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Article : La crise et son train (à Très Grande Vitesse)

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2012 deja là?

zc

  07/05/2010

L’analyse des évènements de ces derniers jours nous renvoie aux commentaires que vous aviez faits il y a quelque temps sur la demarche “maistrienne” de nos “chefs” politiques en ces temps de désarroi.
Ce qui est le plus frappant aujourd’hui c’est la vitesse extraordinaire des évènements qui se succèdent et qui ne laisse de place ni au questionnement rationnel de “l’évènement” ni à son assimilation par ceux de nos experts qui font profession de nous apporter la compréhension de “l’évènement” et de ses conséquences dans un futur plus ou moins lointain.
la fin d’un monde ou du monde annoncée pour 2012 est déjà là pour ce qui est de la politique comme mise en perspective d’un projet cohérent de société.
La nef des fous vogue sur un océan aux écueils multiples.

ruiner les ruines

Christophe Perrin

  07/05/2010

Pris de folie destructrice , Père Ubu, le personnage de Jarry s’interroge :

“Mais comment ruiner aussi les ruines ? ”

et trouve la solution : “Je n’y vois d’autres solutions que d’en faire de beaux édifices ordonnés par raison.”

Le train de crise dont les wagons vont à différentes vitesses

Francis Lambert

  07/05/2010

Cette désynchronization des rythmes de convergence des crises étourdit.

Au niveau monétaire (un wagon de ce train) la tendance lourde remonte à 1971 quand Nixon a rompu Bretton-Woods (lien du dollar à l’or) : nous sommes rentrés dans un FOREX généralisé (taux de changes flottants).
La globalisation a plus que décuplé les échanges internationaux en devise.
Les contrats de couvertures sur les risques de change ont donc explosés. (Le risque de change est souvent le plus grand risque en fonction, notamment, du délais entre la commande et le moment où vous payez le solde en devise, généralement après livraison).
Evidemment s’y sont greffés tous les produits dérivés et des opportunités fantastiques de spéculation puisqu’il ne faut même pas un échange réel (un contrat commercial de biens ou services) pour pouvoir spéculer ... ainsi sur certains marchés la spéculation représente plus de dix fois (souvent plus) le commerce réel.
Ainsi le carry-trade est massif ... c’est l’abomination pure, une spéculation organisée massivement par les grandes sociétés: il suffit d’emprunter dans une devise à faible taux et de reprêter dans une devise à fort taux, vous empochez la différence.
Le bon sens recommenderait de limiter la spéculation hors contrat réel ... très simplement par une taxe de faible taux qui suffirait à son efficacité !
C’est ici que l’on mesure la collusion politico-financière ... on n’arrive pas à la mettre en oeuvre :
les politiciens sont les majorettes des financiers et oligarques internationaux qui font la musique !

Ainsi la France devient tout à coup fort économe (ce n’est pas encore la rigueur) car les marchés menacent les pays à forte dette “souveraine” : les marchés, aussi déments et spéculatifs soient ils, dictent la conduite des Nations des plus petites aux plus grandes ... dont l’Eurozone. N’est ce pas merveilleux ?
C’est le jackpot en charges d’intérêts pour les financiers internationaux!
Bravo les majorettes.

Le wagon de l’inflation prend actuellement de la vitesse (matières premières, énergie et agriculture) ... la spéculation va s’y reporter (comme pour le pétrole monté de 30$ à 160$, il est redescendu vers 80$ ... mais tout indique qu’il va remonter ... probablement définitivement ). Le pire se prépare de nouveau pour l’alimentaire ... retour des famines dans le tiers monde, hausses sensibles ailleurs.

Le wagon boursier semble le plus manipulé de tous les wagons. Référençons simplement les chroniques de Philippe Béchades dont celle-ci :
“La séance du 6 mai à Wall Street restera dans les annales comme la synthèse de tous les travers, excès et absurdités d’une Bourse robotisée, où le trading à la milliseconde peut déboucher sur les pires catastrophes.”
http://www.la-chronique-agora.com/articles/20100507-2714.html
Ses autres chroniques (voir historique) détaillent sans arrêt d’autres dérives.

