• La série des “Carnets” abrite, dans dedefensa.org, les écrits de commentaires personnels d’invités du site. • Sur ce qu'on nomme “les réseaux” ou “la toile”, il s'agit de ce qu'on désignerait en général comme un blog. • Les “Carnets”, ce sont donc les blogs des invités de dedefensa.org dont nous jugeons, en plein accord avec eux et à l'avantage et à la satisfaction de chacune des parties, qu'ils peuvent devenir des collaborateurs réguliers du site. • Il n'y a pas de limites aux sujets abordés et pas de sujets précisément assignés à ces collaborateurs : les seules exigences concernent la forme et la décence du propos, la responsabilité dans le développement du propos. • Sur le point très important du fond des textes, nous disons que dedefensa.org donne comme règle de ces “Carnets” une orientation générale des domaines abordés trouvant ses aises dans celle dont le site fait à la fois l'usage et la promotion. • Pour autant, il y a une règle impérative qui domine toutes les autres. • Il n’est pas assuré que tous les propos des invités soient dans le sens de ce qu’écrit et pense dedefensa.org, et il ne peut en aucun cas y avoir assimilation, de ce qu’écrivent nos invités avec la signature du site : l’invité est seul responsable intellectuellement de ses propos. • Il s'ensuit, cela va de soi et selon la formule consacrée, que les propos dont nous parlons n’engagent en rien et en aucune façon dedefensa.org, essentiellement bien sûr dans ce domaine intellectuel et de l'opinion. • Ces éventuelles différences et divergences ne seraient pas nécessairement signalées mais elles le seraient en cas de publicité dans ce sens ou de toute autre nécessité, avec conséquences ou pas c'est selon. • Le site décide, espérons-le en bon accord avec ses invités, des conditions diverses et de l’application des règles énoncées ci-dessus de publication de leurs écrits. (Précision technique enfin valant pour toutes nos collaborations extérieures, qui est un classique de la collaboration extérieure à un média : titres et intertitres sont de la seule responsabilité de la rédaction. Les auteurs proposent titres et inter-titres et la rédaction se réserve de les modifier dans leur formulation, bien entendu sans en déformer le sens.)
• Les Carnets de Nicolas Bonnal sont tenus par l'écrivain, essayiste et commentateur dont on peut trouver une présentation dans le Journal-dde.crisis de Philippe Grasset, le 2 octobre 2016. • Les livres de Nicolas Bonnal sont disponibles sur sa page Kindle/Amazon à l'adresse URL suivante:
L’État en France, la bureaucratie à Bruxelles, l’administration Trump deviennent fous, liquidant/ruinant leur population, menaçant le reste du monde.
Un rappel…
Hans-Hermann Hoppe, philosophe allemand, disciple de Murray Rothbard, est un libertarien traditionnel, un guénonien en quelque sorte, qui remet radicalement en cause les soi-disant acquis de notre modernité. Autant dire qu’il ne plaira pas à tout le monde : pour lui le système produit un phénomène de dé-civilisation dont on voit les effets terminaux en Europe comme en Amérique (effondrement moral, démographique, culturel, spirituel, et même socio-économique). Le phénomène se mondialise : voyez l’Asie et son déclin culturel et démographique (-30% de chinois en 2100, disparition de la Corée et du Japon, etc.).
Le monde moderne nous a fait dégénérer en vertu de la perversion étatique qui a fabriqué le troupeau timide dont parle Tocqueville. Cet État nous ôte la peine de penser (BFM) et de vivre (euthanasie) vit à notre place et nous zombifie, nous privant de notre force vitale. Mais voici comment Hoppe en parle :
« Parmi les mesures les plus importantes en matière de politique sociale, citons l’introduction de la législation de « sécurité sociale », telle qu’elle a été introduite dans les années 1880 dans l’Allemagne de Bismarck, puis est devenue universelle dans tout le monde occidental à la suite de la Première Guerre mondiale. La tâche de devoir prendre en charge son propre âge, la portée et l’horizon temporel de l’action provisoire privée sera réduite. »
L’état bismarckien puis la sécu anéantissent la famille :
(Suite)
C’est un grand moment de l’histoire de la pensée antimoderne. Freud, qui est souvent plus conservateur qu’on ne croit, se déchaîne contre le traité de Versailles, la disparition des empires centraux et l’abominable Wilson, qui voulait faire du monde un lieu sûr pour la démocratie occidentale ; et comme on sait cette démocratie préfère anéantir le monde que ne pas l’avoir fait TOTALEMENT à son image.
