Forum

Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier

Corruption

Article lié : Guerre identifiée en Afghanistan: Holbrooke versus Karzaï

thierry .

  28/08/2009

Bonjour Dedefensa,

...Dans ces conditions, on comprend qu’Holbrooke-le-bulldozer est complètement l’homme de la situation.

Et on se demande très sérieusement si la “mission Afghanistan”, au même titre que la “mission Irak”, n’est pas, en fin de compte et comme toutes les autres, un plein succès : corrompre le pays, briser définitivement en ces peuples toute cohérence culturelle et traditionnelle qui, comme c’était le cas jusque récemment, puisse leur assurer une existence en marge de la mondialisation, et y faire disparaître toute trace de dirigeant réellement légitime qui puisse unifier le pays et le rendre authentiquement indépendant.

On a décidément de plus en plus l’impression qu’il n’est d’ore et déjà plus envisageable, et que l’on ne saurait bien sûr tolérer, qu’aucune entité géographique puisse aujourd’hui oser prendre ses distance par rapport à un certain “nouvel ordre mondial” cité ici et là, et qui serait destiné à devenir le modèle universel humain.

Un seul Cuba aura suffi, il n’y en aura pas d’autre…

Cordialement Thierry

D'autres aussi ont perdus l'espoir

Article lié : Le dernier survivant du rêve brisé

Dedef

  28/08/2009

Noam Chomsky : ” Il n’y a plus de sentiment d’espoir “
Les Echos   [ 18/08/09 ] 
  http://www.lesechos.fr/info/inter/300370035-noam-chomsky——-il-n-y-a-plus-de-sentiment-d-espoir—.htm

Pour Noam Chomsky, professeur au MIT, la financiarisation de l’économie, l’idéologie ” fanatique ” de l’efficacité des marchés et le pouvoir croissant du secteur financier ont précipité cette crise. Si celle-ci ne lui paraît pas à la même échelle que la Grande Dépression des années 1930, il estime qu’il y avait alors plus d’espoir dans les catégories modestes. 
Quand vous analysez la crise que nous traversons, comment la jaugez-vous en termes d’importance et d’impact par rapport à d’autres que vous avez connues ?
Mon enfance est celle de la Grande Dépression de 1929, et la crise actuelle n’est pas à la même échelle. En tout cas d’un point de vue économique. Mais d’un point de vue psychologique, ou culturel, je ne sais pas, il y a une différence. Pendant la crise de 1929, les membres de ma famille étaient des travailleurs, tous au chômage. Mais ils avaient de l’espoir.

De l’espoir ?
Oui, il y avait à l’époque le sentiment que les choses s’amélioreraient. C’est une époque, où même si l’on n’avait pas été longtemps à l’école, la culture était beaucoup plus présente dans les classes modestes. On écoutait le Quartet de Budapest, on discutait des mérites de Freud. Les syndicats se développaient et les gens découvraient les vacances. Ils étaient très pauvres mais ils avaient la certitude que la vie était riche, et qu’elle serait meilleure. La période que nous vivons actuellement est beaucoup plus déprimée, il n’y a pas de sentiment d’espoir. Les gens sont des victimes, pas des agents du changement. Pour continuer le parallèle avec les années 1930, il y avait à l’époque beaucoup d’activisme. Il y a eu des sit-in dans des usines. Dans la littérature de l’époque, on décrit les menaces sur l’appareil industriel et la montée du pouvoir politique des masses. Tout cela était très effrayant pour la classe d’affaires.

En quoi est-ce différent aujourd’hui ?

Avant c’était une lutte des deux côtés. Maintenant, il n’y a plus que les riches contre des gens désorganisés. Je vais vous donner un exemple qui est assez éclairant. L’administration Obama est en train de démanteler l’industrie automobile, qui était le coeur de l’industrie américaine. Ca ne dérange pas tant que ça les propriétaires, qui peuvent fabriquer ailleurs pour moins cher. Et avec moins de contraintes environnementales. Et cela ne dérange pas non plus Wall Street qui a le gouvernement et le Congrès dans sa poche depuis la financiarisation de l’économie. Mais on démantèle alors que l’on a vraiment besoin de ces emplois. Ces ouvriers maîtrisent l’acier et nous en avons besoin pour créer des transports ferroviaires rapides et mettre un terme à notre dépendance abusive envers les matières fossiles. Mais que fait-on ? Notre ministre des Transports se rend en France, en Allemagne et en Espagne, pour acheter avec l’argent des contribuables des trains à grande vitesse ! Pendant ce temps-là, on démantèle les capacités de production qui nous permettraient de le faire nous-mêmes. Ce faisant, on détruit la force de travail de communautés entières. Evidemment, les travailleurs pourraient chercher à prendre leur destin en main et produire ce dont nous avons besoin. Ils ne le font pas, non pas pour des raisons économiques, mais pour des raisons sociales. Il n’y a pas de mouvement en ce sens.

Vous critiquez donc l’apathie des ouvriers ?

Ce n’est pas de l’apathie, c’est du désespoir. Ils ne sont pas apathiques, ils sont au contraire très sensibles à ces questions, mais ils ne savent pas quoi faire. Après la Seconde Guerre mondiale, la classe d’affaires a endoctriné la société sur l’américanisme. Celui-ci a tout emporté... les ouvriers, les églises, les écoles, les clubs sportifs, le gouvernement. Les syndicats, les partis politiques ont été éliminés. Il n’y a plus qu’un seul parti, celui des affaires, avec deux factions. C’est donc très différent des années 1930, lorsqu’on pensait qu’on pouvait réformer l’économie.

Pensez-vous que nous sommes en train de rater une occasion de réformer le capitalisme ?

Vous savez, on dit que les Etats-Unis sont le pays du marché libre, celui du capitalisme, et pourtant il repose fondamentalement sur le secteur public. Vous utilisez un ordinateur, Internet, vous prenez un avion, tout cela a été financé par l’Etat. Regardez où nous nous trouvons en ce moment : toutes les technologies du MIT ont été financées par le Pentagone avant d’être passées au secteur privé pour en faire du profit.

Dans cette crise, les régulateurs ont-ils joué leur rôle ?

Le détonateur a été la crise des crédits ” subprime ” et des instruments financiers complexes. Que faisait la Réserve fédérale ? Elle n’a pas remarqué que les prix des maisons s’envolaient plus que de raison ? Alan Greenspan opérait sur la base d’une croyance religieuse fondamentaliste qui est que le marché est efficace. Ce principe n’a aucune réalité empirique mais il a beaucoup de valeur pour les riches. Les prix étaient devenus extravagants. Les régulateurs n’ont pas pris leurs responsabilités et n’ont pas surveillé des instruments financiers complexes qui rendaient le risque incompréhensible. Ceux qui ont tiré le signal d’alarme se sont fait tirer dessus par les économistes les plus en vue. C’est d’ailleurs à ces derniers qu’Obama a fait appel pour panser les plaies de la crise. Si quelqu’un regarde ça de Mars, il doit s’évanouir de rire ! Malheureusement, cela n’a rien de drôle.

