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Article : Les mythes s’affrontent

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La révolte de la Terre contre l'Enfer

jc

  01/02/2024

La révolte de la Terre contre l'Enfer

Pour moi, mythiquement, c'est de ça qu'il s'agit. Ce n'est pas une révolte de la Terre contre le Ciel, c'est la révolte du bon sens paysan contre l'Enfer promis et commencé à être mis en œuvre par la clique mondialiste de Herr Schwab, révolte pour moi parfaitement symbolisée par les panneaux d'entrée de village mis tête en bas.

PhG-Bis : " (...) ce qui importe c’est de convoquer la métahistoire et la métapolitique, de parler de mythes et non de faits, même si les faits constatés par l’intuition peuvent être utilisés pour décrire le mythe. Cela signifie que la Vérité se construit sur les mythes que l’on bâtit avec des faits intuitifs. »

Dans l'histoire des hommes les paysans se sont souvent révoltés contre ceux qui se recommandent du Ciel, beaucoup plus rarement (?) contre ceux qui se recommandent de l'Enfer. Ce qui est pour moi clairement commun aux deux cas c'est qu'il s'agit mythiquement d'une révolte du Topos contre le Logos.

Thom : " Si nous continuons à priser par-dessus tout l'efficacité technologique, les inévitables corrections à l'équilibre entre l'homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques. "

 

Circonstances obligent

jean-luce Morlie

  01/02/2024

Bonjour à tous.
Ph.G.
votre image du slalom “spécial-géant” m’apparaît excellente, elle correspond au bas de la piste comme attracteur. (JC, je vous en prie, relayez-moi à votre façon).
Ce “bas de piste”, il me semble raisonnable de le qualifier comme stade terminal de l’effondrement du mensonge (la narrative du BAO :retour au réel.
 Poursuivons la métaphore sur l’idée que chaque groupe social slalome de façon à arriver, le plus entier possible, en bas de la piste. Dans ce cadre élargi, chaque groupe social est un jalon pour tous les autres. Pour survivre, chacun devra apprendre à anticiper les trajectoires de chacun (cette forme de réciprocité est sans doute neuve ; circonstances obligent).
PS.  Cette réflexion m’est inspirée d’un dessin de Sempé.

Logos vs Topos, Vérité vs Réalité

jc

  02/02/2024

PhG-Bis : " (...) la Vérité se construit sur les mythes que l’on bâtit avec des faits intuitifs. "

J'interprète ça ainsi : "Le Logos se construit à partir des Idées que l'on se fait du Topos". Et j'ajoute : "Le Topos se construit, lui, à partir des Idées que l'on se fait du Logos.".

Héraclite : "L'harmonie suprême est la coïncidence des opposés."

Une des idées centrales de Thom est que le langage a une origine topologique : cf. ses articles "Topologie et linguistique" et "Topologie et signification" que l'on trouve dans "Modèles Mathématiques de la Morphogenèse".

En mathématiques la topologie a d'abord été l'étude qualitative des lieux (étude qui est venue après leur étude quantitative, géométrie puis topométrie générale) : suffixe "logie" = "étude de". Elle est devenue actuellement l'étude du rapport entre Logos et Topos : la logotopologie.

Pour moi "Apologie du Logos" est en fait une apologie du rapport entre Logos et Topos.

@JLM

jc

  05/02/2024

Les dynamiques qui régissent les catastrophes élémentaires sont des dynamiques de plus grande pente en direction de fonds de  cuvette. Quand cette cuvette est en cornet à frites, on descend tout droit le long d'une génératrice piste noire pour se fracasser au fond. Quand c'est une cuvette aux pentes plus douces, on descend en suivant ce que les matheux appellent une géodésique. Quand la cuvette est bosselée les géodésiques slaloment. S'il y a du frottement -et il y en a toujours un peu- on finit par s'arrêter au fond. Dans tous les cas c'est la mort -plus ou moins douce- du système.

À l'opposé il y a les dynamiques hamiltoniennes, que l'on peut voir comme des dynamiques de moins grande pente (pistes blanches) : on retarde la mort au maximum mais on s'ennuie ferme.

La vie des sociétés, est un mixte entre pistes noires et pistes blanches, entre progressisme et conservatisme. Pour l'instant c'est tout schuss, progrès exponentiels de l'informatique et de la robotique obligent.

C'est ce principe qu'utilise Paul Jorion (1) dans son "Principes des systèmes intelligents" : on s'arrête de parler quand on est au fond de la cuvette, quand on n'a plus rien à dire. Ce principe vaut pour tout le monde, avec plus ou moins de talent.

PhG, lui, a le don de provoquer des avalanches de mots, de les faire slalomer ... et de se réjouir tout s'arrête au fond de la cuvette :

« Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou. »    (https://www.dedefensa.org/article/le-desenchantement-de-dieu)

1 : Commencer par se passionner pour l'anthropologie pour finir par se passionner pour l'intelligence artificielle, voilà une chose que j'ai du mal à comprendre.

Merci de vos réponses

jean-luce Morlie

  14/02/2024

@JC

Merci de vos réponses,
je précise ma position, elle concerne la possibilité d’apprentissage.

