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A propos de Notes complémentaires sur les “Notes sur mon meilleur Ennemi”

Article lié : Le déficit des fous

Jean-Claude HENRY

  15/02/2010

Il serait certainement passionnant que Philippe Grasset écrive un ouvrage sur la guerre du Kosovo (et incidemment sur le “suicide” de Milosevic).

Gratuité des virements bancaires

Article lié : Journal de bord dedefensa.org – 110210, problèmes temporaires d’abonnement

Laurent Demaret

  15/02/2010

Bonjour,

Pour répondre à “DeDef” pour moi l’opération fût gratuite
En attente d’exécution le : 15/02/2010
Compte débité : Compte de chèques 00xxx 000206xxxxxx 56
Compte crédité : SPRL Euredit BNAGBEBBXXX   BE05 1325 0372 4475
Montant : 12,50 EUR
Référence bancaire : ZZ0LOOYJZMVLMCY52
Motif du virement : Operation Personnelle
Frais appliqués : 0,00 EUR

C’est un compte avec des abonnements à certains services, dont la consultation par internet, et c’est probablement compris dans un de ces abonnements. Je doute fort en effet que ma banque (ou une autre) fasse quoique ce soit gratuitement.
Par contre il sont très fort pour faire souscrire des abonnements dont on utilise qu’une partie et ignore le reste ..
hth

USA-Allemagne:analogies.

Article lié : La déroute de l’“idéal de puissance”

jean-jacques hector

  13/02/2010

Il faut (re)lire les leçons de Michel Foucault au Collège de France de 1978 à 79. A propos du libéralisme et des tropismes états-uniens et allemands vers des politiques économiques impériales pour asseoir leur domination, à défaut de pouvoir assurer leur légitimité de nations régaliennes par l’histoire.

Ainsi que la façon dont le marché est devenu source de vérité
(véridiction) au 17emé siècle, au détriment des anciennes procédures de droit, mesurant ainsi la légitimité des gouvernement à gouverner à l’aune de l’impact de leurs décisions sur le comportement des marchés.

Le gros problème est la démographie

Article lié : Plaidoyer pour un fonds européen d'investissement (FEI)

Jean-Paul Baquiast

  13/02/2010

Je suis d’accord avec Francis Lambert à propos de tous les défauts et handicaps de l’Europe passée et présente qu’il énumère.
Mais il n’est pas interdit de tenter de secouer une nième fois le cocotier.
La grosse objection que l’on peut faire à notre projet est que dans un ensemble d’Etats dont le renouvellement démographique est loin d’être assuré, donc de plus en plus constitués de “seniors”,  l’idée même de proposer à ceux qui en ont les moyens de consacrer quelques 500 ou 1000 euros à des investissements d’avenir paraîtra illusoire.
Ceci dit, rien n’est jamais dit d’avance. Mais il faudrait des projets vraiment motivants. ..

Fond européen ... et Lisbonne ?

Article lié : Plaidoyer pour un fonds européen d'investissement (FEI)

Francis Lambert

  13/02/2010

D’une part la stratégie de Lisbonne est l’axe majeur de politique économique et de développement de l’UE depuis le Conseil européen de Lisbonne de mars 2000 par quinze États. Le but étant simplement “l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010”.
Le Conseil européen est l’organe de décision réunissant les chefs d’État ou chefs de gouvernement. C’est le sommet de puissants états européens claironnant un Traité International à l’aube d’un millénaire et alors qu’ils sont au sommet d’une croissance insurpassée depuis lors.

Nous voici à l’échéance de ce traité stratégique.
Nous voici “les plus dynamiques du monde”, “avec une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale”.

D’autre part: proposer en référence la monnaie unique?

Est-elle autre chose qu’une addition d’égoisme avec un “pacte de stabilité et de croissance” aussitôt violé par ses principaux fondateurs: la France et l’Allemagne ... dont la France a triplé le viol (sous 3% à plus de 8%) et qui culmine actuellement dans un “gang bang de Nations”. Cette monnaie est devenue une prime aux tricheurs, ceux dont les traités sont la traite des autres. (NB: je défend évidemment la victime des violeurs.)

L’Europe n’est pas aujourd’hui menacée de disparition ... il aurait fallu qu’elle existe autrement qu’en tas d’états.
Entasser n’est pas créer.

Le climat est donc massivement sceptique, anti-financier, anti-politiciens, anti-tas.

Quand on a atteint le fond des budgets et de la crédibilité faut il creuser plus ... d’urgence?

