RapSit-USA2025 : Perspectives intérieures

Brèves de crise

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RapSit-USA2025 : Perspectives intérieures

Les mesures prises par Tulsi Gabbard constituent un acte très important, suivant quelques autres, pour établir un état de confrontation entre ce qu’on nomme le DeepState (l’État profond) et l’administration Trump (ou disons, une partie de l’administration Trump, où Tulsi Gabbard occupe une place essentielle). Cet acte suscite de nombreuses réactions dissimulées ou  devenues à demi-public en même temps qu’il met à jour des positions de Gabbard sur les grandes questions des relations internationales. Tout cela, évoqué rapidement dans RT.com :

« CBS a également cité plusieurs anciens responsables américains qui ont averti que la portée étendue de la directive pourrait éroder la confiance entre Washington et ses alliés, fondée sur le partage ouvert de renseignements. D'autres, en revanche, ont exprimé leur désaccord, soulignant qu'une telle démarche n'est pas sans précédent dans la pratique américaine et que la rétention d'informations dans des domaines d'intérêts divergents est courante parmi les partenaires du Five Eyes.

» Gabbard a critiqué l'approche belliciste de l'Occident face au conflit ukrainien, suggérant qu'elle était due au refus de l'OTAN de reconnaître les “préoccupations légitimes” de la Russie en matière de sécurité concernant l'adhésion de l'Ukraine au bloc. »

Cette querelle n’est pourtant pas essentiellement extérieure (portant sur les crises extérieures, essentiellement l’Ukraine). Il s’agit surtout d’une confrontation recouvrant une situation générale qui affecte les USA en priorité, dans la massive crise américaniste que  nous connaissons. Tulsi Gabbard a d’ailleurs un pied dans chacun de ces volets lorsqu’elle intervient.

Il faut avoir à l’esprit la puissance de cette crise intérieure, qui pèse complètement sur la manufacture et l’orientation des politiques extérieures (sauf peut-être chez les extrémistesneocon, qui constituent évidemment un cas complètement à part d’affection pathologique).

Quoi qu’il en soit, et pour rappeler ce poids de la crise intérieure, nous reprenons ici une chronique de ce remarquable commentateur qu’est James Howard Kunstler

(Par James Howard Kunstler – Le 4 août 2025 – Source Clusterfuck Nation, traduction du ‘Sakerfrancophone’.)

« Esprits méfiants

C’était un coup d’État, et j’utilise ce terme au sens littéral… Une série de crimes graves les uns après les autres.− Stephen Miller

L’Amérique en a assez d’être rendue folle, avec des absurdités enfoncées dans notre conscience collective. La réalité est un accord sur ce qui se passe dans le monde. Cet acte de foi exige qu’un tel accord soit fondé sur des faits démontrables. Sans cela, la société sombre dans le chaos et l’échec.

Le psychodrame duRussiaGate porte sur un accord fondé sur des mensonges. Il a commencé par la manœuvre désespérée d’Hillary Clinton pour sauver sa campagne électorale de 2016 qui battait de l’aile. Ses e-mails ont été envoyés d’une manière ou d’une autre à Wikileaks, un organe d’information radical dédié à la divulgation de secrets gouvernementaux, impliquant des actes répréhensibles. Il était facile de déclarer que les Russes étaient responsables, par piratage informatique, alors qu’il était beaucoup plus probable, et prouvé par une expertise judiciaire, qu’un membre de l’équipe de campagne de Clinton ait téléchargé les informations sur une clé USB, peut-être celle de Seth Rich, retrouvé assassiné peu après sur un trottoir de Washington.

