jc
14/01/2020
Je reviens sur l'orgueil (abordé en .6).
Sur la quatrième de couverture du tome II de "La Grâce" figure une petite photo de l'auteur que je perçois à la fois inquiet -masquant peut-être une angoisse- et songeur (semblant regarder un peu dans le vague derrière ses lunettes). Et j'ai dit que son attitude pouvait provenir d'un refus d'être taxé d'orgueilleux (le terme est inadéquat mais je n'en ai pas d'autre qui me vienne à l'esprit pour signifier "non humble").
En .5 j'ai étendu l'acronyme Dedefensa PC (Politiquement Correct) à la science (SC) et à l'histoire (HC). Je l'étends ici à la spiritualité: SC, tant pis pour le doublon. Pour moi, je le dis nettement, PhG n'est pas un orgueilleux, c'est seulement un STI, un spirituellement très incorrect (sous-entendu -bien entendu- du point de vue du Système). De même que Thom et Grothendieck, Thom étant même doublement STI car également scientifiquement très incorrect².
(Cela pose la question de savoir ce qu'est un SC vu du Système. PhG donne dans "La crise de la raison (humaine)¹" une réponse qui me convient parfaitement. C'est celle donnée par "Robert Cooper, haut fonctionnaire du Secrétariat Général de l’UE, ancien conseiller de Solana devenu conseiller de Lady Ashton par la grâce d’un organigramme pour l’instant bloqué, ancien inspirateur de Tony Blair et théoricien du néo-colonialisme": le silence pour toute réponse. Point Barre.)
Pour le Système l'ésotérisme, le rêve, la poésie, c'est STI, pour lui les causes finales sont doublement STI, etc. . Ainsi je sens rôder l'impérialisme du SC lorsque le mathématicien Marc Chaperon écrit (inconsciemment, j'en suis absolument convaincu):
"Thom termine d'ailleurs son ouvrage [SSM] par cette phrase, typique de son mélange de modestie et d'orgueil : « Au moment où tant de savants calculent de par le monde, n'est-il pas souhaitable que d'aucuns, qui le peuvent, rêvent." .
Où est l'orgueil là-dedans? Rêver, ce qu'ont fait Thom et Grothendieck, les humains (et les animaux…) l'ont fait depuis que l'espèce humaine est apparue sur terre. Pour Thom, c'est d'ailleurs une condition nécessaire à la survie de l'espèce (mais pas à la survie individuelle, où le struggle-for-life-sauve-qui-peut suffit): "Si on veut théoriser la Biologie, il faut faire du rêve une fonction biologique."
Rêver, tous les animaux le font. Le problème est d'interpréter ces rêves. Et ça, j'en témoigne, ce n'est certainement pas donné à tout le monde: il suffit d'ailleurs de parcourir le sommaire et de feuilleter les premières pages³ (dans lesquelles, soit dit en passant, je n'ai vu nulle trace d'orgueil) de "La clef des songes: dialogue avec le bon Dieu" par le STI Alexandre Grothendieck.
Pour finir il est clair pour moi que Thom est parfaitement conscient de la dissymétrie de son dialogue avec GG (le Grand Géomètre), écrivant ainsi (AL, p.561): "Car le monde des Idées excède infiniment nos possibilités opératoires". (Je rappelle à ce sujet que Thom dit avoir vu en 4D dès l'âge de 11 ans, mais être impuissant à interpréter les catastrophes de dimension supérieure à 4, telles que l'importante catastrophe "double fronce" de dimension 7.)
¹: https://www.dedefensa.org/article/glossairedde-crisis-la-crise-de-la-raison-humaine-1
²: Thom s'affiche lamarckien, refuse les principes de non-contradiction et d'identité (pas mal pour un matheux!), accepte les causes finales, etc. (Dans une société struggle-for-life-chacun-pour-soi où l'argent est l'unique cause finale, il ne faut pas s'étonner que tout l'argent-simulacre du monde finisse dans seulement quelques poches.)
³: Dans lesquelles, soit dit en passant, je n'ai décelé nulle trace d'orgueil, mais bien au contraire, de l'humilité.
jc
14/01/2020
[ Recentrage du .4.4 sur le sujet (le mode d'emploi du tome III). ]
Humilité et orgueil.
Humilité -> transcendance, Dieu hors et au-dessus de nous; orgueil -> immanence, Dieu en nous. PhG humble, Thom¹ et Grothendieck¹ orgueilleux. PhG angoissé -voire terrorisé- par l'orgueil de son ambition? ("Ainsi ce livre, cette œuvre me terrorise littéralement, jamais je n’ai été aussi tenu par l’angoisse…")
Pour moi, dans les trois cas, l'intéressé tente de dialoguer avec Dieu. Pour Thom Dieu est GG, le Grand Géomètre¹. Je subodore que pour Grothendieck c'est GA, le Grand Arithméticien² quand il est matheux, mais que c'est le Grand Amoureux quand il est métaphysicien. Quid de PhG? Dieu en GP, Grand Poète? (dialogue d'âmes poétiques?)
Apocalypse.
