Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
9 août 2025 (06H30) – En d’autres temps, l’annonce d’un sommet des “grands” (France, UK, URSS, USA) puis des sommet des “super-grands” (URSS-USA) était l’annonce de temps enfin devenus plus heureux. C’était le signe que l’essentiel était boucle, relu, approuvé, et qu’il n’y manquait que les signatures et les embrassades. C’était in illo tempore, vous dis-je et, franchement, je ne crois pas que nous y soyons revenus.
Par conséquent et compte-tenu du poids qui pèse sur ma mémoire sans nécessité de convoquer la conscience,, – entre un monde à peu près sensé et un monde complètement fou, – je préfère m’abstenir d’un jugement structuré et décisif pour l’instant jugé qui commence à la rencontre Poutine-Witkoff et qui est loin d’être clos. Certains qualifieront de “pleutrerie intellectuelle” là où il n’y a que la prudence qui attend la lucidité pour avancer un jugement.
... Enfin, pour ne pas en rester là et fournir à nos lecteur un travail essentiellement factuel mais notablement engagé contre Trump le faussaire et aussi contre Poutine le naïf. Je reprends le texte du 7 août de Larry S. Johnson, que je trouve le plus élargi (aux événements accompagnant le sommet) et le plus précis parmi quelques autres que j’ai parcourus ou entendus. Je pense qu’on trouve chez Johnson, sur le fond de son analyse la qualité du travail d’un bon (très-bon) analyste de la CIA. Je tends à partager certaines de ses appréciations, mais tiens à préciser avec résolution que je suis bien loin de les soutenir vigoureusement et catégoriquement.
« Trump Is Not Serious About Peace in Ukraine »
» Vous vous demandez peut-être : « Quel est le rapport entre la publication de Trump sur Truth Social et la guerre en Ukraine ? » La cérémonie de vendredi à Washington n'a rien à voir avec la tentative de Trump de régler un conflit opposant les Arméniens chrétiens aux musulmans chiites en Azerbaïdjan. Il s'agit d'une mascarade malveillante, à laquelle participent activement les dirigeants arméniens et azerbaïdjanais. Les États-Unis ont un objectif plus sombre et plus dangereux : prendre le contrôle de la région du Caucase du Sud afin d'affaiblir et, à terme, de renverser les gouvernements russe et iranien. Il s'agit d'une manœuvre de pouvoir déguisée en initiative de paix.
» L'intervention américaine dans le Caucase du Sud a lieu alors que Trump prétend, à tort à mon avis, vouloir sincèrement conclure un accord avec Poutine. La Russie me fait penser à Charlie Brown, le personnage de dessin animé devenu un idiot pour avoir été incité à plusieurs reprises par Lucy à taper dans un ballon de football, avant que Lucy ne subtilise le ballon au moment où il frappe, Charlie Brown s'agite dans le vide et retombe sur ses fesses.
» Vladimir Poutine est régulièrement présenté dans les médias américains comme un autoritaire maléfique. Ils se trompent vraiment ! Si Poutine est très intelligent et a brillamment reconstruit la Russie pour en faire une grande puissance, je pense qu'il a plus en commun avec Charlie Brown lorsqu'il s'agit de forger une relation avec les États-Unis. Il est trop confiant. J'ai un message simple pour mes amis russes : on ne peut pas faire confiance aux États-Unis. Nous sommes pires que Lucy. Nos vêtements sont maculés du sang de millions de personnes… en Ukraine, à Gaza et en Iran. Ignorez nos paroles. Regardez ce que nous faisons.
» Hier, Trump a déclaré que la Russie constituait une menace pour la sécurité nationale… C'est du jargon bureaucratique pour désigner un ennemi. Trump a agi ainsi alors que Steve Witkoff persuadait le président Poutine de rencontrer Donald Trump en personne. Pourtant, quelques heures après la conclusion de cet accord, les États-Unis en ont modifié les termes et ont insisté – du moins selon certains médias – pour que le président ukrainien Zelenski participe aux négociations.
» Le président Poutine a-t-il oublié la trahison des États-Unis, qui ont aidé l'Ukraine dans sa tentative avortée de l'assassiner fin mai alors qu'il se rendait à Koursk ? A-t-il oublié l'opération Spiderweb, au cours de laquelle des drones dissimulés dans des semi-remorques ont lancé une attaque surprise contre les moyens aériens stratégiques russes, deux jours seulement avant la rencontre russo-ukrainienne à Istanbul pour des négociations ? Les États-Unis y ont également contribué en fournissant des renseignements à l'Ukraine.
