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4018• Retour sur cette “étrange” affaire de la riposte iranienne à l’attaque israélienne contre l’ambassade iranienne de Damas..• Tant de choses y sont étranges ! • Les analyses les plus contradictoires s’y croisent et s’entrecroisent dans un affrontement qu’on annonçait (certainement, dans les années 2006-2008) comme le déclenchement de la Troisième dernière. • Au contraire, le désordre et l’incompréhension ont dominé, avec des arrière-plans mystérieux (voir le texte de Dimitri Balik). • Une seule certitude : l’impuissance de la puissance US.
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Il est vraiment très difficile de déterminer lequel, par exemple du porte-parole de la Maison-Blanche (section stratégie) l’amiral Kirby, ou du secrétaire au Foreign Office (UK) Lord Cameron, suscite le plus la nausée dans leurs réponses sur la dernière fiesta du Moyen-Orient. (Macron étant hors-concours, catégorie clown.) Cela, c’est le côté “détente” du week-end.
Côté opérationnel, on retiendra l’excellente expression employée par Dimitri Balik, de la Douma de la Fédération Russe pour décrire l’événement dans le texte qu’on retrouve plus bas : “Beautiful Theatrical Production” (“superbe production théâtrale”). Cela revient effectivement à saisir l’organisation de la mise en scène avec l’active coopération des trois principaux acteurs, – les Iraniens, les américanistes, les Israéliens, – avec une nomination spéciale des premiers qui ont joliment tiré leur épingle du jeu, les deux autres soufflant péniblement pour suivre le rythme puisqu’il s’agissait de faire croire au monde entier haletant que nous frôlions la Troisième dernière.
Enfin, si l’on veut être sérieux au milieu de cette pantalonnade grotesque qui nous était offerte, on pourrait écouter l’analyse judicieuse de l’ancien diplomate italien, conseiller des premiers ministres Brodi et Berlusconi, le Dr.Marco Cornelos, qui résumait son propos par cette phrase lapidaire dont la brièveté répond sans aucun doute à la justesse :
« Les États-Unis n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes »
Carnelos explique ainsi expliquent ainsi comment les États-Unis se trouvent dans une remarquable impasse stratégique qu’ils ont eux-mêmes mise en place.
« Les États-Unis se trouvent toujours dans des situations compliquées et la plupart du temps, ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes. L’administration Biden continuera de tenter un équilibre assez difficile entre la nécessité d’éviter une escalade et son “engagement sans faille” envers la sécurité d’Israël, ce qui dans certains cas est complètement contradictoire dans les termes.
» Cela devient un cercle de plus en plus vicieux à résoudre, surtout dans une année électorale difficile et très polarisée. Les États-Unis ont besoin de gagner du temps jusqu’en novembre, [mais] sommes-nous si sûrs que tous les autres acteurs sont désireux de vendre du temps à Washington ? »
Carnelos pense qu’Israël, pour ne pas en rester là, pourrait faire intervenir des mandatures régionaux contre l’Iran puisque, de lui-même, il est tenu par ses engagements vis-à-vis des USA. Ces mandataires sont loin d’être aussi efficaces que ceux de l’Iran et, de la sorte, une « une telle mesure pourrait se retourner contre eux », car même une escalade où Israël affirmerait qu’il ne joue aucun rôle serait extrêmement désagréable pour les États-Unis et pourrait entraîner des tensions graves USA-Israël.
Où est-on, alors ? Carnelos juge que la situation favorise considérablement l’Iran...
« La balle est désormais dans le camp israélien en ce qui concerne la suite des événements. L’Iran n’a pas d’autres mesures à envisager, il peut attendre et voir, se contentant d’élaborer des plans d’urgence pour des situations de tension brutale. »
Surtout, il souligne ce point opérationnel d’une extrême importance pour un éventuel conflit : Israël s’est complètement découvert durant cette séquence, par volonté d’en imposer et d’affirmer la puissance qu’il a toujours brandie comme sans équivalent au Moyen-Orient :
« Les frappes du week-end ont donné à Téhéran une carte complète et très détaillée des capacités de défense israéliennes, de leur rythme d’action et de leur réserve d’action, de leurs capacités et de leur temps de réaction. C’est du renseignement opérationnel au plus haut niveau. »
Les effets consécutifs à l’attaque du week-end sont un réel flottement, tant du côté américaniste que du côté israélien. L’administration Biden se trouve plus que jamais confrontée à la nécessité de freiner la volonté des Israéliens d’avancer le plus possible, de frapper de plus en plus fort, tout en maintenant la fiction de la responsabilité iranienne dans la situation. Cela doit être réalisé en tenant compte de l’opinion publique US et surtout de la très grave fracture qui ne cesse de s’élargir et de s’approfondir au sein du parti démocrate.