Commentaire

Les Raisins De la folie

  08/05/2010

Francis Lambert vous dites: “les marchés, aussi déments et spéculatifs soient ils, dictent la conduite des Nations des plus petites aux plus grandes ... dont l’Eurozone”.

Je pense qu’il ne faut pas confondre causes et conséquences. Si la Grèce et bon nombre de pays européen sont aujourd’hui endettés à ce point est-ce la faute des marchés ? Est-ce normal que ces même pays présentent systématiquement un déficit budgétaire depuis des années voir des décennies pour certains ?

C’est trop facile d’accuser les marchés ainsi que les agences de notations. Derrières une situation accablante, il y a d’abord des choix et des comportements irresponsables ou tout à fait égoïstes prises par un Pays.

D’ailleurs, les marché ne “dictent” pas, ils prêtent ou non. Si un pays plutôt qu’un autre se retrouve en très grande difficulté parce qu’on ne lui prête pas c’est parce qu’il a choisit délibérément de devenir dépendant des créanciers étranger.

Le cas du Japon est à ce titre frappant. Avec un endettement publique de plus de 150% de son PIB, sa situation est à bien des égards bien plus alarmante que celle de la grêce ou de l’Espagne. Alors pourquoi ne ce passe-t-il rien là-bas ? Tout simplement parce que le gouvernement japonais s’est presque exclusivement endetté auprès de ces citoyens via les banques japonaises beaucoup plus contrôlables et fidèles que les investisseurs étranger.

Si certains Etat européen ne peuvent plus avoir d’argent facile, c’est d’abord à eux-même qu’ils devraient en vouloir. Le gros problème pour eux, c’est que tant qu’ils resteront dans la zone euro il ne pourront pas contrôler la monnaie en faisant fonctionner la planche à billet et rembourser leur créancier avec une monnaie dévalué. D’où la seule solution “facile” pour eux si on ne leur prête pas: se désengager de l’euro. A moins qu’ils ne fasse tout simplement un bras d’honneur aux créancier (cas souvent constaté dans l’histoire) en refusant de les rembourser ou en leur déclarant la guerre…

Avoir tort avec tout le monde plutôt que raison tout seul.

Francis Lambert

  08/05/2010

@guillaume.honlilion

Tout à fait d’accord, le laisser aller initial vient de certaines Nations ...
- malgré leur “histoire millénaire”, càd leurs expériences (?!)
- malgré les exemples fréquents des voisins (plus de 270 crises et faillites d’états depuis 1981 ... si j’ai bon souvenir)
- dans la durée (plus de 30 ans),
- malgré tous les avertissement autorisés (Cour des Comptes !),
- au mépris des promesses électorales répétées de tous les partis,
et même au mépris de leurs propres traités internationaux !
Et “c’est d’abord à eux-même qu’ils devraient en vouloir” ... c’est à dire à nous-même de payer: effectivement nous ne réagissons pas suffisamment et nous nous laissons si facilement berner ou “clienteller” par nos majorettes politiciennes.

En plus d’autres pays comparables comme le Canada et le nord de l’europe, auto-piégés, ont réagit efficacement et beaucoup plus tôt. La honte donc ...

Le pire (comme je l’ai signalé dans un commentaire précédent) est la Grande Bretagne, Nation souverainiste par excellence dont l’arrogance financière nous casse les oreilles depuis longtemps : puissant PRODUCTEUR PETROLIER et centre financier mondial ... ils réussissent quand même à couler quelques banques majeures (sans que les “marchés efficients” n’anticipent rien avant la catastrophe !), à couler leurs finances Nationales et même à utiliser leur législation anti-terroriste (les sanctions des “marchés” ne servant décidément à rien non plus !) contre leur plus petit voisin ... peut on être plus ridicule ? L’eurozone essaye effectivement ... plutôt l’eurodivizone dans une soi-disant UE à 1% de budget : comment ce truc est-il crédible sinon comme défouloir des inanités Nationales. Bravo les majorettes pour ce “succès”.

