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" Je ne crois pas que cette fantastique usine à gaz hypersophistiquée puisse accoucher d’une telle chose que le transhumanisme."

Olivier Rey, que vous appréciez je crois, disait lors d'une émission de radio que le transhumanisme a surtout pour fonction de nous faire rêver qu'au bord de la falaise, il va nous pousser des ailes.
La panique est derrière la foi.

"La membre du congrès américain (députée) Alexandria Ocasio-Cortez (AOC), qui fit l’effet d’une bombe lors de ses premiers jours en fonction en dévoilant la “Nouvelle Donne Verte” pour réorganiser complètement l’économie américaine à un coût qui sera probablement de l’ordre de 100 000 milliards de dollars, n’est pas non plus sans guide avisé. Elle a ouvertement admis qu’elle s’est présentée aux élections à l’instance d’un groupe appelé Justice Democrats. Elle a dit à un journaliste dans un entretien: “Je ne participerai pas à cette élection si ce n'était pour le soutien de Justice Democrats et de Brand New Congress. Euh, en fait ce furent ces organisations, JD et BNC, toutes deux qui m’ont demandé de me présenter. Ce sont elles qui m’ont appelé il y a un an et demi…” Maintenant, en tant que députée, les conseillers d’AOC incluent le co-fondateur de JD, Zack Exley, qui fut un Open Society Fellow (NdT: George Soros) et fut financé par, entra autre, l’Open Society Foundation de Soros et la Ford Foundation (NdT: gestion et intérêt Rockefeller) qui créèrent un prédécesseur à JD pour recruter des candidats triés sur le volet pour participer aux campagnes électorale et être élus députés."

https://leblogalupus.com/2019/10/26/le-climat-et-la-piste-du-fric/  )

AOC qui twette aujourd'hui:

« Meta signifiant “Nous sommes un cancer qui se métastase et transforme la démocratie en une machine de surveillance et de propagande mondiale pour renforcer les régimes autoritaires et détruire la société civile… pour le profit !” »

Le projet Méta de Zuckerberg est pour moi métaphysique puisqu'il s'agit en effet pour lui d'aller au-delà de la réalité usuellement perçue, au-delà de la physique :
"Nous sommes passés (...) du texte aux photos puis aux vidéos, et cela n'est pas fini." (du texte 1D aux photos 2D puis aux vidéos 3D -empilement temporel de photos 2D- et cela n'est pas fini).

Le projet de Thom -initié il y a maintenant un demi siècle- est lui aussi clairement métaphysique :
"Seule une métaphysique réaliste peut redonner du sens au monde", Thom qualifiant de minimale celle qu'il propose. Et sa théorie des catastrophes (qui, selon Thom lui-même, est une théorie de l'analogie) sous-tend cette métaphysique réaliste :
" « Toute analogie, dans la mesure où elle est sémantiquement acceptable, est vraie. » C'est là, je crois, le principe de toute investigation métaphysique.".

L'approche de Thom est herméneutique alors que l'approche de Zuckerberg me paraît très nettement démiurgique. Pour Thom il s'agit de faire un saut dans l'imaginaire (plonger le réel dans le possible), mais un saut contrôlé : "Le contrôle de l'imaginaire c'est, je crois, l'essence de la rationalité" (1). Pour Zuckerberg il s'agit de créer des réalités virtuelles sans se préoccuper de leur éventuel rapport avec la réalité réelle, pour capturer, fidéliser et asservir un auditoire -sans doute essentiellement jeune-, moyen pour atteindre son objectif qui est de conforter sa propre position sociale -fric, pouvoir, etc.).

Thom écrit quelque part que "La physique actuelle a sacrifié la stabilité structurelle à la calculabilité; je veux croire qu'elle n'aura pas à se repentir de ce choix", citation que j'étends à notre post-modernité car, pour moi, c'est toute la post-modernité actuelle qui a sacrifié la stabilité structurelle à la calculabilité. Avec Zuckerberg c'est la rue qui tente, à l'aide de calculateurs électroniques, de se hausser au rang de la métaphysique, alors qu'avec Thom c'est la métaphysique qui tente de pénétrer la science mondiale avec la notion qualitative de stabilité structurelle (sans guère de succès jusqu'à à ce jour…) . (Alain Finkielkraut : "En quelque sorte, dirait le chroniqueur cynique des salons parisiens, “la métaphysique descend dans la rue” ; ce à quoi je lui répondrais aussitôt et sans faiblir : “Par les événements qui s’y déroulent, la rue se hausse au rang de la métaphysique”.)