Du côté israélien, les adversaires de Netanyahou au sein de son cabinet, – et il n’en manque pas, – estiment évidemment que cette aventure a profondément affaibli le premier ministre et que le moment est idéal pour tenter de le remplacer. C’est dire que la politique israélienne, au :milieu de cette crise qui devrait au contraire susciter l’unité nationale, est aujourd’hui elle-même dans ce qui est sans doute la plus grave crise de désordre qu’elle ait connu, et sans alternative évidente, sans “homme providentiel”, etc.
Un point essentiel doit être mis en évidence : la démonstration de la faiblesse militaire des États-Unis. En temps normal, – par exemple, pour prendre le dernier exemple en date, en 2006-2008, – les USA menaient la danse. C’était leur puissance qui réglait l’évolution de la crise, et leur puissance qui était notamment représentée par la présence de trois groupes de porte-avions d’attaque directement face aux côtes iraniennes, en position d’attaque. Cette fois, il n’y en a qu’un, le USS ‘Eisenhower’, en Méditerranée, devant les côtes israéliennes, pour soutenir Israël en cas d’attaque iranienne. Trois groupes de porte-avions en position d’attaque en 2006-2008, un groupe de porte-avions en position de défense et de soutien en 2024. La dégringolade est prodigieuse.
A cela on ajoutera la myriade de bases US dans la région, réparties pour affirmer la puissance US, et qui sont aujourd’hui des cibles si exposées, devant les capacités iraniennes contre lesquelles la défense anti-aérienne US, quand elle n’est pas partie en Ukraine pour se faire hacher menue, est complètement inefficace. Les USA ont 38 bases autour de l’Iran et 40 000 soldats dans toute la région : chiffres impressionnants qui deviennent, dans les conditions qu’on connaît aujourd’hui, autant de cibles aisées à détruire avec les équipement actuels de l’Iran, pour réduire le potentiel des USA et surtout désintégrer l’influence qui leur reste.
... Et maintenant, pour clore cette description d’un événement assez étrange (mot employé deux fois dans notre description d’hier), – dont on craignant le pire dans la netteté catastrophique de l’affrontement et et dont on eut la confusion la plus totale dans le bourdonnement des possibles , – voici, comme exemple sans garantie aucune d’authenticité et de véracité, mais bien possible dabs ce chaos total, la version qu’en donne Dimitri Belik, reprise par Andrew Korybko...
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» Non seulement Dimitri Belik est un patriote russe avéré en raison du rôle qu’il a joué dans la réunification de Sébastopol avec la Russie, mais il est également membre de la commission des affaires internationales de la Douma, ce qui signifie que ses motivations pour partager cette théorie sont au-dessus de tout soupçon.
» Les représailles de l’Iran contre Israël font l’objet de vifs débats sur les réseaux sociaux entre ceux qui pensent que c’était un raté et ceux qui pensent que cela a laissé l’État juif autoproclamé abasourdi. Au milieu de ce débat, le membre de la Douma Dmitri Belik – dont la renommée a contribué à la réunification de Sébastopol avec la Russie lorsqu'il a brièvement occupé le poste de chef par intérim de la région au printemps 2014 – a qualifié l'événement du week-end dernier de “superbe production théâtrale”, selon les médias internationaux russes financés par l'État. RIA.
» Il a émis l’hypothèse qu’il existait “un simple ‘accord’, car les personnalités politiques de haut rang ne devraient pas ignorer certaines actions de pays hostiles et doivent donc réagir”. Belik a ensuite ajouté qu’“il n’y a aucune preuve photo ou vidéo sur Internet” pour étayer les affirmations selon lesquelles l’Iran aurait causé de graves dommages aux bases militaires israéliennes. Il a ensuite conclu que “tout ce que nous voyons maintenant… est un scénario planifié de ‘vengeance’”.
