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Voici une autre vision (de ‘@BPartisans’, sur ‘Telegram’) de l’élection de Zohran Mamdani à la mairie de New York. Elle est franchement alarmiste et catastrophiste, puisque devenue, après quelques jours de Mamdani, la description d’une sorte de néo-Civil War. L’originalité de la chose tient en ce que cet affrontement suit des lignes de fracture assez originales pour les USA.
« À Dearborn, Minneapolis et Brooklyn, les manifestations pro-palestiniennes se multiplient, et les contre-manifestations aussi.
» Résultat : les États-Unis sont en train d’importer le conflit du Proche-Orient — version domestique. »
Est-ce possible ? Vaste question. D’abord, un principe : avec l’Amérique d’aujourd’hui, dans le domaine du désordre et du chaos, tout, absolument tout est possible. Une fois que l’on a dit cela, on a tout dit et on a n’a rien dit.
Il faut tout de même reconnaître que l’on a les ingrédients pour des évolutions intéressantes. Après tout, Mandani, s’il est fortement soupçonné d’antisémitisme puisqu’il semble avoir des choses à redire concernant la juste croisade de Gaza, est également un représentant assez bien typé de la diversité-Woke qui est l’argument préféré des vastitudes du parti démocrate pour dénoncer l’affreux Trump de la Maison-Blanche...
...Lequel Trump, grandissime copain de Netanyahou, ne se prive pas de mettre de l’huile à très basse teneur de pseudo-octane sur ces bouillants chaudrons, étant persuadés qu’il rattrapera ainsi, auprès de son électorat évangéliste, une popularité quelque peu érodée par ses diverses montagnes russes et antirusses qu’il fait effectuer à une politique étrangère complètement “néoconisée” et devenue sans la moindre réserve “politiqueSystème” à sa propre gloire, – une sorte de “politiqueSystème” narcissisée-Trump. On se demande s’il est capable de voir la difficulté d’un regroupement chez des électeurs si divers et si méfiants des aventures extérieures, notamment selon l’argument très direct de la nécessité de défendre un Israël menacée d’extermination par les gosses et les femmes de Gaza reposant dans les lits d’hôpitaux détruits ou dans des tombes. Car c’est bien autour de cette sorte d’argument que se construit la virulente dénonciation du nouveau maire de New York, bien plus que selon une logique marxiste/antimarxiste
On a vu dans un texte précédent l’impeccable démonstration, basée sur les principes marxistes les plus rigides, par les trotskistes de ‘WSWS.org’ à qui l’on peut faire confiance pour la rigidité, de l’impossibilité pour Mamdani de réaliser des réformes sociales radicales à New York, et par conséquent dans l’ensemble du Système par capillarité. Mais qui dit que c’est ce que Mamdani cherche, même s’il a fait des promesses diverses dans ce sens, lors de sa campagne ? Qui dit qu’il n’a pas conclu à l’impossibilité de réformer un système évidemment irréformable, et qu’il se tient prêts à monter à un affrontement plus direct parce que c’est cela la véritable promesse que ses électeurs ont entendue ? Qui dit qu’il n’a pas, – sans trop le dire ni même se le dire à lui-même, – construit son programme essentiellement selon des hypothèses concernant l’évolution d’une situation du développement d’une intense hostilité à la politique israélienne, à Netanyahou ? C’est-à-dire, à un Israël qui s’appuie quasi-complètement sur l’aide officielle américaniste, – ditto Washington D.C, – pour poursuivre sa politique que certains qualifient, avec des arguments qu’il faut savoir entendre avec un état d’esprit ouvert et libéral, de “génocidaire” dans le chef des Palestiniens qui la subissent.
Certes, on a dans ce cas un schéma qui s’apparente à une sorte d’amorce bien huilée de “guerre civile”. Le texte ci-dessous effleure l’hypothèse avec une certaine audace, – mais qui invite à cette audace sinon l’étrange époque que nous vivons ?