L’universitaire et psychanalyste Mark Stafford écrit dans un texte hélas trop bref qu’il est indispensable de relire et méditer :
« Je m’apprête à découvrir à quoi ressemble vraiment un porc-épic. »
Remarque attribuée à Freud avant son départ pour les États-Unis sur le vapeur George Washington en 1909 (ce même paquebot qu’empruntera le président américain Woodrow Wilson, dix ans plus tard, pour, selon lui, garantir la paix à l’Europe et apporter une « assurance à 99% contre toute guerre future »)… »
« …l’idée d’une civilisation « américaine » avait déjà produit une influence sur Freud via l’analyse par George Beard de la neurasthénie – la « maladie américaine 3 ». Si le livre de George Beard n’est jamais mentionné dans l’ouvrage Le président Thomas Woodrow Wilson. Portrait psychologique (objet de cet article), l’influence de la thèse de Beard d’une « faiblesse » imputable à la culture américaine n’a jamais été absente de la pensée de Freud. »
La psychanalyse deviendrait alors une peste apportée pour de bonnes (et non de mauvaises, comme on croyait encore) raisons :
(Suite)
Se réinformer, c'est se rappeler que nous courons comme des fous après l'information, ou plutôt après la désinformation et sa nouvelle frelatée.
Or Sénèque écrit déjà :
"De la curiosité provient un vice affreux : celui d'écouter tout ce qui se raconte, de s'enquérir indiscrètement des petites nouvelles (auscultatio et publicorum secretorumque inquisitio), tant intimes que publiques, et d'être toujours plein d'histoires."
Dans sa Satire VI, Juvénal se moque des commères :
« Celle-ci saura dire de qui telle veuve est enceinte et de quel mois, les mots et les positions de telle autre quand elle fait l'amour... Elle guette aux portes de la ville les nouvelles, les rumeurs toutes fraîches ; au besoin elle en fabrique: le Niphates vient de submerger les populations, un déluge couvre les campagnes, les villes chancellent, le sol s'affaisse. Voilà ce qu'aux carrefours, pour le premier venu, elle débite ! »
On lit dans les Caractères de Théophraste, écrits quatre siècles auparavant, que le bavardage démocratique a déjà épuisé la vérité avec les sophismes :
« Il s’échauffe ensuite dans la conversation, déclame contre le temps présent, et soutient que les hommes qui vivent présentement ne valent point leurs pères. De là il se jette sur ce qui se débite au marché, sur la cherté du blé, sur le grand nombre d’étrangers qui sont dans la ville ; il dit que le siècle est dur, et qu’on a bien de la peine à vivre. »
(Suite)
Stupide dix-neuvième siècle : cette expression incorrecte de Léon Daudet, qui fait fi de dizaines de critiques géniaux de la modernité tombe à pic pour David Strauss, biographe du pauvre Jésus et inventeur du style journalistique teuton, style qui a le don d’énerver Nietzsche dans une de ses considérations inactuelles. Strauss incarne le crétin moderne avec son arrogance et sa légèreté, sa chutzpah et sa vulgarité.
Nietzsche, qui n’est pas précisément chrétien, écrit sur cette montée de la « légèreté imbécile » qui se moque par exemple du Christ et de la civilisation chrétienne :
« Jésus devrait être présenté comme un exalté qui, de nos jours, échapperait difficilement au cabanon, et l’anecdote de la résurrection du Christ mériterait d’être qualifié de « charlatanisme historique ». —Laissons passer, pour une fois, tout cela pour y étudier la façon particulière de courage dont Strauss, notre « philistin classique », est capable. »
Remarquons que Nerval écrivait la même chose quarante ans avant : on enfermerait le Christ à Bicêtre. Et Nietzsche comme Nerval a fini à l’asile. Et d’évoquer ce fameux philistin (Strauss toujours) qui manque de respect à Schopenhauer :
« C’est ainsi que David Strauss, un véritable satisfait en face de nos conditions de culture, un philistin-type, parle une fois, avec des tournures de phrases caractéristiques, de la « philosophie d’Arthur Schopenhauer, pleine d’esprit, il est vrai, mais souvent malsaine et peu profitable ». Car une circonstance fâcheuse veut que ce soit surtout sur ce qui est « malsain et peu profitable » que « l’esprit » aime à descendre avec une particulière sympathie et que le philistin lui-même, lorsqu’il lui arrive d’être loyal envers lui-même, éprouve en face des produits philosophiques que ses semblables mettent au jour quelque chose qui ressemble beaucoup à du manque d’esprit, bien que ce soit d’une philosophie saine et profitable. »
(Suite)
Chris Hedges a dans un texte remarquable dénoncé l’Idiocratie américaine et cité Kierkegaard et sa dissertation peu connue sur le temps présent, qui explique comme Balzac, Vigny, Poe, Chateaubriand, Tocqueville ou Pouchkine que nous entrons dans une époque paralytique et gelée, post-historique et post-religieuse, et cela avant la grosse révolution industrielle. Kierkegaard pendant cet âge d’or danois (notion marrante à découvrir) lutte contre des forces comme les médias ou l’Eglise protestante danoise et contre ce qu’on pourrait nommer le tassement de l’esprit humain. On cite quelques pages alors et cette belle entrée en matière :
« Finalement cette époque se lasse de ses tentatives chimériques jusqu'à retomber dans l'indolence. »
L’époque s’éloigne de la réalité, de la vie, de l’énergie. Goethe en parle dans ses conversations avec Eckermann et Chateaubriand dans l’extraordinaire conclusion de ses Mémoires. Fukuyama au dix-septième chapitre de son livre fameux a bien daté l’entrée en fin de l’histoire : c’est le dix-septième siècle mécanicien (Moscovici père) et bourgeois (Molière). Le bourgeois est une création de l’Etat moderne comme le comprennent d’autres grands esprits au dix-neuvième siècle, Taine, Tocqueville ou bien sûr Nietzsche.