Dans l'imagerie populaire l'apocalypse est un effroi devant une catastrophe qui vient d'avoir lieu. À la suite de Guénon il faut en fait la voir comme une angoisse paroxystique devant une catastrophe dont on pressent qu'elle va avoir imminemment lieu. Cette angoisse est, j'en suis convaincu, précisément un signe des temps au sens où l'entend René Guénon.
(Cycle d'un moteur diésel: 1.Admission (union d'air et de gazole). 2. Compression du mélange (angoisse croissante des molécules prises au piège). Explosion. 3. Détente (bon grain, énergie utilisable). 4. Échappement (ivraie, gaz brûlés). )
Étymologiquement une apocalypse est un dévoilement. Ce dévoilement PhG nous l'annonce (pour le tome III.3?) ("et je ne peux douter un seul instant que ma mission est d’éclairer la nuit d’une éblouissante lumière…). Suspense donc. Je lirai "La Grâce" et donc en particulier le tome III comme un thriller, comme une histoire guénonienne du règne de la quantité et des signes tragicomiques des temps modernes où PhG aurait ajouté quelques chapitres à "La fin d'un monde" (chap XL). Tout en examinant peut-être au préalable d'autres signes des temps.
¹: AG métaphysicien a écrit "la clef des songes : dialogue avec le bon Dieu.
Thom métaphysicien: "Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du créateur." (ES, p.216);
Thom géomètre: "Selon beaucoup de philosophies, Dieu est géomètres; il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu."
²: Je "sens" Grothendieck dans la lignée de Pythagore et de Galois.
³: Charlot dans "Les temps modernes" et "Le dictateur" pour le côté bouffe.
Alex Kara
14/01/2020
Juste un petit correctif :)
jc
13/01/2020
Dans l'hypothèse d'une évolution "girondine" de la société (française pour fixer les idées), la monarchie populaire aboutit au plébiscite d'un roi et d'une reine qui ont été considérés par le peuple comme les plus aptes à mener la maison France en bons père et mère de famille (nombreuse, 65 millions d'individus). Je pense que la bonne entente du couple royal sans relation de domination de l'un ou de l'autre est liée au fait qu'ils sont bien appariés au sens que, pour les "couples cosmiques" essentiels, l'un le considérera yin/yang et l'autre yang/yin. Comment voir, par exemple le couple foi/connaissance étudié par Alexandre Grothendieck?
J'ai recommencé à essayer de lire "La clef des songes : dialogue avec le bon Dieu" de AG. J'avais rapidement feuilleté l'an passé les cent premières pages mais j'avais oublié l'extrême soin avec lequel il rangeait ses pensées en mariant les concepts. Il oppose ainsi ,dans "Récoltes et semailles", la foi yang au doute yin puis, dans "La clef…" (p.20), il propose un nouveau "couple cosmique" plus subtil, le couple foi/connaissance, où "la foi yang féconde la connaissance yin entachée de doute".
En général la fécondité d'un couple cosmique est vue par AG comme analogue à ce qui se passe en biologie où on sait que l'infécondité peut apparaître même pour des couples hétérosexuels séparément féconds (mais deux couples homosexuels (yang/yang ou yin/yin) ne peuvent être féconds). En ce qui concerne le couple foi/connaissance, le véritable couple est pour moi le couple foi intérieure/foi extérieure, c'est-à-dire foi immanente/foi transcendante. Il suit qu'il m'apparaît tout-à-fait plausible que certains considéreront la foi intérieure comme yang (le cas de AG, je crois), alors que ce sera le contraire pour d'autres. Ainsi, pour moi, la foi yang est extérieure pour PhG et intérieure pour RT (et AG?) (et donc la foi intérieure de PhG et la foi extérieure de RT (et AG?) sont yin). Si ce qui précède est correct alors on ne peut qu'en conclure que le choix "yin ou yang" est indépendant du sexe biologique¹. Je suis intéressé par le résultat d'études statistiques à ce sujet.
(Peut-on donner un critère de fécondité pour les couples cosmiques? Je propose le critère analogique suivant: un couple est fécond si ses deux composants peuvent être placés (analogiquement) des deux côtés d'une surface bilatère retournable par invagination (le cas de la sphère, entre autres). Jean-Pierre Petit est pour moi l'un des spécialistes mondiaux -et l'un des pionniers- du sujet.)
Remarque: j'en profite pour sexuer (ou genrer) le temps et le Temps (cf. l'article "Le Temps et la rébellion du temps"). Pour moi, sans hésitation, le Temps est yin et le temps est yang. De même la fonction est pour moi yin et le fonctionnement est yang (cf. mon commentaire de cet article).
¹: Dans un couple biologique ce n'est pas nécessairement l'homme qui porte la culotte…
jc
13/01/2020
Il me semble de plus en plus clair que Donald.Trump n'en fait qu'à sa tête.
Hier soir sur BFMTV Michel Onfray était mis en accusation par deux procureuses et un procureur, tous trois maison. Face à faces tendu. J'ai noté qu'à un moment MO a dit quelque chose comme:" Emmanuel Macron n'en fait qu'à sa tête, son entourage commence à en avoir plus qu'assez."