» L’introduction de cette interprétation dans l’écosystème mondial de l’information a coïncidé avec la révélation du ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, que “nous [les autorités iraniennes] avons informé les pays voisins [du début de l’attaque contre Israël] 72 heures avant l’attaque”. Cette interprétation donne du crédit à la théorie de Belik selon laquelle les frappes de samedi soir seraient simplement une ”superbe production théâtrale” provoquée par un “accord” pour mettre en scène ce “scénario planifié de ‘vengeance’”.
» Il y a aussi une logique dans ses spéculations puisqu’elles auraient pu viser de manière responsable à gérer le dilemme sécuritaire irano-israélien. Selon cette théorie, l’Iran a indirectement fait part de ses intentions aux États-Unis, malgré les dénégations américaines, afin que Washington puisse s’assurer que Tel Aviv ne réagisse pas de manière excessive aux représailles provoquées par Israël en bombardant le consulat iranien à Damas. Cela expliquerait pourquoi Biden aurait dit à Bibi de ne pas répondre et aurait déclaré que les États-Unis ne soutiendraient pas les opérations offensives contre l’Iran.
» Non seulement Belik est un patriote russe avéré en raison du rôle qu’il a joué dans la réunification de Sébastopol avec la Russie, mais il est également membre de la commission des affaires internationales de la Douma, ce qui signifie que ses motivations pour partager cette théorie sont au-dessus de tout soupçon. De nombreux membres de la communauté des médias alternatifs ont tendance à attaquer quiconque remet en question les réalisations déclarées de l’Iran, comme les représailles du week-end dernier qui seraient un succès militaire majeur, comme des “sionistes” ou des “agents étrangers”, mais Belik ne l’est pas non plus.
Ceux qui pourraient être touchés par la théorie de Belik feraient bien d’y réfléchir plus profondément avant de réagir avec émotion, car elle présente en réalité l’Iran sous un jour très positif. S’il y a du vrai là-dedans, cela signifie que les décideurs politiques de la République islamique voulaient gérer de manière responsable le dilemme sécuritaire de leur pays avec Israël, et, chose intéressante, les États-Unis ont accepté cette solution pour les raisons expliquées ici. Fondamentalement, une guerre à grande échelle mettrait à mal la tentative de réélection de Biden, conduisant ainsi au retour de Trump.
Cependant, cette analyse hypertexte prévient également que Bibi est capable de faire chanter Biden en menaçant d’intensifier les tensions avec l’Iran à moins qu’Israël n’obtienne des concessions tangibles des États-Unis, ce qui pourrait inclure un retour militaire américain dans la région qui pourrait empêcher son “pivot (retour) vers Asie” pour contenir la Chine. Israël aurait préféré que l’Iran ne riposte pas à l’attentat à la bombe contre son consulat à Damas, c’est pourquoi Bibi est furieux contre Biden pour ne pas l’avoir contraint à se retirer après que cela s’est produit.
Comme les États-Unis n’y sont pas parvenus, les démocrates au pouvoir ne veulent pas d’une guerre à grande échelle pour des raisons électorales, et le Pentagone craint de ne pas disposer de suffisamment de missiles anti-aériens à donner à Israël tout en maintenant son minimum de missiles. besoins, la solution était de parvenir à un « accord » avec l’Iran. Israël a été assuré que les États-Unis et leurs alliés l’aideraient à abattre les projectiles iraniens qui, selon Téhéran, ne cibleraient que les bases militaires, mais il lui a été demandé de ne pas passer à l’offensive par la suite et de désamorcer la situation.
En d’autres termes, la théorie de Belik présuppose que la force iranienne s’est accrue tandis que la force américaine a décliné, à tel point que Téhéran a pu lancer des frappes directes sans précédent contre Israël sans que Washington ne l’en dissuade avec des menaces de représailles disproportionnées comme cela aurait été le cas il y a quelques années. il y a des années. Au lieu de cela, les États-Unis ont calculé qu’il valait mieux monter une « belle production théâtrale » avec l’Iran en contraignant Israël à se retirer immédiatement après, ce qui constitue un renversement dramatique des rôles.
Cela ne veut pas dire qu’Israël ne réagira pas dans le futur, d’autant plus que Bibi a des raisons à la fois personnelles et politiques de le faire, à moins qu’il ne puisse obtenir des concessions tangibles.
Mis en ligne le 16v avril 2014 à 14H40)
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