Peut-être Descartes, une méthode avant un projet ? Cette voie n’est-elle pas une nouvelle combine à budgets ?
Ne faut il pas étudier les succès et échecs à tous les niveaux: privé, états, collaborations européennes et internationales.
Faire un bilan, partir de ces réalités pour entrainer l’adhésion la plus large.
Et ... destiné réellement aux jeunes, plus une dépense au nom de l’avenir des retraités.

(NB: Je n’ai aucune référence d’un système m’autorisant ces pensées, simplement un lecteur crédule.)

Coopération et légitimité

Article lié : Notes sur mon meilleur Ennemi, – suite

Ni ANDO

  13/02/2010

” Tout a marché magnifiquement. Je faisais ce qu’il fallait, ils faisaient ce qu’il fallait, la hiérarchie fonctionnait sans la moindre interférence d’un sentiment d’allégeance à une autre souveraineté ou d’un sentiment d’interférence dans une autre souveraineté; je savais bien ce que je pouvais leur demander par rapport à leur prérogative de souveraineté et ils savaient bien que je le savais. Cela s’appelle la confiance, et la Belgique reste la Belgique, et la France la France, et l’Europe marche bien pour ce cas”.

Cela rappelle curieusement l’histoire de la formation de la nation française. La France a très longtemps été un conglomérat de “nations” assez différentes les unes des autres. Le lien qui les unissait alors était davantage le rapport au roi et la légitimité d’un principe supérieur structurant (ici la monarchie de droit divin), et non pas une histoire vécue en commun. Quels rapports entre Provençaux, Bretons, Bourguignons etc… si ce n’était la monarchie ? On a oublié à quel point ces nations correspondaient à des mondes différents. Toutes ces différences se retrouvaient, et étaient parfaitement respectées, dans les régiments de la royauté. Ces nations coopéraient dans le cadre monarchique, ce qui n’excluait pas des mises au pas brutales de la part de l’autorité centrale. Le respect qu’elles s’accordaient les unes aux l’autre venait de ce qu’elles se référaient au même principe de légitimité. C’est la Révolution qui a créée la Nation au sens d’une entité quasiment incarnée (et qui de fictive est rapidement devenue une réalité) alors que jusqu’alors ce sont les “nations” qui restaient le cadre de référence. Et qui le sont encore d’une certaine manière car ces nations, ce qu’il en reste, est le terreau sur lequel tout s’est bâti et d’où tout est venu.

Fi ! Ni libéralisme ni étatisme…

Article lié : La déroute de l’“idéal de puissance”

Christian Steiner

  13/02/2010

@ Yan Pascal [en fait : à cet étiquette de « libéralisme » que d’aucun essaie encore de sauver de la ruine morale…]

« Le libéralisme prône le laisser-faire dans les affaires économiques » par devant… et par derrière la pression sur ceux qui détiennent les pouvoirs politiques et bureaucratiques, le clientélisme, la corruption etc. Ce sont les deux faces absolument inséparable de la même pièce.

De même qu’on a jamais vu le Communisme idéal, utopique, des partisans de ce dernier, mais seulement le « socialisme réellement existant » si abondamment critiqué par les détracteurs ou les réformistes en son temps, de même on ne verra jamais, au grand jamais, le Libéralisme idéal, utopique des partisans de ces derniers. Et ce pour la très simple raison, compréhensible par un enfant de 12 ans, qu’ils confondent la liberté avec la licence (et ça, croyez-moi, un gamin de 5 ans fait tout de suite la différence!), et qu’au niveau conceptuel ils réduisent les ambitions des êtres humains à ce seul faux nez qu’est le « rationalisme économique », au mépris le plus totale des autres dimensions (sociales, affectives, cognitives, collectives, culturelles, relationnelles, transcendantes, imaginaires, oniriques, créatrices, civilisationnelles, intellectuelles, artistiques) de la vie humaine.

Je pensais que, depuis le temps, c’était clair…

Réfléchir rationnellement aux moyens économiques, nécessaires pour les entreprise humaines, je ne suis pas contre, bien au contraire. Faire de ces moyens la finalité ultime, l’idole sur l’autel duquel il faut sacrifier tout le reste, y compris et à commencer par les entreprises humaines susmentionnées, c’est autre chose.