” les marché ne “dictent” pas, ils prêtent ou non” et bien non : les marchés achètent ou vendent. Ce sont les organismes financiers (banques anglo-saxonnes en majorité) qui créent les produits. Ils ne se gênent pas pour créer et distribuer les produits les plus pourris ! Nos grandes banques sont les premiers clients !
Pour les emprunts ils ont un “credit rating”, des conditions multiples, des échéances et des sanctions ... ce seraient les demandeurs ou les endettés qui leurs imposeraient des conditions ? Eux qui sanctionneraient ou mettraient les banques à la porte en cas de non-paiement ?

Dernier point: la psychologie est déterminante dans les marchés ... et terrifiante en cas de crise ! Vous parlez d’efficience ! C’est la pire méthode: une véritable maison de fous, le règne des flibustiers, y a t’il un index des suicides de traders et autres boursicoteurs ?
Voici un article plus documenté et surtout plus autorisé que moi.

AFP 08/05/2010 La psychologie au coeur de l’emballement des marchés financiers
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=c3b36504862ee5bb3556800625f94fa5

La tempête qui agite les marchés financiers est, comme les autres phénomènes de crise, alimentée par des facteurs psychologiques qui mêlent rumeurs de marchés, comportements moutonniers et surtout volonté de préserver ses placements.
“La psychologie joue toujours dans les marchés”, souligne Philippe Dessertine, professeur d’économie à Bordeaux (sud-ouest de la France).

Dans un environnement concurrentiel par excellence, l’investisseur, bombardé d’informations, doit prendre des décisions multiples et rapides, au point de s’appuyer parfois sur des rumeurs, comme celle de mercredi sur l’Espagne prête à appeler à l’aide, qui a déstabilisé la Bourse de Madrid.
Qu’il s’agisse de craintes sur la solvabilité d’un Etat ou d’une faillite imminente d’une entreprise, une information fondée ou infondée peut se répandre comme une traînée de poudre.
Il suffit alors que quelques acteurs majeurs, comme les fameux “hedge funds”, les fonds spéculatifs considérés souvent comme des meneurs du marché, lui donnent crédit pour que la machine s’emballe.

Le mécanisme est simple. L’investisseur achète parce que les autres achètent, vend parce que les autres vendent, ce qui ne manque pas d’amplifier des phénomènes parfois jusqu’à la panique.
Cette mécanique fait que l’on “anticipe des difficultés, puis, ce que l’on observe valide notre anticipation, ce qui crée encore un emballement et un phénomène de spirale”, explique Gunther Capelle-Blancard, professeur d’économie à Panthéon-Sorbonne.
Cette anticipation, dite auto-réalisatrice, balaye le choix rationnel de vendre ou d’acheter en fonction de critères plus rationnels comme les résultats de l’entreprise ou des statistiques financières.
“La psychologie légitime l’action”, résume M. Dessertine.

L’économiste John Maynard Keynes avait théorisé ce principe en 1936 en parlant de concours de beauté. Selon ce principe, le gagnant est celui qui parvient à identifier parmi un panel de jeunes femmes quelles seront les cinq les plus citées par l’ensemble des joueurs.
Le candidat ne va pas agir selon ses convictions personnelles mais selon ce qu’il estime être le consensus, ce qui fait que tout le monde fait le même choix.

Ne pas vendre, quand tout le monde le fait, c’est prendre le risque d’être “mauvais”, selon le mot de M. Dessertine.
Les investisseurs institutionnels, tels que les grands fonds de pension, ne peuvent prendre aucun risque. Jouer contre le marché les mettrait en danger financièrement et en position de faiblesse au moment de rendre des comptes à leurs clients.
Sur les marchés, et à l’heure de la mondialisation de l’information, l’adage selon lequel à choisir il vaut mieux avoir tort avec tout le monde que raison tout seul reste plus que jamais la règle.

NB: finalement, ne vous y trompez pas ... avec ces quelques remarques dans mon style “heurté”: je suis de votre avis.

Réponse

Les Raisins De la folie

  09/05/2010

A Francis Lambert:

Bonjour et merci pour votre réponse. Permettez que j’y réponde de manière haché:

“” les marché ne “dictent” pas, ils prêtent ou non” et bien non : les marchés achètent ou vendent. ”

Je ne vois pas vraiment la différence. Lorsqu’on achète une obligation d’Etat on prête à celui-ci. Bien entendu, en bon vampire, la banque vous prendra des commissions, mais au final vous prêtez.

