Francis Lambert
13/04/2010
Le graphique vaut tous les discours :
http://www.marketoracle.co.uk/Article18562.html
“However, both major political parties have announced that they are not only not going to cut spending on the largest spending departments of Education or the NHS but GROW these budgets over the coming years.
Similarly both parties have pledged to grow pensions and neither can I see how welfare can be significantly cut as unemployed will remain unemployed until they get a job.
Furthermore debt interest at £33 billion per year is expected to continue to grow inline with each month the government racks up another large deficit (upto £18 billion per month), (...)”
NB: et ils critiquent les grecs ...
Morbihan
13/04/2010
Ayant passé l’essentiel de ma jeunesse en Belgique, j’y ai donc fait mes “humanités”, puisque c’est ainsi que l’on nomme les études secondaires.
J’y ai découvert un professeur d’anglais, et non pas d’histoire, qui nous a alors décrit les causes fondamentales, selon lui - et j’en garde l’empreinte vivace, qui aura contribué à me faire aimer l’histoire et la géographie - de la guerre de Sécession.
Ne perdons pas de vue que la Belgique est un pays fortement imprégné de culture anglo-saxonne: l’anglais (pour éviter les vicissitudes de la guerre linguistique), les uniformes de l’armée belge, ...
Donc, il nous décrit les causes de la guerre de Sécession, selon lui. Le Nord, se constituant une industrie encore fragile, exige la mise en place d’un protectionnisme (toujours en place, malgré les discours) là à l’encontre de la Grande-Bretagne; le Sud, exportateur de son coton - sa seule richesse - a, au contraire, besoin d’un système de libre échange.
La guerre de Sécession n’a alors, comme souvent, d’autre cause que la résolution, au bénéfice du plus fort, d’un conflit économique.
Je suis encore, cinquante ans plus tard, convaincu de la pertinence de ce point de vue. Et convaincu que “l’histoire officielle” n’est jamais que l’apologie du vainqueur. Merci, infiniment, à ce professeur d’avoir ouvert en moi une - petite - capacité de réflexion.
Tout comme ces légions romaines qui, sous les ordres de Jules César, traversaient la Gaule à la vitesse d’un TGV tout en construisant les voies romaines. C’est mignon, lorsque l’on constate à quelle vitesse nos DDE (Directions Départementales de l’équipement) bouchent les trous de nos routes nationales…
Le “politiquement correct” est, aujourd’hui, l’archétype de l’histoire revue et corrigée par le vainqueur (le mâle dominant - le mal dominant?). Sauront-nous - car nous le pouvons - nous en libérer? I hope so. Et je l’espère :-)
Dominique Larchey-Wendling
12/04/2010
Un peu plus loin ....
Most unfortunately for those Americans living under the Obama regime is that their attempts to stop the radical socialism he has pushed upon them from destroying their once great Nation has failed as new reports from the United States are showing that in under two years Obama and his cohorts have succeeded in making nearly 50% of these people support the other 50% who arent working. (And which really should surprise none of them as during his campaign for the Presidency he openly vowed to redistribute the wealth, but which history has always shown makes everyone a pauper, except for the elites that is.)
Obama le pro-musulman, socialiste, munichois ... il n’est pas très difficile d’identifier l’idéologie qui pointe derrière ce discours ...
Bertrand Arnould
12/04/2010
Merci pour ce supplément d’information, je me doutais depuis le début que sarko étais une taupe sioniste, comme une bonne partie de nos minables politiques, pris entre la carotte et le bâton et dépourvus du moindre courage politique
Vincent
12/04/2010
En ces temps troublés, il est bien agréable de trouver sur Internet des espaces de réflexion et de connaissance tels que celui qu’anime Philippe Grasset et l’équipe de defensa.org.
Bien qu’on imagine aisément que leur travail est fait avec passion et plaisir, il n’en reste pas moins que je considère que leur apport mérite une rémunération, au même titre qu’une entrée au musée ou à une exposition. L’intelligence et la culture ne se nourrissent d’amour et d’eau fraiche…
Faisons vivre Philippe Grasset! A mon abonnement annuel, j’ai ajouté un don ponctuel pour apporter mon soutien aux difficultés actuelles.
Philippe Grasset, comme Emmanuel Todd ou Paul Jorion sont des intellectuels dont la lecture change une façon de voir le monde (en tout cas la mienne).