« Les lignes de fracture ne sont plus politiques mais religieuses, ethniques, idéologiques — et elles coupent l’Amérique en deux villes ennemies : New York et Dallas, Gaza et Jérusalem. »
Pour autant, cette rupture en deux camps ne reflète nullement la véritable situation américaine, – sinon celle de new York, – et surtout pas celle de l’américanisme au cœur de la république américaine. La situation est bien plus complexe et l’on devrait s’en apercevoir lors des prochaines élections législatives de novembre 2026 où il est bien possible que les habituels clivages soient pulvérisés ; notamment, celui du parti démocrate qu’on est habitué à juger “de gauche“ comme un seul front contre Trump et ses “fascistes”, et qui pourrait (le parti démocrate) voler en éclats à l’occasion de l’affaire Mamdani, – puisque l’alliance avec Israël reste une nécessité aussi grande, quoique de couleur différente, pour les démocrates que pour les républicains. (Les neocon, eux, absolument amarrés à Israël, naviguent de l’un [le parti républicain] à l’autre [le parti démocrate] au gré des humeurs des vents dominants.)
Un signe d’une certaine “unité” anti-israélienne se retrouve dans diverses décisions et actions de l’un et l’autre parti, jusqu’à retrouver par exemple la grande majorité des gens d’Hollywood au côté d’une partie importante de MAGA (les paléoconservateurs-tradi et isolationnistes) contre l’emprise israélienne, privatrice de souveraineté et donc globaliste par logique induite, sur la politique US. Les appels au boycott d’Israël se multiplient dans les milieux (essentiellement démocrates et de gauche, certes) des arts de la communication dans son aspect le plus large aux USA, y compris à Hollywood pourtant jusqu’alors notoirement acquis à Israël. Cette évolution suit celle de ces milieux en Israël même, introduisant un acteur de plus dont on retrouve l’existence dans le nombre considérable de juifs new-yorkais qui ont soutenu Mamdani et voté pour lui :
« En Israël même, de nombreux artistes s’inquiètent des conséquences de ce mouvement. Le scénariste israélien Hagai Levi (Scenes from a Marriage, The Affair) a affirmé plus tôt ce mois-ci que “90% des personnes dans la communauté artistique” s’opposaient à la guerre israélienne. »
Mais donc, et comme l’on disait, la droite n’est pas plus à l’aise, loin, très loin de là. Max Blumenthal et Aaron Maté, de ‘Grayzone’, l’un des meilleurs sites indépendants avec ces deux superbes commentateirs, critiques (notamment) de la politique de Trump vis-à-vis, ou aux ordres d’Israël, débattent de la crise de la droite-MAGA (républicains) dans ces circonstances.
En fait, et d’une façon générale excellemment documentée par Wyatt Peterson, c’est l’ensemble du mouvement de soutien à Trump (MAGA, ‘American First’ ou ce que l’auteur nomme « La maison MAGA ») qui est entré dans une crise profonde, qui a précédé Mamdani certes mais qui a reçu un formidable élan avec ce cas, et qui est tenté de considérer les crise newyorkaise d’un oeil bien différent de celui qu’elle aurait eu il y a trois ou quatre ans. Cela ne fait pas de la droite-MAGA une amie de Mamdani mais la pousse à considérer Mamdani comme un phénomène proprement newyorkais tandis que la mainmise d’Israël sur Trump et sur toute la classe politique par l’intermédiaire des milliardaires juifs américains, – contre laquelle Mamdani se rebelle, – est de plus en plus vue comme un danger existentiel pour la république américaine, et par tous les rayons de l’arc-en-ciel américaniste, chez les républicains comme chez les démocrates, – cela impliquant autant de ruptures à l’intérieur de leurs partis respectifs... Ainsi, la parabole New-York-Gaza contre Dallas-Jerusalem nous semble plus incertaine qu’audacieuse ; les choses ne sont pas si simples, et nous sommes bien incertain de trouve aux USA une grande région ou une grande ville qui puisse être assimilée à Jerusalemen-Netanyahou....
