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Article : Ekaterinbourg, ou l’anti-G-2

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Du coup, je me permets...

Alain Vité

  19/06/2009

Votre article sur l’évolution comparée de l’OCS et l’Occident me donne le courage de proposer la petite idée qui suit, ce n’est pas grave si ça ne paraît pas sérieux.

Les soubresauts actuels de notre civilisation m’apparaissent comme une évolution normale de l’humanité, au même titre que les transitions démographiques européennes des XIX et XXè siècles.

Pendant des millénaires, l’être humain s’est reproduit sans relâche pour compenser la forte mortalité. Au XIXè siècle, l’économiste Malthus a affirmé que l’humanité étoufferait sous elle-même avant un siècle, la mortalité baissant fortement avec le développement industriel, pendant que la natalité restait aussi prolifique qu’avant.

La suite a prouvé le contraire en Europe : la démographie s’est stabilisée par ajustement de la natalité. C’est ce qui s’est produit et se produit aussi dans chaque région du monde qui s’industrialise, à son rythme. D’où il ressort que les “courbes de Malthus” sont en fait des “anti-courbes de Malthus”, au même titre que le manichéisme est en fait de l’anti-manichéisme, etc. comme souvent mais ce n’est pas le sujet.

Ces transitions nécessitent quelques générations.

Depuis des millénaires, nous répétons que “l’homme est un loup pour l’homme”, “foncièrement un prédateur dangereux”, etc. C’est normal puisque nous n’avons connu que ça, au même titre qu’avant les transitions démographiques, nous ne connaissions que la natalité démesurée répondant à une mortalité démesurée.

L’humanité est comme toute espèce vivante, déterminée à survivre. S’il faut mourir en couche pour que l’espèce survive, mourons en couche. S’il faut se battre entre nous, battons-nous.

Pendant longtemps, il n’y en a pas eu pour tout le monde, la concurrence était inévitable et que le meilleur gagne. Guerres, luttes, intrigues, manoeuvres et compétitions… Depuis environ 40 ans, nous avons franchi le cap de la survie pour tous. Techniquement, nous aurions le moyen de tous manger à notre faim et vivre assez longtemps pour voir naître nos petits-enfants, sur tout le globe. Seulement l’Histoire pèse sur les mémoires et changer d’habitude ne se fait pas en un jour.

Ca demande quelques générations, le temps que les vieilles rancoeurs meurent avec les vieux qui les portaient, que les générations intermédiaires polluées par le passé et incompétentes devant l’avenir passent puis trépassent, que les -enfin- nouvelles générations arrivent aux responsabilités.

Nous en sommes là. Les héritiers de la Guerre froide sont hégémonistes et encore là, les évolutions technologiques sont telles qu’ils ne peuvent rien en comprendre, et qu’elles les terrifient au point de ne penser qu’à se les approprier pour gagner toujours plus de compétitions. Etant données la puissance desdites technologies et les mains qui les détiennent, les dégâts sont considérables dans toutes es directions, c’est effectivement là le point critique.

La nature même de la compétition est qu’à la fin, il n’en reste qu’un, ce que personne ne dit pourtant jamais.

(Le partage de l’information et des connaissances par tous, l’agriculture abondante partout, le voyage à portée de tous, la médecine abordable… Et l’élitisme, alors ?! ça c’est une valeur historique, inaliénable et incessible de la pensée compétitrice.

Le bloc occidental est enfermé dans sa position dominante et c’est normal : c’est cette pensée dominatrice qui l’a porté pendant des siècles et en a fait la civilisation la plus prospère et la plus sûre pour ses populations. Espérance de vie, alphabétisation, sciences, prospérité, confort… tout cela est associé pour nous au sentiment de notre puissance. Perdre celle-ci serait perdre tout le reste, croyons-nous.

Je me demandais comment se manifesterait ce nouveau saut de civilisation, sachant que l’Occident est encore totalement aveuglé par le mirage nord-américain, et voici poindre l’organisation de coopération de Shanghaï (OCS)

A part pour ceux qui ne veulent pas partager leur jouets pourtant s trop nombreux, on dirait bien que tout se passe bien pour l’évolution humaine, donc.

Heu… voilà voilà.

Telescopages et force de l'histoire

Ni ANDO

  19/06/2009

Télescopages de l’histoire russe

L’époque est charnière en Russie et, dans le monde symbolique, la courbe ascendante de la nation russe croise la courbe descendante du soviétisme alors qu’ailleurs dans le monde une forme de soviétisme moral et culturel semble être devenue une sorte de norme.

