USA-2020 : état du Désordre-profond

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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USA-2020 : état du Désordre-profond

11 février 2020 – L’élection présidentielles 2016 (USA-2016) avait paru sur le moment comme la plus étrange, la plus imprévisible et la plus incontrôlable des campagnes, quelque chose qui ne serait pas surpassée dans cet amoncellement de qualificatif ébahis avant si longtemps que le souvenir se perdrait dans l’avenir. Eh bien, c’était une erreur.

USA-2020, par ses caractères d’étrangeté, d’imprévisibilité et d’incontrôlabilité, rendrait USA-2016 presque paisible. Il suffit d’admettre, pour mesurer ce phénomène, cette évidence que, dans cette campagne USA-2020, le candidat le plus stable, le plus “structurant” (!), le plus installé, presque le plus institutionnalisé se nomme Donald Trump.

Cette année, l’essentiel du spectacle est du côté des démocrates puisque c’est chez eux qu’aucun favori ne s’imposes, au contraire de USA-2016 où Hillary Clinton menait sa horde contre les  Deplorables avec l’élégance et le succès qu’on sait. Quoi qu’il en soit de la répartition des rôles, compte essentiellement à notre sens l’atmosphère qui enveloppe cet événement comme un formidable simulacre dont nul n’ignore rien et dont la plupart font comme s’il n’en était rien. La campagne USA-2020 est résolument faite, – “structurée” et “construite”, selon les actes philosophiques fondamentaux, de l’évidence de la fraude systématique, de la puanteur insoutenable de la corruption, du poids écrasant du mensonge débitée comme saucissons en fête en autant de narrative qu’il faut, – de l’habillage sans la moindre précaution de forme de la “démocratie” en une caricature idiote et risible.

Les commentaires les plus éclairants sont faits à partir d’observations attentives à une position de second degré en toutes choses, voire du multiples “second degrés”, pour suivre les effets de ce qui est un simulacre évident sur la population démocratique des électeurs.

• Caitline Johnstone s’attache avec un zeste de citron et beaucoup de poivre-et-sel sur le “petit dernier”, Puppet Pete, le “premier candidat aux présidentielles fabriqué en laboratoire” selon une feuille de route composée sur un beau rythme par la CIA, Pete (imprononçable) Buttigieg. La marionnette fait tellement figure de marionnette qu’elle est une cible rêvée pour les commentateurs-dissidents, dans une saison électorale où la manipulation et la fraude prennent des allures de sport national des élites politiques.

Aussi Johnstone ne se passionne pas trop pour l’élection elle-même, ses résultats, le futur nouveau-président, etc. Elle dit être intéressée, essentiellement, par les réactions des électeurs devant les manipulations de leurs votes, devant les dissimulations, les corruptions diverses, les informations orientées, les tromperies et les fraudes... 

« Comme je l’ai déjà dit à maintes reprises, je m’intéresse à cette élection présidentielle non pas parce que je me fais des illusions sur la possibilité qu’une élection présidentielle puisse changer quelque chose mais parce que les tentatives de manipulation et la réaction du public à ces manipulations pourraient faire bouger quelque chose d’une façon qui irait dans le sens du changement. Si suffisamment de personnes dans la nation la plus puissante du monde se rendent compte qu’elles n’ont pas le type de système politique qu’on leur a enseigné à l’école, si elles réalisent que tout ce qu'on leur a dit sur le fonctionnement de leur gouvernement est un mensonge, si elles réalisent que leur vie a été rendue si inutilement difficile par une classe oligarchique au pouvoir qui a intérêt à les maintenir dans la pauvreté et la distraction, eh bien, alors nous sommes en présence d'une véritable force de transformation.
» Alors on peut envisager la possibilité d’une véritable révolution. Pas une révolution violente ; celles-ci entraînent toujours la poursuite des mêmes maux sous un système différent, et il n’y a rien de révolutionnaire là-dedans.
» Je parle d’une véritablerévolution. Une révolution où les gens commencent à ouvrir les yeux sur le fait que toute leur perception de ce qui se passe dans le monde résulté d’une manipulation psychologique de masse tout au long de leur vie, aux mains d’un système éducatif biaisé, des médias contrôlés par des milliardaires et de l'establishment politique. »

• C.J. Hopkins, lui, s’est emparé du mythe de Bernie Sanders transformé par la presseSystème en un tueur bolchévique, une sorte de Lénine-Trotski avec le couteau entre les dents, qui est en train d’organiser des Killing Fields comme avait fait Pol Pot, pour, après son action acquise à la pointe de la baïonnette, exécuter “en masse” tous les opposants qu’il aura pu identifier. La mutation du simulacre du commentaire de la presseSystème (la narrative du Sanders devenant gardien du Goulag, le couteau entre les dents) s’est faite en silence, pendant qu’on amusait la galerie avec le procès de Trump, alors qu’on préparait le terrain pour la dernière marionnette-CIA en date, le brave Pete (imprononçable) Buttigieg.

Pour autant, il reste tout à fait vrai qu’un éventuel duel entre Trump et Sanders, – chacun haï, anciennement et nouvellement, par les élitesSystème, – sera une belle tranche de rigolade, essentiellement selon ce qu’on verra du choix que feront les beaux-esprits et les belles-âmes milliardaires-progressistes du candidat à soutenir, – choix cornélien entre la peste populiste-fasciste et le choléra populiste-bolchévique :

« Écoutez, je ne m'investis pas normalement dans ce Simulacre de Démocratiequadriannuel mais cette fois-ci, je suis plutôt du côté de Bernie. Je ne crois pas qu’il ait une seule chance mais s’il parvient à s’imposer chez les démocrates et à remporter l'investiture de son parti cet été, il sera drôlement amusant de découvrir comment ils s’en sortiront, comment réagiront les médias[de la presseSystème] et le reste de la “Résistance”[progressiste-sociétale] face à une élection Sanders vs Trump. »

... Et là-dessus C.J. Hopkins, passant de l’ironie amusée au clin d’œil plus appuyé, plus offensif, nous assène une hypothèse que nous prenons pour une vérité-de-situation, avec une belle trouvaille : autant Trump que Sanders sont des hommes de paille, des faux-populistes qui roulent des mécaniques... Qu’importe ! Ils sont institués en symboles du populisme et, pour cela, « l’empire doit [les]détruire pour rétablir la “normalité », – et ainsi ont-ils malgré tout leur importance, et ainsi jouent-ils malgré tout et sans en rien savoir leur rôle considérable d’antiSystème... Cette belle idée se trouve à la fin du paragraphe qui suit l’extrait précédent dans ce texte de Hopkins sur le site UNZ.com :

« Non pas que Sanders ou Trump, les hommes eux-mêmes, soient une menace pour l'empire (comme nous l'avons vu au cours des trois dernières années). Mais nous sommes en pleine guerre contre le populisme, que la corporatocratie mondiale doit gagner si elle veut continuer à déstabiliser, privatiser et restructurer à tout va, comme elle le fait depuis la fin de la guerre froide. Sanders et Trump ne sont que des symboles, bien sûr, des paratonnerres pour la colère “populiste” ... mais ce sont des symboles que l'empire doit détruire afin de rétablir la “normalité”.»

Suivez USA-2020 sans en attendre trop mais en vous attendant à quelques joyeuses et énormes surprises sorties du désordre profond de l’État du même qualificatif.