Kierkegaard :
« L'Ère Présente est une Ère de compréhension, de réflexion, dénuée de passion, une Ère qui s'envole un instant dans l'enthousiasme pour retomber dans l'indolence.
…Même un suicidé ne se suicide pas par désespoir ; il réfléchit si longuement et si délibérément à l'acte qu'il se tue en pensant – on pourrait difficilement parler de suicide, puisque c'est la pensée qui lui ôte la vie. Il ne se tue pas délibérément, mais plutôt à cause de la réflexion. Par conséquent, on ne peut pas vraiment poursuivre cette génération, car son art, son intelligence, sa virtuosité et son bon sens résident dans le jugement ou la décision, et non dans l'action. »
Un an avant 1848 Kierkegaard écrit de son époque :
(Suite)
Dans son livre Orient et occident, René Guénon croyait encore possible, il y a un peu moins de cent ans maintenant, de récupérer spirituellement l’occident et de lui conférer une dimension plus sereine, moins matérialiste et moins néo-spiritualiste si j’ose dire. C’est qu’il voyait encore un orient traditionnel, pas trop esquinté par les conquêtes coloniales, et qui pouvait encore contester le primat matérialiste et scientiste de la marmite occidentale.
Force est de remarquer que si nous avons dépassé depuis longtemps le déclin de l’occident (comme dit un ami, prof d’informatique dans une fac euro-américaine, l’occident a touché le fond, mais il continue de creuser – voyez les dettes), l’orient a depuis un certain temps déjà cessé de nous intéresser spirituellement, de nous faire rêver spirituellement. Même le temps des gourous pour les Beatles et des andouilles désorientées (sic) est dépassé. Le dalaï-lama fête son anniversaire avec George Bush et on attend son remplaçant élu.
(Suite)
Le féminisme américain est le mieux équipé et le plus dangereux du monde. La victoire de Trump lui a empêché de mettre fin à la question sexuelle (dixit Philippe Muray) qui est son obsession depuis des lustres. Abolir l’homme et la femme au passage est son rêve. Après il faut mener une croisade d’extermination à travers le monde. Comme disait la candidate démocrate : abortion ! Ce serait comique si l’industrie éducative et tous les médias occidentaux n’étaient obsessionnellement aussi AUX ORDRES.
Tant pis, on y passera.
Rappelons Todd encore :
« Le conflit entre le monde anglo-saxon et le monde arabo-musulman est profond. Et il y a pire que les prises de position féministes de Mmes Bush et Blair concernant les femmes afghanes. L'anthropologie sociale ou culturelle anglo-saxonne laisse apparaître quelques signes de dégénérescence (…) Si une science se met à distribuer des bons et des mauvais points, comment attendre de la sérénité de la part des gouvernements et des armées ? »
J’ai déjà cité le compagnon de voyage de Tocqueville qui passionne plus Karl Marx que Tocqueville ! Dans sa célèbre étude sur la question juive le grand Karl cite le passage suivant (c’est comme ça que j’ai découvert Beaumont) :
« …tout individu peut, sans aucune préparation ni étude préalable, se faire homme d'église. Le ministère religieux devient une carrière dans laquelle on entre à tout âge, dans toute position et selon les circonstances.
