jc
02/09/2020
PhG: "Désormais, plus rien de nos explications habituelles, de nos références les plus estimées et les plus complexes, – et je parle ici sans l’ombre de la moindre ironie, – plus rien de tout cela n’a plus la moindre capacité de figurer dans le même complexe Espace-Temps où les événements nous ont emmenés. (...) Nous sommes dans un univers parallèle, un étage au-dessus, où règnent la maîtrise du Temps et la mesure de l’Espace."
Thom: "L'idée qu'une suite de transformations stables de notre espace-temps peut être dirigée, programmée, par un centre organisateur qui est une structure algébrique extérieure à l'espace-temps lui-même, pourra sembler d’une abstraction difficile à admettre. L'essentiel, comme toujours, est de n'y voir qu'un langage destiné à faciliter l'intuition de la coordination globale à tous les systèmes partiels régis dans ces transformations."
Thom: "Comme la dimension de l'espace des activités neuroniques est énorme, nous pouvons sans doute réaliser mentalement des configurations stables, des idées dont le centre organisateur est de très grande codimension. Mais quand nous voulons exprimer cette idée, nous devons déplier le centre organisateur et procéder par sections locales de dimension quatre au plus, il en résulte que notre pensée verbale, notre pensée réellement consciente parce que communicable, reste à la périphérie de la figure de régulation, bien loin du centre organisateur de l'idée. Elle y rampe comme un mycélium de champignon et elle finit par la pourrir complètement. Alors a lieu la formalisation de l'idée ["Il suffit d'un mot, d'une phrase…"]".
PhG: "« la grande tâche métaphysique de répondre à la question (...) « Qu’est-ce qu’il se passe ? », n’est effectivement nullement un abaissement comme déjà signalé hier. C’est un point si fondamental qu’il doit bouleverser notre manière de pensée et d’appréhender la marche folle du monde."
Thom: "C'est Konrad Lorentz qui dans son discours Nobel a énoncé la formule : « Toute analogie est vraie ». Je crois la formule aventurée : il faut la munir d'un addendum : Toute analogie, dans la mesure où elle est sémantiquement acceptable, est vraie. Ainsi, dans ce domaine de l’analogie, le sentiment d'acceptabilité sémantique entraîne sa propre vérité. C'est là un puissant moyen d'investigation métaphysique (la métaphysique étant entendue ici en son sens technique : science des êtres en tant qu'êtres…)."
(Je rappelle à ce propos que la théorie des catastrophes est une théorie de l'analogie et que c'est dans ce cadre que ma citation thomienne favorite prend un sens: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés.".)
Sebastien Antoine
03/09/2020
Alain Finkielkraut a sans doute toujours considéré son métier de philosophe comme un « poste de sentinelle à l’affut ». Par exemple lorsqu'il encourageait avec véhémence l'invasion militaire de l'Irak par les USA sur les plateaux TV en 2003, juste avant les premiers bombardements. Ceci dit, le fait que ce philosophe, acteur singulier du système de la communication, avoue ne plus rien comprendre de l'actualité est une grande nouveauté. Peut être va-t-il bifurquer, à son corps défendant, vers une lecture métaphasique proprement philosophique de l'histoire, dont ce site est un exemple ?
Baldoflorine Hazard
03/09/2020
...
"9/11" la communication du mensonge.
"2020 Covid 19" le mensonge de la communication.
Qu'est-ce que ce monde est sérieux.
jc
04/09/2020
Alain Finkielkraut: « Nous ne disposons plus aujourd’hui d’une philosophie de l’histoire pour accueillir les événements, les ranger et les ordonner. Le temps de l’hégéliano-marxisme est derrière nous. Il est donc nécessaire, inévitable de mettre la pensée à l’épreuve de l’événement et la tâche que je m’assigne, ce n’est plus la grande tâche métaphysique de répondre à la question “Qu’est-ce que ?” mais de répondre à la question “Qu’est-ce qu’il se passe ?”... ».
J'ai reproduit tout récemment¹ le rôle du métaphysicien selon Thom ("Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur"), rôle qui est explicité à la page 32 de SSM² (2ème ed.), où Thom expose le rapport qu'il entrevoit entre mathématique et réalité: "Expliquons-le [le mécanisme formel qui commande à mes yeux toute morphogenèse] par l'analogie suivante entre le développement d'un embryon d'une part et le développement en série de Taylor à coefficients indéterminés d'autre part."
S'il faut en passer par là pour véritablement être un métaphysicien - et je suis tous les jours un plus convaincu qu'il le faut - alors je conçois l'embarras des métaphysiciens "classiques"³, et je comprends mieux la citation thomienne extraite d'un article (que je n'ai pas lu) intitulé "Infini opératoire et réalité physique": "Selon beaucoup de philosophies Dieu est géomètre; il serait peut-être plus logique de dire que le géomètre est Dieu." (AL, p.28). Je crains que beaucoup de métaphysiciens "classiques" se retrouvent dans la situation décrite par Thom¹:
"Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer." Le cas de Hégel et de Marx (je n'ai rien lu ni de l'un ni de l'autre…) ?
¹: Commentaire de l'article "Tristes trotskistes".
²: SSM est un livre dense et technique. Thom en expose quelques idées maîtresses dans le court article "Une théorie de la morphogenèse" (MMM).
²: Je ne range pas le métaphysicien-né qu'est PhG dans cette catégorie, PhG à qui il manque seulement pour moi un vocabulaire plus approprié pour que j'aie un espoir de le comprendre,
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