Trump et Macron à mettre dans le même sac ? Narcissiques ? Pervers ? (Je n'y connais rien en psy.)
jc
13/01/2020
Je verrais bien la face Nord (masculine) de l'Arc de "Triomphe" (à renommer) recomposée dans le style "Âmes de Verdun". Face Sud (féminine) plus apaisée à imaginer.
Je pense que le symbolisme des flammes est important. Flamme nord masculine, flamme Sud féminine. Flammes faisant symboliquement l'amour lors d'une cérémonie périodique (journalière?) de réanimation (réanimation par le roi et la reine de France le jour de la fête matriotique, réanimation les autres jours par des "vrais" couples choisis au mérite et/ou tirés au sort). Je vois ces flammes placées au centre de la base d'un tétraèdre régulier en verre, solide de Platon autodual¹.
Dans de nombreuses traditions l'eau est opposée au feu. Je vois donc en regard, place de la Concorde, un bassin avec des roseaux (nouveau symbole de Paris oblige) avec en son centre un icosaèdre¹ régulier, également en verre, que les Anciens Grecs associaient à l'eau.
¹: https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Solide_de_Platon
jc
13/01/2020
"Révolutions, catastrophes sociales ?" est le titre d'un article qui figure dans "Apologie du logos" (pp. 434 à 451), article dans lequel Thom argumente pour "établir qu'aucune société stable ne peut exister sans une certaine forme de pouvoir sémiologique".
Selon lui la première bataille à mener est donc la bataille des symboles.
Symboles "girondins".
1. Rabelais, Abbaye de Thélème (Bien manger, bien boire, bien vivre). Personnalités actuelle emblématique: Gérard Depardieu (?) et une femme (?).
Le coq et la poule au sommet du tas de fumier au centre du village gaulois. Astérix et du Bellay et son petit Liré. Personnalités actuelles emblématiques (?? et ??).
2. Escalier à double hélice "à la Chambord" au centre de l'esplanade de la Grande Bibliothèque: la Nature dominant la Culture.
3. Drapeau matriotique bleu-blanc-rouge, bleu (près de la hampe, symbole de stabilité) pour les femmes, blanc orné d'un dessin de fleur de lys naturelle, rouge pour les hommes. Drapeau de Paris: blanc avec un roseau (allusion à Pascal), "Une âme inflexible dans un corps flexible" (en latin?).
4. Paris ville horizontale¹ (on entre dans une ère féminine): éradication des symboles "trop masculins" (raser la tour Montparnasse, déplacer la Tour Eiffel vers le Sud dans l'axe Défense-Concorde, mise en valeur de symboles architecturaux féminins (Notre Dame, sans flèche phallique sur le dos, bien sûr!).
5. Devises: Unité-harmonie-Diversité ; Vox populi, vox Dei. Hymne plus "féminin" à trouver ("La girondine" évidemment).
6. Place Charles de Gaulle-Étoile renommée Place Janus (ou, mieux, son équivalent grec); façade Nord masculine, façade Sud féminine. Deuxième flamme à "La mère inconnue". Avenue de la Grande Armée -> avenue Hermès, avenue des champs Élysées -> avenue Aphrodite, actuelle avenue des Champs Élysées du Trocadéro aux Invalides (sa place naturelle); place de la Nation -> place de la Matrie, parvis de Notre Dame -> parvis de Nos Dames.
7. "Emmanuel", le bourdon de Notre Dame².
8. "La Grâce de l'Histoire", évidemment!
¹: Cf. "La Grâce", tome II, pp.408 et 409.
²: Cf. mes commentaires-petits-délires des articles de ce site écrits à propos de l'incendie de Notre Dame, en particulier celui que je reproduis ici:
"Emmanuel contre Emmanuel (jc, 20/04/2019):
Je suis profondément convaincu que pour Emmanuel Macron, "notre" président légal, la reconstruction de NDP ne peut pas être autre qu'un problème "Système" qui se traite "Système" comme la reconstruction du terminal E d'ADP.
Je suis également profondément convaincu que pour le peuple français, notre souverain légitime selon notre constitution, la reconstruction de NDP, pardon, de Notre-Dame de Paris, c'est tout autre chose.
Notre Dame de Paris c'est le kilomètre zéro de la France, c'est son coeur, pour tous les français, qu'ils soient croyants ou seulement nostalgigues des cartes Michelin.
Notre-Dame c'est son ground zéro à lui, peuple français, et le 15/04 c'est son 9/11. La reconstruction/restauration c'est son affaire, à lui et rien qu'à lui.
Le bourdon de Notre-Dame se surnomme Emmanuel. Je suis profondément convaincu que tous les français "feront peuple" en se mettant à l'unisson de cet Emmanuel-là, leur Emmanuel à eux. Alors ce sera Emmanuel contre Emmanuel.
Hier soir sur la 2, j'ai entendu que les forestiers de France étaient prêts à donner le bois de chêne (1500 -ou 5000?- chênes c'est peanuts, ai-je entendu) pour refaire la charpente (et j'ai entendu un patron de scierie dire que ça ne représenterait pour lui pas plus d'un ou de mois de boulot¹). J'ai également entendu qu'Emmanuel Macron voulait court-circuiter la chaîne "Bâtiments de France".