Un grand merci à vous
un abonné
11/04/2010
inquiétant votre dernier message.
Abonné à l’année et ayant souscrit à votre livre, je ne puis que vous renouveler mon soutien, vous témoigner de lesprit de fraternité dans le combat.
Que faire de plus ? Comme il ny a pas damour, mais que des signes damour ; pas damitié mais que des signes damitié ; et pas de soutien (parole moral) mais que des signes de soutien (concret : le geste), que faire ?
Jai juste pris le clavier pour solliciter quelques (rares) amis en signalant à leur attention votre site et vos efforts. Ce ne sera pas une avalanche dabonnement, mais un geste de plus.
Mes meilleures salutations
Dedef
11/04/2010
Will Israel Assassinate Barack Obama?
http://criminalstate.com/2010/01/will-israel-assassinate-barack-obama/
Hypothèse à ne jamais exclure, s’il sort trop des rails.
Un “volontaire” sera toujours trouvé.
Dedef
11/04/2010
Le site de Gates est là:
http://criminalstate.com/
Recent Articles
* Was Israel Ever Legitimate?
* Anti-Semitism What is it?
* Zionism Unmasked
* Christmas Day Crotch Bomber Tied to Israel, FBI
* Time for an American Intifada?
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* How Israel Wages War on the U.S.By Way of Deception
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* Game Theory Warfare
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sinon voir ici: #
http://www.opinion-maker.org/navigation.do?mode=showArticles&id=1288
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et:
http://www.opinion-maker.org/navigation.do?mode=showArticles&id=1457
06 Apr, 2010 Jeff Gates
ISRAEL’S LEGITIMACY CHALLENGED
The history of Israel as a geopolitical fraud will fill entire libraries as those defrauded marvel at how so few deceived so many for so long. Those duped include many naive Jews whoeven nowidentify their interests with this extremist enclave.
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Christian Steiner
10/04/2010
limpide!
L’intervention de Bogidaar m’incite à poster ce qui suis (je ne suis plus le seul à réagir), à savoir un extrait dun texte de Dimitry Orlov, « Les meilleures pratiques de leffondrement social » (http://www.orbite.info/traductions/dmitry_orlov/les_meilleures_pratiques_de_l_effondrement_social.html)
(Dimitry Orlov, né en Russie à Léningrad (1962), émigré à lâge de 12 ans aux Etats-Unis (1974), étude dingénieur, retourne plusieurs fois en Russie au moment de son effondrement (1989, 1990 etc.), développe une théorie comparative de leffondrement des deux superpuissances. Cf. http://cluborlov.blogspot.com/2006/05/dmitry-orlov.html , son blog en français : http://www.orbite.info/traductions/dmitry_orlov/ , et sur Wikipédia : http://en.wikipedia.org/wiki/Dmitry_Orlov )
« Au milieu des années 1990, j’ai commencé à voir la superpuissance soviétique ou américaine comme une sorte de maladie qui recherche la domination mondiale mais en réalité éviscère son pays hôte, laissant finalement derrière elle une coquille vide : une population appauvrie, une économie en ruine, un legs de difficultés sociales, et un énorme fardeau de dettes. Les symétries entre les deux superpuissances globales étaient alors trop nombreuses pour être mentionnées, et elles sont devenus toujours plus évidentes depuis. »
» Les symétries des superpuissances peuvent intéresser les cuistres politiques, les mordus d’histoire et divers sceptiques, mais elles ne nous disent rien qui serait utile dans notre vie quotidienne. Ce sont les asymétries, les différences entre les deux superpuissances, que je crois les plus instructives. Quand le système soviétique s’en est allé, beaucoup de gens ont perdu leur boulot, tout le monde a perdu ses économies, les salaires et les pensions ont été retenus pendant des mois, leur valeur a été effacée par l’hyper-inflation, il y a eu des pénuries de nourriture, d’essence, de médicaments, de biens de consommation, il y a eu une grande augmentation du crime et de la violence, et pourtant la société russe ne s’est pas effondrée. D’une façon ou d’une autre, les Russes ont trouvé des façons de se débrouiller. Comment cela a-t-il été possible ? Il se trouve que de nombreux aspects du système soviétique étaient paradoxalement résilients face à un effondrement de l’ensemble du système, beaucoup d’institutions ont continué de fonctionner, et le mode de vie était tel que les gens n’ont pas perdu l’accès à la nourriture, au logement ou au transport, et ont pu