Il y a vingt de cela (et j’avais vingt ans à cette époque), j’ai vu un petit autocollant avec sur le côté gauche le drapeau de l’URSS biffé, disant : « One evil empire down », et de l’autre côté, côté droit comme il se doit, le drapeau des USA disant « still one to go (down) »…

Et en vingt ans, rien, mais rien du tout n’est venue démentir ce raccourcis génial. Et pourtant j’ai regardé à droite, à gauche, au milieu, par en dessous, par en dessus…

Quand donc pourrons-nous réfléchir par nous-même ? Ne pas se mettre derrière la bannière du plus fort et du plus hypocrite ?

Je n’ai, là encore, rien contre le fait de me mettre derrière la bannière du plus fort, du moment que c’est juste. Et a contrario, j’aime bien les combats perdus d’avance, si c’est juste là également ; mais pour l’amour du ciel (ou des humains), arrêtons avec le libéralisme-TINA-Bible-Vérité Ultime pour le Bien de l’Humanité !

Si vous tenez vraiment à défendre certaines thèses du libéralisme, faite-le ; il y a assurément des points corrects, utiles, nécessaires, et je pourrais vous les citer moi-même. Mais cessez donc de défendre cette étiquette, le « libéralisme », qui dans son fonctionnement réel, dans le fonctionnement réel des gens qui le défendent intellectuellement, pratiquement, impose structurellement tout ce que vous dénoncez par ailleurs.

Déroute fondamentale? La Grèce: une goutte d'eau pour la BCE ... l'euro baisse enfin

Article lié : La déroute de l’“idéal de puissance”

Francis Lambert

  12/02/2010

On peut légitimement douter que “Ce climat explique fondamentalement l’attitude de Merkel”.

Déjà ce “fondamental” me heurte, sinon par humour? Mais je pense plutôt à une projection d’être en explication du monde, pourquoi pas c’est une tentation philosophique et comment ne pas être légitimement aussi Maistrien qu’on l’admire? Moi souvent, mais j’aime me diviser autant dans l’impuissance du commentaire, donc allons y comme on se gratte quand ça dérange:

“Mais qui laisse donc une poignée de spéculateurs déclencher un short de huit milliards de dollars contre l’euro ? C’est une grosse somme pour des opérateurs privés qui risquent une partie de leurs fonds propres… c’est une goutte d’eau pour la BCE : pourquoi ne riposte-t-elle pas ?

Paul Krugman propose une explication : “l’Europe est une sorte de grand corps malade, trop vite cousu de membres épars mais dépourvu d’un système nerveux à la taille de son organisme”. (NB: je préfère ... l’UE est l’invité permanent au “dîner de con” des Nations).

Même si sa formulation est ingénieuse et pertinente, cela nous semble un peu court. Si l’euro rechutait sous les 1,3650 $ jeudi après-midi, après la prise de parole de deux grands leaders européens depuis Bruxelles, c’est parce que la BCE le veut bien.

Et vous ne trouverez pas beaucoup d’industriels européens (exportateurs allemands en tête) pour regretter le récent recul de la monnaie unique : qui ne souffle mot consent !”

Extrait de http://www.la-chronique-agora.com/articles/20100212-2496.html
“Pour la Grèce comme pour l’euro, la BCE pourrait agir autrement” par Philippe Béchade

“Peut-on politiquement laisser tomber la Grèce ?
À mon sens, si les autres pays de la zone euro lui prêtaient de l’argent pour la sauver, ce serait envoyer le mauvais message.
Ce pays n’a jamais respecté la discipline budgétaire depuis le début de l’Union monétaire et ce qui lui arrive n’en est, somme toute, que la conséquence. Le laisser entre les mains du Fonds monétaire international serait la bonne solution.

N’y aurait-il pas un risque d’effet domino ?
Et alors ? Si le Portugal et l’Espagne se retrouvaient en cessation de paiement, ce ne serait pas la fin du monde. Il y aurait simplement une baisse assez nette de l’euro, ce qui serait une bonne chose alors que nous sortons péniblement d’une forte récession.

Cela ne risquerait-il pas de faire éclater la zone euro ?
Pour que la zone euro éclate, il faudrait que des pays décident de la quitter en violant leurs engagements puisqu’il n’y a pas de ticket de sortie de prévu dans les traités. Surtout, si la Grèce réinvente la drachme, elle s’effondrera immédiatement, et sa situation serait infiniment pire que si elle restait dans la zone euro.
Je pense que la zone euro est très solide, car personne n’a intérêt à en sortir.

