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Article : (En)Jeux nucléaires

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Dr Folamour

hervek

  09/04/2015

J’ai revu le film hier soir :-)

Il y a 2 choses qui me frappe en lisant votre texte

1. la prise de conscience progressive de la disparition des alternatives chez le président US mais aussi chez le Gal Turgidson, ce qui n’empêche pas ce dernier de rebondir à chaque étape avec sa logique anti communiste.
2. l’enchainement des délabrements de la situation qui échappe aux protagonistes

Étonnant aussi la discussion sur l’humanité enfermé dans des mines et ou finalement l’argument le plus fort, non dit, ce n’est pas la survie de l’humanité mais la possibilité pour ses hommes puissants de se “taper” 10 minettes. Ça fait écho aux 72 vierges des paradis musulmans ...

2016 is going to be the crunch year

perceval78

  09/04/2015

Anne Applebaum le dit bien dans son dernier article lien
In the 1980s, the Soviet leadership was terrified that a cowboy in the White House might just flip a switch and send a missile ... Ninety-nine percent of nuclear strategy is a stupid psychological game, which no one plays with enthusiasm. But if you refuse to play it at all, then you lose.

Puisqu’il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, les américains préparent et empilent les plans. Mark Galeotti, professeur à la New York University, pense que l’année 2016 sera terrible pour Poutine, le timing est bon (du point de vue S-500)
lien, il lui arrivera ce qui est arrivé à Khrushchev, la crise des missiles et hop ... c’est fini ... enfin dans le principe ...

AT: How might that kind of crisis cause Putin to lose power? What does the process look like?
MG: It would be a sense among the elites that he was no longer an asset but a danger.The best parallel would be the ouster of [Soviet Premier Nikita] Khrushchev in the Soviet era [in 1964]. He came to power on the basis of an
elite consensus that he could run the country in their interests, but then he became increasingly erratic. He got the Soviet Union involved in the Cuban missile crisis, and made a whole bunch of bad decisions that impacted the Soviet economy.

Pour réussir cette guerre psychologique , il faudra évidemment recourir aux vieux remèdes, RFE/RL et Voice of America
lien, références ultimes de la presse dite libre lien.

Et puis il faudra préparer une suite, à quoi bon virer Poutine si c’est pour mettre pire à la place. Les américains ont un candidat idéal, Khodorkovsky, celui là même qui projette de lancer une nouvelle télé en Russie, elle s’appellera 5th Power lien.
Cette chaine coûtera chère, 5 milliards, mais si le susdit individu devient président, on ne doute pas que l’affaire Yukos avancera d’un grand pas lien, c’est ce que les américains appellent le Win-Win ...

Yellowstone...

Jack v.

  09/04/2015

Les Russes ont déjà leur idée sur la façon de frapper où cela fait (très) mal ... Les USA seraient pratiquement effacés de la carte du monde.

La région du parc de Yellowstone est centrée sur une caldera qui est le reliquat de l’explosion d’un ancien super-volcan qui se réveille de temps en temps.

Actuellement, le monstre est en train de se réveiller et il suffirait peut-être de quelques secousses nucléaires bien senties pour qu’il sorte de son sommeil en sursaut et de très mauvaise humeur et que la civilisation yankee ne subsiste plus que dans les livres d’histoire.

Si l’opération rate, il reste la possibilité de titiller la faille de San Andréas…

N’est-ce pas tentant, malgré les risques ?

En tout cas, la façon dont les Russes mettent en avant cette possibilité, laisse penser qu’ils s’adressent directement au public US pour lui suggérer de faire quelque chose pour mieux tenir ses militaires.

5 milliards?

Eric Gaillot

  09/04/2015

@perceval78
Au sujet du nouveau média que pourrait créer Khodorkovsky pour prendre la place de Poutine (et qui n’est, pour l’instant, qu’une rumeur), le montant affiché sur son site web tourne plutôt autour de $ 5 millions ($ 5,289,000 exactement). C’est déjà pas mal pour un projet voué à l’échec…
source: http://russia-insider.com/en/khodorkovsky-allocates-5-million-launch-new-media-outlet/5422

S-500 et réalités techno-stratégiques

Alexis Toulet

  10/04/2015

La référence assez sidérante en effet à Le May comme modèle pour notre époque, ainsi que les réflexions sur la manière dont peut être vue une telle référence depuis Moscou, sont intéressantes et effectivement inquiétantes.

