Tourbillon crisique-47

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Tourbillon crisique-47

13 avril 2017 – Parlant pour ce qui est du comportement de que je nomme selon le Glossaire.dde du site le “bloc-BAO” (avec les USA en tête de proue), on sait que depuis 5-6 jours, se déploie la perspective intense d’une attaque qu’on croirait massive de la Syrie. Il y a eu deux ou trois “moments” où l’on a cru sentir que l’attaque était imminente, suivis d’une perception inverse, où l’on pouvait sentir diverses hésitations, des consultations, des interrogations. Des affirmations nettes ont été posées, puis perdant de leur netteté. (On notera un “détail” important à mon sens, deux affirmations nettes qui survivent à cette indécision et paradoxalement l’alimentent : le refus de l’Allemagne et de l’Italie de participer à une éventuelle attaque.)

C’est une dynamique nouvelle. Pour l’attaque de l’Irak comme pour celle de la Libye, qui demandaient les mêmes ingrédients, notamment la constitution d’une coalition pour l’attaque, la dynamique fut claire et nette : une montée régulière en accélérant vers la perspective de l’attaque, puis l’attaque elle-même. Pour l’attaque avortée contre la Syrie en août-septembre 2013, il y eut deux phases très nettes : montée en puissance vers l’attaque, le tournant du 30 août (vote des Communes le 30 août contre la participation anglaise), repli jusqu’à l’abandon du projet le 11 septembre avec un arrangement Russie-USALa séquence actuelle est nouvelle parce qu’elle est chaotique de toutes les façons du côté-BAO, incertaine, paroxystique, furieuse, faite de hauts et de bas, entachée d’affrontements internes ouverts (essentiellement à Washington) sur la forme de l’attaque, sinon l’attaque elle-même.

Aujourd’hui encore, alors qu’il est évident que dans ce genre d’entreprise, il faut acquérir un rythme irrésistible de montée en puissance culminant directement dans le paroxysme de l’acte, personne n’est sûr de rien et tout est possible : pas d’attaque du tout, ou dans la même veine un tir symbolique, une attaque puissante contre les Syriens seuls, une attaque massive contre tous, y compris les Russes, avec les conséquences qu’on imagine. Il s’agit d’une situation inédite, qui indique un changement de nature de la dynamique politique du bloc-BAO, des USA singulièrement.

Tout se passe comme si la formidable puissance (surpuissance) psychologique de la volonté d’attaquer initiale, avec toute la force possible, tendait à s’effilocher, à s’effriter, sans qu’aucun événement majeur extérieur puisse paraître en être la cause ; comme si elle s’effilochait, s’effritait d’elle-même, cette surpuissance psychologique.

Je ne conçois qu’une seule explication qui soit à la hauteurde cette perception, à la hauteur de la surpuissance initiale de la dynamique psychologique, à la hauteur de l’enjeu énorme qui est née de circonstances si futiles, complètement fabriquées et bidouillées, et si mal, si grossièrement, comme s’il n’y avait plus que des amateurs au rabais pour cette sorte de besogne... Le fondement de la cause est constitué d’une multitude de mensonges d’une grossièreté et d’une faiblesse insupportables pour la psychologie, et une perception plus ou moins consciente du mensonge par à peu près tous ; appuyer cette “surpuissance initiale de la dynamique psychologique” sur un tel fondement fait par conséquent de cette “surpuissance” un simulacre de “surpuissance”... Une “surpuissance” vide, la “surpuissance” de rien, une psychologie qui fait un bruit de tonnerre (communication) mais qui est en fait complètement épuisée et vidée de sa substance. La fréquentation exclusive du mensonge n’est pas un remontant de premier choix pour la psychologie.

Comme tout le monde je pense, j’ignore si l’attaque aura lieu, et j’ignore ce qui se passera si l’attaque a lieu. Mais je crois bien sentir, et presque savoir à partir de cette intuition, que si l’attaque n’a pas lieu ou aboutit à un simulacre très-très-voyant, – un simulacre-bouffe, ou simulacre d’une attaque-bouffe si vous voulez, – alors nous devons nous préparer à contempler la dernière phase de l’effondrement du Système, transmutation achevée de la surpuissance en autodestruction. Le Système, – pas la Russie ni la Syrie, – le Système joue son va-tout.

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