“Ce sont les organismes financiers (banques anglo-saxonnes en majorité) qui créent les produits. Ils ne se gênent pas pour créer et distribuer les produits les plus pourris ! Nos grandes banques sont les premiers clients ! Pour les emprunts ils ont un “credit rating”, des conditions multiples, des échéances et des sanctions ... ce seraient les demandeurs ou les endettés qui leurs imposeraient des conditions ? Eux qui sanctionneraient ou mettraient les banques à la porte en cas de non-paiement ? “”

Tout ceci et bien connu; je dirais juste qu’elles ne font pas que créer des produits, mais servent aussi d’intermédiaire pour ce qui est des actions et obligations. Mais pour revenir à mon poste précédent, qui à choisit de s’endetter auprès d’elles ? Qui à choisit de se mettre une laisse autour de son cou ? Qui achète ces produits ? Qui autorise ces établissements à faire ce qu’ils veulent ? Bien sûr je suis d’accord avec vous pour dire que les “bankster” sont des vermines qui non seulement n’apporte rien à la société mais en plus la détruit de l’intérieur. Cependant, encore une fois ne confondons pas cause et conséquence: lorsqu’un particulier achète un pavillon au-dessus de ses moyens à crédit ou lorsqu’un Etat préfère combler un déficit par un emprunt plutôt qu’une hausse des impôts ou une baisse des dépenses, et bien ce sont eux qui déclenche l’acte, pas la banque. Il faut arrêter d’infantiliser tout ces gens, ce sont des adultes responsables de leur actes et qui par définition doivent les assumer. A la rigueur je préfèrerais qu’ils disent “nous avons été irresponsable certes, mais nous ne rembourseront pas, na !”, plutôt que “tout est de la faute de ces méchants banquiers, nous ne sommes que de pauvres brebis, snif”. Pareil pour les législations favorables à ces vampires: la Chine ou la malaisie par exemple contrôlent très étroitement les sorties de capitaux de leurs territoires, le résultat est que durant la crise des monnaies asiatiques de 1997 ils n’ont pas été manipulé par les fonds spéculatifs.

“Dernier point: la psychologie est déterminante dans les marchés ... et terrifiante en cas de crise ! Vous parlez d’efficience ! C’est la pire méthode: une véritable maison de fous, le règne des flibustiers, y a t’il un index des suicides de traders et autres boursicoteurs ? “

Je vous prie de relire mon poste précédent, je n’ais à aucun moment affirmer que les marchés étaient “efficient”.

Ceci étant vous soulevez un point intéressant avec cet aspect de la psychologie des marchés. Pour ma part je pense effectivement que les marchés peuvent (ils ne le sont pas forcément toujours), être complètement irrationnels.

Cependant, j’ajouterais une nuance de taille: cette irrationalité ne dure rarement très longtemps. Tôt ou tard le marché prend conscience d’un écart avec la réalité. et une correction s’effectue (souvent brutale). Sur le court terme tout le monde suit la tendance, mais justement un bon trader est celui qui sent le moment où ce court terme émotif se termine. Je pense donc que sur le long terme le marché à toujours raison (le long terme pouvant selon la nature de l’actif varier de plusieurs mois à plusieurs décennies).

Je trouve le concept de profession auto-réalisatrice très séduisant mais préfère le prendre avec beaucoup de précaution. Pour ce qui est de la Grêce ou de l’Espagne, je pense que ce concepte ne s’applique pas du tout: leurs finances sont dans un état tout simplement exécrables. Il est donc tout à fait normale que leur créanciers se demendent si ils vont un jour revoir leur argent. Ce qui est étonnant, et c’est là où l’on revient à l’irrationalité sur du court terme, c’est que ces créanciers s’en aperçoivent aujourd’hui alors qu’on le savait depuis des années…

"la négation même du concept de marché" et "Y a-t-il un adulte dans la salle ?"