Le 15/04 est l'occasion rêvée -miraculeuse?- pour changer les choses. Les forêts françaises non domaniales qui n'ont pas encore été rachetées par les banques et les assurances sont -c'est comme ça dans mon coin- la propriété de l'ancienne aristocratie (ante 14/07). Que ces conservateurs du patrimoine forestier de France -ce qu'ils sont avec amour, comme je le constate dans mon coin- donne² le bois pour la reconstruction de Notre-Dame est un geste symboliquement fort.
J'ai également entendu hier soir qu'Emmanuel Macron voulait court-circuiter la chaîne "Bâtiments de France". Là encore, le peuple de France a l'occasion de montrer qu'il est capable de trouver l'architecte en chef qui dirigera la reconstruction/restauration: en laissant "les gars du bâtiment" l'élire. (Je suis intimement convaincu que ces gars-là éliront l'homme ou la femme qu'il faut, ne serait-ce que parce qu'ils auront à coeur de ne pas passer pour des cons devant les français -et les étrangers qui regarderont sûrement cette étrange façon de procéder-).
Toujours hier soir il y avait une émission sur la guerre de 39/45 où il était rappelé qu'en 1944 un sous-marin Allemand était mis à l'eau tous les trois jours: quand la patrie est en danger…
Je suis intimement convaincu que si le peuple de France prend lui-même cette reconstruction en main le délai de cinq ans promis par "notre" président sera pulvérisé. Car de plus en plus de français réalisent, chacun à sa façon sent que ce Système est mortifère, que notre patrie est réellement en danger.
¹: J'ai appris que le chêne de charpente n'avait pas besoin d'être séché avant d'être posé.
²: On objectera que ces gens donnent ce qui ne leur appartient pas. Dans une VIème république ce "détail" peut être résolu en quelques lignes sur l'acte de propriété: "Telle personne appartient à telle forêt" au lieu de "Telle forêt appartient à telle personne" sans que cela ne change rien dans la pratique quotidienne (mais sans doute beaucoup dans les mentalités).
jc
13/01/2020
(Hier soir, sur BFMTV il y avait Michel Onfray face à un procureur et deux procureuses. Face à faces tendu. À un moment MO a lâché qu'il était girondin.)
Je verrais bien le basculement spéculé en 4.0 et 4.1 (masculin -> féminin; aristocratie -> démocratie) se synchroniser avec le basculement jacobin -> girondin.
Je viens de e-feuilleter sur le site "Les Crises" un article¹ où il est indiqué que Boris Johnson a été élu par la classe moyenne des villes moyennes, la classe girondine britannique en quelque sorte. Cela m'a rappelé que lors des récentes élections européennes LR avait tenté une stratégie "territoriale". La défaite pour les européennes, mais peut-être succès pour les municipales… et pour la suite ?
Je vois la politique multipolaire actuelle s'orienter vers une opposition bipolaire toute guénonienne: les "Paradis terrestres girondins" et les "Jérusalem céleste jacobins", les orgueilleux gratte-ciel de nos métropoles face à nos campagnes désertes ? Un signe des temps?
(Thom cite (très) souvent Héraclite: "Le Maître dont l'oracle est à Delphes ne dit ni ne cache; il signifie", ce qu il décrypte en "La Nature nous envoie des signes qu'il nous appartient d'interpréter". Ce qui précède laisse penser qu'il est peut-être plus facile de décrypter l'évolution sociale que l'évolution biologique -le sujet principal de SSM-.)
Dis-moi qui tu lis je te dirai qui tu es. Si l'on veut comprendre le tome III de "La Grâce" il faut rentrer dans le monde de son auteur et il faut donc, j'en suis maintenant profondément convaincu, impérativement lire Guénon² (en particulier "La Crise du monde moderne" et "Le règne de la quantité...").
Relire ici les chapitres XXI et XXIII de "Le règne de la quantité ..." ?
¹: https://www.les-crises.fr/gloire-au-bon-roi-boris-par-maurice-glasman/
²: J'ai découvert le nom de Guénon en découvrant ce site il y a trois ou quatre ans. Ayant reçu un formatage initial scientiste, mon premier contact a ressemblé à celui de quelqu'un qui tombe à l'eau sans savoir nager. Ma formation thomienne ultérieure, autodidacte- m'a aidé...
Olivier le verseau
12/01/2020
Le temps, le fonctionnel, a échappé au Temps.
Toute accélération d’un corps peut entraîner l’impossibilité de l’arrêt de ce corps et donc la collision ou la désintégration.
Le système est totalement déréglé et le temps des évènements s’en trouve à son tour déréglé.
Comment alors appréhender le monde réel ?
Comme un satellite échappant à la gravitation qui le maintient en orbite stationnaire, le temps a perdu son orbite.
Autre piste qui pourrait se présenter : la notion de pressurisation ou de dépressurisation.
Enfin les notions d’implosion ou d’explosion selon les assemblages des bombes atomiques ( par insertion ou par implosion)
Dernière question : L’espace peut-il être maintenu sans le temps ?
Ou bien le monde réel peut-il survivre à un temps déréglé ?
jc
12/01/2020
Les Anciens Grecs définissaient l'aïon comme un temps "a-temporel", vide d'événements, qu'ils opposaient au chronos. Il me semble naturel de considérer ici que le Temps (T majuscule) est l'aïon et le temps (t minuscule) est le chronos.