C'est, ai-je lu, à Nazaré (Portugal) que l'on trouve les plus hautes vagues du monde (34m) et c'est là que des vagues de plus de 24m y ont été surfées, et c'est sans doute pour cette raison que Zuckerberg a choisi Nazaré pour désigner son projet. Peut-être ce projet Nazaré aura-t-il pour conséquence de réhabiliter la métaphysique en science en regardant d'un œil nouveau les rapports entre mathématique et réalité, Thom donnant de l'ombilic hyperbolique (de centre organisateur V=x³+y³, de déploiement universel W=x³+y³+ax²+bx++cy) l'interprétation spatiale (substantif) du crêt de la vague, de la voûte, et l'interprétation temporelle (verbe) de briser (la vague), de s'effondrer (sens destructrif), et de recouvrir (sens constructif)?

Thom : "En permettant la construction de structures mentales qui simulent de plus en plus exactement les structures et les forces du monde extérieur -ainsi que la structure même de l'esprit-, l'activité mathématique se place dans le droit fil de l'évolution. C'est le jeu signifiant par excellence, par lequel l'homme se délivre des servitudes biologiques qui pèsent sur son langage et sa pensée et s'assure les meilleures chances de survie pour l'humanité."

PhG : "La sagesse, aujourd'hui, c'est l'audace de la pensée.". D'audace de pensée, Thom n'en manque pas.


(1) Un exemple typique de plongement réussi est le principe de moindre action (Maupertuis-Lagrange) en mécanique : parmi tous les mouvements possibles, le mouvement réel (celui qui se réalise) est celui qui minimise (en fait extrémalise) l'action.




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Parmi les projets de Zuckerberg figure le projet Oculus, projet de lunettes permettant de voir une réalité virtuelle (qualifiée par MZ de réalité augmentée). Ce projet est, selon moi, à rapprocher du projet de Thom dans le cadre platonicien du mythe de la caverne (1), caverne dont -dans les deux cas- il s'agit de s'extraire en reconstruisant les êtres dont on ne voit que les ombres sur les fonds de la caverne (2).

Thom : "Les marchands de quincaillerie électronique voudraient nous faire croire qu'avec la diffusion des ordinateurs une ère nouvelle va s'ouvrir pour la pensée scientifique et l'humanité. Ils pourront tout au plus nous faire apercevoir où est le problème essentiel : il est dans la construction des modèles. (...) Dans cette tâche, la cervelle humaine, avec son vieux passé biologique, ses approximations habiles, sa subtile sensibilité esthétique, reste et restera longtemps encore irremplaçable.". (Conclusion de SSM)

La différence entre les deux approches est celle entre l'IA (et toute la quincaillerie électronique servie par des quincailliers formatés à ne penser qu'à travers elle et avec son propre langage) d'une part et l'IT (3) d'autre part.

Thom : "(...) le langage humain permet la description d'un processus lointain (dans l'espace et dans le temps) et libère l'esprit de la tyrannie du « hic et nunc » à laquelle l'animal demeure soumis. Peut-être en cela la vie n'a-t-elle fait que pousser à son terme un de ses mécanismes fondamentaux ; dès qu'il fabrique un œuf, un organisme vivant a le projet de coloniser l'espace et le temps, il se soustrait au « hic et nunc ». La fonction essentielle de l’intelligence humaine, simuler les lois, les structures du monde extérieur n'est guère que le prolongement – ou l'explicitation – de ce dessein primitif.".

Simulation ou simulacre, IT ou IA ?

PhG : "Vous pouvez me parler de tout ce que vous voulez, des milliers d’ingénieurs Big-High Tech, des centaines et des centaines de $milliards, je vous répondrais par l’intuition du ridicule qui vous indique d’une façon évidente où se trouve la vérité-de-situation. Elle n’est certainement pas dans cet instant, puisque c’est tout son contraire, – instant fabriqué, faussaire, éternel simulacre, parabole recousue, pure antivérité-de-situation…".

