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263431 juillet 2017 – On disait hier, sur ce site, à propos des dernières folies de l’administration-chaos du président Trump, et citant une remarque de Peter Lavelle, qu’il y a deux sortes d’appréciations : « Pour beaucoup, particulièrement ses critiques, l’administration Trump est rien de moins que “du chaos aux stéroïdes”. Pour certains, qui connaissent le président, c’est une sorte de “business as usual”, la méthode du businessman Trump... » On s’attache ici au deuxième terme de l’alternative car il m’est arrivé quelques informations sur certaines activités très révélatrices de l’équipe-Trump.
Je dis “équipe-Trump” à dessein, et nullement administration Trump, ou gouvernement Trump, et l’on va très vite comprendre pourquoi. Quel crédit accorderais-je à ces informations ? D’abord, il faut dire qu’elles viennent d’une source que je qualifierais de “très sérieuse”, et plutôt émargeant ou proche d’un service officiel, d’une organisation internationale qui a sa place dans le Système. Cela n’est une garantie de rien dans les domaines de la sagesse et de la justesse mais cela nous garde d’une trop grande relativité d’apparence parce que dépendant d’une situation de communication dans l’échelle du Système qui nous est connue. Ensuite, il y a un argument qui fait prendre “au sérieux” ces informations, c’est qu’elles auraient été jugées il y a encore fort peu de temps “pas très sérieuse”, comme tout ce qui avait trait à Trump, et pourtant qu’elles viennent aujourd’hui d’une source “sérieuse” (“très-sérieuse”). Cela signifie qu’on considère désormais Trump comme quelque chose de “sérieux”, avec quoi il faut compter.
Venons-en aux informations en question... Des contacts des sources citées, à Washington même, disons dans des milieux proches de Trump, signalent que « Trump est déjà en train de préparer son équipe pour l’élection de 2020, son équipe de réélection... En fait, Trump s’est bien amusé lors de l’élection présidentielle, et c’est surtout cela qui l’intéresse, recommencer en 2020. Dans tous les cas, on n’a jamais vu ça : qu’un président prépare, après six mois d’exercice du pouvoir, son équipe et sa stratégie de réélection, 42 mois avant la prochaine élection... » Cela signifie que Trump considère désormais son premier terme comme une constante campagne électorale, avec la férocité qui va avec, pour préparer le second terme, son seul objectif devenant de taper sur son adversaire (l'establishment). On comprendra que ces nouvelles, non seulement me font éprouver une grande satisfaction intellectuelle car tout ce qui sort des normes est objet d’excitation comme étant une indication de la crise du Système, mais au-delà qu'elles invitent à la spéculation.
Le premier point que je veux mettre en évidence est celui-ci : je crois que le vote du Congrès sur les sanctions antirusses a achevé la complète rupture entre Trump et l’establishment, dont le Congrès est la représentation la plus pompeuse et la plus bombastique dans la plus complète hypocrisie du simulacre. Trump ne pouvait interpréter, et ce projet de loi, et le vote écrasant et quasi-stalinien par conséquent, que comme une manœuvre évidente pour lui interdire toute politique de normalisation des relations avec la Russie. Le fait qu’il n’ait pas opposé son veto au vote sur les sanctions antirusses est le signe de cette rupture....
Tactiquement, cela se comprend, comme l’observe Paul Craig Roberts : « Le vote sur les nouvelles sanctions rendaient complètement inutile un veto du président Trump, parce qu’il dépassait très largement les deux-tiers des votes du Sénat requis pour repousser ce veto [et donc que le veto de Trump était battu d’avance]. La seule chose qu’aurait pu obtenir Trump était [paradoxalement] d’alimenter la fausse accusation de sa complicité avec Poutine. » Pour le reste, le vote du Congrès approuvé d’une façon éclatante manifeste que cette entité utilise sa position institutionnelle pour contrecarrer absolument la politique du président ; donc, plus rien à faire avec le Congrès dans sa constitution actuelle, et notamment pas avec les élections de 2018 dans les conditions existantes, qui ne feraient que renouveler les mêmes tactiques et les mêmes objectifs, comme on blanchit du fric cradingue.
Stratégiquement, cela ouvre des perspectives, dans tous les cas selon mon point de vue : désormais, fondamentalement, Trump se fout du Congrès et gouvernera en complet affrontement avec lui ; il deviendra inconstitutionnel contre le Congrès là où il est difficile de prouver qu’il l’est, là où ses pouvoirs et les forces dont il dispose lui permettent de l’être... S’il le faut, et cela satisfera nombre de camarades qui ont hurlé au “fascisme” en les confortant dans leurs obsessions, les pauvres hères, s’il le faut Trump jouera au dictateur (“fasciste”, si vraiment vous y tenez quoique nous soyons si loin de ces étiquettes d’un autre temps).
L’essentiel n’est pas dans ces moyens d’action envisagés, y compris l’affreuse étiquette de “fasciste” dont Trump se fout comme d’une guigne, mais dans l’effet fondamental de cet affrontement... Car son objet ne porte plus en rien, tous les arguments de façade étant écartés, sur la politique US, son orientation, ses objectifs, son idéologie, etc., mais bien sur le pouvoir lui-même, le “pouvoir-en-soi” si vous voulez. Il en résulte qu’on ne cherche plus qu’une chose : à se détruire les uns les autres, motivés par une haine réciproque d’une extraordinaire intensité.