Les concepts de contraction du temps et de dilatation de l'espace, qui apparaissent chez Guénon¹, reviennent souvent sous la plume d'un PhG qui semble les manier avec aisance. Ce n'est pas mon cas, car, comme sans doute beaucoup de scientifiques, le temps est pour moi le temps des modernes, qui est basiquement représenté par la droite réelle R (et l'espace usuel par R³).
C'est peut-être la raison pour laquelle je ne comprends pas grand chose à la définition que Thom donne d'une fonction en Biologie. Comme sa définition semble générale et donc applicable à la métahistoire en particulier, peut-être PhG pourra-t-il associer aux considérations développées dans son article une fonction historique² précise (donc une finalité) dont les contractions temporelles sont le symptôme ? Voici cette définition³:
"Certains auteurs opposent fonction et fonctionnement. Je propose de voir dans cette opposition une caractéristique
essentielle du concept de fonction. Car il est de l'essence de la fonction de fonctionner… même si parfois la fonction ne fonctionne pas. De ce point de vue le terme fonction se rapproche linguistiquement de la forme du gérondif (le "doing" anglais). On peut métaphoriquement représenter le concept de fonction par une fronce d'hystérésis associée à l'opposition de deux temps:
un temps "a-temporel", une éternité vide d'événements, ce que les Anciens Grecs appelaient aïon, et un temps qualitativement spécifié, chronos, qui est porteur d'événements catastrophiques, et où se déroule l'exécution d'actes."
Comme dans toute(?) fronce d'hystérésis, on est ici en présence d'un conflit de type tension/relâchement que l'on retrouve dans les situations les plus diverses: fonctionnement du coeur ou d'un moteur thermique, voire d'une civilisation (les cycles d'un Manvantara⁴). (Thom l'utilise dans son article pour modéliser le fonctionnement des muscles des jambes dont la fonction est de permettre de marcher (l'aïon est associé à l'état du muscle au repos et le chronos à l'état contracté.)
¹: Cf. le chapitre "Le temps changé en espace" dans "Le règne de la quantité..."
²: Pour Thom il est évident que, dans les sociétés, c'est la fonction qui crée l'organe et en tire argument pour penser qu'
il en va de même en biologie).
³: Extraite de "Structure et fonction en biologie aristotélicienne" (AL, p.257)
⁴: Cf. https://www.dedefensa.org/article/vers-un-effondrement-de-civilisation
jc
12/01/2020
[ Recentrage sur le sujet (le mode d'emploi du tome III). ]
C = Correct (c-à-d conforme à la doxa mainstream contemporaine), I = Incorrect, T = Très,
P = Politiquement, S = Scientifiquement, H = Historiquement.
Il y a les orthodoxes, les PC, les SC, les HC: l'immense majorité. Il y a hétérodoxes, les opposants, les dissidents, les PI, les SI et les HI: nettement moins nombreux (mais en actuelle augmentation). Et il y a les SVNI. René Thom (STI) et Philippe Grasset (HTI) en font partie¹,
Comme le dit René Thom: "Il faudrait évoquer le rôle du langage dans l'édification des grandes philosophies. (...) Si l'on veut comprendre l'auteur, il faut jouer le jeu et rentrer dans son monde. Sans doute y a-t-il beaucoup de cas où le jeu n'en vaut pas la chandelle." (AL, p.503) ; citation qui renvoie au sujet, à savoir un mode d'emploi pour tenter de rentrer dans leur monde.
Dans les deux cas précités on est, j'en suis convaincu, en métaphysique extrême: pour rentrer dans leur monde, regarder le bout de ses chaussures ne suffit pas (SC, HC), il faut viser très haut (infiniment haut) comme PhG ou très profond (infiniment profond) comme RT. La citation thomienne suivante, qui concerne le fait scientifique -et qui peut aisément être transposée au fait historique- donne une idée du fossé abyssal entre SC et STI d'une part et HC et HTI d'autre part:
"Lorsqu'on a compris – à la suite de T. S. Kuhn – le caractère « automatique » du progrès scientifique, on se rend compte que les seuls progrès qui vaillent sont ceux qui modifient notre vision du monde – et cela par l'élaboration de nouvelles formes d'intelligibilité. Et pour cela il faut revenir à une conception plus philosophique (voire mathématique) des formes premières d'intelligibilité. Nos expérimentateurs, sempiternels laudateurs du « hard fact », se sont-ils jamais demandé ce qu'est un fait ?
Faut-il croire – ce qu'insinue l'étymologie – que derrière tout fait, il y a quelqu'un ou quelque chose qui fait ? Et que ce quelqu'un n'est pas réduit à l'expérimentateur lui-même, mais qu'il y a un « sujet » résistant sur lequel le fait nous apprend quelque chose ? Telles sont les questions que notre philosophe devra constamment reposer, insufflant ainsi quelque inquiétude devant le discours volontiers triomphaliste de la communauté scientifique. Bien sûr la Science n'a nul besoin de ce discours pour continuer. Mais il restera peut-être quelques esprits éclairés pour l'entendre, et en tirer profit." (1988)
L'approche de l'histoire par PhG est poétique (la nostalgie, l'âme poétique, reviennent en boucle dans "La Grâce"); si on veut le comprendre alors il faut jouer le jeu et rentrer dans son monde poétique et nostalgique. Ce qui suit est censé illustrer la façon dont il faut voir ce qui sépare son monde HTI du monde HC.