Je suis (du verbe suivre) instinctivement -sinon intuitivement- PhG sur ce point, le fait que MZ s'entoure de milliers d'ingénieurs Big High Tech arrosé de centaines de milliards de dollars me faisant l'imaginer en Pozzo intimant à son armée de Lucky : "Pensez, porcs !", avec peut-être (voire sans doute) -wait and see- un résultat semblable à celui du CMI avec le F35.


(1) Un oculus est une ouverture ovale ou ronde pratiquée dans un mur ou une coupole.

(2) "Reconstruire un corps tridimensionnel à partir de son contour apparent, telle est la tâche herméneutique par excellence." (Esquisse d'une sémiophysique, Conclusion).

(3) Intelligence Traditionnelle.

 

PhG :

"Pouvez-vous imaginer, – question d’imaginaire, me direz-vous, – Dieu donnant une conférence de presse pour présenter la création du cosmos originel, avec projet annexe d’éternité, etc. ? Vous pouvez ? Eh bien, Mark-Matrix, lui, il le peut, et il a dit à son staff : “On y va ! Avec ‘Meta’ et ‘Nazare’, on va mettre KO ce vieux réac’, ce Dieu, là !” ".

Ce qu'annonce Zuckerberg ("donnant une conférence de presse pour présenter la création du cosmos originel, avec projet annexe d’éternité, etc."), Thom l'a fait bien avant lui dans ses bouquins. Quelques citations suivies d'un commentaire:

Citations.

1. "Selon beaucoup de philosophies Dieu est géomètre, il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu";

2. "(...) il m'est difficile de voir pourquoi un être pleinement différencié ne pourrait être immortel.";

3. "L'image de l'arbre de Porphyre me suggère une échappée en "Métaphysique extrême" que le lecteur me pardonnera peut-être. Il ressort de tous les exemples considérés dans ce livre qu'aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience. En revanche, lorsqu'on veut atteindre les étages supérieurs, on est conduit à la notion d' "hypergenre", dont on a vu qu'elle n'était guère susceptible d'une définition opératoire (hormis les considérations tirées de la régulation biologique). Plus haut on aboutit, au voisinage du sommet, à l'Être en soi. Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal alpha (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogenèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur). Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer.
Aristote a dit du germe, à la naissance, qu'il est inachevé. On peut dès lors se demander si tout en haut du graphe on n'a pas quelque chose comme un fluide homogène indistinct, ce premier mouvant indifférencié décrit dans sa Métaphysique; que serait la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant? Mais la formule d'Aristote "Premier selon l'être, dernier selon la génération" suggère une autre réponse, théologiquement étrange: peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée."

4. "Expliquons de manière assez élémentaire le mécanisme formel qui, à mes yeux, commande toute morphogenèse, par l'analogie suivante entre le développement d'un embryon d'une part, et une série de Taylor à coefficients indéterminés d'autre part. Le développement d'un embryon peut se décrire grosso modo de la manière suivante : à partir d'un œuf "totipotent" se séparent au cours du temps des masses cellulaires qui acquièrent des spécialisations histologiques irréversibles (en principe), mais il subsiste toujours à l'intérieur de l'animal une lignée de cellules totipotentes, la lignée germinale, qui aboutira à la formation de cellules reproductrices (gamètes) dans l'individu adulte. Or, considérons d'autre part une fonction différentiable (...)".

Commentaire : Pour moi l'analogie explicite œuf totipotent/fonction différentiable non différentiée de la citation 4 se prolonge, implicitement à la lecture de la citation 3., par l'analogie œuf totitpotent/Dieu tout puissant.

Remarque.  J'aime prolonger les analogies précédentes par celle de Peuple tout puissant. Thom parle de cancer dans la citation 3 : "Il [le métaphysicien épuisé par son ascension] produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer."
AOC parle aussi de cancer , à propos de la démocratie : "“Nous sommes un cancer qui se métastase et transforme la démocratie en une machine de surveillance et de propagande mondiale pour renforcer les régimes autoritaires et détruire la société civile… pour le profit !” »

(Je ne suis pas du tout René Guénon dans la conception de la démocratie qu'il développe dans "La crise du monde moderne".)