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1697Au contraire de l’hyper-confusion du bloc-BAO formant une partie non négligeable du Grand-Désordre de la région, la Russie procède méthodiquement au renforcement de l’alliance dont elle est l’instigatrice principale, autour de la défense et de la consolidation du régime syrien de Bachar al-Assad. Il n’est pas assuré que l’on puisse définir précisément les buts stratégiques de la Russie, ni qu’elle réussisse à les rencontrer, mais il est par contre évident qu’elle procède tactiquement avec beaucoup plus d’ordre, de calme et de contrôle de soi que ne font les pays du bloc-BAO, et notamment les USA.
L’action des Russes est, au niveau politique (géopolitique et géostratégique), de calquer dans ces domaines leur processus tactique sur le terrain. Dans ce dernier cas, ils élargissent et renforcent leur implantation, tandis qu’ils élargissent et renforcent régulièrement leurs attaques aériennes contre les concentrations terroristes et de l’opposition la plus dangereuse pour le régime Assad. Aux niveaux géopolitique et géostratégique, la Russie procède à un renforcement régulier en matériel de l’armée syrienne et, d’autre part semble-t-il, aurait amorcé un renforcement des liens entre la Syrie et l’Egypte qui pourrait conduire à considérer que l’alliance de facto “4+1” (Irak-Iran-Russie-Syrie + Hezbollah) pourrait devenir une alliance “5+1” (Égypte-Irak-Iran-Russie-Syrie + Hezbollah).
• Du point de vue des armements et pour ce qui concerne l’acte de la Russie, il y a d’abord une nouvelle de DEBKAFiles (le 6 décembre) annonçant que la Russie aurait commencé à livrer de nouveaux chars du modèle T-90 à l’armée syrienne, pour remplacer ses vieux T-72. Ces chars T-90, qui sont les plus modernes dont dispose l’armée russe avant l’entrée en service, dans deux ans, du nouveau T-14 présenté comme révolutionnaire, sont équipés de plusieurs système de défense, d’annihilation ou de brouillage des missiles antichars type-TOW dont l’armée syrienne a beaucoup souffert depuis qu’elle s’est remise en posture offensive, depuis la fin septembre en même temps que les Russes commençaient leur offensive aérienne. (« On Wednesday, Dec. 2, Russia started transferring dozens of advanced T-90 tanks to Syria, DEBKAfile’s military and intelligence sources report. They were moved immediately to two Syrian army fronts fighting rebel forces at the two most important cities, Aleppo and Damascus, and are expected to be sent to beef up the combined Syria, Iranian, Hizballah army poised to recover Palmyra from the Islamic State. »)
Mais la nouvelle la plus importante serait celle qui est donnée par Elijah J. Magnier, journaliste arabe réputé travaillant pour le quotidien koweitien Al-Rai, sur son site Elijahjm.wordpress.com le 2 décembre. Elle concerne la livraison de batteries de missile sol-air S-300 russes à la Syrie, question débattue depuis plusieurs années et qui a suscité à plus d’une reprise de fortes tensions avec la Russie (de la part des USA comme de la part d’Israël). Magnier donne énormément de détails sur ces livraisons, ajoutant qu’il y aurait également en préparation sinon en cours de réalisation le déploiement de deux escadrons d’avions de combat iraniens en Syrie, au côté des forces aériennes russes. Les détails sur les S-300 portent sur les conditions que les Syriens établiraient dans leur usage, menaçant tout avion non-syriens n’ayant pas coordonné ses déplacements avec la Syrie ; cela reviendrait, selon les sources de Magnier, à éviter de menacer les avions de la coalition du bloc-BAO, mais par contre servirait essentiellement à contenir par la menace l’aviation turque. (La situation pourrait alors devenir intéressante pour la Russie, qui ferait par ce biais peser indirectement une menace sur les forces aériennes turques après la destruction du Su-24 le 24 novembre.)
D’une façon générale, il n’y a eu aucun écho à cette nouvelle, qui date de pratiquement une semaine, et notamment rien du côté israélien, y compris des sources non-officielles. Cela n’implique pas nécessairement que l’on doive mettre en doute ces informations, puisque tout une gamme d’explications à ce silence, y compris divers accords secrets, est disponible dans un conflit où nombre des choses les plus importantes sont le plus possible tenues hors des canaux de la communication. (Au contraire même, pour certains cas : cette sorte de silence, devant une telle nouvelle qui a un potentiel de grand écho de communication, est dans nombre de cas indicateur de l’extrême possibilité de la réalisation de la chose. Dans ce cas, il s’agirait de cette circonstance où tous les acteurs concernés n’ont pas intérêt à en voir faite une publicité quelconque, alors que la presse-Système est évidemment sourde à ces canaux d’information type-Magnier et qu’une grande partie des réseaux d’internet, y compris les antiSystème, restent orientés sur les impulsions de sites de leurs propres sphères, en général anglo-saxonnes ou approchant.) Nous donnons ici l’essentiel de ce qui concerne les S-300, non sans signaler que le texte contient d’autres indications très intéressantes sur la situation militaire, les dispositifs russes, iraniens, du Hezbollah, etc. : « A high-ranking officer within the joint operation room in Damascus (consisting of Russia, Iran, Syria and Hezbollah) said “Damascus received sets of S -300 advanced Russian missiles, ready to enter active service. Soon, Syria will announce that any country using the airspace without coordinating with Damascus will be viewed as hostile and will shoot the jet (s) without warning. Those willing to fight terrorism and coordinate with the military leadership will be granted safe corridors”. [...]