Qu’est ce qui peut changer ?

La financiarisation de l’économie, l’idéologie fanatique de l’efficacité des marchés et le pouvoir croissant du secteur financier ont précipité la crise. Mais je ne crois pas que les choses vont changer. L’industrie financière va sortir plus concentrée, avec quelques dégâts sociaux. Au lieu d’avoir 10 banques trop importantes pour faillir, on en aura deux. Mais le système demeure le même. Le gouvernement continue de les protéger, cela crée des incitations perverses et ils s’en sortent plus puissants que jamais. Ce qui n’est pas une surprise puisqu’ils décident des programmes politiques.

Que pensez-vous des différents sauvetages opérés par le gouvernement ?

Vous savez, les sauvetages sont routiniers et se font sous différentes formes. Les achats publics, par exemple, sont une forme d’aide. La recherche fondamentale subventionnée en est une autre.

Oui, mais que pensez-vous du sauvetage des banques, de la polémique sur les bonus provoquée par les sommes mises par Goldman Sachs pour les payer à ses banquiers ?

Il n’y a rien d’autre à attendre de Goldman Sachs. Ils veulent accroître leurs profits et s’organisent pour cela. A l’Ouest, quand on parle de la crise, on fait référence à la crise financière, mais c’est loin d’être la pire des crises dans le monde. La famine est bien pire. Plus de 1 milliard d’individus n’ont pas assez à manger et l’aide humanitaire diminue parce que les donations se tarissent. Alors, oui, on sauve les banques. Mais le choix des priorités est sidérant.

Une très grande partie de l’économie américaine repose sur la consommation des ménages. Est-ce que la crise peut faire changer cela ?

Oh, ce n’est pas seulement la consommation. C’est aussi la dette. Environ 70 % du PNB viennent de la consommation des ménages et tout cela est alimenté par un niveau de dette sans précédent. Qu’il s’agisse de la dette des ménages, des entreprises ou de l’Etat. Tout cela découle de la financiarisation de notre société. Dans les années 1970, le secteur financier représentait à peine quelques points du PNB, il en fait probablement plus d’un tiers désormais. Et cela s’accompagne d’un énorme pouvoir politique.

Mais on voit bien que le comportement des Américains est en train de se modifier, ils épargnent davantage…

Les gens épargnent plus, il y a un changement, mais l’économie ne peut pas le tolérer si son moteur est la consommation. Elle la suscite et les gens y sont poussés par cette propagande massive que sont la publicité et le marketing. C’est une façon de contrôler les personnes. En les contraignant à s’intéresser aux choses superficielles de la vie. Tout cela contribue à créer un sentiment de désespoir et d’aliénation. Lors de la dernière élection, 98 % des personnes titulaires d’un siège ont été réélues au Congrès. C’est un chiffre choquant quand on sait que le niveau d’approbation du Congrès ne dépasse pas 15 %. C’est l’une des multiples indications de la dépolitisation de notre société. Cela se voit aussi dans le débat sur la santé. Il y a une façon simple d’agir, c’est d’autoriser le gouvernement, comme partout ailleurs dans le reste du monde, à négocier les prix des médicaments. C’est illégal aux Etats-Unis, une loi l’interdit. Et le sujet n’est même pas sur la table aujourd’hui !

L’administration Obama, qui justement essaie de réformer l’assurance-santé, ne vous donne aucune raison d’espérer ?

Regardez qui l’a financé ! Il a eu plus de contributions des milieux financiers que McCain ! Ses réformes sont douces, et elles laissent les compagnies d’assurances contrôler la situation. L’idée d’une assurance publique ne passera jamais. Les laboratoires expliquent qu’ils ont besoin de faire des profits géants pour financer leur recherche mais la recherche fondamentale est faite sur les fonds publics, les laboratoires font surtout du développement. Tous ces sujets ne sont même pas discutés.

PROPOS RECUEILLIS PAR VIRGINIE ROBERT   (À BOSTON)

Article lié : Guerre identifiée en Afghanistan: Holbrooke versus Karzaï

Dedef

  28/08/2009

»“The strategy is not going to change in real terms,” said one such former Western official. This is the concept of the three-legged stool-security, development and governance. It’s called the ‘comprehensive’ or ‘integrated approach’ and it has been applied since 2002.
........
»“Nobody has ever said you can defeat the Taleban by military means alone. Richard Holbrooke [the new US envoy to the region] talks as if we have been trying to do that.” “That’s not to say it is going well. But the issue is not one of strategy, it is one of implementation.
—————————————————————————————
Mode d’emploi ci dessous:

Aux Larmes, Citoyens.  John PILGER 25 juillet 2009  

La mousson avait tissé d’épais voiles de brume au-dessus des hauts plateaux du centre du Vietnam. J’étais un jeune correspondant de guerre et je bivouaquais dans le village de Tuylon avec une unité de marines US investis de la mission de gagner les coeurs et les esprits. « Nous ne sommes pas ici pour tuer, » a dit le sergent, « nous sommes ici pour partager la Liberté à l’Américaine comme indiqué dans le Manuel de Pacification. L’objectif est de gagner les coeurs et les esprits des gens, comme c’est écrit à la page 86. »

Le titre de la page 86 était WHAM [Win Hearts And Minds – « gagner les coeurs et les esprits » mais aussi une onomatopée pouvant être traduite par BANG – NdT]. L’unité du sergent était appelée une compagnie d’action combinée, ce qui signifiait, dit-il, « Les lundis, nous les attaquons, et les mardis nous gagnons leurs coeurs et leurs esprits ». Il plaisantait, mais pas tant que ça. Debout sur une jeep à la limite d’une rizière, il a annoncé par porte-voix : « Sortez, tout le monde. Nous avons du riz, des sucreries et des brosses à dents pour vous. »

Silence. Pas l’ombre d’un mouvement.

« Bon, écoutez bien les niakoués, ou vous sortez de vos cachettes ou nous irons vous chercher ! »

Les habitants de Tuylon sont finalement sortis et se sont mis en rang pour recevoir des paquets de riz long grain Uncle Ben’s, des tablettes de chocolat, des ballons gonflables et plusieurs milliers de brosses à dents. Trois WC portables jaunes alimentés par batteries furent mis de côté en attendant l’arrivée du colonel. Lorsque le colonel est arrivé le soir, le chef du district fut convoqué et les WC portables dévoilés.

