Signification du radicalisme extrémiste républicain aux USA

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Nous avons le plus souvent l’habitude de nous intéresser aux affaires US du point de vue de leur apport à la crise du Système, en écartant l’aspect idéologique. C’est ainsi que nous considérons avec un égal intérêt le mouvement Tea Party et le mouvement de contestation contre le gouverneur Walker, du Wisconsin. Ces deux mouvements sont dans un sens en des pôles opposés, mais, dans un autre sens qui nous intéresse particulièrement, ils ont la même action de déstructuration du Système.

…Pourtant, il est parfois intéressant de s’arrêter à l’aspect idéologique, quand il prend des allures si excessives qu’on peut le tenir pour une manifestation d’un grave déséquilibre psychologique. C’est le cas des programmes de certains gouverneurs républicains d’Etats de l’Union, qui ont le pouvoir de faire voter des lois fondamentales dans leurs Etats. C’est le cas justement de l'Etat du Wisconsin et de son gouverneur Walker (Wisconsin), qui sont tant en vedette aujourd'hui, mais c’est à un autre cas que nous voudrions nous référer. Il s’agit du Montana, où des manifestations commencent à avoir lieu contre les projets des républicains. (Voir RAW Story, le 22 février 20111.) Le texte cité ici détaille certaines dispositions que la législature républicaine entend installer dans l’Etat du Montana.

«Republicans in Montana are pushing legislation to gut the Montana Environmental Policy Act, reduce workers' compensation insurance, close the Montana Veterans Home in Columbia Falls, prevent the establishment of a state health insurance exchange, slash a number of health programs, and cut funding to higher education in the state.

»One piece of legislation, introduced by Republican State Rep. Joe Read, would declare global warming a “natural occurrence” that it is “beneficial to the welfare and business climate of Montana.”

»“They are inside introducing unconstitutional laws that make the state I love a laughingstock of the country,” Superintendent of Public Instruction Denise Juneau told the Tribune. “They are inside making public employees, who do the work that matters every day, a punching bag. They are inside slashing and burning, claiming climate change is good, nullifying the Endangered Species Act and attempting to change our state's constitutional mandate for a clean and healthful environment,” she added.

»Republicans in Montana claim the cuts to health, environmental, and labor programs are necessary to encourage economic growth in the state. “By obstructing the responsible development of these abundant natural resources, Democrats and environmentalists are killing opportunities for good-paying jobs in Montana,” House GOP spokesman Chris Shipp said…»

Ce cas particulier du Montana a valeur d’exemple. On retrouve dans le Progress Report du 17 février 2011 une bonne recension de cet extrémisme républicain en train de s’installer dans certains Etats, sous l’impulsion de gouverneurs républicains eux-mêmes extrémistes. Cela amène effectivement une contestation grandissante, comme on le voir avec l’Etat du Montana, et d’autres Etats comme l’Ohio et l’Indiana (voir l’article de The Independent de ce 24 février 2011). Mais l’aspect que nous voulons aborder ici est effectivement le contenu de ce radicalisme.

Quelques-unes des affirmations des républicains concernant le Montana sont stupéfiantes, d’autant plus dans un Etat et une région qui sont les plus beaux et les plus riches (au sens qualitatif, qui ne se décline pas en dollars) aux USA, du point de vue de l’environnement. Tenir le “réchauffement climatique” comme a «“natural occurrence” that it is “beneficial to the welfare and business climate of Montana”» revient, au travers d’un jeu de mots dont on ne sait s’il est involontaire, à montrer une vision si extrémiste du monde, avec une affirmation absolument radicale et maléfique, absolument déstructurante, absolument hystérique en faveur du système du technologisme, de l’“idéal de puissance” et de la destruction de l’ordre naturel de l’univers. Le “climat” devient un caractère de création humaine, et précisément celui du business, qui doit se développer par le moyen de la destruction de l’autre (le climat naturel de l’univers), qui doit favoriser toutes les plus basses occurrences en étant ramené aux valeurs vénales et aux valeurs de production et d’accumulation de richesses. (Effectivement, la défense de l’emploi comme argument pavlovien des républicains dans ce cas a une signification évidente lorsqu’on se reporte à la farce du jour, le gouverneur Walker discutant au téléphone avec un faux David Koch, qu’il prend pour le vrai, et à qui il fait ses dévotions comme fait un employé zélé envers son patron milliardaire, corrupteur et manipulateur.) Cette vision quantitative la plus extrême et la plus basse de l’univers et de la vie qui doit y être menée nous instruit sur l’état d’esprit qu’il manifeste. On identifie un extrémisme de la pensée qui se rapproche du nihilisme apocalyptique pur si on le juge objectivement, sous couvert du catéchisme de l’hyper-capitalisme, et qui dénote d’un autre côté un emportement hystérique de la psychologie vers une idéologie transformée en foi religieuse intransigeante. Il ne s’agit pas seulement de corruption, même si la corruption est là et bien là ; il s’agit de croyance, relevant du domaine de la foi ; la foi, qu’on a l’habitude de citer en accord avec des valeurs spirituelles hautes, qui l’est, dans ce cas, au profit des valeurs matérielles les plus basses et les plus déstructurantes de toute spiritualité.

Sans même s’attacher à un jugement ou à une polémique sur le fond, – ce serait leur faire beaucoup d’honneur et entrer un peu trop dans leur jeu, – l’observation qu’on doit faire concerne le “climat” (!) politique US et son évolution. Avec de telles convictions, de telles psychologies exacerbées, on voit mal comme une réconciliation, ou du moins des accords bipartisans sur les sujets fondamentaux qui exigent une telle union pour conserver la cohésion du pays, peuvent être espérées avec l’autre aile du “parti unique” (les démocrates)… Et ce n’est pas là la moindre des surprises de cette évolution. Le “parti unique” (républicains-démocrates), garant de la bonne marche du pouvoir oligarchique des USA et jusqu’alors toujours d’accord sur l’essentiel sauf en cas de crise extrême, semble désormais menacé d’une véritable rupture antagoniste tant les positions, non plus tactiques mais fondamentales, s’opposent dans des rapports qui ne pourront plus être maintenus longtemps. Ce sont des rapports potentiels d’un tel antagonisme qu’ils semblent ressembler à des rapports de guerre civile, voire des rapports de guerre de religion. C’est dire si nous sommes, aux USA, effectivement au cœur d’une “crise extrême” et, selon notre point de vue, une “crise extrême” d’une intensité sans précédent.


Mis en ligne le 24 février 2011 à 06H11