« Salut, les traîtres »

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« Salut, les traîtres »

• On n’en finit pas d’analyser les méandres de la gauche classique-sérieuse et pépère, confrontée aux excès extraordinaires du rejeton hystérique qu’est l’ultragauche wokeniste. • D’autant qu’il apparaît chaque jour davantage que le wokenisme c’est d’abord l’infanterie de choc du capitalisme postmoderniste-globaliste. • La nouvelle de cette union que les âmes simples jugeraient contre-nature commence à se répandre et à alimenter les commentaires pour fixer le réel enjeu de la bataille. • Coup d’œil en passant sur l’âme troublée de Brice Couturier. 

« Salut, les traîtres » : nous reprenons ici, en l’adaptant au goût amer du jour, le “Bonjour” devenu “Salut”, l’invective tranquille que Michel Jobert adressa à ses “frères” européens. C’était quelque part à Washington D.C., à une certaine époque en mars 1974, pour une quelconque occasion qui était la formation impérative initiée par les USA d’un “front des consommateurs” de pétrole contre le “front des producteurs” de l’OPEP, d’ailleurs également manipulés par les USA du secrétaire d’État ès qualité (Nixon était hors-jeu, pour cause de Watergate). Kissinger avait manipulé la crise et manipulait désormais la “réponse à la crise”, et tous les régimes bienpensants et déjà “de gauche” (même avec étiquette trompeuse) de l’Europe suivaient comme soldats de plomb.

Hors que, par bonheur, Washington D.C. est devenu folle et ralliant par conséquent la gauche à sa folie, l’invective de Jobert pourrait être reprise aujourd’hui, d’un trait analogique, comme symbole et parabole adressée à l’“aile marchante” de la civilisation européenne. L’on parle alors des progressistes-sociétaux, le “camp du Bien”, les ‘Woke’, – la gauche, quoi, éternellement intolérante et totalitaire avec son marais soumis du centre-gauche, éternellement cocue d’elle-même puisqu’éternellement promise à tomber sous la coupe de sa radicalité.

Ainsi parlait Michel Jobert, que PhG connut bien :

« La chronique dit en effet que c'est la phrase (« Bonjour, les traîtres ») que prononça Michel Jobert, alors ministre français des Affaires Étrangères, en entrant dans la salle, quelque part en 1974 mais sûrement à Washington, où se trouvaient rassemblés les délégués des pays européens – de l'OTAN, semble-t-il, ou approchant, – en plus de nos parrains nord-américains, après que ces délégués européens aient pris selon leur habitude une position d’alignement sur les intérêts américains. La chronique dit également que Henry Kissinger, qui aimait bien Jobert, approuva en connaisseur cynique et en souriant ce trait qui résumait bien les choses.

» Cette citation n'est pas faite ici dans un but polémique. Michel Jobert, récemment disparu, n'était pas un polémiste. C'était un homme courtois et mesuré. Parfois, il lui semblait qu'il fallait parler net, droit et courtement pour dire les choses. C'est le cas avec cette citation. Si nous la rappelons, c'est pour apprécier dans quelle mesure elle est toujours d'actualité. »

Avec cette longue introduction, nous voulons aborder une fois de plus, sujet sans fin de l’infamie de la Grande Crise, ce que nous nommerions “la question de la gauche”, ce qu’elle est devenue aujourd’hui, aussi “traître” que les amis transatlantiques de la soumission compulsive, – assuétude, addiction, manie, ensorcellement satisfait, qu’on fasse son choix dans l’automatisme de la soumission. (« C’est comme un lien qui me retient » chantait Edith, pour une cause bien plus humaine et noble dans son sacrifice.) Ainsi en est-il de la gauche aujourd’hui, prestement revenue d’une période d’une réelle dignité (lorsque ses meilleurs éléments menaient l’antiguerre contre GW Bush), complètement transmutée en “camp du Bien” insupportable de bêtise arrogante, de snobisme abyssal d’une sorte de transcendance inverti vers les enfers, avec son extrême hystérico-wokeniste qui la viole constamment tandis qu’elle fait déflection de ses gémissements pour le délice de la dénonciation de l’horreur de la “Bête immonde”, du populisme, du “fa” des “antifas” comme “on donne le la” puisqu’il faut dire son nom de code-militant.