« M. le Chef du District, et vous tous, » a dit le Colonel, « ces cadeaux représentent plus qu’un ensemble d’objets. Ils portent l’esprit de l’Amérique. Mesdames et messieurs, il n’y a pas d’autre endroit au monde comme l’Amérique. Elle est la lumière qui me guide, et qui vous guidera aussi. Voyez-vous, là-bas chez nous, nous nous disons que nous avons beaucoup de chance de vivre dans la plus grande démocratie que le monde ait jamais connue, et nous voulons partager notre bonne fortune avec vous tous, braves gens. »

Thomas Jefferson, George Washington et Davy Crockett ont eu droit de cité. Il a prononcé maintes fois le mot « phare » et tandis qu’il évoquait la « cité sur la colline » de John Winthrop, les marines ont applaudi, et les enfants ont applaudi aussi sans avoir compris un traître mot.

C’était une belle démonstration de ce que les historiens appellent « l’exceptionnalisme », cette notion selon laquelle les Etats-Unis ont le droit divin d’apporter ce qu’ils appellent la liberté et la démocratie au reste de la planète. Il ne pouvait surtout pas être dit que ces termes cachaient simplement un système de domination, ce que Martin Luther King décrivait, peu avant son assassinat, comme « la plus grande source de violence au monde ».

Comme l’a fait remarquer ce grand historien des peuples, Howard Zinn, Winthrop, avec sa “cité sur la colline”, faisait référence à une colonie du 17eme siècle dans le Massachusetts, Bay Colony, nimbée d’une bonté et d’une noblesse infinies. Mais sa description était rarement confrontée à la réalité de la violence des premiers colons pour qui le fait de brûler vifs 400 Indiens Pequot constituait « une joie triomphante ». Les massacres innombrables qui ont suivi, écrit Zinn, étaient justifiés par « l’idée que l’expansionnisme américain était l’oeuvre d’une volonté divine ».

Il y a peu, j’ai visité le Musée Américain d’Histoire, dans le cadre des célébrations du Smithsonian Institution à Washington, DC. Une des expositions les plus populaires était « Le Prix de la Liberté : les Américains en guerre ». C’était pendant les vacances et des longues files de visiteurs, dont de nombreux enfants, défilaient respectueusement devant une sorte de grotte du Père Noël dédiée à la guerre et à la conquête et où des messages sur la « grande mission » de la nation étaient dispensées. On y trouvait un hommage rendu aux « américains d’exception qui ont sauvé un million de vies » au Vietnam, où ils étaient « déterminés à stopper l’expansion communiste. » En Irak, d’autres coeurs vaillants « ont effectué des frappes aériennes d’une précision sans précédent. » La description révisionniste de deux des crimes les plus épiques des temps modernes était moins choquante que l’ampleur des omissions.

« L’histoire sans mémoire », écrivait le magazine Time à la fin du 20eme siècle, « confine les Américains dans une sorte de présent éternel. Ils sont particulièrement incapables de se souvenir de ce qu’ils ont infligé aux autres, par opposition à ce qu’ils ont fait pour eux. » De manière ironique, c’est Henry Luce, le fondateur de Time, qui avait prédit en 1941 que le « siècle américain » serait celui d’une « victoire » sociale, politique et culturelle américaine sur l’humanité et le droit « d’exercer sur le monde tout le poids de notre influence, pour les objectifs qui nous conviennent et par les moyens qui nous conviennent. »

Tout ceci n’est pas destiné à vous faire croire que les Etats-Unis ont l’exclusivité d’une telle vanité. Les Britanniques ont souvent présenté leur violente domination d’une bonne partie du globe comme une avancée naturelle de gentlemen chrétiens qui cherchaient d’une manière altruiste à civiliser les indigènes, et les historiens de la télévision moderne perpétuent ce mythe. Les Français aussi célèbrent toujours leur « mission civilisatrice » sanglante.

Avant la deuxième guerre mondiale, le mot « impérialiste » était considéré comme une médaille politique que l’on arborait avec fierté en Europe, alors qu’aux Etats-Unis on lui préférait le terme « age de l’innocence ». L’Amérique était différente du Vieux Continent, affirmaient les mythologistes. L’Amérique était la Terre de la Liberté, indifférente aux conquêtes. Mais que dire alors de l’appel de George Washington en faveur d’un « empire à construire », et celui de James Madison pour « jeter les fondations d’un grand empire » ? Que dire de l’esclavage, du vol du Texas au Mexique, de la soumission sanglante de l’Amérique centrale, de Cuba et des Philippines ?

La mémoire nationale qui est imposée relègue ces éléments dans les marges de l’histoire et le mot « impérialisme » a été pour le moins discrédité aux Etats-Unis, surtout après qu’Adolf Hitler et les fascistes, avec leurs idées de supériorité raciale et culturelle, aient légué un sentiment de culpabilité par association d’idées. Après tout, les Nazis étaient eux aussi fiers d’être des impérialistes, et l’Allemagne aussi était « exceptionnelle ». L’idée d’impérialisme, le mot même, fut littéralement bannie du vocabulaire américain, « parce qu’il attribuait à tort des motivations immorales à la politique étrangère de l’occident, » selon un historien. Ceux qui persistaient à employer ce terme étaient « inspirés par la doctrine communiste » ou des « nègres intellectuels qui avaient des comptes personnels à régler avec le capitalisme blanc ».

Pendant ce temps, la « cité sur la colline » continuait à être le phare de la rapacité tandis que le capital US s’apprêtait à réaliser le rêve de Luce en recolonisant les empires européens après la guerre. C’était « la marche en avant du libre entreprise ». En réalité, la marche était impulsée par le boom d’une production subventionnée dans un pays qui n’avait pas été ravagé par la guerre : une sorte de socialisme pour les grandes entreprises, ou un capitalisme d’état, qui a permis à l’Amérique d’accaparer la moitié des richesses de la planète. La pierre angulaire de ce nouvel impérialisme fut posée en 1944 lors d’une conférence des Alliés à Bretton Woods, dans le New Hampshire. Présentée comme « des négociations pour la stabilité économique », la conférence a marqué le début de la conquête par l’Amérique de la majeure partie du reste du monde.

Ce que l’élite américaine exigeait, écrit Frederic F Clairmont dans The Rise and Fall of Economic Liberalism (montée et déclin du libéralisme économique - ndt), « n’était pas des alliés mais des états serviles. Ce que Bretton Woods a donné au monde est un plan totalitaire visant à accaparer les marchés mondiaux. » La Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, la Banque Asiatique de Développement, la Banque Interaméricaine de Développement et la Banque Africaine de Développement ont été créées comme autant d’armes entre les mains du Trésor américain pour organiser et contrôler le nouvel ordre. L’armée américaine et ses alliés étaient chargés de monter la garde devant ces institutions « internationales », tandis qu’un « gouvernement invisible » des médias imposerait le mythe, selon Edward Bernays.