Le "tchac" historique de la guillotine de 1793 renvoie au "tchac" de la coupure galiléenne, coupure qui prononce le divorce entre la phusis antique et la physique moderne, et qui instaure le SC. Avant la coupure les planètes étaient poétiquement poussées par les anges, maintenant elles se meuvent selon les lois de la mécanique newtonnienne²: l'interprétation de leurmouvement a changé³ à cet instant, l'herméneutique antique cédant sa place à la démiurgie moderne².
De même qu'Aristote et Newton ne pensaient pas le mouvement d'une pierre de la même façon, de même PhG et les modernes pensent l'architecture (très!) différemment. Là aussi il y a une discontinuité abyssale pour PhG -un "tchac"- entre une cathédrale et une tour de Doubaï, alors qu'il n'y en a aucune pour un SC³.
Je n'ai pas encore lu le tome III.1 (je ne l'ai même pas encore acheté, étant actuellement hors de ma zone Amazon). Car je ne veux pas seulement le lire, c'est-à-dire le feuilleter. Je veux le déguster, car pour moi le jeu en vaut vraiment la chandelle, puisqu'il s'agit d'un tout nouveau regard sur l'histoire, un regard grâcieux.
Pour cela je veux tenter de pénétrer plus profond dans le monde de son auteur. Or ce monde, j'ai l'impression de réellement venir d'y rentrer en découvrant dans cet article la citation de Pseudo-Denys l'Aéropagite. (Article qui se termine par: "Je crois et je pense que nous reviendrons sur le sujet du Tome-III/1, suite & conséquences…".)
¹: Selon moi, Jean-Pierre Petit est à rajouter ici comme STI.
²: Thom: "Si l'on veut indiquer l'endroit crucial par lequel la Science moderne se sépare d'Aristote, on le trouvera dans l'exemple de "la pierre lancée vers le haut qui retombe". Dans la Physique aristotélicienne, il s'agit de deux mouvements continus consécutifs, mais distincts; (...) il y a discontinuité au point le plus haut (...). Pour nous, à la suite de Galilée, (...) il y a "prolongement analytique" du mouvement montant dans le mouvement descendant." (ES, conclusion)
³: Cf. "Dialogues.1,Question de sens" par PhG et "Dialogues.2.Croissance" par JPB (sur Dedefensa)
jc
11/01/2020
Dans le prolongement du basculement domination masculine/domination féminine s'effectuant relativement lentement pour les individus (un ou quelques siècles) -mais très rapidement à l'échelle de temps d'un Manvantara-, on remarque le même phénomène pour ce qui est peut-être un inéluctable basculement -inéluctable car entraîné par la "roue cosmique"- d'un pouvoir aristocratique (de plus masculin) à un pouvoir démocratique (peut-être féminin), le basculement direct étant trop brutal.
La grande révolution du peuple de France a été presque aussitôt lissée -amortie- par une contre-révolution bourgeoise (Napoléon premier empereur bourgeois ...); et nous serions peut-être, deux siècles plus tard, en train d'entrer dans la deuxième phase, à savoir celle de la révolution populaire contre la contre-révolution bourgeoise.
Pour Thom ce phénomène de lissage est général¹ -hors substrat-, et s'applique donc à toutes sortes de substrats (biologique, socio-historique, etc.) illustrant peut-être ici ma citation thomienne favorite:
"Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés."
¹: Cf. "Esquisse d'une Sémiophysique" p.99 .
jc
11/01/2020
L'alpha et l'oméga¹.
Thom: "Toute forme ne peut ainsi être conçue que comme une figure due à un arrêt momentané (autour d'un obstacle) d'un flux partant d'un point-amont α et s'écoulant vers un point-but ω. Qu'on doive identifier α et ω, c'est là un point que je laisse à mes auditeurs de décider… (1993, Pouvoirs de la Forme)
Pour moi la citation de Pseudo-Denys l'Aéropagite et l'échappée en métaphysique extrême de Thom renvoient à un α qui est Dieu
"en puissance", inconnaissable (qualifié généralement de Dieu tout puissant), Dieu yin, féminin; dans la terminologie thomienne c'est le centre organisateur caché, la singularité organisatrice inconnaissable. Toujours dans la terminologie thomienne ω est le déploiement universel de cette singularité, obtenu à la fin des temps (ou à la fin du cycle) qu'il semble naturel, pour cette raison de qualifier de Dieu "en acte" (de Dieu tout actant?), Dieu yang, masculin. (Qu'on doive identifier α et ω c'est là à chacun d'éventuellement décider.)