… Puisqu’enfin il s’avère que la gauche est totalement devenue l’“idiote utile-hallucinée” du capitalisme le plus sinistre de tromperie dans le simulacre à paillette. Cela commence à se dire et à se savoir, sauf chez les “traîtres-pépère”, tout à gauche de la gauche, wokenistes-créolisés qui se sentent bien propres sur eux et qui sentent chez Joséphine Baker le parfum de la “collabo.e du Blanc” de la ‘Revue nègre’. La trahison d’elle-même, de la gauche par la gauche, depuis la magnifique période de l’antiguerre du temps de GW Bush, son ralliement sans aucune retenue aux charmes fascinants du capitalisme postmoderniste-globalisé,  sont d’une extraordinaire fulgurance dans l’histoire mondiale de la saloperie continuée et enluminée, de la suffisance psychotrope et Salvia divinorum.

Tout cela commence à se sentir, à puer extrêmement, et certains l’écrivent sans barguigner désormais. Par exemple, Brandon Smith le 24 novembre, qui dit les choses telles qu’elles sont dans le sens et la hiérarchie des soumissions, s’interrogeant sur les « les liens entre la gauche politique et le globalisme » (... Et ce que Smith dit de la mansuétude confondante dont bénéficient les “antifas” aux USA valant exactement pour la mansuétude dont bénéficient les “antifas” français dans leur tactique d’empêcher de toute force, par la force, la délation, l’insulte couarde et le “doigt d’honneur”, les violence contre une journaliste qui laissent coi le chœur des vierges folles, tout cela adoubant une opposition légitime et vertueuse, si possible par la violence héritée des “Sorcières de Salem”, contre un pseudo-candidat qui n’est plus pseudo ni digne de la fonction, – ...leur tactique d’empêcher l’“indigne de la fonction” Éric Z. de parler... ‘Valsez saucisses’.) 

Smith : « Voici la chose, – Beaucoup de conservateurs supposent à tort que la gauche politique est devenue une sorte de force autonome au sein de notre culture qui a le pouvoir d'influencer les intérêts massifs du gouvernement et des entreprises, en pliant ces intérêts à leur volonté.

» C'est tout simplement faux et ces groupes ne pensent pas par eux-mêmes. La réalité est que c’est la dynamique inverse ; ce sont les institutions gouvernementales, du Corporate Power, etc., résolument GLOBALISTES qui ont une influence et un contrôle directs sur la gauche politique. Les gauchistes sont des outils du système mondialiste, ils ne sont pas un mouvement “populaire” qui “s’en prend au patriarcat”. Ils sont tous des esclaves dans les champs de fumier des plantations globalistes.

» D’où les gauchistes du culte de la justice sociale [wokenisme] tirent-ils réellement leur pouvoir ? Est-ce la menace omniprésente de la violence collective ?

» Non, ce n’est pas le cas. Demandez-vous quand vous avez vu pour la dernière fois une présence policière organisée et une réponse anti-émeute à des foules gauchistes pillant et brûlant des villes. Dans presque tous les cas, les responsables de la ville et de l'État demandent à la police de se retirer ; on leur dit de ne rien faire. J'ai vu des opérations anti-émeutes utilisées contre des manifestants pacifiques lors d'événements comme le G20. J'en ai été personnellement témoin, et ce n’est pas joli. Lorsque les flics veulent réellement contrôler et disperser une foule, ils disposent de beaucoup d'armes dans leur arsenal pour y parvenir. Le fait est que les émeutes gauchistes se poursuivent pendant plusieurs jours parce qu’on leur permet de les poursuivre pendant plusieurs jours. Lorsqu’ils sont arrêtés pour leurs activités, ils sont généralement relâchés sans poursuite.

» Qu’en est-il de la prévalence de la “cancel culture” et de l'utilisation de foules en ligne pour discréditer ou déplafonner les personnes que les gauchistes n'aiment pas ? Cela fonctionne de moins en moins parce que le reste du public a été sensibilisé à cette tactique grâce aux efforts inlassables des médias alternatifs et de liberté, mais pendant environ quatre ans, les gauchistes ont eu le champ libre pour détruire la vie et la carrière de qui ils voulaient. Il suffit de considérer l'actrice Gina Carano ou l'officier de police de Virginie William Kelly comme des exemples parfaits de la ‘cancel culture’ en action.

» Le problème est que les gauchistes n'auraient pas le pouvoir d'annuler qui que ce soit sans le soutien constant de Big Tech, d'Hollywood, des médias grand public et des entreprises internationales. Ces entreprises ne se soucient pas vraiment de ce que pensent les guerriers de la justice sociale, et elles n'ont certainement pas peur d'une petite minorité de fous qui n'ont aucun pouvoir sur les consommateurs. Pourtant, elles constituent la base de contrôle qui permet aux gauchistes de manier des outils légitimes pour déconstruire la vie des gens. Le monde de l'entreprise aide les gauchistes parce que les objectifs gauchistes servent les intérêts des entreprises (pour l'instant).