Quelques notes s’imposent cependant sur le système S-500 et plus généralement la situation stratégique russe et autre.

Sur le S-500 :

1. Les remarques de Pepe Escobar “S-500 anti-missile missiles and anti-aircraft missiles can intercept any existing ICBM, cruise missile or aircraft. S-500s travel at 15,480 miles an hour; reach an altitude of 115 miles; travel horizontally 2,174 miles; and can intercept up to ten incoming missiles. They simply cannot be stopped by any American anti-missile system.” démontrent une chose de manière convaincante.

C’est que Pepe Escobar ne sait pas de quoi il parle.

Premièrement le chiffre de portée horizontale est incohérent avec une interception antimissile, deuxièmement il n’est pas question que le S-500 soit “stoppé par un anti-missile américain”... puisqu’il est lui-même un antimissile, troisièmement “any existing ICBM” est faux car ne concernant pas les balistiques longue portée que le S-500 ne peut intercepter.

2. Le système S-500 n’a PAS la capacité de stopper une frappe balistique un peu décidée, non seulement parce que les leurres terminaux pourraient le tromper, et encore parce qu’il est limité en vitesse terminale de ses cibles, mais encore de plus parce que la capacité à détruire 10 cibles est de toute façon insuffisante étant donné qu’un seul SNLE américain pourrait transporter plus de 300 têtes nucléaires aux limites de sa capacité, et presque 200 sans aller à ces limites.

Sur la thèse de “primauté nucléaire” de 2006 qui fit tant de bruit :

3. Les auteurs Lieber et Press, dont le CV est consultable en ligne, sont tous deux des docteurs en sciences politiques. Ils n’ont ni formation et expérience stratégique, ni formation et connaissances scientifiques ni d’ingénieur.

En termes français, ce sont deux diplômés de Sciences Po qui ont essayé d’expliquer la vie à des X et des diplômés de l’Ecole de Guerre. Le résultat est… comment le dire de manière gentille et polie…

Ah, j’y renonce. Disons seulement qu’il est bon pour chacun de rester dans son domaine de compétence.

4. Leur étude de 2006 reposait sur deux hypothèses sans lesquelles, ils le reconnaissaient eux-mêmes, ses conclusions ne pouvaient tenir :
a) Que les SNLE russes ne patrouillaient pas en permanence et qu’une Amérique choisissant l’agression pourrait détecter le moment où ils étaient tous au port
b) Que les balistiques mobiles russes ne patrouillaient pas, restant à la base à attendre passivement leur destruction préventive comme le reste des balistiques installés en silo

Ceci sans parler des autres critiques que cette étude mérite, naturellement. Notamment d’ignorer toute friction qui est pourtant le propre de l’action de guerre c’est le B.A. BA de tout livre de stratégie, d’ignorer toute mesure préventive que pourrait décider Moscou en cas de crise internationale, d’ignorer le risque de l’espionnage et de la fuite d’information… Voir le point 3 pour rappel.

5. Les deux hypothèses qui en 2006 pouvaient à l’extrême limite présenter une certaine vraisemblance à certains moments sont en 2015 à l’évidence non vérifiées :
- Depuis 2012 la Russie, à l’image de la France et de la Grande-Bretagne, fait à nouveau patrouiller en permanence 1 à 2 SNLE
- Pas d’information ouverte sur les cycles de patrouille des balistiques mobiles russes, mais vu l’augmentation de leur nombre depuis un certain nombre d’années, il est évident qu’ils doivent patrouiller - sinon, pourquoi les avoir acheté ?

Sur la situation générale de notre civilisation :

6. La stabilité de l’équilibre dissuasif, comme toute stabilité de quelque système ou situation que ce soit, n’est que conditionnelle et repose sur un certain nombre de présupposés.

L’un de ceux-ci, peut-être le principal, est celui d’une compétence minimale des décideurs, ou plus précisément de leurs conseillers.

Je ne suis personnellement pas inquiet outre mesure, car l’Amérique, comme la Russie comptent un grand nombre de gens compétents, par exemple d’ingénieurs et de chefs militaires qui savent vraiment de quoi ils parlent. Dans une crise future, un président américain ne pourrait manquer une fois entendu les éventuels clowns du type Lieber / Press de se retourner vers les chefs de son armée et ses conseillers techno-scientifiques en leur demandant “Mais dites-moi, est-ce que vraiment cela pourrait marcher ?”