Tel que vous voyez à la tête d'une congrégation respectable a commencé par être marchand ; son commerce étant tombé, il s'est fait ministre ; cet autre a débuté par le sacerdoce, mais dès qu'il a eu quelque somme d'argent à sa disposition, il a laissé la chaire pour le négoce. Aux yeux d'un grand nombre, le ministère religieux est une véritable carrière industrielle. »
(Suite)
Je ne sais pas si quelqu’un est assez stupide encore pour se réclamer du grand Occident ou de la vieille Europe, ou du christianisme de grand-maman, mais il est sûr qu’il y a quarante ans déjà Guillaume Faye y avait mis bon ordre. Sur les conseils de Robert (Steuckers) j’ai donc redécouvert le livre de Guillaume dont je ne cite que quelques passages, comme des tapas gourmands pour donner l’envie (comme dit Saint Paul) de retrouver des nourritures solides en marge de Twitter et des lectures rapides. Précisons que pour lui l’Occident c’est le déclin alors que l’Europe est la décadence.
Et commençons :
« L'Occident donc, devient « quelque chose» de planétaire. Il se présente comme un ensemble flou fait de réseaux de décisions, de zones territoriales dispersées, de blocs culturels et humains répartis dans tous les pays. »
Etre occidental c’est n’être rien : de ma jeunesse occidentale je n’ai gardé que ma condition de touriste (voir mon Apocalypse touristique préfacée par mon témoin de mariage et globe-trotter Kevin Hin) ; le reste c’était hors de France et de l’étoffe dont sont fait les rêves : les grandes lectures et la cinéphilie hauturière (Schroeder – l’ami de Parvulesco, Boorman et bien sûr Milius). On savait tous que nous serions remplacés à brève échéance sans résistance aucune ; et on savait grâce à Debord (et à Faye aussi comme on va voir) que ce système aberrant allait prendre un tour plus tyrannique pour accélérer le suicide. Les années 70 avaient un charme confus : tout était foutu mais on pouvait trouver de quoi nourrir nos rêves.
Faye donc :
« Parallèlement, si le centre est partout et que « partout » c'est au fond nulle part, l'Occident est appelé à perdre toute vertu spécifiante ; être occidental, c'est se voir déqualifié plutôt que qualifié. Et singulièrement pour les Européens, qui perdent dans l'affaire la possibilité même de se désigner valablement en se disant occidentaux. Si l'indien, par exemple, peut demeurer « Indien » et Occidental, l'Allemand ou le Hollandais sont appelés à ne plus être qu'Occidentaux, c'est-à-dire au fond plus rien. »
(Suite)
On rappelle la phrase éternelle de Chateaubriand, extraite de la conclusion de ses Mémoires:
« La folie du moment est d'arriver à l'unité des peuples et de ne faire qu'un seul homme de l'espèce entière… »
On pourrait croire que René Guénon s’adresse à un aéropage d’apprentis-initiés en rupture de ban avec le monde moderne et en recherche d’une sûre spiritualité. Rien de plus erroné. Il a publié nombre de livres et de textes pratiques, informés contre le monde moderne et ses conspirations, ou contre le monde moderne et son abrutissement (sa dénonciation du courtisan moliéresque à perruque, ignorant du moyen âge, montre que ce monde moderne est apparu d’un coup, vers et après la Renaissance). Les noms ont à peine changé, les méthodes et les objectifs restent les mêmes : conspiration, universalisme, gouvernement global, exotisme androïde, humanitarisme cool, régime alimentaire !
Parmi ces livres, celui sur le théosophisme. Il annonce la belle conspiration mondiale, multiraciale et occultiste sous l’égide anglo-saxonne et en particulier britannique. Ce livre devait attaquer la secte sur le plan spirituel, mais Guénon ne résiste pas dans les derniers chapitres de son livre à dévoiler ce qui se trame derrière la coulisse, comme disait notre bon Disraeli.
Et cela donne par exemple ces lignes sur l’orientation humaniste ou même végétarienne de la secte :
(Suite)
Il y a plus de quarante ans Guillaume Faye écrit son œuvre au noir sur le système à tuer le peuple. Télé, technologie, commerce, bouffe et pensée rapide. Avec style et panache, mais rigueur et dureté aussi, il dépeint ce temps immobile qui liquide l’espace (Guénon s’est trompé là encore) et toutes les Traditions orientales. Les derniers mondes premiers disparaissent (cf. Sept ans au Tibet ou les Seychelles de Heinrich Harrer) et ce sont du reste les Allemands qui y sont plus sensibles, avec les derniers Français héritiers spirituels de la Restauration. Mais j’ai parlé ailleurs et maintes fois de la lucidité française du dix-neuvième qui t voient le monde du petit-bourgeois et du global shoppinc center s’installer partout : à côté de Nietzsche ou Chateaubriand (la Conclusion des Mémoires, Tocqueville bien sûr voyez mon recueil), Drumont plus tard et Céline.