» Et qu'en est-il du gouvernement dans son ensemble ? Je me souviens qu'il y a quelques années, j'avais prévenu les gens que l'extrémité du spectre gauchiste deviendrait la norme pour le parti démocrate lorsque Trump ne serait plus au pouvoir. J'ai noté que des personnes comme AOC et Ilhan Omar étaient les futurs successeurs prévus du parti et que des cultistes comme eux dicteraient la plate-forme démocrate. Beaucoup de gens ont dit que j'étais fou et que la montée de Trump indiquait que le contraire se produirait. Regardez-les maintenant. »

Voici une autre parole qui, heureusement parce que c’est notre choix d’engagement non de parti mais de lutte radicale contre le Système, va dans le même sens. Elle est le fait de la journaliste américaine Rachel Marsden, déjà plusieurs fois citée dans dedefensa.org, de nationalité américaine et avec un vaste pedigree à cet égard, mais, pour nous, travaillant surtout directement en français sur le site officiel russe Spoutnik-France.

(Rien pour étonner, c’est sur Spoutnik et sur RT.com que l’on trouve aujourd’hui, parmi les grands organes de presse, l’information la plus éclectique, la plus variée et la plus ouverte, sur notre triste bloc-BAO, – triste par l’incroyable naufrage de leur presseSystème réduite à de multiples adaptations de leur référence suprême pour servir le capitalisme globalisée du Système, – cette référence, la ‘Pravda’ de l’autre temps, ressuscitée par autant de clones inscrits dans le “camp du Bien”.)

Marsden tient la rubrique ‘Le désordre mondial’ sur Spoutnik. Parfois, elle signe pour RT.com, comme cet article, du 27 novembre, sur ceci : « Les militants gauchistes sont devenus ‘The Establishment’ » Le titre nous va comme un gant et l’extrait nous ravit :

« La gauche a affaibli la démocratie et les libertés fondamentales qu'elle prétendait autrefois défendre. Ceux qui gouvernent les pays d'Amérique du Nord sont maintenant tous obligés de se plier à un programme promu depuis longtemps par les intérêts de la gauche sur tous les sujets, du discours politiquement correct au changement climatique, ou bien ils risquent d'être marginalisés. La gauche EST ‘The Establishment’ désormais. Même les partis de droite ont fait preuve d'une tolérance réduite à l'égard des narrative ou des positions qui ne correspondent pas à ce qui était considéré comme radicalement gauchiste il y a à peine quelques décennies.

» Oh, mais il ne manque pas de gauchistes qui vous diront encore que le vrai socialisme n'a pas encore été essayé. Ce qui pourrait expliquer pourquoi ils continuent à le réclamer, même si plus ils vont vers la gauche, plus les choses semblent empirer, comme le suggère leur rhétorique de plus en plus radicalisée.

» Tous les hippies d'antan sont maintenant en position de pouvoir et annulent les pipelines, mais cela ne suffit toujours pas. Les camarades gauchistes d'hier ne sont plus considérés comme réels ou assez radicaux par leurs confrères, même s'ils ont essentiellement tenu leurs promesses gauchistes lorsqu'ils étaient en position de pouvoir. 

» Ces gauchistes nouveaux-venus semblent servir à déplacer le spectre politique encore plus à gauche qu'il ne l'était déjà, grâce au lavage de cerveau effectué par les médias et les institutions éducatives qui ont imposé les programmes idéologiques de gauche au cours des dernières décennies. Leurs tactiques ont maintenant produit en masse le type de domination idéologique dans les diverses positions d'autorité qu'ils recherchaient sans relâche. 

» Alors, s'il vous plaît, épargnez-nous vos numéros de gros bras. Vous ne trompez personne, sauf les imbéciles. Nous, à droite, sommes la contre-culture anti-establishment maintenant. »

Le plus fascinant dans cette longue et extrême trahison, est bien sûr qu’on en trouve des traces profondes et douloureuses au sein de la gauche elle-même. En effet, parmi ces braves petits soldats du capitalisme que sont les hordes vertueuses de la gauche devenues, il y a du tirage. L’un des cas très fascinants est celui de l’ancien de mai-68 Brice Couturier, impeccable libéral laïc de gauche avec toute la panoplie progressiste-européiste, et auteur de ‘OK Milennials’ (Éditions de l’Observatoire, 29 septembre 2021). Ce livre est une charge sévère, très sévère contre le wokenisme et les divers délires de racisation, de décolonialisme, de néo-féminisme et de Gender Studies ; Couturier, homme de gauche, accuse la génération-Woke de ... trahison, justement !