Bernays, décrit comme le père de l’ère des médias, était le neveu de Sigmund Freud. « Le mot propagande », écrivit-il, « était devenu un gros mot à cause des Allemands… alors j’ai du chercher d’autres termes [tels que] Relations Publiques. » Bernay a eu recours aux théories de Freud sur le contrôle du subconscient pour promouvoir la « culture de masse » destinée à cultiver la peur des ennemis officiels et la servilité du consumérisme. C’est Bernay qui, au nom des industries du tabac, a fait campagne auprès des femmes américaines pour les convaincre que fumer était un acte de libération féministe, en qualifiant les cigarettes de « torches de la liberté » ; et c’est sa notion de désinformation qui a été employée pour renverser des gouvernements, tels que celui de la démocratie guatémaltèque en 1954.

Mais, plus que tout, l’objectif était de distraire et d’éliminer les pulsions sociales-démocrates des travailleurs. Le Big Business, perçu jusqu’alors par l’opinion publique comme une sorte de maffia, fût élevé au rang de force patriotique. La « libre entreprise » devint une divinité. « Au début des années 50, » écrit Noam Chomsky, « 20 millions de personnes par semaine regardaient des films sponsorisés par l’industrie. L’industrie du divertissement fut enrôlée pour servir la cause et présenter les syndicats sous les traits de l’ennemi, un intrus qui vient perturber l’ « harmonie » du American Way of Life… Tous les aspects de la vie sociale étaient visés, les écoles, les universités, les églises et même les programmes de divertissement en étaient imprégnés. En 1954, la propagande commerciale dispensée dans les écoles publiques équivalait à la moitié des dépenses effectuées pour les livres scolaires. »

Le nouveau mot en « isme » était l’américanisme, une idéologie dont la particularité est de nier sa qualité d’idéologie. Récemment, j’ai vu la comédie musicale de 1957 Silk Stockings (Belle de Moscou en français – NdT), avec Fred Astaire et Cyd Charisse. Entre les merveilleuses scènes de danse sur une musique de Cole Porter, on entend des gages de loyauté qui auraient pu être écrits par le colonel au Vietnam. J’avais oublié à quel point la propagande était ouverte et généralisée ; les Soviétiques n’étaient vraiment pas à la hauteur. Un serment de fidélité à tout ce qui était américain est devenu un engagement idéologique auprès des monstres du Big Business : de l’industrie de l’armement et de la guerre (qui aujourd’hui consomme 42% des impôts) jusqu’à l’agroalimentaire (qui reçoit 157 milliards de dollars de subventions par an).

Barack Obama est l’incarnation de cet « isme ». Dès ses premiers pas dans la vie politique, son thème récurrent n’a pas été « le changement », comme le slogan de sa campagne électorale, mais le droit de l’Amérique à diriger et à organiser le monde. En parlant des Etats-Unis, il dit « nous dirigeons le monde en combattant le mal qui menace et en défendant le bien suprême… Nous devons diriger le monde en créant une armée du 21eme siècle afin de garantir la sécurité de notre peuple ainsi que celle de tous les peuples. » Et aussi : « Au siècle dernier, dans les moments de grand danger, nos dirigeants ont fait en sorte que l’Amérique, par ses actes et par son exemple, mène le monde et que nous défendions et luttions pour les libertés chéries par des milliards de personnes au-delà de nos frontières ».

Depuis 1945, par ses actes et par l’exemple, les Etats-Unis ont renversé 50 gouvernements, dont des démocraties, écrasé 30 mouvements de libération et soutenu des tyrannies de l’Egypte au Guatemala (voir les écrits de William Blum). Bombarder est un acte typiquement américain. Après avoir bourré son gouvernement de va-t-en-guerre, de copains de Wall Street et des pollueurs rescapés des administrations Bush et Clinton, le 45eme président ne fait que maintenir une tradition. La farce au sujet des coeurs et des esprits à laquelle j’ai assisté au Vietnam se répète aujourd’hui dans les villages d’Afghanistan et, par procuration, ceux du Pakistan, qui sont les guerres d’Obama.

Dans son discours prononcé lors de la remise de son prix Nobel de Littérature 2005, Harold Pinter a dit que « tout le monde savait que des crimes terribles avaient été commis par l’Union Soviétique dans la période d’après-guerre, mais les crimes américains commis à la même époque n’ont été que vaguement rapportés, encore moins documentés, encore moins reconnus comme tels. » C’est comme si « Rien ne s’était passé. Rien du tout. Même lorsque ça se passait, rien ne se passait. Il faut tirer son chapeau à l’Amérique… déguisée comme une force de bien universel. C’est un numéro d’hypnose brillant, génial même, et très efficace. »

Tandis qu’Obama envoie des drones pour tuer (depuis janvier) quelques 700 civils, certains progressistes distingués se réjouissent que l’Amérique soit redevenue une « nation d’idéaux moraux », selon les mots de Paul Krugman dans le New York Times. En Grande-Bretagne, l’élite a longtemps vu l’exceptionnelle Amérique comme un lieu propice pour exercer « l’influence » britannique, bien que ce ne soit qu’en tant que laquais ou marionnette. L’historien pop Tristram Hunt dit que l’Amérique sous Obama est un pays « où se produisent des miracles ». Justin Webb, jusqu’à récemment le correspondant de la BBC à Washington, se réfère béatement, comme le colonel au Vietnam, à la « cité sur la colline ».

Derrière cette façade « d’intensification du sentiment et de détérioration de la signification » (Walter Lippmann), les Américains ordinaires s’agitent comme peut-être jamais auparavant, comme s’ils avaient renié la déité du « Rêve Américain » selon laquelle la prospérité était garantie à ceux qui travaillaient dure et dépensaient avec parcimonie. Washington a été submergée par des millions de courriers électroniques rageurs envoyés par des gens ordinaires qui exprimaient une indignation que l’élection d’un nouveau président n’a pas calmée. Au contraire, ceux qui ont perdu leur emploi ou leur maison voient le nouveau président récompenser des banquiers escrocs et des militaires obèses, et se consacrer pour l’essentiel à protéger le clan Bush.

Je pense qu’un populisme émergera dans les prochaines années et déclenchera une force puissante qui sommeille dans les profondeurs de l’Amérique et qui a connu un passé glorieux. On ne peut pas prédire la direction qu’il prendra. Néanmoins, c’est cet authentique américanisme issu de la base qui a donné le droit de vote aux femmes, la journée de travail de 8 heures, l’impôt progressif et l’étatisation. A la fin du 19eme siècle, les populistes ont été trahis par des dirigeants qui les ont poussés au compromis et à fusionner avec le Parti Démocrate. Le règne d’Obama donne une impression de déjà vu.