Suite à quoi ils pourraient répondre “Monsieur le Président, étant donné que vous ne nous avez pas invité à un dîner de c..s, pourrais-je vous demander, avant de vous donner ma réponse, de bien vouloir faire sortir de la salle mon estimé collègue qui vient de parler ?”

7. Si la condition minimale et facile à remplir du point 6 n’est pas vérifiée, alors une résidence dans la campagne du Montana est préférable à l’appartement le plus luxueux de New-York, et une isba au fond de la Sibérie Orientale au plus bel appartement moscovite.

Anti-missiles, première frappe et frappe en retour

Jean-Paul Baquiast

  12/04/2015

Sans être spécialiste, je pense que Alexis Toulet a raison. Aussi perfectionné que soit l’anti-missile S 500, il ne servirait à rien en cas d’attaque massive de missiles intercontinentaux à tête nucléaire, ce dont serait capable, comme il l’écrit par ailleurs, un SNLE américain patrouillant non détecté dans l’immense étendue des mers. A plus forte raison si plusieurs de ceux ci attaquaient en même temps.

La seule non pas défense mais réaction serait pour les Russes de faire immédiatement entrer en action leurs propres SNLE, qui eux aussi patrouillent en permanence et non loin des côtes US. Dans ce cas la 1e frappe US détruirait à coup sur une partie de la Russie, mais la frappe en retour russe détruirait pratiquement tous les Etats-Unis.

Ce serait certes la MAD, mais avec une grande chance pour la Russie, au territoire plus étendu,  de s’en sortir mieux, après la fin des retombées et de l’hiver nucléaire.

Bien sur, ce serait de toutes façons la fin de nos civilisations respectives, mais ce qui resterait des Russes repartiraient d’un meilleur pied que les Américains, car ils sont plus rustiques. Resterait aussi la Chine. Quant à l’Europe, n’en parlons pas.
Donc si je ne me trompe pas dans cette analyse, il faudrait que les stratèges US soient complètement fous pour ne pas la faire.

Qu’en pensez vous?

G. Friedmann de Stratfor, nous dit à peu près tout

pierre

  14/04/2015

Voilà une vidéo qui devrait intéresser M. Philippe Grasset.
bonne lecture.

https://www.youtube.com/watch?v=emCEfEYom4A

Extraits du discours de George Friedman, directeur de la société de renseignement et d’analyse Stratfor, dite la « CIA de l’ombre », au Council on Foreign Relations de Chicago.
Dans son discours au Council il explique comment Washington peut conserver sa domination sur la planète. Il identifie également les ennemis potentiels des USA.

Friedman voudrait que le monde actuel soit exclusivement sous le contrôle direct ou indirect des USA
Le président de Stratfor déclare que les USA n’ont pas de relations avec l’Europe. « Nous avons des relations avec la Roumanie, la France et ainsi de suite. Il n’y a pas d’Europe avec laquelle les USA ont des relations quelconques”. Cela rappelle forcément la conversation de la sous-secrétaire d’Etat Victoria Nuland avec l’ambassadeur des USA à Kiev en 2014. Nuland avait alors expliqué à son interlocuteur en des termes très crus ce qu’elle pensait de l’Europe unie et de ses dirigeants: https://www.youtube.com/watch?v=2-kbw... 33] Plus tard, elle a présenté ses excuses pour la forme de ses propos, mais pas sur le fond. Il faut savoir que Mme Nuland est une lectrice des notes analytiques de Stratfor.
« Les USA contrôlent tous les océans de la terre. Personne n’avait encore réussi à le faire. Par conséquent, nous pouvons nous ingérer partout sur la planète, mais personne ne peut nous attaquer. Le contrôle des océans et de l’espace est la base de notre pouvoir”, a déclaré Friedman à Chicago,
Selon lui, “la priorité des USA est d’empêcher que le capital allemand et les technologies allemandes s’unissent avec les ressources naturelles et la main d’œuvre russes pour former une combinaison invincible”.Créer un “cordon sanitaire” autour de la Russie permettra à terme aux USA de tenir en laisse l’Allemagne et toute l’Union européenne

s-300 et souveraineté

claude belizere

  14/04/2015

Clin d’oeil aux mistral aussi peut-etre…