Francis Lambert

  11/05/2010

@ guillaume.honlilion: suite et, je suggère, fin ?

* “les marché ne “dictent” pas, ils prêtent ou non” et bien non : les marchés achètent ou vendent. ” - je ne vois pas vraiment la différence.
- D’accord ce maillon d’une chaîne n’est pas le plus important.

* Concernant la “pertinence” des marchés je ne peux que renvoyer au même praticien (Philippe Béchade, ses chroniques sont aussi plaisantes qu’instructives, voir l’historique).

* “cette irrationalité ne dure rarement très longtemps” ... oups ? Voir l’histoire boursière notamment. La crise “rapide” sanctionne une longue irrationalité (Greenspan parlait d’éxubérance lors de la “crise Internet” après quelques années de bulle).

Et cela change fort: extrait récent, http://www.la-chronique-agora.com/articles/20100510-2720.html
“La béatitude surréaliste des marchés de la mi-février à la mi-avril a volé en éclats. S’y ajoute à présent la crainte de voir les ordinateurs livrés à eux-mêmes sans le moindre contrôle humain déclencher des cataclysmes boursiers sans même que les événements que redoutent les marchés ne se matérialisent.
(...) Le mythe de la capacité du marché à fixer le juste prix (parce qu’il synthétise toute l’information disponible) a définitivement disparu.
La démonstration a été faite jeudi que la principale information servant à fixer un cours… c’est le cours lui-même. Il s’agit là de la négation même du concept de marché.

* “qui à choisit de s’endetter auprès d’elles ?”
- choisir ? ... c’est le gros problème. Les marchés n’informent pas, ils soufflent et les chalands suivent, les banques font au mieux de la publicité pour leur bazar (y a de tout) ... où commence la tromperie ? Pensons aux subprimes, pensons à tous les produits pourris achetés voracement par les “spécialistes financiers” de nos plus grosses banques : les USA ont exporté leurs cochonneries financières dans le monde exactement comme la Grande Bretagne a exporté ses vaches folles et autre “prions” en europe continentale ... même après les interdictions chaotiques des nabots d’europe toujours aussi dépassés.

* Grêce, Espagne, dettes “souveraines” ... tous presque ... d’accord et voici de quoi s’amuser (?) : “Y a-t-il un adulte dans la salle ?”
http://tropicalbear.over-blog.com/article-y-a-t-il-un-adulte-dans-la-salle-50111946.html

D’un progressiste Américain

geo

  13/05/2010

http://fbc.binghamton.edu/280fr.htm

(…….)

dans l’immédiat, l’Europe semble également, par certains aspects notables, être en train d’imploser. Les noms de code de cette implosion sont « Grèce » et « Belgique ».

(……..)

Des deux menaces d’implosion, celle symbolisée par la Grèce est la plus facile à résoudre. Foncièrement, elle requiert juste que l’Allemagne se rende compte que ses besoins sont mieux satisfaits par un protectionnisme européen que par un protectionnisme allemand.
La crise belge pose une question bien plus fondamentale. Si l’Europe était prête, sur-le-champ, à aller dans la direction d’un Etat véritablement fédéral, elle pourrait absorber le choc de l’éclatement de n’importe lequel des Etats existants. Mais elle n’y a pas été prête jusqu’à présent.
(…………)
On perçoit bien une certaine Schadenfreude, une « joie mauvaise », chez des dirigeants états-uniens trop heureux des difficultés de l’Europe. Ce qui peut toutefois sauver l’Europe de l’implosion, c’est précisément la menace sans cesse grandissante d’une implosion des Etats-Unis. L’Europe et les Etats-Unis sont assis chacun d’un côté d’une balançoire, où quand l’un monte, l’autre descend. Comment cela évoluera dans les deux à cinq prochaines années n’est pas du tout clair.
Immanuel Wallerstein

Responsabilité sur le long-terme

Les Raisins De la folie

  15/05/2010

A Francis:

“@ guillaume.honlilion: suite et, je suggère, fin ?”

Comme vous voulez, personnellement ça me dérange pas de continuer du moment que le débat reste constructif et amical.

- “D’accord ce maillon d’une chaîne n’est pas le plus important”.