Ces considérations stratosphériques suggèrent le POS (Plan d'Organisation Sociale) suivant (monarchie populaire), une condition nécessaire à sa pérennité étant la validité du principe suprahumain selon lequel la voix du peuple est la voix de Dieu³. La citation thomienne suivante tombe, à mon avis, à point nommé:
"En ce qui me concerne, je préfère croire à un réel – non globalement accessible parce que de structure stratifiée – dont l'herméneutique de la TC [théorie des Catastrophes] permettrait de dévoiler progressivement les « fibres » et les « strates ». Mais
tout progrès dans la détermination d'une telle ontologie stratifiée en « couches » d'être exigera :
i) L'emploi de mathématiques pures spécifiques – parfois bien difficiles – dans les théories jusqu'ici purement conceptuelles
des sciences de la signification ;
ii) La reprise d'une réflexion philosophique sur la nature de l'être que les divers positivismes et pragmatismes ont depuis bien longtemps occultée."
La société (la France pour fixer les idées) étant stratifiée en communes, cantons, départements et provinces, chaque strate plébiscite sa reine α et son roi ω pour un temps limité (sept ans?), sur le critère de capacité à gérer sa strate "en bonne mère de strate" ou "en bon père de strate" (α4 et ω4 étant destinés à prendre en charge 65 millions d'habitants). Il me semble logique que les reines et rois d'une strate donnée soient plébiscités par les seuls reines et rois de la strate directement inférieure.
Il s'agit selon moi d'une monarchie matriarcale où α domine ω, suivant l'hypothèse -ou le constat pour les suprahumanistes cyclistes- que nous arrivons à la fin d'un quatrième et dernier âge masculin yang-yang (âge de fer) et que nous nous préparons à débuter un nouveau cycle commençant par un premier âge féminin yin-yin (âge d'or). (On aura noté dans notre société occidentale le recul de la domination masculine sans partage depuis -disons- le début du XXème siècle, pour approcher actuellement une sorte d'égalité, prise par certains et certaines comme une fin en soi, et par d'autres comme le signe d'un proche renversement du rapport de domination.)
Reste alors à savoir qui fait quoi, pourquoi, comment avec ce POS… (mais un drapeau bleu-blanc-rouge, bleu pour les femmes, rouge pour les hommes, agrémenté d'une représentation de fleur de lys -naturelle- me semble devoir s'imposer).
Thom: " "La voie de crête entre les deux gouffres de l'imbécillité d'une part et le délire d'autre part n'est certes ni facile ni sans danger, mais c'est par elle que passe tout progrès futur de l'humanité".
PhG: "La sagesse, aujourd'hui, c'est l'audace de la pensée".
¹: https://fr.wikipedia.org/wiki/Alpha_et_om%C3%A9ga
²: Machiavel: « Ce n’est pas sans raison qu’on dit que la voix du peuple est la voix de Dieu. On voit l’opinion publique pronostiquer les événements d’une manière si merveilleuse, qu’on dirait que le peuple est doué de la faculté occulte de prévoir et les biens et les maux.»
³: https://fr.wikipedia.org/wiki/Madame_Sans-G%C3%AAne
jc
10/01/2020
L'analogie entre la citation de Pseudo-Denys l'Aéropagite et l'escapade en métaphysique de Thom¹, en lien avec l'analogie thomienne, selon moi génialissime, entre développement embryonnaire et développement de Taylor, pose la question du rapport entre mathématique et métaphysique, question dont la réponse allait de soi à l'époque de Platon, mais question qui est devenue incongrue à partir de la coupure galiléenne.
Dans l'époque contemporaine je connais la célèbre formule canonique du mythe de Claude Lévi-Strauss que certains ont essayé de relier à la théorie des catastrophes². La géométrisation de la psychanalyse par Lacan avec la place importante donnée à la théorie des entrelacs et aux surfaces unilatères est, selon moi, à considérer. Je suis incompétent pour me prononcer sur les rapports entre métaphysique et mathématiques chez Alexandre Grothendieck à travers -par exemple- son "La clef des songes: ou dialogue avec le bon Dieu"). Du côté des métaphysiciens Guénon était très au courant de la mathématique du temps de Leibniz, qu'il a abordée selon moi avec succès³, en penseur du continu, à la Thom. Mais, de ce que j'ai lu de lui, il me semble qu'il était très loin d'avoir une vue d'ensemble des mathématiques de son temps (en particulier de la géométrie). Pour le platonicien Alain Badiou "l'ontologie, c'est les mathématiques", ce qui serait à verser chez lui au crédit d'un rapport "profond" entre mathématiques et métaphysique s'il n'avait pas été fasciné par la théorie des ensembles et ses grands cardinaux, sans s'intéresser -à ma connaissance- à l'oeuvre du géomètre platonicien Thom.
Thom, quant à lui, parsème ses articles d'un: "Il faut être philosophe en sciences et scientifique en philosophie" et écrit:
"(...) Les Philosophes ont abandonné aux savants la Phusis et se sont repliés dans la forteresse de la subjectivité. Il leur faut réapprendre la leçon des Présocratiques, rouvrir les yeux grands sur le monde, et ne pas se laisser impressionner par l'expertise souvent dérisoire d'insignifiance de l'expérimentateur. Inversement la science doit réapprendre à penser."
(Il martèle d'autre part que le problème de la démarcation science/non science est dorénavant dépassé.)