Le livre de Faye s’inspire aussi de la gauche et du marxisme (dont il monte l’impasse) et, s’il ne cite pas Debord ou Henri Lefebvre, il s’en rapproche. Pour moi il s’impose comme un poème en prose presque, un exercice stylistique à la manière de Baudrillard (qui lui rendit hommage comme on sait, voyez mon écho) ou de Michel Butor (l’excellent Mobile) – mais là où nos deux grands auteurs s’émerveillent, Guillaume s’horrifie. En effet,
« Les sociétés occidentales deviennent sous nos yeux des machines. ».
Le livre commence comme cela, c’est fabuleux, lisez :
« Sous l’aéroport de Francfort, enfoui dans l’épaisseur du béton, quelque part entre les parkings et le business center souterrain, on a construit un night-club. Sous l’aéroport de Johannesburg, il y a exactement le même. A Oslo, encore le même. A Tokyo et à Chicago, le même. Bientôt, à Nairobi, Athènes, Rio, Rome... Dans ce même night-club, on entend partout la même musique, jouée sur les mêmes platines, scientifiquement sélectionnée par les mêmes music marketers. »
(Suite)
On sait que Camus aura beaucoup souffert du carcan scolaire. Le redécouvrir c’est le lire en oubliant le fatras idéologique (Résistance, Vichy, décolonisation, communisme, absurde…) qui l’accompagne, certes en le remettant aussi à sa modeste – modeste mais indispensable - place. Car il ne faut pas oublier que sa mort accidentelle aura arrangé tout le monde, surtout à gauche. Certains le voyaient mal tourner alors.
J’ai eu comme ça un besoin de relecture étant resté sur des souvenirs lumineux et surpris (on se doute qu’il n’était pas a priori ma tasse de thé). Mais en le triangulant avec le roman noir américain (même froideur glaciale, même prison de fer que chez Chandler), avec Céline et avec les réflexions du maître communiste Henri Lefebvre, inspirateur de Debord et découvreur de la vie ordinaire qui allait décapiter tous les mouvements politiques (car quel mouvement politique voudrait nous en arracher à cette vie ordinaire ?) ; en relisant d’une manière behaviouriste l’Etranger par exemple, en le considérant comme un documentaire social et non comme une « allégorie » (les pages de Wikipédia sont ridicules, abjectes même) et en se rappelant que notre bon esprit fut surtout un découvreur de Dostoïevski, on arrive à de curieuses observations. Rappelons au passage que si Visconti a raté l’adaptation cinéma de l’Etranger, il a très bien réussi celle de D’Annunzio (l’Innocent est son chef-d’œuvre), ou celle des Nuits blanches de Dostoïevski, ce qui montre que n’importe quel maître du dix-neuvième siècle est plus présent, moderne et contemporain que toutes les babioles du vingtième siècle.
Je n’ai pas trop envie de reprendre le lien entre la Peste et le Covid. Il est déjà trop éculé et trop évident, même si la Peste annonce et décrit le pouvoir moderne et la banalité de son mal et de ses méthodes qui ont été vues par Jouvenel à la même époque (que l’Etranger) dans ses analyses sur la démocratie totalitaire.
Mais prenons le début tout de même ; c’est ce Camus célinien qui me surprend :
(Suite)
« Peut-être que les hommes de génie sont les seuls vrais hommes. Dans toute l’histoire de la race, il n’y a eu que quelques milliers d’hommes réels. Et nous autres, que sommes-nous ? Animaux enseignables. Sans l’aide des vrais hommes, nous n’aurions presque rien découvert du tout… Il y a eu des nations entières de chiens, pensais-je ; des époques entières où aucun Homme n’est né.»
On prétend justifier le génocide en préparation. Ici l’eugénisme rejoint le transhumanisme : faire survivre seulement le riche-éduqué.
Aldous Huxley, frère du fondateur de l’Unesco, est comme on sait un prophète noir britannique qui a décrit et célébré (et non dénoncé, comme on croit à l’école) le cauchemar que nous allons vivre grâce aux gouvernements achetés et aux populations hébétées. Auteur d’une œuvre littéraire assez médiocre aussi, cet essayiste scientifique proche d’Harari à sa manière a annoncé la couleur (douleur) dans une nouvelle nommée “Le Jeune Archimède” que l’on pourrait résumer ici ainsi : si tu n’es pas Mozart ou Einstein, crève.
Pierre Bourdieu avait parlé pendant les crises des années 90 de ce racisme de l’intelligence, racisme qui a depuis gagné le cerveau de crétins comme notre ministre de l’économie.
