Sans défense

Les Carnets de Dimitri Orlov

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Sans défense

Il doit être assez déconcertant pour un pays qui dépense plus pour sa défense que les dix nations suivantes réunies de se retrouver soudainement sans défense face aux attaques d’adversaires qui ne font pas partie de son cercle et qui neutralisent sa puissance militaire. Et pourtant, c’est exactement ce que les Américains ont dû réaliser à la suite de la récente attaque ukrainienne contre des aérodromes militaires russes.

Les dégâts ont été assez limités ; les quelques bombardiers et un avion de transport vieillissant qui ont été endommagés ne faisaient pas partie de la force de dissuasion nucléaire. Mais en tant que projet de démonstration, l’attaque a été un succès : quiconque peut introduire clandestinement dans un pays un ou deux conteneurs maritimes contenant des drones relativement bon marché équipés de charges explosives, les positionner à moins de 10 km d’une installation militaire, puis les diriger vers la cible à l’aide d’une connexion Internet sans fil peut semer le chaos dans l’armée de ce pays et, s’il en possède une, dans sa force de dissuasion militaire apparemment si importante.

Si les Ukrainiens disposent de la technologie nécessaire pour mener une telle attaque, tout le monde en est capable. À ce stade, tout le monde s’accorde à dire qu’environ la moitié du matériel de guerre fourni au régime de Kiev finit par être vendu sur le marché mondial des armes à une grande variété d’acteurs, y compris des acteurs non étatiques tels que les cartels de la drogue mexicains. (Certaines armes antichars portatives envoyées par Trump aux Ukrainiens pendant son premier mandat ont ensuite refait surface au Mexique.) Les recettes ont été utilisées pour enrichir les fonctionnaires ukrainiens corrompus (y en a-t-il qui ne le sont pas ?).

Ces attaques ne mettent pas la vie en danger, mais elles sont stratégiquement déstabilisantes – et personne ne le souhaite, ni la Russie, ni les États-Unis. Aucun d’entre eux ne veut avoir à faire face à une superpuissance nucléaire qui, soudainement, doute de ses capacités de dissuasion parce qu’elle est menacée par des terroristes. En ce sens, ces trois pays (ceux qui disposent de loin de la plus grande force de dissuasion nucléaire) sont des alliés conjoncturels, et le régime de Kiev et ses nombreux clients du marché noir sont leurs ennemis communs.

Quels autres ennemis la Russie et les États-Unis ont-ils en commun ? Eh bien, il y a l’Union européenne. Certains de ses membres ont une peur mortelle que les États-Unis se retirent de l’Europe (ce qu’ils seront contraints de faire en raison de la catastrophe financière qui les menace) et voudraient s’assurer que le bain de sang en Ukraine se poursuive aussi longtemps que possible. C’est une stratégie qui ne profite à personne, surtout pas aux Ukrainiens, qui enregistrent en moyenne plus d’un millier de victimes par jour sur le front. Le récent échange de cadavres réfrigérés entre la Russie et l’Ukraine illustre bien la tournure que prend ce conflit : 45 cadavres ukrainiens pour chaque cadavre russe.

Certains Européens ont misé sur la russophobie et prétendent que la Russie a intérêt à attaquer l’Europe (ce qui n’est pas le cas ; la Russie se moque complètement de l’Europe). En effet, il leur est préférable d’attiser la russophobie plutôt que d’affronter la vérité, à savoir que leurs pays sont en train de se désintégrer sous le poids d’une immigration incontrôlée en provenance de pays culturellement incompatibles, d’un taux de natalité dangereusement bas parmi les populations autochtones et d’une désindustrialisation rapide rendue inévitable par la rupture des liens économiques avec la Russie à l’aide de 18 paquets de sanctions (et ce n’est pas fini) et de quelques explosions de gazoducs sous-marins. La Russie ne veut pas envahir l’UE ; elle aimerait plutôt la soutenir, car la dernière chose dont elle a besoin, c’est d’un ensemble d’États défaillants à sa frontière occidentale.

12 Juin 2025,  Source Club Orlov, – traduction du ‘Sakerfrancophone

 

Note du Saker Francophone

Depuis quelques temps, des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la 1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.