Deux télescopages récents montrent avec une certaine ironie les changements historiques réalisés.  Chacun sait qu’à Iekaterinbourg (la “ville de Catherine”), appelée Sverdlovsk du temps de l’URSS, du nom d’un chef local de la Tcheka (drôle de régime qui donnait aux villes russes des noms de tueurs professionnels), furent massacrés dans une cave le 17 juillet 1918 l’empereur de Russie, l’impératrice, leurs cinq enfants (dont la plupart des filles servirent lors de la Première Guerre mondiale comme infirmières volontaires dans les hôpitaux militaires), les domestiques attachés, le médecin personnel et le secrétaire particulier. En ordonnant ce massacre peu ragoûtant Lénine savait ce qu’il faisait: l’extermination de la famille impériale c’est celle de l’empire russe, qui ouvre la possibilité de créer sur les décombres de cet empire un monde nouveau présenté comme égalitaire et transnational. C’est donc aussi le début d’un processus qui mettra sous le boisseau la nation russe (au terme d’une guerre civile qui fera de 6 à 12 millions de morts, soit la guerre civile européenne la plus sanglante de l’histoire) et qui n’aura plus voix au chapitre jusqu’à la dissolution volontaire de l’Union (son dynamisme démographique, ses talents particuliers seront exploités par le régime mais les expressions du nationalisme russe seront impitoyablement pourchassées et réprimées). C’est à Iekaterinbourg que viennent de s’achever les réunions du BRIC et de l’OCS, où le principe de la priorité de la souveraineté nationale a été implicitement reconnue et où, pour la Russie, il y a la tentative de la récréation non pas d’un empire mais d’une sorte de vaste zone de coopération mutuellement profitable, incluant également des possibilités d’action sur un plan militaire, le tout étant impulsé par cette nation russe en pleine ré émergence.

Le deuxième fait est encore plus symbolique et montre le retournement accompli, en particulier sous l’impulsion d’un Poutine, curieux personnage en fin de compte. L’armée russe moderne a été fondée par le tsar Pierre 1er (Pierre le Grand), avec la création des régiments Préobrajenski et Semeniovski autour de 1700. Ces unités portent une charge symbolique très forte en Russie. Elle firent toutes les campagnes de 1700 à 1917, et sont intimement associées à la création et au développement de l’empire de Russie (ainsi qu’à l’émergence donc d’un pouvoir russe en Europe). Leur composition était socialement très marquée (recrutement exclusivement réservé à une aristocratie disposant de privilèges d’un autre temps en 1914 mais qui versa son sang avec une folle générosité sur les champs de bataille du front russo-allemand de 1914 à 1917). Dissous par Lénine après le coup de force d’octobre, la plupart de leurs officiers sont atrocement torturés, massacrés. Lors de la parade du 9 mai 2009 sur la place rouge il y a une unité de six officiers portant deux drapeaux (celui de la Fédération de Russie, et le drapeau rouge de l’armée russe) qui remonte tout le front des troupes. Elle porte des uniformes aux couleurs du Préobrajenski. Les quatre orchestres militaires rassemblés sur la place rouge jouent alors l’air du Préobrajenski. C’est l’unité qui ouvre toute la parade, la première à défiler et c’est sa musique qui est jouée en premier. En remontant la place rouge les six porte-drapeaux passent devant le mausolée où se trouve encore la dépouille de Lénine qui avait ordonné leur destruction en 1918.

     

Why Most Things Do Not Matter

Francis Lambert

  19/06/2009

Imagine you are on the Titanic, and the ship is sinking after sideswiping an iceberg. Does it matter if you need a haircut? Should you be worrying about your investments? Under life-and-death circumstances, only life seems to matter. (...)

Cold bureaucratic words seem harmless enough, like the ocean rolling endlessly along. But sometimes whole icebergs are hidden in such words. The recent meeting of the BRIC countries is a good example. (...)

To make a revolution that will ultimately kill billions of people through starvation, famine and war, you must emphasize “fairness.” There is no better slogan for promoting global catastrophe. Here is a thinly disguised assault on the U.S. dollar, capitalism and the protecting hand of America. (...)

No country is perfect, of course; but the intentions of the United States are not those of China or Russia. The strategic misdirection of these two countries will ultimately produce the most devastating war that the human race has yet experienced. BRIC is part of that strategic misdirection.

Much of the poison that circulates on the internet, entering our political discourse, belongs to that same mode of information warfare once referred to as “active measures.” Consider, in this context, the words of yet another Chinese general, Li Jijin: “Unconsciously accepting an opponent’s strategic misdirection causes a nation to be defeated or collapse, and not know why.” (...)

As General Chi explained to his Party comrades four years ago, “Death is the engine that moves history forward.” This totalitarian admonition is not put forward as a principle of American foreign policy, but as a hint regarding Chinese and Russian intentions. (...)

by J. R. Nyquist

http://www.financialsense.com/stormwatch/geo/pastanalysis/2009/0619.html

Ouh la ... Il n’a vraiment pas l’air d’aimer. Peut être même un peu parano ?
What thing does matter then ?
Couler l’ennemi avant que son Titanic ne sombre ?

Quelqu'un enfin ?

Père Iclès

  20/06/2009

“Plutôt que gémir d’un plaisir fort incertain d’avoir rejoint “la famille occidentale” en réintégrant l’OTAN, – dérision pour dérision, – les Français feraient mieux de demander une place d’observateur aux réunions de l’OCS; elle leur serait sans aucun doute accordée par les Russes et les Chinois, et avec les honneurs; Russes et Chinois, eux, se rappellent des conceptions du général de Gaulle.)”

Bonne remarque ! Les crétins fanatiques sauront-ils saisir cette chance ?