Strategic dream

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Strategic Dream

24 septembre 2002 — La diffusion du document sur la nouvelle stratégie US (voir notre F&T du 21 septembre) commence à donner lieu à des commentaires intéressants, qui situent évidemment son importance. Un article du Christian Science Monitor du 23 septembre nous en donne un aperçu.

L'analyse contenu dans cet article confirme ce qui apparaît en général déjà dans les commentaires :

• La nouvelle politique stratégique est l'acte stratégique doctrinal US le plus important depuis l'époque Truman.

• La nouvelle politique stratégique implique que les USA s'affirment comme la seule superpuissance dans le monde, et affirment leur hégémonie sur le monde.

« More broadly, the 31-page document asserts American dominance as the lone superpower – a status no rival power will be allowed to challenge. And it provides a reason the world should accept this state of affairs: the expansion of peace and more freedom. A Pax Americana will be “in the service of a balance of power that favors freedom.” »

Cette interprétation généralement acceptée provoque des réticences, voire de très vives critiques, selon le constat qu'il s'agit d'un document arrogant et dangereux. Une appréciation différentes, plutôt modérée mais indiscutablement favorable, est celle de Walter Russell Mead, senior fellow pour les problèmes de politique étrangère US au Council on Foreign Relations : « It's a very far-reaching and comprehensive statement, and it's likely to endure as a bedrock element in American thinking in this post cold war world ».

Mais un élément plus important, à notre sens, est mis en évidence, sur lequel s'entendent critiques et partisans de la nouvelle stratégie : celle-ci met les choses au clair, on pourrait dire noir sur blanc.

« On one thing analysts on both sides agree: In many ways it merely makes explicit what has been US practice for years.

» “If you look at our history with Latin America, you could cast much of previous policy as imposing regime changes on the basis that if we don't act, bad things will happen. But to boldly declare such a policy, that's new,” says Richard Stoll, professor of political science at Rice University. »

C'est une approche très intéressante de la nouvelle stratégie, et qui peut s'avérer fructueuse, ou féconde selon ce qu'on en a. La logique contenue dans cette appréciation (“la nouvelle stratégie ne fait que mettre noir sur blanc ce que nous faisons depuis longtemps”) signifie notamment :

• Tous les reproches qu'on peut faire à la “doctrine Bush”, et notamment celui qui porte sur la “guerre d'agression”, sont valables pour le comportement passé de l'Amérique. C'est, rétrospectivement, accepter le jugement que le système américaniste conduit une politique impérialiste et hégémonique de façon quasiment naturelle. L'exemple de l'Amérique Latine choisi par Richard Stoll est évidemment intéressant puisque l'interventionnisme US dans cette région date des origines de la puissance américain, — ce qui contribue à dater de façon radicale cette tendance impérialiste/hégémonique.

• GW serait moins un accident qu'on ne pourrait le croire à première vue. GW ne fait que dire tout haut ce que les présidents US ont fait avant lui, tout bas, ou en dissimulant avec plus ou moins de bonheur, selon l'habileté chaotique de la CIA. C'est un précieux enseignement pour nos planificateurs ouest-européens, si le problème les intéresse.

• Cette sorte de débat et d'enseignement accélère ce que le professeur Joseph S. Nye dénonce de plus en plus hautement : que l'étalage et l'affirmation par l'administration GW de la puissance militaire US, ce qui constitue le hard power, contredit de plus en plus nettement ce qui a en réalité fait l'essentiel de l'influence US, le soft power, c'est-à-dire, justement, la capacité d'influence par les moyens de la communication, au travers de la projection d'une image idéalisée de l'Amérique. La nouvelle politique stratégique de GW est sans aucun doute une contribution remarquable à la destruction de l'image séduisante de l'Amérique outre-mer, et une interférence gravissime dans l'action de son soft power. En d'autres mots, plus conformes : c'est la “doctrine Bush” contre l'American Dream, et gagnante à tous les coups.