» On the S-300, the source concuded: “Syrian air defense crew completed their training on the S -300 missile system in Russia and received the full sets agreed with the government the Syrian forces. The Russian-made S-300s, which can engage 12 targets simultaneously at distances of 200 kilometers and heights of up to 27 kilometers, will be deployed in the liberated areas to cover the full Syrian geography. Damascus is expected – said the source – to announce, soon, that every unidentified jet flying in the sky of Syria will be considered hostile and will be shot down if no previous coordination have been made with the Syrian authorities. Syria is ready to provided safe corridors for those willing to strike terrorism”.
» It is unlikely that Syria would declare war in the sky on the western coalition hitting ISIS group despite the deployment of the S-300 and when it will be officially announced. Nonetheless, it is certainly a strong message to Turkey that is seeing its never lasting dream of “safe-zone” vanishing in the air now more than ever. It is also a way for Damascus to put pressure on the west, mainly France and the United Kingdom, to force a diplomatic coordination with the actual government, also in terms of security, intelligence and “war on terror”. However, sources in the Syrian capital confirm that Assad doesn’t expect a sudden return of the Blue/White/Red flag over the French Embassy and the return of an Ambassador, despite the Paris attack. But for the war on terror to be efficient, Paris needs Damascus, and not the other way around, for it’s own national security protection. There are over 1400 French Mujahedeen Takferees fighting along ISIS and al-Qaeda in Bilad al-Sham. Many of these are listed in Assad intelligence files. The DGSE, French external intelligence service, will have no access to these without a diplomatic price in exchange. It will be a challenge for France to fly its jets over Syria without any coordination with Damascus and with the risk of being shot down by the S-300, mistaken for a Turkish or unfriendly jet, like Israel. »
• L’autre domaine abordé ici est donc le politique, ou géopolitique puisqu’il s’agit d’une perspective basée sur la géographie des engagements politiques. Il est substantivé par une petite nouvelle (le 7 décembre) de DEBKAFiles qui n’est pas une spéculation, mais bien le rapport d’un fait public : le premier vol d’un avion de transport civil d’Egyptair du Caire à Damas, alors que toutes les liaisons civiles avec Damas étaient interrompues depuis 2011 (une photo de l’avion d’Egyptair à Damas est publiée). DEBKAFiles interprète cela comme un signe très fort d’engagement politique de l’Égypte en soutien du régime Assad, en même temps que ce site développe une appréciation selon laquelle ce sont les Russes qui ont produit cet arrangement, impliquant un rapprochement peut-être décisif de l’Égypte de l’alliance formée, si bien qu’on pourrait dire comme on l’a fait plus haut qu’on serait sur la voie accélérée de passer de la formule d’alliance “4+1” (Irak-Iran-Russie-Syrie + Hezbollah) à la formule d’alliance “5+1” (Égypte-Irak-Iran-Russie-Syrie + Hezbollah).
« A new secret pact has taken shape in the Middle East. Last week, the offices of Russian Vladimir Putin and Egyptian President Abdel-Fatteh El-Sisi secretly formulated a tripartite accord for strengthening the ties between Moscow, Cairo and the Assad regime in Damascus, DEBKAfile’s exclusive military sources reveal. The pact had its first visible manifestation in the unannounced landings last Wednesday, Dec. 2, of the first Egyptair passenger flights at Damascus international airport and Aleppo in northern Syria. The Egyptian national airline thus became the first of any Arab airline to renew flights to the war-torn Syrian capital since 2012.
» President El-Sisi’s gesture was tantamount to an eloquent vote of support for the Syrian ruler Bashar Assad in the face of his opponents in the Arab arena. It was also a demonstration of confidence in the Russian policy of preserving the Syrian ruler in power in the face of powerful voices in the West and the region calling for his ouster. By sending a passenger plane to a Syrian airport, Egypt’ signaled its affirmation that Russian military intervention in Syria was making the embattled country a safer place where airliners could land without fear.
» Moscow therefore attached supreme importance to the opening of the Egyptian-Syrian civilian air route, so much so that President Vladimir Putin pushed hard for it to take place ahead of the conference of Syrian rebel groups opening in Saudi Arabia Tuesday, Dec. 8. »
On peut proposer un constat général en forme d’hypothèse à partir de ces diverses nouvelles, parce qu’elles doivent être considérées au minimum comme pas moins crédibles que le courant des “informations“ suscitées par le Grand-Désordre syrien, notamment des sources officielles du bloc-BAO qui sont systématiquement faussées dans un courant de communication présenté de façon ouverte comme orienté pour la cause de ceux qui l’utilisent. (En fait un jugement plus équitable serait de discréditer bien plus “les sources officielles du bloc-BAO” que tout autre réseau, pour leur politique affichée et appliquée d’une communication complètement prisonnière du déterminisme-narrativiste.) Ce constat général est d’observer le caractère minutieux, rationnel, extrêmement organisé des Russes dans leur entreprise moyenne-orientale.