Le narrateur séjourne en Italie repère un enfant surdoué (Harari sort aussi de ces écoles) ; et cela donne les réflexions suivantes :
(Suite)
Depuis plus de cent ans l’occident est dirigé par des organisations mondiales et mondialistes qu’il impose au reste du monde. Ce processus (Roderick Seidenberg en parle dès 1950 dans son essai sur l’homme post-historique) a été enclenché aux temps modernes par le tout-puissant empire britannique qui flanqué de sa colonie française (depuis 1830 ou 70 ?), de ses dominions et de la vieille colonie américaine, a progressivement accaparé la planète. Guénon s’en rendait compte dans son excellent livre sur la société théosophique dont j’ai rendu compte ailleurs : le contrôle serait aussi culturel et occultiste. On peut dire que Disraeli couronnant Victoria impératrice des Indes en 1876 nous fait entrer dans le mondialisme dont les relents sataniques n’échappent alors ni à Dostoïevski, Joly, Gougenot ou Mgr Gaume (voyez mes textes). Les guerres mondiales et les progrès techniques accélèrent ce processus global de conditionnement qui devient fou et dangereux aujourd’hui.
L’ONU nous prépare en effet son pacte carbone, l’OMS le puçage médical et l’OTAN une guerre nucléaire d’extermination contre la Chine et la Russie. En ces temps d’apocalypse, voyons ce qui relie ces trois évènements grandioses : les « organisations ». On ajoutera l’union européenne, tant notre Satan aime être plusieurs (pensez aussi au G7 maçonnique). C’est dans l’Evangile selon Saint Marc, cet évangile qui dégoûte le pape et ses cathos vaccinés maintenant :
(Suite)
L’horreur architecturale s’est reproduite partout sur notre pauvre terre, la recouvrant de tours de Babel. Plus aucune ville n’est reconnaissable, toutes se flattant de reproduire le squelette du business cosmopolite. On attend que Tom Cruise en fasse l’escalade dans ses missions pas possibles, et puis on est content à Dubaï ou à Shanghai pendant qu’au pied du débris minéral se serrent les cohortes des fourmis motorisées qui rêvent de retrouver leur télé ou leur caisse de supermarché.
En relisant Notre-Dame de Paris je me suis toutefois consolé : la catastrophe avait eu lieu bien avant Manhattan ! On se souvient que Hugo se lance dans une de ses digressions philosophiques dont il a le secret, et qui nous ouvre un pan de pensée sur l’infini. Dans le chapitre Deux du livre Cinquième il explique que l’architecture était jusqu’à la fin du moyen âge le grand livre de l’humanité. Et que c’est pour cela aussi que l’on construisit autant d’églises au moyen âge : elles étaient des lieux d’expression, voire de contestation !
« La pensée alors n’était libre que de cette façon, aussi ne s’écrivait-elle tout entière que sur ces livres qu’on appelait édifices….
Aussi n’ayant que cette voie, la maçonnerie, pour se faire jour, elle s’y précipitait de toutes parts. De là l’immense quantité de cathédrales qui ont couvert l’Europe, nombre si prodigieux qu’on y croit à peine, même après l’avoir vérifié…
De cette manière, sous prétexte de bâtir des églises à Dieu, l’art se développait dans des proportions magnifiques. »
Il est vrai que l’on peut passer des heures dans une église médiévale, dans une cathédrale, même s’il faut se munir des guides savants ou des livres d’alchimie…
Mais vient l’imprimerie. Et c’est le chant du signe, si j’ose dire. Et ici Hugo que l’on présente toujours comme le grand progressiste de service se fait le pessimiste, comme tant d’écrivains catholiques de haute époque (Bloy, Bonald, Bernanos…). On est en 1830, avant le verbiage humanitaire. Mais savourez ces tours et pensez à nos châteaux Louis XIII-Louis XIV etc. si tristes finalement :
(Suite)
Douglas Sirk est l’auteur des plus grands mélos de l’histoire du cinéma. Né en Allemagne de parents danois, il quitte son pays, mais en 1937 seulement. Il tournera des films de toutes sortes, assez oubliés. Curieusement sa carrière, comme celle d’autres cinéastes, ne stupéfie vraiment l’amateur de grand cinéma que durant quelques années. Il s’agit de cinq à six ans, pendant les merveilleuses années Eisenhower qui sont pour moi comme un dernier rayon de soleil cinéphilique ; il s’agit donc de mélos traitant de sujets domestiques et assez féminins, avec entre autres deux acteurs fétiches, Jane Wyman, deuxième femme de Reagan, et Rock Hudson, alors au sommet de sa virile beauté et de sa fragilité cachée. Après, Sirk ne fera plus rien ou presque ; comme Huston, Ford ou Walsh. Comme Hitchcock ou comme Hawks vieillissant. La fin d’Eisenhower, c’est la fin du cinéma doré américain.