En attendant la suite féconde et proliférante de l’hyper-crise américaniste, on cite ci-dessous le texte de ‘@Partisans’, sur ‘Telegram’, repris pour le cas par ‘euro-synergies.hautetfort.com’
« Comment Gaza s’installe à Manhattan
« Il fallait oser: comparer New York à Londres, et les urnes municipales à des missiles. Le ministre israélien de la Diaspora, Amichai Chikli, vient de le faire — sans trembler. Dans une déclaration digne d’un trailer de film post-apocalyptique, il a exhorté les Juifs à quitter New York, “désormais entre les mains d’un partisan du Hamas”.
L’avertissement est solennel: la métropole autrefois symbole de liberté deviendrait le théâtre d’une “guerre des communautés”, où les slogans “Free Palestine” remplaceraient les “I love NY”.
La fracture communautaire devenue ligne de front
Depuis l’élection du nouveau maire, Zohran Mamdani, d’origine indienne et musulmane pratiquant, la rhétorique a viré à la panique. Les talk-shows conservateurs crient à l’infiltration islamiste, tandis que les démocrates répondent que la démocratie américaine est par essence inclusive.
Mais l’inclusion a ses limites : elle devient inflammable lorsque le Moyen-Orient débarque en cortège électoral dans le Bronx.
Le Département de la Sécurité intérieure (DHS) notait déjà en octobre que “les tensions ethniques et religieuses, exacerbées par le conflit israélo-palestinien, représentent un risque accru de violences communautaires sur le territoire américain” (Department of Homeland Security, Bulletin Octobre 2025).
Et le FBI ajoute, dans son rapport semestriel sur les crimes haineux, que les incidents à caractère antisémite ont augmenté de 38% depuis le début du conflit de Gaza en 2024 (FBI Hate Crime Statistics, 2025).
Autrement dit: le cocktail identitaire new-yorkais, déjà chargé en tensions raciales et sociales, n’avait pas besoin d’un détonateur importé de Tel-Aviv.
Trump, le pyromane moral
Mais il fallait un chef d’orchestre à cette dissonance américaine — et il s’appelle Donald Trump.
Le président a réaffirmé en conférence de presse, le 2 novembre, son “soutien total et inconditionnel à Benjamin Netanyahu et à la défense du peuple juif contre le terrorisme mondial”.
Il a ajouté que “les ennemis d’Israël sont les ennemis de l’Amérique” (White House Briefing, 2 Nov 2025).
Cette phrase, taillée pour galvaniser sa base évangélique et pro-israélienne, sonne comme une déclaration de guerre à une autre partie de l’Amérique : celle des communautés musulmanes, afrodescendantes et latino, qui voient dans cette politique un alignement aveugle et dangereux.
À Dearborn, Minneapolis et Brooklyn, les manifestations pro-palestiniennes se multiplient, et les contre-manifestations aussi.
Résultat : les États-Unis sont en train d’importer le conflit du Proche-Orient — version domestique.
Vers une guerre civile importée ?
Des analystes de la Brookings Institution alertent : “Le risque d’un affrontement communautaire majeur aux États-Unis est aujourd’hui plus élevé qu’à aucun autre moment depuis 1968.”
Les lignes de fracture ne sont plus politiques mais religieuses, ethniques, idéologiques — et elles coupent l’Amérique en deux villes ennemies : New York et Dallas, Gaza et Jérusalem.
Dans ce climat, l’appel d’Amichai Chikli prend une dimension prophétique: il ne s’adresse pas seulement à la diaspora, mais à un pays au bord du vertige.
Son message pourrait se lire ainsi : “Quittez New York avant qu’elle ne quitte l’Amérique.”
L’ironie finale
L’ironie, bien sûr, c’est que cette guerre civile “probable” serait le fruit du même messianisme moral qui prétend défendre la liberté.
Trump veut “sauver Israël” à coups de tweets patriotiques, mais il risque de mettre le feu à la dernière grande Babel de la planète.
La démocratie américaine, jadis vantée pour sa capacité à fondre les identités, ressemble de plus en plus à un champ de bataille idéologique où chacun revendique sa propre version du Prophète — ou du Messie.
“Les civilisations ne meurent pas sous les bombes : elles meurent quand leurs habitants importent les bombes dans leurs cœurs.” – Alexis de Tocqueville, revisité par la réalité américaine, 2025. »