Extrait de http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2010/02/charles-wyplosz-professeur-déconomie-à-linstitut-de-hautes-études-internationales-et-du-développement-de-genève.html

J’en ai beaucoup d’autres au risque de fatiguer ... quelle utilité à tout ramener à un fondement sinon en manipulation “Bushienne” du bouton salvateur dans sa simplicité biblique. Bush est Maistrien pour l’expliquer? (Bush étant une métaphore américaniste).

Mise au point concernant le libéralisme et l'étatisme

Article lié : La déroute de l’“idéal de puissance”

Yan Pascal

  12/02/2010

Je lis toujours vos articles avec un grand intérêt. Mais dans celui ci, vous écrivez que “Cette attaque fut conduite par une pensée moderniste déstructurante, aisément identifiable dans un mouvement à la fois technocratique pour la substance et libérale pour l’idéologie, qui caractérise la modernité.”

Que l’attaque soit moderniste, déstructurante et que ce mouvement soit technocratique ne fait aucun doute.

Cela dit, ce mouvement peut être qualifié de tout, sauf de libéral ! Au contraire : Il est viscéralement antilibéral, censeur, dirigiste et ne cache pas ses tendances autoritaires et oppressif (voir pour cela les lois européennes qui nous conduisent, par exemple vers LOOPSI en France).

Le libéralisme prône le laisser-faire dans les affaires économiques. Force est de constater que les étatistes actuellement à l’oeuvre ont réussi le tour de force d’à la fois déjouer les règles de la concurrence et de faire porter le chapeau action à “l’ultra-libéralisme”.

Le fait que ce soit des entreprises privées qui recoivent généreusement des monopoles déguisés en délégation de service publics (assainissement) ou des modèles économiques maintenus artificiellement en vie (industrie du disque) vous induit en erreur, mais n’est en réalité que la conséquence de la profonde corruption et du clientélisme des technocrates en place.

Et je ne parle pas du monde financier, qui a réussi à privatiser le droit on ne peut plus public de gérer sa monnaie. Ceux qui sont à blâmer ne sont pas le banquiers, mais ceux qui leur ont ouvert la boite de pandore !

Cette caste autocratique déconnectées de toute réalitée est tellement imbue de son pourvoir, qu’elle n’hésite pas à demander de revoter lorsque les électeurs d’un pays ou l’autre votent “non” quand l’on demande au bon peuple de légitimer ce cirque.

Ce qui est entrain d’arriver (privatisation des profits, socialisation des pertes) n’est que la conséquence de l’action de personnalités au mieux incompétentes, au pire corrompues, qui n’ont de compte à rendre à personne.

C’est exactement ce qui est à l’origine du mouvement des tea-party aux états-unis.

Les autres fous de déficits (c'est "La danse des canards")

Article lié : Le déficit des fous

Francis Lambert

  11/02/2010

avec un beau graphique des échéances de nos états,
c’est la deuxième salve
mais
pas de problème de financement :
Raffarin “n’a que faire d’équations comptables” (ouf !)

Eurozone Government maturities

http://www.daily-bourse.fr/analyse-Dette-souveraine-et-crise-systemique-phase-2-vtptc-8759.php

Secession: A Solution to the Washington Debt Threat

Article lié : Un autre Massachusetts?

Francis Lambert

  11/02/2010

The Washington Empire is now run for the benefit of New York financial and economic interests who own and control most of Congress. Due to the recent bailouts and added debt which the majority of Americans opposed, the United States is now sadly on the path toward economic, debt and currency destruction.

Why should my state, South Carolina or other states join the federal government in future poverty, loss of freedoms and lagging economic prosperity with a dismal future determined by their foreign creditors? I say, it is time to free the states and citizens from the dark economic future which Washington and Wall Street have created. (...)

Today the constitutional protections have become just another dead document through the actions of Bush and Obama. A recent, WSJ/NBC poll showed that only 3% of Americans believe the government is doing a good job.

http://www.lewrockwell.com/holland/holland13.1.html

Les virements internationaux gratuits ?

Article lié : Journal de bord dedefensa.org – 110210, problèmes temporaires d’abonnement

Dedef

  11/02/2010

Sauf erreur de ma part ou changement récent les virements interbancaires en France sont gratuits, mais pas les virements internationaux. Ils sont même assez coûteux.

Il ny avait qu’entre les CCP français et belge qu’existait un accord de gratuité, et je ne suis pas sur sur qu’il existe encore.

Si quelqu’un connait mieux que moi merci de préciser.