survivre même sans revenu. Le système économique soviétique a échoué à prospérer, et l’expérience communiste de construire un paradis ouvrier sur terre fut, finalement, un échec. Mais par un effet secondaire il est parvenu par inadvertance à un haut niveau de préparation à l’effondrement. En comparaison, le système américain a pu produire des résultats significativement meilleurs, pendant un temps, mais au prix de la création et de la perpétuation d’un mode de vie qui est très fragile, et pas du tout capable de résister au choc inévitable. Même après que l’économie soviétique s’est évaporée et que le gouvernement s’est largement arrêté, les Russes avaient encore tout ce qu’il fallait pour travailler. »
Analyse:
- Même description du système soviétique et américaniste en tant quentité indépendante et autonome (ici : une maladie) ;
- lURSS : muni dune « politique de puissance » : une idéologie à mesure (marxisme) ; une croyance en la libération de lhomme par le productivisme, une prétention universelle
- doté du même type de système anthropotechnique « inversé » ou « dévoué » par lidéal de puissance [que le Pentagone] : le système militaro-industriel soviétique, quasi autonome, avec sa logique propre, détachée du réel
- Mais assez rapidement, Staline abandonne la recherche de la domination mondiale (se replie sur lURSS et son glacis de pays « frères »), ce qui aura pour effets de circonscrire la catastrophe du méga système anthropotechnique soviétique au seul territoire de lURSS ;
- Dune part ce premier coup de canif dans lidéal de puissance (abandon de la prétention mondiale et donc de la toute puissance), dautre part une société russe et une vie sociale et économique qui sest révélée relativement résiliente au moment de leffondrement du système soviétique ; (y a-t-il un lien entre ceci et cela ou peut être encore avec un autre ensemble de cause, comme la préexistence et la permanence dune culture de lidéal de perfection (avec les idées et les structures de légitimité, de souveraineté etc. ?)
- Orlov suppose que létat réel de lorganisation de la vie sociale et économique russe au moment de leffondrement soviétique se révélera plus résiliente que sa contrepartie américaine au moment de son effondrement a elle (lire son texte dans son entièreté, assez convaincant sur ce point-là du point de vue de lingénieur et du point de vue de lhomme connaissant les deux sociétés et les deux mentalités ; texte qui vaut en tout cas et certainement pour la description de ce qui sest passé en Russie) ;
- Orlov lie directement la plus grande fragilité (supposée) de la société américaine au cours de leffondrement à la plus grande efficacité du système américaniste dans la recherche de la puissance, à son extension de fait mondiale
- Deux modalités dexpression des méga systèmes anthropotechniques (ce néologisme pour désigner lensemble des systèmes anthropotechniques porteurs de lidéal de puissance dans un espace et un temps donné) - soviétique et américaniste ; deux manières « dincarner » et de résister à ces systèmes. Ce qui ne prouve pas en soi que ces systèmes nétaient pas inéluctablement destinés à devenir « porteurs de lidéal de puissance », mais montre juste que les conditions de départs étaient différentes (de là à en trouver qui résistassent à lidéal de puissance )
Bogidaar
10/04/2010
Bonjour,
Permettez mon intrusion.
C’est un sujet qui m’intéresse également tant je le trouve perturbant mais dans le sens positif du terme, dans le sens dérangeant car ouvre vers une autre dimension de penser, de penser plus juste, selon moi !
Je parlerai de LIEN, de lien entre la Science et la Meta comme une union, l’une n’allant pas sans l’autre et vice versa. Je vous suivrai dans vos échanges.
Etant moi-même plutôt intuitif que scientifique, il se peut que j’intervienne lors des échanges de M. Philippe Grasset. Je précise que mon avis est un avis personnel et n’engage que moi-même.
Cordialement & Merci pour cette aventure commune et complémentaire,
Bogiidar
Morbihan
08/04/2010
... pour la France qui, selon moi, perd une occasion de renouer une relation essentielle avec la Russie.
J’avais voté Sarko… et je m’en mords les doigts.
Qu’en est-il de la fourniture (je préfère ce terme à celui de “vente”) de navires dérivés du Mistral? Qu’en est-il de la reconnaissance de l’appartenance de la Russie à l’Europe? Qu’en est-il de l’indépendance de la France vis-à-vis de la pieuvre anglo-saxonne?