» Si le gouvernement russe continue d'afficher une attitude positive à l'égard de la rencontre imminente, l'équipe de Trump alimente les doutes quant à sa tenue. Selon le Washington Post :
» Le brusque changement de position du président Donald Trump, passant de la frustration face à l'intransigeance du président russe Vladimir Poutine à la perspective d'une rencontre en tête-à-tête prochaine – malgré le refus de Poutine de cesser ses attaques contre l'Ukraine ou de renoncer aux principaux objectifs de guerre de la Russie – a offert au dirigeant russe un coup diplomatique, que le Kremlin a salué jeudi.
» Après des signaux contradictoires : l’envoyé spécial des États-Unis, Steve Witkoff, a rencontré Poutine pendant trois heures mercredi à Moscou, puis la Maison-Blanche a imposé de nouveaux droits de douane élevés à l’Inde, invoquant son soutien à l’économie de guerre russe. Trump a soudainement annoncé son intention de rencontrer Poutine « très prochainement » et qu’il y avait « de très bonnes chances » de parvenir à un accord sur le conflit en Ukraine.
» Un responsable de la Maison-Blanche, qui, comme d’autres personnes dans cet article, s’est exprimé sous couvert d’anonymat pour évoquer des sujets diplomatiques sensibles, a déclaré jeudi après-midi que Trump ne rencontrerait Poutine que si ce dernier acceptait également de rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelenski – une éventualité que le dirigeant russe a qualifiée jeudi de prématurée à ce stade.
» Mais la Maison-Blanche a ensuite assoupli sa position, soulignant que Trump souhaitait rencontrer les deux dirigeants, mais que d’autres options restaient envisageables. »
» Trump et les néoconservateurs qui l’entourent pensent que Poutine est faible et désespéré. C’est une fabulation. Ils croient sincèrement à ce mensonge. La position russe sur la manière de mettre fin à ce conflit a été confirmée à plusieurs reprises depuis le discours de Poutine au ministère russe des Affaires étrangères en juin 2024 .[...]
» Si je salue la volonté du président Poutine de parvenir à un règlement diplomatique du conflit plutôt que de devoir régler la question sur le champ de bataille, la réalité est que l'Occident n'a aucune envie d'un accord qui laisserait à Poutine le contrôle des quatre anciens oblasts d'Ukraine et de Crimée. Il ne s'agit pas d'une guerre entre la Russie et l'Ukraine. Il s'agit d'une guerre entre la Russie et l'OTAN, l'Ukraine étant reléguée au rang de pion mortel. »
Il me semble qu’on doit être sensible, dans ce texte de Johnson à ce qui est dit de l’activisme US entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie
« Vous vous demandez peut-être : “Quel est le rapport entre la publication de Trump sur Truth Social et la guerre en Ukraine ?” La cérémonie de vendredi à Washington n'a rien à voir avec la tentative de Trump de régler un conflit opposant les Arméniens chrétiens aux musulmans chiites en Azerbaïdjan. Il s'agit d'une mascarade malveillante, à laquelle participent activement les dirigeants arméniens et azerbaïdjanais. Les États-Unis ont un objectif plus sombre et plus dangereux : prendre le contrôle de la région du Caucase du Sud afin d'affaiblir et, à terme, de renverser les gouvernements russe et iranien. Il s'agit d'une manœuvre de pouvoir déguisée en initiative de paix. »
Il faut ajouter, dans la même domaine qui marque le Sud de la crise assaillant la Russie, les événements de Moldavie, ce pays situé entre la Roumanie et l’Ukraine. Bien qu’il ne s’agisse pas du Caucase du Sud, la dynamique déstabilisatrice qui touche ce pays fait partie du même “arc de crise” qui touche ces pays.
Les plus récents événements de Moldavie vont effectivement dans ce sens avec notamment et successivement :
• La condamnation de Evgenia Gutsul (ravissante jeune femme, leader de la région pro-russe autonome de Gagaouzie et victime d’un vol extraordinaire d’impudence de son élection à la présidence, par les autorités inspirée par l’UE à 150%) à sept ans de prison par les instances du pouvoir central. Andrew Korybko place cet acte dans la perspectives des présidentielles de 2028 en Moldavie, mais nous jugeons qu’il y a plus de cohérence et d’urgence à la placer dans le cadre de la crise uranienne actuellement en coiurs.
• Hier, le Parlement de Gagaouzie a réagi en rejetant cette condamnation et en la tenant comme nulle et non avenue. Quelques mots sur cette péripétie qui aggrave considérablement la situation :
« Le parlement de Gagaouzie, région autonome de Moldavie à majorité russophone, a rejeté la condamnation du leader eurosceptique local à sept ans de prison, la qualifiant d'illégale et de politiquement motivée.