Pour moi il est important dans le sens où l’on oublie très souvent que la finance c’est du prêt. Il est tout à fait légitime de dénoncer et d’être choqué devant les inégalités de capital/patrimoine, mais reprocher au détenteurs de ce dernier de ne pas vouloir investir dans des investissements pourris (comme les obligations des Etats “développés”) me parait plus que farfelue.

““cette irrationalité ne dure rarement très longtemps” ... oups ? Voir l’histoire boursière notamment. La crise “rapide” sanctionne une longue irrationalité (Greenspan parlait d’éxubérance lors de la “crise Internet” après quelques années de bulle).”

Dans mon poste précédent je précise bien que la notion de “long terme”  dépend de la nature de l’actif. Par exemple le marché de l’or par rapport au USD fluctue grosso-modo sur des cycles de 15 ans. En 2001 ce marché a atteint un plus-bas “irrationnel” qui se corrige depuis et continuera probablement vers un pic tout aussi irrationnel entre 2014 et 2016. L’exemple le plus extrême est sans doute les bons du trésor américain qui peuvent rester dans l’irrationnel pendant plus de 25 ans. On a sans doute atteint un plus bas (en terme de taux) en 2009.

“Le mythe de la capacité du marché à fixer le juste prix (parce qu’il synthétise toute l’information disponible) a définitivement disparu.”

Encore une fois: sur le court/moyen terme oui, sur le long terme, non (même si ce long terme peut mettre 30 ans avant de se manifester !).

“- choisir ? ... c’est le gros problème. Les marchés n’informent pas, ils soufflent et les chalands suivent, les banques font au mieux de la publicité pour leur bazar (y a de tout) ... où commence la tromperie ?”

Je persiste et signe: oui tout le monde a choisit. Que ce soit des particuliers, des banques, des entreprises, des municipalités, des Etats, ils ont tous choisit d’acheter OU PAS tel produit, de s’endetter auprès de tel établissement ou investisseur OU PAS. La preuve ? Le crédit agricole a une exposition gigantesque à l’économie grec comparé à la BNP. Pourquoi ? Parce que les dirigeants de ces deux établissements n’ont pas fait le même choix. Pareil pour les Etats. Pourquoi la Norvège bénéficie d’un taux d’intérêt plus bas pour emprunter alors qu’elle n’est même pas dans l’euro ? Parce qu’elle l’est très peu et qu’elle a toujours remboursé ses créanciers, à temps. C’est un choix, elle a préféré ne pas bénéficier de crédit facile et de ne pas endetter sa population, la Grèce n’a pas fait ce choix… Pour reprendre les termes de dedefensa, il y a ceux qui ont choisit de succomber aux sirènes du vitualisme anglo-saxon, et les autres…

“Y a-t-il un adulte dans la salle ?” 

Article intéressant qui montre bien ce phénomène de virtualisme et d’irresponsabilité de certaines démocratie dite “modernes”. Je dirais par contre qu’il occulte le vrai problème économique actuel: on produit trop (ou on travail trop), et nos économies sont basés sur des matières premières qui sont en nombre finis. Il ne s’agit pas que du pétrole mais aussi du cuivre, du fer, de l’aluminium, de l’uranium, etc qui sont tout aussi “indispensables” à l’économie de surconsommation dans laquelle nous vivons. Mais là je m’éloigne…

ils émergent, alors ré-émergeons avec eux comme clients

Francis Lambert

  18/05/2010

@ guillaume.honlilion

je reçois bien toutes vos remarques. J’en profite pour signaler un résumé intéressant de la crise la recadrant vers UK et son vrai poid-lourd US. 

Crise souveraine : Tragédie grecque ou mondiale ?
http://www.daily-bourse.fr/analyse-Crise-souveraine-Tragedie-grecque-ou-mondiale-vtptc-9803.php

“Mondiale” car beaucoup se réfugient sur les marchés émergents, surtout obligataire ... ils ont les revenus, eux, pour rembourser des dettes souveraines.
Nous autres, comme les grecs actuellement, leurs soldent des actifs (comme des ports.)
Quel retournement en cours depuis plus de 10 ans.