“To Fall In Line” (suite)

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“To Fall In Line” (suite)


12 janvier 2003 — On connaît l'expression « to Fall in Line », employée pour caractériser l'irrésistible ascendant des USA sur le reste du monde, et qui se caractérise part le constat mi-bon enfant, mi-assuré, que, quoique l'on fasse et que l'on tente, la supériorité psychologique, diplomatique, militaire, culturelle, prévaudra et que l'on rentrera dans le rang (fall in line). (Avec ce constat annexe : pourquoi tenter quelque chose ?) Voici une curiosité : cet article du Guardian, avec son titre où est employé le mot line, nous dit à peu près le contraire : « EU tells America to toe the UN line », — ou l'UE avertissant les USA qu'ils doivent « to fall in line » selon les instructions de l'ONU.

C'est une confirmation de plus, du constat de l'étrange volatilité de la situation internationale d'une part, de la position évidemment concurrente, pour ne pas dire plus, entre USA et Europe (UE).

• L'étrange volatilité, cela signifie qu'il n'y a pas de véritable direction, contrairement aux analyses qui ne tiennent compte que du poids apparent de la puissance (pour favoriser l'analyse de la puissance US). La réalité est apparue ces deux dernières semaines, selon deux phénomènes importants : d'une part, la division grandissante et dévastatrice au sein du pouvoir US, c'est-à-dire la faiblesse de ce pouvoir, avec comme élément structurel aggravant son constant “isolationnisme psychologique” (l'aspect inward-looking du caractère US) qui le coupe des réalités extérieures, le tout conduisant à une paralysie sans cesse en aggravation ; d'autre part, la réalité de la faiblesse militaire US par rapport aux ambitions affirmées de ce pays, avec son incapacité de tenir un rôle militaire sérieux dans la crise coréenne, donc la nécessité de s'en remettre à la “la communauté internationale” (l'ONU), et se plaçant dans une position où il ne pourra repousser l'injonction de s'en remettre à cette même logique ONU/“communauté internationale” pour le reste (y compris l'Irak).

• La réaction naturelle, évidente de l'Europe, d'affirmer son rôle de leader alternatif, et évidemment concurrent des USA. Il est évidemment instructif de constater que les deux hommes qui mènent principalement ce “retour” européen sont, — un modéré d'habitude de réputation atlantiste également modérée, très incliné au compromis, Solana, actuellement particulièrement dur pour les USA dans ses activités courantes ; et un pro-américain à 150%, qui démontre depuis quelques jours qu'il ne l'est que tactiquement : non que Tony Blair soit devenu Européen, il est Anglais d'abord et son changement actuel montre bien que l'Europe retrouve la main.


« Transatlantic differences over Iraq threatened to set back America's timeline for an invasion yesterday when the European Union warned the US that there could be no war against Saddam Hussein without clear proof that he holds banned weapons.

» Javier Solana, the EU's foreign policy chief, issued a blunt reminder to Washington that only the UN security council could determine whether military action was justified. European governments and public opinion believe overwhelmingly at this stage that it is not justified, because the work of weapons inspectors has been inconclusive.

» Tony Blair is expected to fly to Washington this month to amplify the message that the UN be given “time and space” to deal with Iraq in discussions with George Bush. Aides say Mr Blair also intends to meet Hans Blix, the chief UN weapons inspector, before Dr Blix delivers his assessment on Iraqi compliance on January 27.

» “Without proof, it would be very difficult to start a war,” Mr Solana told the French daily Le Monde. “The legitimacy of such a war will be determined by the security council. The UN arms inspectors derive their legitimacy from the council... so if there is not any information deemed sufficient by the security council... I would find it very difficult to act.”

» Mr Solana's uncharacteristically tough comments came after inspectors reported on Thursday that they had uncovered no ''smoking guns'' in their work so far - making it harder for President George Bush to win over sceptical international opinion. The change in mood in Europe was acknowledged in the US, where officials emphasised that Washington would not see the weapons inspectors' next report on January 27 as a decision day for war, as had previously been thought. »


La passionnante question qui nous attend devant ce qui n'est qu'une péripétie (l'épisode ne nous dit rien des positions affirmées et stables, elle nous dit que le pouvoir est disputé aujourd'hui dans les relations internationales, et notamment entre US et UE), — la question est de savoir si l'on en tirera des leçons. De la part des Européens, de la plupart d'entre eux dans tous les cas, on en doute tant la culture de la servilité est aujourd'hui dominante. La réalité instructive à côté de la “question passionnante”, c'est de constater que la réalité, — justement — se fout de la culture de la servilité propre aux Européens et remet régulièrement les choses à leur place dans les relations internationales. L'on est contraint, et peut-être certains s'en désolent-ils, de constater que l'Europe y a diablement sa place. (Non que l'Europe soit une puissance scintillante mais parce que les USA ne sont qu'une puissance d'apparence, et l'apparence s'écaille ces derniers temps.)

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