Les histoires de Sirk sont toujours banales. Si ce n’est pas lui qui les dirige, cela donne un navet dans le cadre des remakes de Fassbinder ou plus près de nous, Ozon. Le monde est fait de gens normaux, il est à l’eau de rose, la femme est veuve ou souffre fort, on a des confidentes frustrées, des milliardaires égoïstes et obsédés d’horreur sportive, des filles de riches nymphomanes, des fils de riches alcooliques, tout un tas de trivialités depuis longtemps recyclées dans les soaps et les feuilletons les plus usés et fatigants.
(Suite)
Un livre important a été bienveillamment passé sous silence il y a quelques années ; il s’agit de l’ouvrage de Simon Epstein sur le Paradoxe français pendant l’Occupation. Ce paradoxe tient en une phrase : loin d’avoir été l’apanage de l’extrême-droite confondue avec le nationalisme, la collaboration a surtout été l’apanage d’une certaine gauche et d’une non moins certaine extrême gauche bien antiraciste. M. Epstein, spécialiste aussi de la question dreyfusarde et installé en Israël (comme nous le comprenons !), a eu le courage de l’écrire et le mérite de le démontrer, et nous l’en remercions. On n’aura pas parlé beaucoup de son travail, et il ne faut guère s’en étonner. Je reprendrai à ce propos ce que disait jadis un philosophe allemand d’extrême gauche : « Enfin moral est le mensonge et le mensonge seul, parce qu’il cache et dissimule le mal de la vérité, ou, ce qui est la même chose, la vérité du mal. »
Les médias qui parlèrent de l’ouvrage s’en tirèrent par leur légendaire haussement d’épaules et incriminèrent le pacifisme, ce qui me semble très limité : il y avait des apparentements plus terribles à faire ! Je ne veux pas me lancer dans des imprécations. Je donne les noms suivants et leurs fiches tels qu’ils ressortent de cet abondant ouvrage. M. Epstein cite les noms suivants. On commencera bien sûr par les gros poissons dont je rappelle les perles.
Marcel Déat, député SFIO, membre du comité de vigilance antifasciste, était un chantre de l’antiracisme dans les années 1920 et 1930 : « Il n’y a pas de pays qui soit plus réfractaire que la France à la notion de race, elle qui est l’admirable résultante historique de mélanges constants et de métissages indéfinis »… On sait que Déat finira en partisan fanatique de la collaboration avec le Reich hitlérien.
(Suite)
Il y a dix ans, pendant les fortes manifs des jeunes chrétiens contre les lois socialistes sur la famille (lois depuis soutenues et bénies par la hiérarchie et par l’ONG du Vatican mondialisé, mais c’est une autre histoire), j’écrivais ces lignes :
« Deux éléments m’ont frappé dans les combats qui nous occupent, et qui opposent notre jeune élite catholique au gouvernement mondialiste aux abois : d’une part la Foi, car nous avons là une jeunesse insolente et Fidèle, audacieuse et tourmentée à la fois par l’Ennemi et la cause qu’elle défend ; la condition physique d’autre part, qui ne correspond en rien avec ce que la démocratie-marché, du sexe drogue et rock’n’roll, des centres commerciaux et des jeux vidéo, attend de la jeunesse.»
L’important est la terre que nous laisserons à nos enfants ne cesse-t-n de nous dire avec des citations truquées ; mais l’avenir c’est surtout les enfants que nous laisserons à la terre ! Cela les soixante-huitards et leurs accompagnateurs des multinationales l’auront mémorisé. On a ainsi vu des dizaines de milliers de jeunes Français – qui pourraient demain être des millions, car il n’y a pas de raison pour que cette jeunesse ne fasse pas des petits agents de résistance ! Affronter la nuit, le froid, la pluie, les gaz, l’attente, la taule, l’insulte, la grosse carcasse du CRS casqué nourri aux amphétamines, aux RTT et aux farines fonctionnaires. Et ici encore le système tombe sur une élite physique qu’il n’avait pas prévue. Une élite qui occupe le terrain, pas les réseaux.
Cette mondialisation ne veut pas d’enfants. Elle abrutit et inhibe physiquement – vous pouvez le voir vraiment partout - des millions si ce n’est des milliards de jeunes par la malbouffe, la pollution, la destruction psychique, la techno-addiction et la distraction, le reniement de la famille, de la nation, des traditions, toutes choses très bien analysées par Tocqueville à propos des pauvres Indiens :
« En affaiblissant parmi les Indiens de l'Amérique du Nord le sentiment de la patrie, en dispersant leurs familles, en obscurcissant leurs traditions, en interrompant la chaîne des souvenirs, en changeant toutes leurs habitudes, et en accroissant outre mesure leurs besoins, la tyrannie européenne les a rendus plus désordonnés et moins civilisés qu'ils n'étaient déjà. »
(Suite)
J’ai retitré mon livre sur la destruction de la France au cinéma en insistant sur le conflit entre le Général (penser au fameux épisode du Prisonnier rebaptisé en France) et Audiard, l’Audiard du début des années soixante. Après il baisse un peu les bras quand même. Il faut bien vivre et l’âge d’or ne dure jamais longtemps.
