadre du circuit qu’on décrit. Que l’on parvienne à faire un lien de perception entre un politicien turc et un néo-sécessionniste du Vermont sur la perspective de l’éclatement des USA, qu’une nouvelle aléatoire concernant un événement extra-terrestre puisse s’inscrire dans le climat de catastrophisme qui enveloppe aujourd’hui la marche du monde, tout cela constitue des phénomènes respectables et dignes d’être notés, qui valent bien une réunion farce-foire des “Friends Of Syria” à Tunis.

Ainsi, hors de toute raison normative et subvertie, hors de toute logique réduite aux impératifs du Système, la crise haute ne cesse de se hausser, et l’année 2012 de s’affirmer pour ce qu’on attendait qu’elle soit.


Mis en ligne le 5 mars 2012 à 06H24