Metahistoire

L’image du slalom sur piste bosselée correspond à la notions de chréode, cette “symbiose conceptuelle” me semble correspondre à la notion d’une méta histoire qui serait à la manœuvre bien au-delà de la conscience que nous pourrions en avoir. J’intervenais dans le but de mettre en évidence que l’interaction de deux slalomeurs sur la même piste leur offre la possibilité d'apprendre à modifier dès "le champ morphogénétique" dans lequel se coulent la trajectoire de chacun, alors que lorsque deux planètes se croisent, elles déforment la géométrie de l’espace dans leur entourage, mais n’en apprennent rien.

-Principe d’inconnaissance

Dans une perspective laplacienne, lorsque toutes les variables sont judicieusement posées sur le papier, la modélisation de l’avenir ne dépend plus de Dieu mais seulement de règles d'écriture. À l’inverse, sur le modèle du jeu de la vie de Conway, nous vérifions qu’un ensemble de règles restreint engendre des figures imprévisibles. Nous savons que dans certains cas par principe, nous ne pouvons rien dire du futur: le jeu de la vie évolue sans apprendre.

-L’imprévisibilité des trajectoires, de deux skieurs est de nature différente.

Admettons que l’embryogenèse n’apprenne pas.
De même si deux planètes se croisent, elles n'apprennent pas à s’éviter, mais néanmoins, leurs chréodes sont modifiées à jamais. À l’inverse, chaque skieur cherchera à employer sa propre force de façon à éviter le choc, chaque skieur cherche à sortir de sa chréode solitaire et apprend à tenir compte de la chréode des autres.

Revenons revenons l'article  et au "mythe de la terre" pour les agriculteurs. Après la Première Guerre mondiale, leur chréode fut d'agrandir la surface de leur exploitation en assimilant les terres des exploitations mortes. Divisés, entre FNSEA et la Confédération paysanne, ils vont en masse à Bruxelles lutter contre la bureaucratie pour réclamer une réglementation sur les prix. Puis, apprenant que Bruxelles maintient l’accord Mercosur, pour les plus affaiblis, sachant qu’ils vont se faire, expropriés par les banques, commence à se retourner contre les banques. Certes, il y a encore du chemin avant qu'ils ne se retournent contre Blackrock et Vanguard, de même  ces deux firmes apprendront de leur échec ukrainien. En attendant, elles imaginent encore que devant l'impasse des fonds de pension, leur seul chemin nécessaire de survie est de se dépêcher à détenir les titres de propriété sur tout, et bien sur, les actifs tangibles de ces deux firmes seront, partout, rendu au bien commun.

Sauf à l’heure de la fin du soleil ; il n’y a de fond de la cuvette: l’Empire romain s’est très progressivement transformé en Chrétienté.
 

@jLM.2

jc

  15/02/2024

Je vous réponds rapidement car ce genre de discussion à la marge n'est pas dans les usages de ce forum.

1 : Vous écrivez : "Admettons que l’embryogenèse n’apprenne pas.".

C'est effectivement la position de Thom, que l'on trouve dès le début de "Stabilité Structurelle et Morphogénèse" (1972), position dont il n'a pas, à ma connaissance, dévié de toute sa vie (et pour moi on doit avoir en permanence ce qui suit si on veut essayer de le comprendre) : il y a pour lui un mécanisme formel qui commande toute morphogenèse, et il l'explique de manière élémentaire par l'analogie entre le développement d'un embryon d'une part, et une série de Taylor à coefficients indéterminés d'autre part (p.32 de la deuxième édition de SSM)

Pour Thom l'embryogenèse a lieu par déblocage successif de degrés de liberté dans un ordre immuable (chréodes), et elle a lieu -sauf accident- dès qu'elle rencontre un substrat compétent (et notre Terre est un tel substrat). L'embryogenèse est pour lui une sorte de marche au chaos qu'il illustre par le Boléro de Ravel.

2. Vous écrivez : "Sauf à l’heure de la fin du soleil ; il n’y a de fond de la cuvette: l’Empire romain s’est très progressivement transformé en Chrétienté.".

Thom montre comment les systèmes peuvent éviter provisoirement* le fond de la cuvette (c'est-à-dire la mort) dans ce que j'appelle sa vidéo-testament (tournée vraisemblablement vers 1995) :
https://www.youtube.com/watch?v=fUpT1nal744     (de 32'30 à 34'40)

* : Thom : "(...) il m'est difficile de voir pourquoi un être pleinement différencié ne pourrait être immortel.".

3. Pour moi évolution et métahistoire (votre premier sous-titre) sont quasi-synonymes. Aussi je ne vois aucun inconvénient à remplacer le premier par le second dans l'une de mes citations thomiennes préférées :

"Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés." ,

citation qui ne prend son véritable sens que dans le cadre ci-dessus (il y a pour Thom un mécanisme universel qui commande toute morphogenèse et qui permet de faire des analogies entre évolutions dans des substrats différents).

4. À propos de l'inconnaissance. Pour Thom le déterminisme est une conquête et non une donnée (le cas de Laplace). Cf.  https://www.youtube.com/watch?v=JmVijw5cTDo  

"Les défaillances du déterminisme sont les défaillances de notre imagination ; et rien ne prouve qu'elles soient définitives". (48'55) (Thom est ici, je crois, plus optimiste que Philippe Grasset quant à l'inconnaissance).