Les positions de Thom en faveur d'un impérialisme mathématique⁴ ont irrité. Et s'il avait néanmoins raison?
¹: Cf. le commentaire.2 de l'article "Le sens d'un entêtement"
²: Jean Petitot, Lucien Scubla
³: Cf. "Les principes du calcul infinitésimal"
⁴: Cf. sa carte du sens http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41
jc
10/01/2020
PhG: "la Mort est chose bien vivante avec quoi l'on peut dialoguer, et donc contradiction joyeuse en soi, ou alors Vérité absolue bien au-delà de la connaissance, dans la connaissance devenue inconnaissance… "
Pour Thom la mort est typiquement une catastrophe généralisée. Concept dont on mesure l'importance qu'il lui accorde en consultant l'index de SSM. Dans mon commentaire de l'article "Un assassinat métahistorique" j'ai donné un exemple thomien:
"... quel exemple de catastrophe généralisée que la décomposition d'un grand empire comme celui d'Alexandre."
(Bien entendu l'empire d'Alexandre n'est pas mort (il est encore vivace dans nos mémoires, en particulier en Grèce et en Perse); son effondrement n'était pas la fin du monde, mais seulement la fin d'un monde, pour reprendre la fin de la dernière phrase de "Le règne de la quantité et les signes des temps";
"... et c’est ainsi que, si l’on veut aller jusqu’à la réalité de l’ordre le plus profond, on peut dire en toute rigueur que la « fin d’un monde » n’est jamais et ne peut jamais être autre chose que la fin d’une illusion.")
Thom consacre les pages 102 à 107 de SSM (2ème ed.) à la formalisation de ce concept de catastrophe généralisée qu'il classifie en catastrophe à grumeaux, à bulles, laminaire et filamenteuse, etc..
J'ai retenu qu'il s'agit, grosso modo, de la catastrophe produite par un changement de centres organisateurs ou, lorsqu'il n'est pas possible d'en changer -ce qui est précisément le cas au sommet (si unique) de l'arbre de Porphyre- un retour au seul centre organisateur possible¹. Aussi, pour la question qui nous concerne ici, je crois qu'on peut retenir la définition (restrictive) suivante: une catastrophe généralisée est un retour au centre organisateur², à la singularité organisatrice.
Pour Thom, à qui l'on doit le concept mathématique de déploiement universel d'une singularité, le retour au centre organisateur est l'opération inverse du déploiement avec le cycle qui lui est naturellement associé: naissance (départ du centre organisateur) -> jeunesse (déploiement à partir du centre organisateur) -> vieillesse (repliement vers le centre organisateur -> mort (retour au centre organisateur).
(Avant de poursuivre je rappelle que je m'adresse à des gens ayant reçu une formation scientifique pour tenter de les convaincre de lire "La Grâce de l'Histoire"...)
Par exemple le développement "de Thom" de la singularité³ organisatrice x -> x³ (le pli dans la terminologie thomienne) est la fonction x -> x³ + ax (a est appelé le paramètre du déploiement). De même celui de la singularité fronce x -> x⁴ est la fonction x -> x⁴ + ax² + bx.
La théorie thomienne du déploiement universel me passe assez largement au-dessus de la tête. Mais je crois que l'analogie grossière -le rapprochement- développement de Thom/développement de Taylor d'une fonction donne une idée assez juste de la situation.
Par l'analogie thomienne développement embryonnaire/développement de Taylor, pour moi génialissime⁴, l'inconnaissable "Dieu-tout-puissant" est associé par Thom à l'inconnaissable fonction indéfiniment différentiable "en puissance" (fonction non précisée à un nombre de variables non précisé) destinée à être déployée, c'est-à-dire développée "en acte" en série de Taylor par rapport à certaines variables "actualisées" (choisies parmi toutes les variables "en puissance"), en un point "actualisé"(choisi dans le continuum des points "en puissance").
Dans cet ordre d'idées on a l'analogie suivante, censée aider à éclairer la citation de Guénon. Considérons la fonction 1/1-z et développons-la en série de Taylor en un point z0 différent de 1 (lorsque z0=0 ce développement est très simple: 1 + z + z² + ... + z^n + ... . Oubliant que les développements en deux points centres organisateurs quelconques proviennent tous deux de la fonction 1/(1-z) il me semble alors a priori difficile de prouver (je n'ai pas essayé) qu'ils coïncident sur leur domaine de convergence commun, amenant ainsi à les considérer comme distincts, c'est-à-dire, en termes thomiens, à considérer qu'on a affaire à une catastrophe généralisée (au sens général et non au sens jusqu'à présent restreint) alors que cette distinction, cette catastrophe, n'est qu'une illusion…
¹: Cf. l'échappée de Thom en métaphysique extrême (ES p.216 -et non 16-) en commentaire.2 de l'article "Le sens d'un entêtement".
²: Dans les bras du Père, chante-t-on aux enterrements dans le rite catholique. (Pour moi ce serait plutôt dans les bras de la Mère, car l'indicible-tout-en-puissance est yin, donc féminin.)
³: Cette fonction est singulière à l'origine car la dérivée première (3x²) s'y annule.
⁴: Cf. le commentaire.2 de l'article "Le sens d'un entêtement".
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