Chez Audiard et son antigaullisme du 18 juin il y a comme chez Kerillis la conviction qu’on est face à une énorme escroquerie qui va marcher, essentiellement (je l’ajoute), grâce à la télé, à la radio (l’appel…) et à la propagande scolaire et politique – on ne change pas une équipe qui gagne depuis mettons 1870 et Gambetta (voyez mon texte sur Gambetta et Zelinski). La cinquième république achève d’enterrer et de liquider le vieux pays encore vivant dans les films de Guitry, Pagnol ou Rouquier (Farrebique, à comparer avec l’apocalyptique Biquefarre tourné une génération après) et Audiard pense avoir saisi le truc, aussi bien dans les Tontons que dans Vive la France.
J’ai un faible pour trois opus majeurs dans l’œuvre disons polémique et politique d’Audiard : les tontons, les vieux de la vieille et Vive la France. Le cave ne tient pas la route en la matière malgré cette envolée de Gabin qui nous précise à quelle sauce CBDC les banquiers centraux nous mangeront. Leur kolkhoze fleuri anti-carbone aura tôt fait de nous régler notre compte. Dans les vieux de la vielle, le trio infernal des pépés qui vont vers une EHPAD encore tenu par des bonne sœurs (au début du gaullisme il y avait encore des bonnes sœurs, quand on vous dit que le gaullisme c’est notre hyper-modernité dont d’ailleurs tous se réclament)
Et comme on parlait de Gabin :
(Suite)
J'ai toujours défendu le catholicisme ; mais il y a un moment où il faut sortir corde et fouet pour chasser les intrus et les lâches qui les accompagnent. Les fidèles de Serge de Beketch savent de quoi je parle.
Bergoglio ruine ce qui reste de catholicisme romain dans la royale indifférence de ses ouailles. Certes la fréquentation s'est effondrée à Rome, mais qui se lève contre Lui ? Pas même le vieux Ratzinger qui accepta de se faire remplacer sans broncher. A moins qu'il ne soit détenteur d'un quatrième secret mollasson de Fatima...
De même, qui se levait contre les profanations des Femen ou des Act’up ? On baisse le yeux, et on passe à autre chose, telle est la devise du catho post-moderne, cadre dans telle multinationale, qui médite son prochain pélerinage fluo tout en envoyant sa fille étudier à Melbourne. Car on est un bourgeois ou on ne l'est pas. Devenu ici une religion de notable au siècle des possédants, le catholicisme s'accommode à merveille de la mondialisation ploutocratique à la sauce des réfugiés. Le populo est invité comme en Argentine à se convertir à l'évangélisme mitonné par la CIA ou bien aux rythmes lucifériens de Lady Gaga.
(Suite)
«Nous avons tué les deux tiers des habitants afin d’obliger le reste à nous acheter des parapluies et des bretelles. »
L’Amérique cultive/finance la guerre, tout comme sa marâtre anglaise, dénoncée en son temps par Kant ou Chateaubriand ; elle a fait détruire l’Ukraine et prépare l’anéantissement de l’Europe comme en 1942-43 (on rasa l’occident et on laissa l’orient à Staline) ; ensuite l’infatigable ira exterminer russes et chinois ; et si elle peut au bout détruire une nouvelle fois le monde, elle sera exaucée car on pourra tout reconstruire ou faire des croisières au milieu des ruines (Julius Evola sera bien attrapé). Anatole France explique pourquoi dans l’Ile aux pingouins, roman de SF publié en 1912. France fut nobélisé en 1921.
C’était il y a plus de cent ans. Avant la guerre, on fait les présentations (Titan, Babel, géant, Walhalla du business comme dans le film Network, etc.) :
« Après quinze jours de navigation son paquebot entra, la nuit, dans le bassin de Titanport où mouillaient des milliers de navires. Un pont de fer, jeté au-dessus des eaux, tout resplendissant de lumières, s’étendait entre deux quais si distants l’un de l’autre que le professeur Obnubile crut naviguer sur les mers de Saturne et voir l’anneau merveilleux qui ceint la planète du Vieillard. Et cet immense transbordeur charriait plus du quart des richesses du monde. »
Atmosphère de Jules Verne parodié…
On arrive dans la Nouvelle Atlantide façon Francis Bacon :
(Suite)