Ce qui est le plus extraordinaire avec les Etats-Unis aujourd’hui, c’est le rejet et le mépris, exprimé sous maintes formes, envers l’omniprésente propagande historique et contemporaine diffusée par le « gouvernement invisible ». Des sondages crédibles ont depuis longtemps confirmé que plus de deux tiers des Américains avaient des opinions progressistes. Une majorité veut un gouvernement qui prenne soin des plus démunis. Ils seraient prêts à payer plus d’impôts pour garantir une couverture médicale à l’ensemble de la population. Ils veulent un désarmement nucléaire total. 72 pour cent veulent la fin des guerres coloniales US, et ainsi de suite. Ils sont informés, subversifs, et même « anti-américains ».

Un jour j’ai demandé à une amie, grand correspondant de guerre et humaniste, Martha Gellhorn, de m’expliquer ce terme. « Je vais vous dire ce que signifie « anti-américain », m’a-t-elle répondu. « C’est comme ça que les gouvernements et les intérêts qu’ils défendent appellent ceux qui honorent l’Amérique en s’opposant à la guerre et au pillage des ressources naturelles, et qui croient en l’humanité. Il y a des millions de ces anti-américains aux Etats-Unis. Ce sont des gens ordinaires, qui n’appartiennent à aucune élite, et qui jugent leur gouvernement en termes moraux, même s’ils emploient eux-mêmes plutôt le terme de « décence élémentaire ». Ils ne sont pas vaniteux. Ce sont des gens qui ont une conscience éveillée, qui constituent le meilleur du peuple américain. On peut compter sur eux. Ils étaient dans le Sud avec le mouvement de défense des droits civiques pour faire abolir l’esclavage. Ils étaient dans la rue pour exiger la fin des guerres en Asie. Certes, ils disparaissent de temps en temps, mais ils sont comme des graines sous la neige. Je dirais qu’ils sont véritablement exceptionnels. »

John Pilger

Adaptation d’une conférence « Empire, Obama et le Dernier Tabou » donnée par John Pilger à Socialisme 2009 à San Francisco, le 4 juillet.
Traduction VD pour le Grand Soir http://www.legrandsoir.info

Texte Original   http://www.johnpilger.com/page.asp?partid=539
Mourn on the 4th of July (*)

(*) NdT : jeux de mots sur “Born” (né) et “Mourn” (pleurer) : Le 4 juillet est la fête nationale US. Un livre célèbre (qui a fait l’objet d’un film) s’appelle « Born on the 4th of July » (Né un 4 juillet) autobiographie de Ron Kovic. Titre éponyme aussi d’une chanson de Tom Paxton, en hommage à l’auteur du livre.

URL de cet article http://www.legrandsoir.info/Aux-larmes-citoyens.html

BHO et la presse Prada: on rit!!!!!

Article lié : Que faire de BHO?

Nom Prénom

  27/08/2009

Voici que faire de BHO: Un comédien de stand-up, à l’image de son prédécesseur: http://www.youtube.com/watch?v=QH1RfcuNNoI

Ces cérémonies de voeux à la presse Prada (le “v” étant omis volontairement), démontrent la véritable caractéristique du système virtualiste. Au vu de la gravité historique de notre temps, entendre et voir ces éminents journalistes s’étouffer de rire -puisque la situation est tellement risible- devant ces présidents post-modernes relève de l’infamie absolue. Voici Barack Obama faisant des blagues en campagne électorale, hilare avec le sénateur John Mc Cain: http://www.dailymotion.com/video/x73pi1_1610-les-blagues-dobama-le-rire-de_news

Puis, Mr Obama nouvellement élu dit des blagues à la presse, qui hurle de rire et applaudit à chaque boutade: http://www.youtube.com/watch?v=DkKj4LHAVYc

Et voici Barack Obama, à l’issue de cet hilarant discours à la presse, remercier celle-ci puisque, selon lui, la presse Prada dit la vérité (“The Truth”, l’intangibilité de la Vérité américaniste), les évènements tels qu’ils se déroulent, et oeuvre pour la démocratie: http://www.youtube.com/watch?v=PShHVM3NltU&feature=related

Enfin, voici Barack Obama qui discute avec le Capitaine Crochet, ennemi de l’Amérique: http://www.youtube.com/watch?v=gussJ9kyNDI
Cette dernière vidéo devient encore plus intéressante lorsqu’une dame non-identifiée s’exprime au pupitre et déclare devant l’assistance hilare (la presse vertueuse) que Dick Cheney est un homme effrayant. De ce fait, elle déclare avec une ironie cinglante avoir conseillé à ses enfants que si ils voient deux voitures, l’une avec un étranger et l’autre avec Dick Cheney, ils doivent aller dans la voiture de l’étranger. Il faut savoir que Mr Barack Obama, au cours de la même soirée, a fait hurler de rire l’assistance en comparant Dick Cheney à Dark Vador. A défaut d’adhésion irréaliste et irréalisable du système américaniste à la CPI, à quand l’enquête fédérale et le procès? Change we can believe in.

Ce fut la définition d’un système totalitaire, à parti unique, et sans alternance. Le peuple se dit que ce président, il est si drôle et si beau. Alors certes les instituts de sondages émettent des taux d’approbation de plus en plus bas… Mais qu’importe? On boit le champagne avec la presse Prada, celle qui a relayé tellement de mensonges outranciers depuis 2001 et permit la réalisation du projet du PNAC. Ce projet, si il échoue, contituera un échec qui pèsera sur les peuples, et non pas sur l’élite ploutocratique en place. Alors on rit dans les salles de conférence et les salons, on rit. 

R.I.P. Teddy Kennedy.

Alors très certainement, les rédacteurs de dedefensa, Mr Grasset en tête, continueront à écarter l’option marionnette, appuyant leur thèse qu’Obama le maistrien se heurte à l’irréformabilité du système dans sa réforme Obamacare. Voici un article intéressant de Greg Palas…t: http://www.huffingtonpost.com/greg-palast/obama-on-drugs-98-cheney_b_258209.html

Et puis voici un graphique parlant, criant, hurlant, qui illustre l’escalade des dépenses militaires sous la présidence de Mr Obama (économie de guerre? J’ôte le point d’interrogation): http://www.nytimes.com/imagepages/2009/07/31/business/20090801_CHARTS_GRAPHIC.html

Ensuite, voici, en grande partie, comment l’on provoque les green shoots, mis en avant par la sainte parole présidentielle: http://www.nytimes.com/2009/07/24/business/24trading.html

La liste des articles démontrant l’escroquerie que représente BHO pourrait s’étendre à l’infini. A mon humble avis, l’utilité de ce commentaire est de rappeler qu’ils s’amusent bien entre eux.

L’énigme Obama…

En ces temps maistriens, la contre-révolution se fait au profit d’une élite et au détriment des milliards d’être humains qu’elle dirige, dans une matrice d’alternance démocratique rigolote.