J’avais été - désagréablement - surpris lorsque j’avais entendu l’un de nos cosmonautes français, évoquant ses expériences russes et américaines, dire combien il se sentait culturellement infiniment plus proche des Russes que des Américains. J’ai, depuis, fait ma révolution copernicienne sur ce plan :-)
Je suis, par contre, heureux que les massacres de Katyn aient été reconnus par les Russes, et que cctte reconnaissance contribue à pacifier les relations entre Polonais et Russes.
Peut-être finirons-nous par faire quelque chose e pas mal de l’Europe…
Ni ANDO
08/04/2010
Cette commémoration a également la vertu de rappeler certaines vérités désagréables à quelques indécrottables néostaliniens russes qui, avec le recul du temps, tentent de réhabiliter le sanglant « Petit Père des Peuples », séminariste géorgien venu de Gori. Sagissant du massacre proprement dit, il convient de rappeler quil fut sélectif : les victimes furent soigneusement choisies en raison de leur appartenance à lélite politique et intellectuelle (voire morale) de la société polonaise de ce temps et non en raison dun simple critère de nationalité. En loccurrence, le NKVD ne fit quappliquer en Pologne ce qui avait été appliqué de la même manière, sur une vaste échelle, en Russie lors de son effrayante guerre civile de 1918-1922, et lors des années qui ont suivi (les Khmers rouges firent de même à Phnom Pen et au Cambodge dans les années 70). Quand les bolchéviques évoquaient léradication de la « bourgeoisie » et la nécessité de faire table rase du passé ils se plaçaient sur un terrain très concret, très « physique » et non sur celui de la simple métaphore. Il faut des générations, il faut très longtemps en réalité, pour quune élite se constitue (qui nest pas forcément l »élite » au sens statutaire du terme). La Russie daujourdhui paye encore, et sans doute encore pour longtemps, lextermination de ses élites par le nouveau pouvoir soviétique. Cest là aussi la tragédie de ce pays. Si les Polonais peuvent demander des comptes à la Russie, à qui les donc les Russes, eux, vont-ils donc demander des comptes ?
Il est peu probable que cette commémoration scelle un authentique rapprochement entre ces deux nations (ne serait-ce qu’en raison d’une certaine morgue polonaise, nostalgique du passé glorieux de la Pologne de Sigismond 1er), au moins pourrait elle pacifier les rapports russo-polonais.
Julien Kirch
07/04/2010
Je me permets de signaler qu’une copie de cet article se trouve à http://fortune.fdesouche.com/14970-la-bataille-derriere-le-desordre-du-monde. Aucune des deux versions ne référençant l’autre, peut-être que cet emprunt n’a pas reçu votre aval.
Christian Steiner
07/04/2010
« Vous dites quil faut une crise personnelle pour que la psychologie rejette le poison quelle a absorbé et accepte dautres données, celles qui conduiront à une pensée de résistance. Est-ce bien là le sens de votre propos ? ». Cest complètement le sens des mes propos. Et merci davoir rendu encore plus explicite la différence entre psychologie et pensée, distinction cruciale.
Le seul point sur lequel je minterrogeais, que je cherchais à rendre moins confus dans mon esprit, plus concret, cest ce qui se cache sous le terme de « donnée » ce qui doit conduire la psychologie ouverte « à une pensée de résistance ». Mon premier mouvement mais ce fut absolument un reste du poison du système a été de le comprendre dans son acceptation étroite du terme, celui de données dinformations objectives, ou à visée objective ou encore critique, sur le système (style analyse journalistique, historique etc. etc.). Et je voyais mal comment cela pouvait sarticuler à cette crise personnelle, qui est transformation du regard sur nous-mêmes, sur notre rapport à autrui et au monde (et à ce système qui nous coupe du monde).