Non seulement les Russes ne cessent de renforcer la partie conjoncturelle principale de leur politique, qui est la protection et le renforcement du régime Assad, mais ils travaillent également à des rassemblements d’alliances qui leur paraissent naturels et logiques. Dans le cas égyptien, les Russes travaillent dans ce sens depuis de nombreux mois, améliorant constamment leurs relations avec Sisi, renforçant militairement l’Égypte à mesure que ce pays s’éloigne de l’Amérique, même d’une façon indirecte puisqu’ils ont favorisé le transfert de l’unité de la classe Mistral (et peut-être des deux) que la France leur avait auparavant refusées, à la fois pour les capacités supplémentaires fournies à l’Égypte et la pénétration de leurs propres productions (équipement des navires de la classe Mistral en hélicoptères russes).
Parallèlement, l’affaiblissement des liens de l’Égypte avec les USA ne cesse de se confirmer, avec la France comme partenaire inattendu dans ce sens avec les armements français (les Rafale en plus de la classe Mistral). La Russie utilise à plein cette opportunité selon deux avantages : sa propre relation stratégique avec l’Égypte et le renforcement du soutien égyptien de la Syrie et de l’alliance qui s’est faite autour de ce pays. (Le cas le plus délicat pour l’Égypte est le devenir de ses relations avec les pays du Golfe, qui la soutiennent financièrement, en regard de son rapprochement de la Syrie, ennemie jurée des pays du Golfe. On dira philosophiquement que l’“Orient compliqué” en a vu d’autres...)
Bien entendu, cette unicité, cette constance dans la politique russe contraste formidablement avec le désordre de la politique du bloc-BAO, et particulièrement de celle des USA. D’un point de vue rationnel et selon les enseignements de la géopolitique, on y verrait un avantage incontestable de la Russie et même temps qu’un constant renforcement de cette puissance dans cette raison. Ce n’est évidemment pas la première fois qu’on fait cette remarque et il apparaît aujourd’hui évident que la Russie remplace bel et bien le rôle de stabilisateur, sinon de “tuteur” de la région qu’ont tenu les USA. Mais encore une fois, car nous rappelons constamment cette réserve, ce raisonnement vaut pour une situation politique rationnelle, même dans les situations de tension, voire de crise. On peut difficilement avancer que ce soit le cas, dans la mesure où la politique des USA/du bloc-BAO est devenu complètement cette politique-Système de déstructuration et de dissolution que facilite décisivement l’effondrement de la structure du pouvoir américaniste. Cela implique que la politique qui s’oppose à la Russie est celle du Système en tant que tel, qu’il s’agit d’une politique aveugle de déstructuration et de dissolution, avec laquelle il est n’est pas difficile de composer mais tout simplement impossible.
Les rumeurs sont de plus en plus précises, y compris dans les milieux officiels français, selon lesquelles l’engagement russe (avec l’Iran) en septembre au Moyen-Orient a non seulement été approuvé en secret par Washington, mais même demandé par Washington (en juin dernier), devant une situation qui devenait hors de tout contrôle avec l’expansion de Daesh. Mais à ces informations rationnelles, on opposera les questions : “Qu’est-ce que c’est, Washington, aujourd’hui ?” “Qui est Washington, aujourd’hui ?”, “Quel pouvoir, à Washington, aujourd’hui ?”, etc. Si le secrétaire d’État Kerry a demandé cela aux Russes en juin, il ne représentait que son département, voire même seulement une partie de son département, et bien d’autres centres de pouvoir, y compris Obama qui soutient Kerry un temps avant de le lâcher dans la séquence suivante, agissent dans des sens divers, différents, opposés, sans aucun autre but que de développer une politiquer antirusse forcenée, ou bien sans autre but que d’accentuer le désordre au cri de Assad Must Go comme d’autres crient Allah Akhbar.
Ainsi, l’extrême habileté de la politique russe de Poutine ne suffit certainement pas à acquérir quelque assurance que ce soit sur l’avenir. Plus que jamais elle est là pour structurer le plus qu’il est possible la position de la Russie et de ses alliés dans une situation où le président russe ne peut que “naviguer à vue”, sachant bien que la puissance et la rapidité des évènements forment aujourd’hui l’essentiel de la politique du monde. (Remarque récurrente : « Peut-être même l’homme [Poutine] navigue-t-il à vue, nullement par ignorance mais par expérience (il a vécu la dissolution-expresss de l'URSS), se contentant d’appréhender au mieux les spasmes de ses “partenaires” et de protéger à mesure les intérêts de la Russie, tout en n’espérant pas trop dans la manufacture de plans importants à long terme, de Grand Dessein ou de Grand Jeu. »)
Mis en ligne le 9 décembre 2015 à 06H51
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