En tous cas, qu’est-ce qu’on se marre.

russie France

Article lié : L’homme qui avait essayé

dyef

  27/08/2009

une nouvelle intéressante, quoique peu surprenante pour les lecteurs réguliers de defensa.org:
la russie souhaite acquerir des navires de projection et de commandement à la France (achat du premier plus production en russie en coopération).
lien: http://www.defensenews.com/story.php?i=4252129&c=EUR&s=SEA

le coté interessant est l’affirmation purement politique de l’annonce, pas de pseudo appel d’offre concurrenciel pour faire bien. le fait qu’un accord soit conclu (et si la russie annonce son souhait c’est que l’issue ne fait pas de doute) est au moins aussi important que la livraison du matériel proprement dite. Pour sa première grosse commande militaire à l’étranger depuis la seconde guerre mondiale, la Russie choisie la France. L’espagne, rival du moment pour ce type de matériel (cf appel d’offre Australie) mesure son poids politique.

Il est difficile d’imaginer que le France ne suive pas. Sarko l’américain poursuit son alignement sur la politique historique Française.

reste à surveiller la réaction US, qui va certainement vouloir vérifier qu’aucun boulon des navires ne contient de technologie américaine, histoire d’interdire la transaction.

Une autre façon de voir les choses

Article lié : Une doctrine Stavridis?

Dedef

  26/08/2009

Jeu de Go en Asie Centrale:

US steps up its Central Asian tango
By M K Bhadrakumar Aug 25, 2009 http://www.atimes.com/atimes/Central_Asia/KH25Ag02.html

With the signing of military agreement between the United States and Uzbekistan at Tashkent last Thursday by the US Central Command chief General David Petraeus and Uzbek Defense Minister Kabul Berdiyev, Uzbekistan’s geopolitical positioning has phenomenally shifted.
etc..
The robust US regional diplomacy in Central Asia has succeeded in weaning away Turkmenistan and Uzbekistan from Russian influence. Washington has negotiated transit corridor agreements with them and begun stationing military personnel in the Turkmen capital, Ashgabat. (The deputy chief of general staff of the British armed forces, Jeff Mason, is currently visiting Ashgabat.) The US is promoting Turkmen-Uzbek amity (Karimov is preparing to visit Ashgabat). Washington has held out economic and business opportunities in the Afghan reconstruction. Last but not the least, the US is fostering NATO’s ties with these countries
etc..

Writing for the New York Times, Andrew Kuchins of the Center for Strategic and International Studies recently underscored that skepticism of Russian intentions - “how much Russia wants to see the US succeed in Afghanistan” - runs high in Washington.

ETC..

psychologie du réchauffement

Article lié : L’agenda de Rasmussen

Xav Ganapati

  26/08/2009

Ce n’est pas arrivé très souvent que je sois en désaccord avec les écrits de dedefensa.

Dans cet article il y a une fin de phrase dont la psychologie vise le conformisme de façade. Cela arrive bien peu sur ce site à mon avis.

“Le premier contact (l’Islande) l’a été avec un pays qui s’est trouvé bien isolé ces deux dernières années, notamment avec la crise économique, mais aussi avec des tensions stratégiques caractérisées par un désintérêt US remarquable par sa brutalité, des relations renforcées avec la Russie (notamment pendant la crise économique) et un renouveau d’importance stratégique du pays en raison des conséquences stratégiques sur l’accès aux mers qui découlent du réchauffement climatique et de la fonte des glaces polaires.”

(...)réchauffement climatique et de la fonte des glaces polaires.

Cela est extrêmement intéressant du point de vue de la psychologie de la crise climatique.
Les variations climatiques du 20e siecle ont résulté en une augmentation globale des T° d’environ 0.7°C. Il s’en est suivi une augmentation de la T° des océans qui fait fondre la banquise du pôle Nord.

Les glaces polaires n’ont pas spécialement tendance à fondre. Pour les glaciers du Groenland la tendance est controversée, certains parlent d’une augmentation de la masse de glace continentale, d’autres de stagnation ou de diminution.

En revanche, au pôle Sud, il y a augmentation des glaces continentales et il n’y a pas de diminution hors norme de la banquise en été. Elle a même tendance à prendre du volume.
http://arctic.atmos.uiuc.edu/cryosphere/IMAGES/current.anom.south.jpg

A mon sens il aurait été correct de dire:
“Le premier contact (l’Islande) l’a été avec un pays qui s’est trouvé bien isolé ces deux dernières années, notamment avec la crise économique, mais aussi avec des tensions stratégiques caractérisées par un désintérêt US remarquable par sa brutalité, des relations renforcées avec la Russie (notamment pendant la crise économique) et un renouveau d’importance stratégique du pays en raison des conséquences stratégiques sur l’accès aux mers qui découlent du réchauffement climatique et de la fonte de la banquise arctique en été.

4 petits mots qui font une grande différence factuelle et psychologique.

Abandon probable du programme lunaire Constellation

Article lié : Que faire de BHO?

Jean-Paul Baquiast

  25/08/2009

Parmi les initiatives spectaculaires qu’aurait pu prendre Obama et avec lui le MICC en panne aurait été de relancer à coups de milliards (quelques uns en plus ou moins , qu’importe) le programme Constellation Back to the Moon.
On peut penser au contraire qu’il va l’abandonner.
J’en discute dans un éditorial de Automates Intelligents
http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2009/99/edito.htm
Dedefensa a-t-il une opinion sur cette attitude finalement à courte vue du MICC et de LMartin entre autres?

Pas de F-35 ni de F-22 pour Taïwan

Article lié : Désordre et confusion – Gates, le JSF et son moteur, la réforme…

Bilbo

  25/08/2009

Bonjour,

la problématique JSF vs F-22 ne se pose même pas pour Taïwan. L’Oncle Sam aimerait continuer à vendre des armes à Taïwan. Il y est même théoriquement obligé par le Taiwan Relations Act mais cela risque fort de déplaire aux Chinois.

http://www.atimes.com/atimes/China/KH25Ad01.html

Sans occulter l’importance diplomatique de la question du soutien à Taïwan, l’article souligne un point intéressant : il n’est pas question de vendre des JSF ou des F-22 mais de “simples” F-16.

Le F-16 pourrait-il être le concurrent des F-22 et F-35 ? Ca paraît difficile à envisager dans le domaine diplomatique, car ça reviendrait à créer trois niveaux de proximité : les bons amis qu’on gratifie du F-35, les camarades qu’on gratifie du F-22 et les simples connaissances à qui l’on réserve le F-16. Ce serait trop difficile à gérer.

Commercialement et diplomatiquement deux avions suffisent : un F-16 éprouvé et réputé et F-35 ultra-moderne. C’est la stratégie commerciale russe qui comprend deux catégories d’armes de guerre : les vieux modèles efficaces et modernisés (chars, sous-marins, avions qui peuvent ainsi faire un jeu presque égal avec les armes plus récentes pour un coût limité) et les armes de pointe. Lors de la guerre en Géorgie, la Russie a utilisé les deux catégories de chars et d’avions. Ca a été une superbe vitrine commerciale.