Je distinguerais ainsi deux choses, deux dimensions (au moins) au terme de « données », qui correspondent aussi à une dynamique mais je parle une fois de plus de mon expérience personnelle et de ce que je peux observer autour de moi, c’est-à-dire des gens de ma génération, celle de la quarantaine aujourdhui :
1. les « données » comme informations et analyses critiques sur le système. Ils ne peuvent à eux seuls nous donner « lesprit de résistance », ils ne peuvent à eux seuls nous donner la force de se placer en résistance (comment le faire, alors quon a une carrière, une famille, des responsabilités professionnelles, toutes ces choses à assumer ?). Par contre, couplé aux injonctions de plus en plus forte du système, ils peuvent nous conduire à un état de malaise diffus et grandissant (dans lequel jétais personnellement depuis quelque part entre 1998-2002), malaise diffus qui peut aller grandissant jusquà nous conduire inconsciemment dans des situations ne pouvant que déboucher sur une crise personnelle (une crise « à linsu de notre plein gré » si lon veut), cette crise existentielle dont vous dites bien quelle peut prendre bien des formes.
En ce sens, les réseaux dinformation alternatifs dont vous parler dans « Loutil suprême de la révolte générale » sont absolument nécessaires, pour attaquer le système et, sur le plan des individus, pour augmenter la tension, aggraver le malaise, commencer à percevoir le système non pas encore pour ce quil est (« spirituellement » parlant) mais dans ses actions (je dois dire que là encore, cela a été mon cas ; et je vous suis absolument quand dans le même article vous parler de leur importance dans le domaine journalistique certes, mais aussi pour les écrivains, les historiens et les scientifiques). Nécessaire mais insuffisant ; pour cela il faut la contrainte de la crise personnelle, pour « lâcher prise », pour que la psychologie se retourne.
2. les « données » ou éléments qui nous permettent de résoudre cette crise (ces données quaccepte la psychologie en train de « rejete[r] le poison quelle a absorbé »), et sur lesquelles poussent la pensée de résistance, qui sont dune autre nature, qualitativement bien plus élevées et plus rares. Ce sont les éléments qui nous permettent de passer cette crise, cette épreuve, de retrouver une nouvelle lucidité, de (re)trouver le sens de ce qui fait sens, le sens de ce qui vaut la peine, de ce dans quoi on veut sinscrire, de ce que lon veut transmettre, former, donner, de ce pour quoi on est prêt à se battre parce que cest au-delà du vital, parce que cest plus grand que nous, parce que ça nous grandit et nous permet de vivre debout.
Ici je reprends les mots de Michel Onfray dans Métaphysique des ruines pour décrire cette épreuve : « la catharsis, la purgation, la purification, quil faut entendre dans un sens sotériologique païen. On se purifie lorsque lon passe outre, que lon va ailleurs, plus loin que là où croupit ce dont il faut se purifier. » Une catharsis qui nous permet donc de passer outre (le système), daller au-delà des blocages que créait et dans lequel nous maintenait le jeu antagoniste des forces du système La psychologie y est retournée dans tous les sens, chamboulée, puis « nettoyée et expulse le poison » Résultat : « lesprit qui sest recouvré lui-même ».
(Vous aurez reconnu sur la fin votre propre expression, ainsi que celle de lauteur dEcce homo)
Que sont concrètement ces « données » ou éléments qui permettent de passer à travers cette crise existentielle ?
Elles sont aussi nombreuses, singulières, diverses et personnelles quil y a de personnes et dexistences, évidemment. Oserais-je toutefois avancer quil semble y avoir quelques récurrences :
i. les éléments personnels, les éléments de notre mémoire, de notre vécu, quil sagit de recomposer, de réarticuler ; sur lesquelles il sagit de créer une nouvelle perspective, un regard autre (Boris Cyrulnik dans son Autobiographie dun épouvantail, parle de recomposition de la mémoire pour surmonter le trauma) ;
ii. ce peut être de nouveaux éléments personnels, jusque là caché, quil sagit daller chercher dans lhistoire des nos proches, de découvrir puis dintégrer ;
iii. mais dans ce travail éminemment et nécessairement solitaire, on peut compter sur des viatiques, des aides, des éléments qui sont présents, qui nous sont fournis par la culture, et par la haute culture : grands récits traditionnels, récits épiques, livres « écrits avec le sang », dialogues avec les grands auteurs, la musique et les diverses traditions de chants, et jen passe, que je ne connais pas mais qui existent ; bref : tout ce qui est inscrit dans la durée de la pâte humaine et qui nous permet dêtre en contact « spirituel » (mais aussi quasi « charnel », « viscéral », comme ce sentiment de fraternité) avec des personnes qui sont « passées par là » (ou pire) et qui ont donné forme à ceci et qui se transmet depuis lors pour nous aider à notre tour. Bref, la culture, quoi, en ce quelle permet de se structurer et de se restructurer, de se sauver et de se dépasser.