Oui, je dis ma conviction que nous sommes dans une bataille de destruction réciproque où Trump est loin d’être coincé et dont l’enjeu ne peut que me remplir de joie. A l’image de la doctrine de l’équilibre nucléaire MAD (Mutual Assured Destruction), “destruction réciproque” c’est une autre expression pour signifier “autodestruction”, – et ce ne peut être que celle du Système dans l’extrémité de l’affrontement où nous nous trouvons.
Une étape importante vers les élections de 2020 et dans le cadre d’une présidence Trump qui ne serait qu’une “bataille-de-chiens” (dogfight) entre Trump et l’establishment-Congrès, serait, avec les élections mid-term de novembre 2018, la constitution d’un nouveau parti de type trumpiste. Adam Garrie, de TheDuran.com, envisage cette option le 30 juillet 2017, résumée par le titre/sous-titre où il mobilise en faveur de Trump les tendances centrifuges des États de l’Union : « L’oligarchie parlementaire américaine et le “géant endormi” des droits des États de l’Union... Donald Trump a d’ores et déjà modifié l’histoire de l’Amérique, mais il doit encore accentuer ce changement s’il veut réaliser une présidence victorieuse. Le temps est venu pour Donald Trump de considérer sérieusement la formation d’un nouveau parti politique représentant sa base et son programme de gouvernement. »
Possible, sinon logique ça... Mais ce que Garrie n’envisage pas vraiment c’est que le “géant endormi” dont il veut faire l’arme secrète de Trump c’est tout simplement la sécession, la déconstruction des USA. Au-delà de la référence aux républicains, il faut aussi compter sur la Californie qui est un cas où une majorité démocrate tend vers la sécession. La démarche californienne entre actuellement dans une phase très structurée et opérationnelle où est envisagée de façon très sérieuse une autonomie souveraine à l’intérieur de la fédération, ce qui nous fait passer au niveau d’une confédération, et même au-delà, et tout cela résumé par la formule “indépendance par rapport au gouvernement US”. Je ne peux imaginer un instant qu’une telle dynamique, celle imaginée par Gurrie et celle de la Californie confondues dans les conditions que l’on connaît actuellement, ne conduise pas à des tensions centrifuges irrésistibles et à un éclatement des USA.
Au centre de tout ce désordre à venir, il y a un homme, dont les défauts gigantesques deviennent des vertus utilisables avec tous les intérêts et retombées possibles. Son narcissisme, son autoritarisme vagabond, sa volonté de diviser aussi bien les gens de son équipe que ses adversaires, son goût pour les victoires tactiques et la destruction de l’adversaire avec grand renfort de communication et sans le moindre souci des conséquences stratégiques, donc son absence de vision de Grande Politique, font qu’il est un instrument idéal pour déclencher des processus catastrophiques irréversibles sans s’en apercevoir. Son caractère furieux et extrêmement tenace lorsqu’il s’agit de son narcissisme fait qu’il est extrêmement difficile à vaincre parce qu’il est en un sens insaisissable du point de vue d’une logique politique qu’il n’a aucunement. Trump, “c’est la politique du moi” disent ses adversaires politiques ; exact pour la belle affaire qu’est l’intelligence de la chose, et alors ? S’il faut une crapule narcissique pour ébranler cette tour de Babel de corruption, de suffisance, de simulacre et de tromperie qu’est “D.C.-la-folle” au cœur du Système, va pour la crapule narcissique ! Je n’ai plus rien à faire des “valeurs humaniste et démocratiques” ni de la “vertu républicaine” comme simulacre en solde dans cet océan de merde, dans ce cloaque de corruption où nous a menés la modernité. Il importe et il suffit de tirer la chasse derrière soi, en sortant, et c’est ce à quoi The-Donald excelle...
... En un mot, pas plus, je dirais ceci qu’il n’est pas question de “victoire” de l’establishment sur Trump ni de “victoire” de Trump sur l’establishment, mais bien de la “rupture” entre les deux, notamment entre Trump et les républicains. Nous sommes dans des affrontements de crapules alors ma logique est impérativement d’identifier la crapule la plus antiSystème par inadvertance ou par inconséquence, – et c’est The-Donald, pour sûr, cet homme qu’on croyait sans conséquence et qui s’avère comme le contraire d’un “roi sans divertissement”. Sorti de rien, sinon des divers $milliards de ses Trump-Towers, Trump est le contraire du “roi sans divertissement” parce qu’il en a un : son divertissement à lui, c’est, comme on dit un peu lestement, de la mettre profonde à l’establishment qui l’a repoussé ; si cela signifie la fin des USA, pas d’hésitation et allons-y pour l’enterrement de la “nation indispensable”. Ce sera le cas.
“To finish in a burlesque of Empire”, prophétisait ce grand historien que j’eus l’honneur de connaître, William Pfaff. Nous y sommes, sonnez trompettes !
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