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Depuis que j’ai arrêté de donner des interviews sur YouTube, ma vie s’est améliorée. Je n’ai plus à m’étendre pour tenter de répondre encore et encore aux mêmes questions stupides en soulignant leur stupidité. C’était bien sûr futile ; la qualité des questions ne s’est pas améliorée avec le temps, ce qui était prévisible puisqu’elles provenaient toutes des gros titres de la presse occidentale. J’avais un sentiment de malaise permanent, car le public était nourri de conneries et je servais de complice involontaire à ce processus. (Enfin, pas tout à fait involontaire ; j’avais une arrière-pensée, qui était d’attirer des visiteurs sur mon blog.) Je ne pouvais pas me flatter de rééquilibrer les choses ou d’éclairer les gens, car je suis convaincu que toute discussion sur des conneries reste une connerie.
Mais parfois, je me surprends à commenter ce qui passe pour de l’actualité en Occident. L’actualité du moment n’est jamais particulièrement intéressante, mais elle le devient lorsqu’on prend du recul et qu’on cherche à dégager des tendances. Et ici, on trouve une tendance évidente.
Objectif : obtenir de la Russie qu’elle accepte un cessez-le-feu en Ukraine sans conditions, sans se soucier d’un véritable accord de paix ou de concessions de la part de l’Ukraine. Puis réarmer l’armée ukrainienne, remplir l’Ukraine de troupes de l’OTAN et essayer de vaincre à nouveau la Russie.
Progrès réalisés jusqu’à présent : aucun. La Russie est en train de gagner. Le ratio de victimes est d’environ 35 pour 1 en faveur de la Russie, qui atteint lentement mais sûrement ses objectifs officiellement déclarés.
• Menacer la Russie de sanctions encore plus sévères. Résultat : aucun.
• Menacer la Chine et l’Inde de droits de douane pour avoir acheté de l’énergie à la Russie. Résultat : aucun.
• Rencontrer le dirigeant russe sur le sol américain et lui dire des choses gentilles. Résultat : aucun.
• Menacer de fournir aux Ukrainiens des missiles de croisière Tomahawk. Ceux-ci peuvent être équipés d’ogives nucléaires et ne peuvent être lancés que par un équipage américain. Leur déploiement dans l’ancienne Ukraine signifierait donc le début d’une guerre nucléaire avec la Russie. Une guerre nucléaire qui ne serait d’ailleurs pas très fructueuse : chacun de ces missiles a peut-être 3 % de chances de pénétrer dans l’espace aérien russe, car ils sont très anciens, plutôt lents et assez faciles à abattre, même à l’aide de systèmes de défense aérienne de l’ère soviétique (tels que ceux dont disposait autrefois la Syrie). Résultat : aucun.
• Proposer de rencontrer le dirigeant russe sur le sol européen (à Budapest) et lui dire des choses gentilles. Résultat : aucun.
• Annuler la réunion à Budapest et imposer de nouvelles sanctions à quelques entreprises énergétiques russes. Résultat : aucun.
La raison pour laquelle il n’y a pas de résultats est qu’aucune de ces manœuvres n’offrait à la Russie ce qu’elle avait exigé fin 2021 : la démilitarisation, la dénazification et le statut neutre de l’ancienne Ukraine, l’absence de troupes étrangères sur le sol ukrainien, le retour de l’OTAN à sa position de 1991 et la levée de toutes les sanctions. La Russie a présenté un document officiel définissant ces exigences. Les responsables américains ont ignoré ce document. Ce n’est pas grave ; ce qui ne peut être obtenu par la diplomatie le sera par un conflit armé.
Ce comportement autodestructeur m’a rappelé une histoire que mon ami Orren Whiddon (alias « stoop ») m’avait racontée alors que nous étions assis sous son porche en Pennsylvanie il y a une dizaine d’années.
Orren avait autrefois un chien, « un chien très intelligent », disait-il. Un jour, le chien s’est précipité chez les voisins, des ploucs armés jusqu’aux dents, et a tué un poulet. Orren s’est rendu chez eux, a fait amende honorable et a fouetté le chien.
Le chien, qui était intelligent, s’est dit : « OK, plus de poulets. » Peu de temps après, le chien s’est précipité chez les voisins et a tué un canard à la place.
Orren est retourné chez les voisins, s’est excusé et a battu le chien. Le chien, qui était intelligent, s’est dit : « OK, plus de canards. »
Peu de temps après, le chien s’est précipité chez les voisins et a tué une oie. Les voisins ont alors abattu le chien. Fin de l’histoire.
Le 23 octobre 2025, Club Orlov – Traduction du ‘Sakerfrancophone’