Appréciation

Article lié : Notes sur mon meilleur Ennemi, – suite

Bertrand Arnould

  10/02/2010

Un article magnifiquement informé, doublé d’une analyse, qui même si elle me brise le coeur, me réconforte sur la justesse de mes intuitions d’une époque où pourtant je ne me souciais pas de politique, ni de géopolitique. Avec du recul je me demande si il n’y avait pas une grande sagesse a mépriser tout cela.

prise de pouvoir : c'est pas nouveau !

Article lié : La crise et la tentative de prise de pouvoir de Van Rompuy

serge caron

  10/02/2010

Ha ha ha !  Si les européens étudiaient l’histoire du Canada, ils apprendraient qu’à partir de sa création, il y eu un graduel accaparement des pouvoir des provinces par le pouvoir central.
Je pense que la même chose s’est passée aux USA et je pense aussi, et depuis longtemps, que c’est ce qui va arriver en Europe.

taedium et erratum

Article lié : Introduction: La souffrance du monde

Christian Steiner

  10/02/2010

Je m’aperçois qu’en voulant interpréter le taedium vitae décrit par Lucrèce, par le passage de la République Romaine à l’Empire Romain et celui, concomitant, de « l’idéal de perfection » à « l’idéal de puissance » [mon post du 20 décembre 2009 sur La souffrance du monde, chapitre introductif de La Grâce de l’Histoire], j’ai fait un grossière erreur. Si l’on ne peut revenir sur le fait que le taedium vitae a saisit Lucrèce et ses contemporains dans cette période très troublée précédant l’Empire (la guerre civile d’un siècle, de -130 à -30), on ne peut par contre pas attribuer aussi sommairement que je l’ai fait « l’idéal de perfection » à la vielle République pré-impériale et « l’idéal de puissance » à l’Empire Romain. A relire Lucien Jerphagnon et son “Histoire de la Rome antique. Les armes et les mots” (Tallendier, 1987), ce serait même le contraire.

Je me tais donc et laisse la parole à M. Jerphagnon, dans l’opus cité (4ème édition, Hachette Littératures, 2002, pp. 199-201) :

      « L’usage d’un concept n’est jamais axiologiquement innocent. Je veux dire que tous sont porteurs de valeurs ou de contre-valeurs dont nous les revêtons traditionnellement, et donc d’une importante charge affective. Si un Français parle de République, il pense à l’histoire de France. Il oppose donc « République » à « Royauté » et sauf à être royaliste, il pense « progrès » d’un régime à l’autre. (…) Autrement dit, pour le Français moyen, la République, puisqu’elle est le gouvernement du peuple par le peule (d’aucuns nuanceront), est nécessairement plus démocratique que l’Empire – et là, il pense à napoléon Ier ou III. Seulement, si ledit Français moyen s’avise de transposer ces certitudes-là en histoire romaine, cela ne va plus du tout. D’abord, ce que nous avons vu de la République romaine n’a rien de très démocratique au sens où nous l’entendons. On peut écrire partout en grosses lettres S.P.Q.R et tout mettre au nom « du Sénat et du peuple romain »  on sait bien que le peuple se réduit en fait à une oligarchie richissime qui fait la pluie et le beau temps. Que cette poignée de notables pille gaillardement et sans contrôle les provinces que lui confie la Respublica comme autant de fromages. (…) On peut alors être tenté de penser en toute innocence : si la République était ainsi, que sera-ce de l’Empire ?

      » Or précisément, c’est là qu’est l’erreur. Et d’abord parce qu’à Rome, rien n’a jamais été ni ne sera démocratique au sens égalitaire où nous entendons habituellement la chose, ni la République ni l’Empire. Et d’une. Mais de plus, d’un « régime » à l’autre, on s’avise qu’il y a bel et bien progrès, mais il ne va pas dans le sens que nous attendons. Tant pis s’il nous faut renoncer à un dogme, et constater qu’un Empire se montre plus « progressiste », pour parler le beau langage, qu’une République ! Car sous l’Empire, cette « République-sous-une-autre-forme » qui régit Rome et ses provinces à partir d’Octave, le pouvoir discrétionnaire détenu sur tout absolument par une poignée de très haute familles – ce pouvoir va être à tout le moins un peu mieux, un peu moins mal contrôlé. N’importe qui, dès lors qu’il est puissant, ne pourra plus faire n’importe quoi du moment que cela l’arrange – et notamment rançonner les provinciaux dont il a le gouvernement. Il lui faudra rendre des comptes à quelqu’un, et cet un qui siège à Rome n’est pas forcément distrait, ni très arrangeant. La législation tiendra progressivement un plus grand compte de la dignité des êtres humains. Et la philosophie y sera du reste pour beaucoup. Le petit peuple sera plutôt mieux traité. Un jour – encore lointain – viendra où tout le monde sera citoyen romain [ndlr : en 218 de notre ère]. Ah ! si Caton l’Ancien l’avait su… On s’avisera même que les esclaves ont une âme, comme tout le monde (Ô Caton, encore une fois !) et qu’on ne peut pas, qu’on ne doit plus, les tuer si l’envie vous en prend et si l’on juge que cela en vaut la peine. L’ordre régnera plus sérieusement sur terre et sur mer, plus durablement surtout qu’au temps où Rome et ses provinces étaient l’enjeu d’ambitions rivales, et où les comptent se réglaient avec des procédés de mafiosi.