Si les USA décident de retenir ce schéma diplomatico-commercial, il n’y a pas de place pour le F-22. L’attitude du duo Obama-Gates pourrait donc être plus cohérente qu’il n’y paraît en souhaitant la fin du F-22.

Titre

Article lié : Que faire de BHO?

Magnus Pym

  25/08/2009

Le titre de votre billet me paraît plutôt elliptique. Si vous n’entourez pas de guillemets le “Que faire ?”, il revêt même une connotation agressive et condescendante sans rapport avec le texte - ni avec vos intentions, je suppose…

Crise de confiance

Article lié : L’avertissement de Krugman

Roddey Reid

  25/08/2009

Il serait erronné de croire que ce à quoi on assiste aux USA c’est à une polarisation politique de type classique où on peut jeter l’anathème sur les deux parties en face qui se retrenchent dernière leurs positions respectives. En fait, il y a une longue histoire de tentatives de politique bipartisane de la part des démocrates (recentrage si vous voulez), mais depuis la “révolution républicaine” de 1994 menée par Newt Gingrich qui a radicalisé son parti, toute tentative de compromis a été vouée à l’échec. C’est là la leçon à proprement parler “politique” qu’Obama semble ignorer. A gauche, personne ne souhaite une nouvelle polarisation mais il faut tout de même agir en conséquence du refus net de la part des républicains de soutenir les réformes aussi minimes soient-elles qu’impose la crise actuelle. 

Pour un survol du climat politique aux USA qui pourrait intéresser vos lecteurs, il y a un article qui est paru à Esprit dans le numéro août-septembre intitulé “Culture d’intimidation et vie quotidienne aux Etats-Unis”.

Roddey REID
University of California - San Diego

Banksters et agences de notation : re-titrisation des titres toxiques "nearly identical"

Article lié : Eschatologique, effectivement…

Francis Lambert

  25/08/2009

Un “titre toxique” est un mélange, vicieux ou malin, de créances de qualité avec des “subprimes” (sortes d’emprunts à fonds perdus).
Cette enveloppe de créances variées et avariées constitue un nouveau “titre opaque”.
Les banquiers achètent alors la “qualification” d’une Agence de Notation pour les vendre au mieux.
C’est une tromperie et un vol en bandes organisées : la City et Euronext-NYSE sont parmis les meilleurs dealers de ces produits toxiques. Ces traders se sont gorgés de commissions dans un “poker menteur” d’enfer.

A force les banquiers perdent confiances entre eux ! Ils dévalorisent, changent les règles ... et n’ont toujours pas plus confiance. L’effondrement immobilier et économique dévalorise encore ces titres jusqu’à plus rien. La tentative de rebond des marchés n’arrive pas à réévaluer leurs avoirs, leurs bilans s’érodent toujours. 
Ils encaissent tout ce qu’ils peuvent mais ces fonds ne compensent pas les dévaluations, ils n’arrivent plus à prêter, l’incertitude sur leur bilan et la “garantie d’état” devient la condition de leur survie.
Le sort du “marché libre” dépend des Nations. Ces Nations salvatrices que les banques endettent sur des générations sans même parvenir à y trouver les revenus de leur survie.

On aurait pu penser que ces banquiers, désormais guidés par nos politiciens, allaient ouvrir ces “enveloppes” de titres toxiques, trier les bonnes créances des mauvaises et les replacer sur un marché devenu transparent autant qu’efficient ... avec des Agences de Notation indépendantes et autres bienfaits des experts financiers à l’éthique aussi irréprochable que leurs discours.

Hélas :

“Deja Vu: Investment Banks Recycling Mortgages
by THE ASSOCIATED PRESS, August 24, 2009

Wall Street may have discovered a way out from under the bad debt and risky mortgages that have clogged the financial markets. The would-be solution probably sounds familiar: It’s a lot like what got banks in trouble in the first place.

In recent months investment banks have been repackaging old mortgage securities and offering to sell them as new products, a plan that’s nearly identical to the complicated investment packages at the heart of the market’s collapse.

“There is a little bit of deja vu in this,” said Arizona State University economics professor Herbert Kaufman.”

La suite sur http://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=112171128&ft=1&f=1006

Election d'Obama

Article lié : L’étrange “bataille”

Ilker de Paris

  24/08/2009

Personnellement j’ai l’impression qu’Obama a été “embauché” plutôt qu’élu, afin de sortir les Etats-Unis des crises qu’ils vivent, sorte de “Sauveur” ou “Messie” donc quelqu’un d’extérieur au système (système qui a failli), “d’étranger” que représenterait sa couleur de peau(...)

La vision qui voudrait que l’élection d’Obama est un tournant post-racial aux Etats-Unis est idéaliste à mon avis, ça aurait été le cas si cette élection l’avait été en “temps normal”. Comme je l’ai dit il s’agit plutôt d’une sorte d’embauche, c’est pour cette raison qu’on a l’impression qu’Obama est à son tour comme distant de sa fonction, étranger à sa fonction.

Ayant embauché un “Messie”, on attend d’Obama qu’il résolve les problèmes sans y toucher, autant dire qu’on attend des miracles, mais Obama ne marche pas sur l’eau, et il faudra qu’il mette les mains dans le cambouis à un moment c’est à dire qu’il agisse, son attitude consensuelle volera en éclat et avec son image de sauveur, avec retour puissant de la question raciale. A moins qu’il passe ses 4 ans à sourire.

QUE FAIT L’OCCIDENT EN AFGHANISTAN ?

Article lié : Tentative d’évasion

Philippe Le Baleur

  24/08/2009

Il y a dans l’occupation de l’Afghanistan depuis huit ans par des troupes occidentales quelque chose d’infiniment triste, voire pathétique. Encore est-il que cette nostalgie de la colonisation ne doit pas nous leurrer : le pouvoir n’appartient pas à la force brutale, mais à chaque personne humaine.

