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Article : L’Amérique? Terminé, pfffuittt…

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Exit l'Amérique, mais à quand exit Davos ∫

J-Ph Immarigeon

  25/01/2007

Cher Monsieur Grasset,

Deux remarques et une réflexion.

Tout d’abord, ce sont exactement les mêmes qui se gaussent de la fin de l’Amérique et qui, il n’y a guère, étaient à genoux devant le nouvel empire universel de la fin de l’Histoire, les mêmes gourous de la globalisation, les mêmes sherpas, les mêmes experts. Encore une fois, heureusement que le ridicule n’a jamais tué personne…

Ensuite, les petits marquis de Davos ne savent faire autre chose que de courir après le réel, disserter sur l’existant, eux qui n’ont cessé de se tromper jusqu’à aujourd’hui, eux qui sont bien incapables d’avoir la moindre idée sur ce que sera le monde d’ici la fin de l’année. Ce qui veut dire que l’avion n’est pas piloté, ce que nous savions, mais surtout que ceux qui se sont emparé de la casquette des pilotes refusent de quitter le cockpit. Franchement, nous qui sommes parmi les rares à avoir anticipé depuis plus de 5 ans tout à la fois la chute du « hard power » US et la fin du « soft power », que ne sommes-nous pas à leur place sur les pistes de ski helvétiques ?

Une réflexion prospective enfin : après la puissance militaire, après l’influence diplomatique, avec toutes les conséquences commerciales donc financières donc industrielles donc sociales que cela peut induire sur le long terme (je récite ici mon Emmanuel Todd), je reste persuadé que la prochaine crise qui va maintenant frapper les Etats-Unis est institutionnelle, ce qui va littéralement faire tomber de l’armoire non seulement les américanolâtres mais tous ceux qui, depuis deux siècles et partout dans le monde (et on en a tous été), considèrent le système politique américain comme le plus efficient à défaut d’être parfait (cela, il n’y a que les Américains eux-mêmes qui le croient).

Et nous toucherons là au fondement du mythe américain. Car celui-ci peut résister à des défaites militaires, à une récession, à un appauvrissement, il ne pourra survivre à la révélation que le cœur même du projet américain ne tient pas la route. Je peux me tromper, mais je suis persuadé que, dans ce domaine également, il arrive un moment ou, quoi que l’on fasse, on est cuit. Le Congrès de Washington ne peut rien faire sans révéler les failles béantes du système politique américain, failles que l’on connaît bien mais que des bricolages ont toujours sauvé. Cette fois-ci, c’est le principe même de « checks and balances » qui est en jeu.

Et après la Constitution de 1787, ce sera la Déclaration de 1776 elle-même qui sera (enfin) analysée, et ses hallucinantes affirmations d’une source divine de tout droit, d’une liberté naturelle don de Dieu acquise par principe, d’une égalité intrinsèque des individus, etc… alors que notre Déclaration de 1789 dit exactement le contraire (la liberté est un état social, nous naissons libres mais nous devons nous battre pour le demeurer, et nous ne sommes pas gémeaux mais égaux en droits).

Une fois cette prise de conscience réalisée, que restera-t-il de l’Amérique ?

Bien à vous.

PHR

  27/01/2007

Adieu Luther, Calvin. Vous vous êtes tant trompés. Et vous en avez tant trompés. exit la pseudo-Réforme. “L’Eglise a connu trois hérésies : l’arianisme, le mahométisme et le luthéranisme” (Lacordaire). Exit leluthéranisme. Pourquoi ? Parce que “hors de l’Eglise, pas de salut” (Saint Cyprien, IVème siècle).