      » De tout cela nous verrons les preuves à mesure que nous avancerons dans ce récit. On en trouvera déjà une dans les cris d’orfraie que ne tarderont pas à pousser – d’ailleurs en vains – les aristocrates dépossédés de leur royauté républicaine, qu’ils confondent avec « la Liberté ». Le mot leur fond dans la bouche comme une friandise, et ces nobles accents risquent d’évoquer pour nous les revendications de 1789, ou les gémissements des opprimés sous quelques dictatures. Erreur ! Car la « Liberté » dont ces nobles cœurs pleurent si éloquemment la perte, c’était celle de faire sans contrôle aucun ce qui leur plaisait, et à eux seuls. Nous reviendrons là-dessus tout à loisir.

      » Cela dit, n’allons pas non plus en conclure que, passant sous le gouvernement d’un seul, les Romains accèdent à l’age d’or, même si la propagande impériale veut le faire croire. La structure de la société restera sensiblement la même : il sera toujours meilleur d’être riche que d’être pauvre. Simplement, la richesse ne donnera plus automatiquement tous les droits. »

Dont acte. (Pour moi et mon erreur d’interprétation ; pour la « Liberté » qui n’est souvent que le masque pour la licence, aujourd’hui encore ; pour les droits que donnent ou pas la richesse – plus d’actualité que jamais).

Mais tout cela laisse intact la question du pourquoi de ce sentiment de taedium vitae qu’une certaine partie de la population (celle qui pouvait se rendre à cheval à sa villa en campagne) a ressenti dans cette première partie du premier siècle avant notre ère.

Retour en amont donc, à cette époque où tout bascule pour la petite république du Latium et ses fiers soldats paysans : au lendemain de la victoire définitive sur Carthage (-200), Rome se transforme en une « République impérialiste » comme le dit Jerphagnon, dans l’acceptation actuelle du terme pour le coup, c’est-à-dire « qui s’étend territorialement par la conquête militaire et la domination ». Et de quelle manière ceci fut mené : poussé vers cette expansion militaire par une dynamique qui lui échappait largement, une expansion militaire anarchique irrésistible qui fut le fait d’initiatives privées et intéressées de cette « poignée de notables [qui] pille gaillardement et sans contrôle les provinces que lui confie la Respublica comme autant de fromages », « avec des procédés de mafiosi » et mackée avec des affairistes de tout poils (instaurant un véritable racket des provinces battues, une espèce « d’économie de force », y compris dans les anciens centres de culture admirés comme la Grèce), la puissance, la richesse et la violence appelant encore plus de puissance, de richesse et de violence ; une escalade qui culmina dans cette guerre civile qui, après avoir ravagé de manière odieuse l’Italie entière (les épisodes de Marius et Sylla), ravagea tout le bassin Méditerranéen (-130-30). C’est peut-être, et c’est ma nouvelle hypothèse, dans ce mouvement qu’il faut y voir l’intuition d’avoir succombé à quelque chose qui ressemblait à « l’idéal de puissance », ou du moins le sentiment que tout ceci ne correspondait plus tout à fait à un certain « idéal de perfection » en train de se constituer… ergo la source du taedium vitae qui affecta les Romains à cette époque.

Par contraste, la période « impériale » ouverte par Octave, la restauration post-guerre civile de la « République-sous-une-autre-forme », pu de fait être vécu comme un progrès moral et matériel, le retour à certaine paix, un certain développement culturel et urbain, politique et juridique, éducatif et une certaine police des mœurs et des comportements, dans tout le bassin méditerranéen et dans toutes les provinces, d’Afrique du Nord au delta de l’Escaut, du Tage au Danube. Source de cette tradition et culture qui donnera cet « idéal de perfection » dont hériteront les pays latins.