Nous mentionnons trois interview télévisée qui nous paraissent très symboliques, non seulement de Couturier certes, mais aussi du dilemme de la gauche classique (quoique pseudo-révolutionnaire en mai-68) confrontée à cette ultragauche wokeniste qui saccage tous les poncifs d’icelle, qui trahit la “vraie” gauche (selon Couturier) en affirmant l’extrémisme sous la tutelle du capitalisme (selon nous et de plus en plus d’autres), mais qui est pourtant, pour le concept étrange de “gauche”, le seul reste de la poussiéreuse aventure, à pouvoir entretenir l’illusion de quelque avenir... Évidemment sous le parrainage intraitable, cet avenir, il faut vraiment le répéter, du capital postmoderniste-globaliste et du Système.

De ces trois séquences de Brice Couturier, on appréciera disons l’ironie que deux sont de CNews, la chaîne que la “gauche” maudit presque compulsivement, au bord de l’explosion maniaque.

• Le première vidéo est du 4 octobre 2021, conduite par Olivia Gisbert sur France-Culture, temple des travaux publics du wokenisme. Couturier y apparaît à la fois rageur et gêné, provocateur et humilié (un lecteur commente qu’il ne regarde jamais directement Gisbert, qu’il a constamment les yeux baissés, comme s’il lisait un texte les dents serrées, comme faisaient les accusés des procès staliniens). Les questions sont une constante accusation humiliante : “Comment, vous, homme de gauche, osez-vous attaquer l’avenir progressiste et lumineux de la gauche ?!” ; les réponses sont une constante accusation, rageuse et provocante, de trahison : “Le wokenisme trahit tout ce que nous avons fait en 1968, il détruit la gauche et le progressisme”.

• Le seconde vidéo est du 16 octobre 2021, dans l’émission ‘La place aux idées’, d’Eugénie Bastié. Couturier paraît détendu, souriant, très à son aise, presque complice de Bastié, l’une des égéries de la droite antiSystème, dans des questions-réponses qui sont toutes des attaques contre le wokenisme. C’est une sorte de parenthèse de détente où l’on peut rêver d’une sorte d’“alliance” du type “si tous les anti-wokenistes du monde pouvaient se donner la main” (et rêver que Bastié est de la gauche classique !).

• La troisième est du 27 novembre 2021, dans l’émission ‘Il faut en parler’, avec Mathieu Bock-Côté. Couturier est nerveux, fébrile, car entretemps se sont affirmés les phénomènes Zemmour et la mobilisation furieuse anti-Zemmour qui embrase la gauche toute entière. Couturier voue certes aux gémonies le wokenisme, mais l’implorant en vérité et in fine de revenir à des positions plus raisonnables, pour un seul but, mais désormais pour ce seul but qui serait un premier pas vers la réconciliation de la gauche avec elle-même : l’union pour détruire le populisme, car si le wokenisme poursuit sa radicalisation le populisme l’emportera. C’est là finalement l’attitude la plus significative, la plus vraie, de Brice Couturier : anti-wokeniste tactiquement, mais fondamentalement de gauche et contre le vrai danger qu’est le populisme, alias fascisme, – comme l’enseigne la feuille de route tactique du capitalisme postmoderniste-globaliste. Pauvre d’eux, quel labyrinthe kafkaïen !

La “vieille gauche” de Mai-68, et donc Couturier, a perdu d’avance contre le wokenisme, car le wokenisme est devenu l’infanterie de choc du capitalisme moderniste-globaliste. C’est  exactement ce qu’‘éléments’ dit des “antifas” qui ont pour mission de pourrir la vie de Zemmour-candidat, mais essentiellement au profit du camp-Macron qui est le meilleur représentant de circonstance et recruté en soldes de ce capitalisme, nullement au profit des illusions de la vieille “gauche” des rêveries d’antan : « Zemmour face aux antifas, milices du mondialisme [globalisme] »

Il n’est pas drôle d’être aujourd’hui un vieux “croyant” de la gauche, sauf à être souple, adaptable, danseur de tango recto-verso et tout près d’embrasser le capitalisme postmoderniste-globaliste, c’est-à-dire de lui respectueusement baiser les pieds. Il y en a qui y parviennent, les autres restent sur le bord de la route, gémissant et publiant des livres, – et invités chez CNews, qui n’en rate pas une ni un. En attendant, l’antiSystème chimiquement pur connaît désormais fort bien le véritable visage de son ennemi, et c’est à la fois un grand plaisir et un grand honneur d’y aller contre, sans ménager sa peine, sans retenir ses coups ; car connaître le vrai visage de son ennemi derrière le masque, c’est comme un problème dont on comprend l’énoncé, déjà à moitié résolu.

 

Mis en ligne le 30 novembre 2021 à 18H45

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