» Gutsul, élue en 2023 et ardente défenseur de liens étroits avec la Russie, a été reconnu coupable d'avoir acheminé des fonds illégaux d'un groupe criminel organisé vers le parti eurosceptique interdit SOR et d'avoir financé des manifestations contre le gouvernement moldave. »
• C’est aussi à cet égard, je veux dire dans cette circonstance géopolitique et d’imposture politique absolue qu’on jugera si Poutine se conduit naïvement vis-à-vis des USA en n’évoquant pas ces différentes affaires où l’action washingtoniennes est évidente, ou s’il l’introduit au contraire dans le débat entre les USA et la Russie.
D’autre part, si la situation devait continuer à se détériorer sous l’action des neocon alliés évidemment à la Turquie aux multiples trahisons, un nouveau front devrait s’ouvrir du côté russe. Cues les contraintes diverses pesant déjà sur les forces armées russes, on estimera qu’une telle évolution passera cette fois par rien moins qu’une mobilisation générale pour tenir le rythme de la guerre, et là aussi un danger de conflit nucléaire.
Il y a enfin une autre thèse, une autre dimension, qu’il n’est pas question de négliger et que je ne veux pas négliger une seule seconde, et pour cause ! La possibilité d’une défaite complète de l’Ukraine et la crainte des USA devant cette perspective.
On peut lire dans le dernier duo Mercouris-Christoforou hiet matin une analyse de la situation militaire selon laquelle les forces russes sont en train d’achever, au travers de plusieurs encerclements (“chaudrons”), d’établir la possibilité de l’encerclement complet de la dernière ligne de défense ukrainienne du Donbass. Cette opération conduit à la possibilité de percée conduisant à la possibilité de l’invasion quasi-complète de l’Ukraine, avec l’effondrement des structures des forces qui l’accoilmpagnerait. D’où le titre de l’intervention des deux commentateurs :
« Les encerclements dans le Donbass forcent les USA à traiter avec la Russie »
A l’une des dernières questions à ce propos de Christoforou, la réponse de Mercouris est paradoxalement catégorique et sans appel tout en restant extrêmement ambigue sur le fond, – comme la situation elle-même, avec la position d’un Trump étant littéralement liquide ou glissante, allant dons un sens différent de celui du jugement implicite de Johnson. On trouve en effet introduite l’importante notion du temps, – entre l’annonce du sommet, la tenue, ses conséquences immédiates, – et le fait fondamental qu’il ne saurait y avoir quelque chose qui ressemble à un cessez-le-feu avant une avancée ultimement décisive sur le terrain et un accord circonstancié dont le cessez-le-feu serait chronologiquement le premier but, mais dépendant absolument d’autres accords sur les exigences russes, – notamment un “réarmement” ukrainien , que les forces russes contrecarreraient immédiatement, – avec clause d’annulation si quelque chose vient entravere leur application.
Si Poutine n’impose pas de telles conditions, son pouvoir en Russie deviendra totalement incertain à l’heure où, – signal important, – Medvedev, silencieux depuis quelques jours, réagit indirectement en signalant au sénateur Graham que ce n’est pas aux USA « de dicter quand Moscou doit négocier avec Kiev un accord de paix ». Il signifie que Moscou doit rester maître du calendrier (“maître des horloges”, dirait l’autre), et que cela commence par le cas de la fixation du cessez-le-feu. Medvedev, dans ce cas, parle au nom de la majorité de la direction de sécurité nationale de la Russie, – Poutine le sait et Washington devrait le savoir. En démentant sans la moindre restriction toutes les rumeurs (New York ‘Post’) venues de son entourage neocon sur une rencontre Poutine-Zelenski conditionnelle au sommet Trump-Poutine, Trump a indirectement confirmé la position de maîtrise de Poutine.
Ainsi, revenant au dialogue Christoforou-Mercouris...
Christoforou : « Étant donné que cette guerre dure depuis trois ans et demi, presque quatre ans, Poutine pourrait-il décider de négocier un accord sachant qu'il est si proche d'une percée ? »
Mercouris : « Non, je ne peux pas imaginer qu'il le fasse. Si par accord on entend geler le conflit [là où les Russes veulent le mener], oui. Mais n'importe quoi, même Istanbul plus, et encore plus qu’Istanbul plus [ne convient plus]. Je veux dire, Poutine est dans une position d'avantage militaire écrasant. Je ne peux pas imaginer qu'après trois ans et demi, il envisagera de négocier cet avantage. »
Comme Mercouris dit si souvent et fameusement : ‘Just Saying’. Pour nous, je dirais que c’est plutôt, dans mon magnifique anglais : ‘Just Waiting’.