Au cours des derniers siècles, la civilisation occidentale a exercé une domination sans partage sur le reste du monde. Lorsqu’on se demande pourquoi, on suppose d’abord que c’est dû à la supériorité technologique, et c’est partiellement vrai. Par exemple, lorsque les Espagnols se sont attaqués à l’immense empire indien d’Amérique du Sud, la simple possession d’armes à feu, et leur meilleure organisation militaire ont prévalu. Il est vrai qu’ils avaient affaire à des civilisations décadentes. Des Mayas aux Incas, les Indiens avaient déjà commencé depuis longtemps à quitter les villes pour aller vivre dans la forêt à l’arrivée des premiers Espagnols. La population indienne avait perdu confiance en ses propres dirigeants.
Ceci dit, la puissance militaire n’est pas tout. Que ce soit au niveau de la technologie ou au niveau des valeurs, il y faut une chose plus importante encore : une adhésion totale de chaque individu à la philosophie, aux buts de la société qui entreprend l’action. Si l’Occident a pu vaincre, envahir, assujettir, coloniser d’autres pays dans le monde entier, c’est avant tout parce qu’il croyait à la supériorité de ses propres valeurs.
Or -et c’est là le drame de notre civilisation-, nos valeurs sont celles de la chrétienté. Le Christ a fondé la civilisation occidentale en déclarant en substance : «  Aimez-vous les uns les autres comme Dieu vous aime ». Les valeurs de la chrétienté reposent sur la foi dans la paternité du dieu unique, et par conséquent dans la fraternité de tous les hommes.
Donc, à partir du moment où nous portons nos valeurs à l’étranger par la force, de ce fait même nous contredisons nos propres valeurs. De ce fait, nous perdons en même temps notre supériorité morale et philosophique. Dans un sens, il était plus facile aux Romains d’établir un empire, dans la mesure où leur philosophie reposait sur un stoïcisme personnel, une dureté individuelle face aux événements de la vie, une certaine indifférence face à la mort. Leur supériorité par rapport aux autres nations était maintenue à chaque instant par chaque Romain, du fait même de sa condition de Romain. Aujourd’hui, on appellerait cela un consensus.
Quand à l’empire occidental, il était destiné à la mort à partir du moment où, prônant des valeurs de fraternité, il refusa aux habitants de ses colonies la pleine citoyenneté de l’empire. On peut argumenter autant que l’on voudra, personne ne sortira avec raison de ce dilemme. Si les hommes sont tous frères en théorie, alors les hommes doivent être tous frères dans la pratique.
Le reste coule de source. La faille entre la théorie et la pratique s’est peu à peu élargie au fil des décennies, engloutissant le pouvoir de l’Espagne, puis de la France, puis de l’Angleterre, puis de l’Allemagne et de l’Italie, et à présent le pouvoir des Etats-Unis. La messe est dite ; d’autant plus qu’on ne voit pas comment notre système sclérosé pourrait maintenant générer un renouveau de nos valeurs.
Il ne nous reste à présent que le pouvoir de la quincaillerie, cette puissance de coopération sociale qui nous permet de construire des appareils très ingénieux, surtout lorsqu’il s’agit de tuer des gens. Et même dans ce domaine, nous avons délibérément limité notre propre évolution technique, par manque de vision, par égoïsme. Dans notre cas, par exemple, il était suicidaire de ne pas rechercher une alternative à l’énergie tirée du pétrole… Mais baste, nous avons voulu le pétrole et nous l’aurons. D’autres pays, d’autres civilisations vont maintenant prendre le pas sur nous, avec des technologies plus avancées, plus propres.
Adonc, il est triste de contempler l’orgueil de l’Occident se perdre dans les montagnes afghanes, contre des guerriers frustes et peu civilisés, mais courageux. Au moins, eux, ils n’ont pas de grandes valeurs humanistes, mais ils savent ce qu’ils font, et pourquoi. Mais nous, les pays apporteurs de démocratie, savons-nous ce que nous faisons ?
Ne sommes-nous pas en train de faire la guerre avec des moyens écrasants contre des ennemis plus faibles que nous, juste parce que nous avons des usines d’armement qui tournent bien ?
Ne laissons-nous pas les dirigeants occidentaux nous mentir de façon insultante, juste pour préserver les intérêts de quelques milliardaires ?
Ne payons-nous pas des impôts pour envoyer nos jeunes gens risquer leur vie à massacrer les Talibans-entre-guillemets, c’est à dire la population civile d’Afghanistan ?
Nous souhaiterions nous tromper, que l’on nous dise, par exemple : « Plus de secrets. Il y a dans les montagnes d’Afghanistan des cités souterraines qui abritent des armées de monstres assoiffés de sang, dotés d’armements supérieurs aux nôtres. Si on ne remporte pas la victoire, ils réduiront nos villes en cendres, ils tueront nos femmes et nos enfants, ils nous massacreront jusqu’au dernier ! »
Alors, nous serions les premiers à nous engager contre cette menace existentielle… Malheureusement, tout ce que nous voyons, c’est une poignée de barbus armés de fusils, qui luttent avec leurs corps contre nos missiles téléguidés de loin, de très loin; des résistants qui luttent pour la liberté.
Cela rappellerait-il quelque chose aux Résistants français ? Non, probablement pas. Ils sont vieux, et de toute façon ils auraient refusé de faire ce sale boulot. La réponse à la question est: “l’Occident est venu en Afghanistan pour mourir.”

On a gagné! Peut-on encore le dire?

Article lié : Tentative d’évasion

PEB

  24/08/2009

La G4G est, nous l’avons vu, un conflit d’intensité moyenne où l’ennemi se terre, n’est jamais identifié sinon à une abstraction.

On voit des vallées reprises aussitôt que perdues et inversement. Les élections sont peu crédibles et les institutions pourries jusqu’à la moelle.

Dans ces conditions, comment proclamer la victoire?

l’analyse anthropologique dit que l’on ne peut pas et on ne le pourra sans doute jamais véritablement. A la haute époque, la guerre était un jeu, un tournoi. Dans une compétition sportive, on joue les hymnes, on prête serment, il y a du spectacle et on chante la victoire ou on pleure la défaite. Le foot est ainsi un substitut à la guerre. Car la guerre ordinaire est ludique en ce que:
1. Elle est déclaré selon une forme solennelle. Le motif en est publiquement communiqué à l’adversaire.
2. Elle est résolue par une bataille décisive.
3. Le vaincu se rend dans les formes aux vainqueurs.
4. La paix signée, un nouvel ordre national est proclamé sous les réjouissances (ou lamentations) populaires.

Sous ces conditions, la guerre ordinaire pouvait se terminer. On pouvait dire: “On a gagné!” ou “On a perdu!” et se retirer honorablement sinon dignement du champ de Mars.

Or, en 2001, on a déclaré la guerre non à l’Afghanistan en tant que tel mais à une abstraction, la Terreur. (Quel mépris pour les Afghans, réduits au rang de spectateurs et non d’acteurs de leur propre destin!) Nos vaines gesticulations sont demeurées poste restante à Kaboul. On a envoyé une invincible Armada. En face, nulle armée grandiose mais une bande de clochards farouches et déterminés. Pas de face à face possible donc pas de bataille décisive donc pas de paix.

Nos unités sont rentrés dans ces vallées perdues comme le toro rentre dans l’arène. On nous envoie des banderilles pour nous exciter, on nous fait charger et alors le torero se dérobe tel un danseur de ballet. A la fin, tous savent ce qu’il en est et du bovidé et de l’homme de lumière.

Olé!

Pour être plus explicite, la seule solution possible est de quitter l’arène. Mais dans ce cas, nos armées seront comme mortes. La puissance extrême sera réduite à son propre néant.