En ce sens, ces « données »-ci ne sont pas qualitativement à mettre sur le même plan que les premières, lesquelles relèvent plus de lanalyse critique et de lactivité rationnelle (étant entendu que je ne hiérarchise pas les deux choses, les deux étant complémentaires et nécessaires).
En élargissant donc le terme de « données » à ce qui relève des « données du problème », à ce qui nous est donné, à ce qui nous est imposé ou à ce dont on sempare, je transcrirais, au niveau psychologique, le combat que vous identifier dans notre civilisation en disant que notre psychologie est :
- agressée par les « données » déstructurées du système, données multiformes, multidimensionnelles, qui peuvent sembler sadresser dans certain cas à lintellect, qui sadressent dans tous les cas à nos sens, nos émotions, nos désirs, flattent nos « passions tristes », nos pulsions etc. etc. pour rire, on pourrait parler de DDM : « Données de Destruction Massive » :-)
( étant entendu, je vous suis là aussi, que le système force effectivement la psychologie a être grande ouverte à ses « données » pour instiller son influence nauséabonde, rendant lair intérieur irrespirable, enfumé, jusquau moment où la psychologie se décide daller respirer un grand coup dair frais à travers ces ouvertures )
- sauvée par les « données » structurées et structurantes, ces éléments inscrits dans la durée de lexpérience humaine, dans la durée culturelle, par ce que les êtres humains ont toujours estimé valoir la peine dêtre transmis, parce que précieux (la pensée tragique, la pensée critique, la pensée méditative etc. etc.), parce que sacrés dans le sens de ce qui peut sauver, ce qui pousse à se dépasser (même à dépasser le nihilisme) etc. A la sortie de la crise personnelle, on devient plus imperméable aux premières, type fumisteries, et beaucoup plus sensibles aux secondes Puisse-t-il en être ainsi collectivement
Je suis bien conscient que je suis un peu au delà du « simple » débat sur la résistance au système, que je parle de quelque chose qui nest pas seulement un esprit de résistance au système mais un mouvement de libération de lesprit (mais lun peut-il aller sans lautre ? Et au-delà de ce système, il faut bien savoir pour quoi, positivement, on se bat ; à quoi lon dit oui et pas seulement à quoi lon dit non). Mais cest par besoin de comprendre ce qui mest arrivé, ce qui nous arrive ; et cela me rend encore plus clair ce que vous dites de manière si concentrée, si ramassée
N.B. Je le répète, ce texte, ce genre de crise personnelle vaut pour les gens déjà installés dans le système. Cest certainement différent pour la jeunesse, les jeunes gens qui sont encore dans la phase naturelle de rébellion face à la société, mais sans savoir peut être exactement pourquoi (pour quoi dautre, ce qui ne sapprend quavec le temps, les épreuves) là encore je parle en général : tous les cas individuels sont différents, et certains à vingt ans ont déjà découvert ce que dautres nauront jamais le besoin de découvrir Et il en va à lévidence encore différemment des plus jeunes, des adolescents qui sont en plein dans la constitution de leur personnalité. Mais dans les deux cas, adolescents et jeunes gens, leur formidable force est certainement dans leur formidable énergie, leur envie de futur, leur imagination, leur vitalité, et cela nous réservera bien des surprises
Me trompe-je si je résume ainsi :
Loutil suprême de la révolte est donné par les réseaux dinformation alternatif (votre interview « L’outil suprême de la révolte générale»)
Lesprit de la révolte, ou lesprit de résistance et daffirmation, est la culture (ou le besoin de culture votre deuxième partie de La grâce de lHistoire : ce qui poussaient les artistes dissidents de laméricanisme à Paris faut-il y voir aussi ce quil y a de sous-jacent, en partie, pour la meilleure partie, à Tea Party ?)
Et le déclencheur est la crise personnelle
P.S : Merci davoir répondu. Ne prenez pas la peine de le refaire à cette trop longue bafouille. Je continuerai ce dialogue en vous lisant.
Francis Lambert
07/04/2010
Le monde sans la Russie ? à quoi conduit la myopie politique
Evgueni Primakov, Economica, 2009, Préface dHubert Védrine
O. Kempf
http://www.egeablog.net/dotclear/index.php?post/2010/04/06/Le-monde-sans-la-Russie-d-E.-Primakov
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