Forum

Article : RapSit-USA202 : Docteur Jill & Mister Joe

Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier

Questions de sens

jc

  21/08/2020

En cette période où tout semble se dérober sous nos pieds, il ne nous reste plus qu'à nous raccrocher aux fondamentaux, en particulier à redonner aux mots leur véritable le sens, leur sens étymologique (cf. l'étymologie du mot "étymologie").

1. PhG: "... la rationalité pour rendre compte d’une façon à mesure (rationnelle) des situations qui en sont dépourvues"

Qu'est-ce que la rationalité?

La rationalité est une déontologie dans l'usage de l'imaginaire (Thom), ce à quoi je rajouterai que c'est aussi une déontologie dans l'usage des émotions (cf. "L'erreur de Descartes" d'Antonio Damasio); plus simplement dit la rationalité n'est qu'un discours destinée à justifier son imagination et ses émotions. Dans cette époque délirante où les psychologies et les imaginaires sont soumis à rude épreuve, on ne sera pas étonné que la raison humaine¹ explose en mille morceaux.

2. Shamir: "J’aime bien les théories de la conspiration; elles tentent d’injecter un sens à des ensembles de faits divers qui, autrement, n’auraient aucun sens.".

Qu'est-ce qu'une théorie?

Étymologiquement c'est une contemplation, un regard sur les choses, un point de vue, une bonne théorie étant alors un point de vue qui injecte un sens à des ensembles de faits divers qui n'en avaient pas auparavant.". La citation de Shamir vaut donc, selon moi, non seulement pour les théories complotistes mais pour toutes les théories (cf. par exemple typique le passage du géocentrisme à l'héliocentrisme).

3. PhG: "la notion de “fait” étant soumise au soupçon terrible d’une complète inéligibilité [inintelligibilité?] par absence de légitimité ontologique."

Thom: "Lorsqu'on a compris – à la suite de T. S. Kuhn – le caractère « automatique » du progrès scientifique, on se rend compte que les seuls progrès qui vaillent sont ceux qui modifient notre vision du monde – et cela par l'élaboration de nouvelles formes d'intelligibilité. Et pour cela il faut revenir à une conception plus philosophique (voire mathématique) des formes premières d'intelligibilité. Nos expérimentateurs, sempiternels laudateurs du « hard fact », se sont-ils jamais demandé ce qu'est un fait ? Faut-il croire – ce qu'insinue l'étymologie – que derrière tout fait, il y a quelqu'un ou quelque chose qui fait ? Et que ce quelqu'un n'est pas réduit à l'expérimentateur lui-même, mais qu'il y a un « sujet » résistant sur lequel le fait nous apprend quelque chose ? Telles sont les questions que notre philosophe devra constamment reposer, insufflant ainsi quelque inquiétude devant le discours volontiers triomphaliste de la communauté scientifique. Bien sûr la Science n'a nul besoin de ce discours pour continuer. Mais il restera peut-être quelques esprits éclairés pour l'entendre, et en tirer profit.";

citation qui prend ici son sens à l'aide de celle qui suit:

"Finalement, le problème de la démarcation entre scientifique et non scientifique n'est plus guère aujourd'hui qu'une relique du passé ; on ne le trouve plus guère cité que chez quelques épistémologues attardés – et quelques scientifiques particulièrement naïfs ou obtus."

¹: https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-crisis-la-crise-de-la-raison-humaine-