Tous les mensonges qui ont suivi ont été accueillis avec un scepticisme qui a généré des tensions, des controverses, des scandales et des polémiques. Hillary a réussi à rallier le président Barack Obama et ses agences exécutives à son projet, ainsi que l’appareil du parti, car le Clinton Victory Fund avait remboursé les dettes du DNC et pris le contrôle de sa gestion. Rapidement, le projet de collusion avec la Russie s’est transformé en un gigantesque échafaudage de mensonges enflammés. Les grands journaux et les chaînes d’information télévisées ont gobé l’histoire et se sont lancés dans l’aventure. Ils étaient tous convaincus qu’Hillary remporterait les élections de 2016. Toute la tension et les incendies seraient balayés. Tous les sondages le disaient. Les agences et les partis reprendraient le cours normal, continueraient à diriger le spectacle, feraient carrière, s’enrichiraient, deviendraient importants !

Ils ont mal calculé. Ils ont perdu. Mais ils ont décidé de continuer à construire l’échafaudage de mensonges afin de se protéger du danger qu’il représentait — parce qu’ils vivaient dans cet échafaudage, c’était la maison du parti. Et l’échafaudage de mensonges avait besoin d’être massivement fortifié. La maison dans laquelle vivait le parti devait être protégée à tout prix, sinon ils seraient tous chassés, sans abri, tout un parti dans la rue, perdus, ruinés, mourants, comme les pitoyables drogués recroquevillés sur Kensington Avenue à Philadelphie, dans toutes les villes dirigées par les Démocrates, en réalité.

Ils ont donc sapé le vainqueur de l’élection à chaque occasion, travaillé d’arrache-pied pour le chasser du pouvoir, provoqué une pandémie, subverti l’élection de 2020 et passé quatre ans sous un faux président qui a inondé la sphère publique d’absurdités, la transformant en un spectacle grotesque, une succession d’histoires de drag queens, d’un océan à l’autre. Tout cela pour empêcher le retour d’un consensus public sur la réalité fondé sur ce qui est manifestement vrai, à commencer par le fait qu’il y a des hommes et des femmes, et que l’interaction primaire entre eux permet à la société de fonctionner en produisant une descendance.

Cette insurrection énorme et prolongée, composée de crimes graves en série, constitue la plus grande insulte à la république – la res publica, en latin, la chose publique – dans l’histoire de la nation. Et aujourd’hui, elle s’effondre, car une écrasante majorité de citoyens, y compris désormais de nombreux Démocrates, ne peuvent plus ignorer ce qui s’est passé dans le pays. Car les mensonges sont faibles et la vérité est solide, et la vérité finit toujours par l’emporter, même après une lutte acharnée.

Les anciens médias traditionnels, les chaînes de télévision et les journaux, ne rapportent pas les récentes révélations des directeurs de la CIA, du FBI et des services de renseignement nationaux. Que faudra-t-il pour attirer leur attention ? Des arrestations et des défilés d’anciens hauts fonctionnaires ? Et ensuite, reconnaîtront-ils et expieront-ils leur participation honteuse à ces événements ? Ou feront-ils semblant de n’avoir rien compris pendant des années et des années ? Pauvres de nous, nous ne savions pas ! Soudain, il semble que bon nombre de ces organes de presse « traditionnels » soient en train de faire faillite. Ils jettent leurs employés par-dessus bord comme des navires en train de couler qui se débarrassent d’un ballast inutile.

Vous saviez que cela allait arriver, n’est-ce pas ? Nous y voilà : l’heure où les conséquences reviennent enfin de leur errance dans un désert d’échecs institutionnels. Il n’y a plus moyen d’y échapper. L’échafaudage de mensonges s’est effondré, et essayer d’ajouter d’autres mensonges reviendrait à jeter quelques brindilles sur un tas de décombres fumants.

Les institutions elles-mêmes sont sous une nouvelle direction et montrent tous les signes d’un retour à un fonctionnement normal, faisant ce pour quoi elles ont été conçues à l’origine : rendre compte de manière véridique de ce qui s’est passé et déterminer une conséquence juste pour les personnes qui ont rendu cela possible. Cela va se produire, et nous pourrons alors reconstruire un consensus public cohérent sur ce qui est vraiment réel, qui nous sommes vraiment et où nous allons à partir de là. »

James Howard Kunstler