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• La victoire de Mamdani à la tête de la mairie de New York. • Un événement enfin compréhensible sans en appeler aux cieux et aux dieux ? • Lisez le texte de ‘WSWS.org’, vous aurez très, très-vite compris.
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C’est simple : pour comprendre d’une part le blocage de la situation aux USA, d’autre part le pessimisme catastrophique et furieux de la gauche classique aux USA, – consultez ‘WSWS.org’, site de la IVème Internationale Trotski, dans son commentaire sur la victoire à New York de Mamdani. Le “pessimisme catastrophique et furieux” parce que sans le moindre espoir, aux États-Unis d’Amérique, actuellement, avec n’importe quelle personne et n’importe quelle tendance, d’espérer quelque changement d’importance que ce soit.
Pour s’en expliquer c’est-à-dire s’en convaincre, lire ce passage, comme n’importe quel autre passage, – peu importe, à part une renaissance miraculeuse du grand Léon, personne ne peut rien pour les Etats-Unis des oligarques et contre le capitalisme.
« En termes de classe, ces tendances expriment non pas les intérêts de la classe ouvrière, mais ceux de la classe moyenne supérieure – une couche sociale privilégiée qui ne recherche pas une restructuration fondamentale de la société mais une situation plus confortable pour elle-même.
» Il ne fait aucun doute que nombre de travailleurs, ayant voté pour un socialiste, verront dans l'élection de Mamdani un signal pour passer à l'action et faire avancer leurs revendications. Mais que fera Mamdani lorsque les travailleurs entreront en lutte? Inévitablement, la logique des intérêts de classe prévaudra. Mamdani cédera aux exigences du pouvoir financier et politique. Quoi qu'il prétende, le but ultime de sa campagne est de devancer et de contenir le mouvement ouvrier grandissant. »
Inutile de s’attacher à échanger des arguments avec ce texte. Tout y est dit et il n’y a aucune place pour la moindre nuance. Ce n’est pas l’essentiel, car nous n’avons strictement aucune illusion sur la capacité de n’importe qui de changer quoi que ce soit d’essentiel dans la situation américaniste-occidentaliste.
Au contraire et selon cette logique qui est notre logique, il faut se réjouir de la victoire de Mamdani parce que, justement, il n’en sortira rien, sinon un peu plus de confusion, un peu plus de communication agressive et d’affrontement, un peu plus de chaos, un peu plus de tout ce que vous voulez pourvu que cela soit n’importe quoi. C’est la seule force qui compte : cette pression en constante augmentation de la communication qui rend plus fou les plus fous, et encore plus fous les autres.
Dans un autre texte du mois de juin, sur la victoire de Mamdani aux primaires des démùocrates, les trotskistes de ‘WSWS.org’ écrivaient : « Les remparts de Wall Street ne s'effondreront pas sous le poids de discours électoraux. » C’est une erreur classiquement trotskiste, ce mouvement qui dépend pourtant d’un homme qui faisait une si grande confiance dans le verbe qu’il maniait à merveille mais qui mourut le crane fracassé par le piolet d’un tueur du ‘Smersh’ stalinien. Le problème est que le grand Léon, qui n’avait pas le don de voir l’avenir ni même de voir venir, n’avait pas entendu parler d’un nommé Gorbatchev, qui fit s’écrouler “les remparts de la bureaucratie et de la nomenklatura communiste” par la seule grâce de la liberté qu’il accorda aux gens de développer tous leurs discours, – électoraux ou non, – qu’ils voulaient. Ce fut la glasnost que Troitski, c’est sûr, aurait détesté.
Quant à Mamdani, il nous importe fort peu de savoir ce qu’il pense de Gorbatchev et de la glasnost, s’il sait vraiment ce dont il s’agit, – vraiment fort peu... Nous sommes là dans une sorte de politique disons “de l’au-delà” qui dépasse et la IVème Internationale trotskiste, et Wall Street et toute la bande.
Voici donc ce que nous annonce ‘WSWS.org’, le 6 novembre 2025, avec un titre de notre cru. Attachez vos ceintures (à cause du texte, pas du titre qui n’est qu’une gâterie technique).
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La victoire de Zohran Mamdani, membre des Socialistes démocrates d'Amérique (DSA), à l'élection à la mairie de New York – un « socialiste démocrate » autoproclamé qui l'emporte dans la ville abritant Wall Street, le centre de la finance américaine et mondiale – est un événement d'importance nationale et internationale.
Cette élection fait voler en éclats le discours selon lequel toute alternative au capitalisme serait inconcevable pour une population ayant subi des décennies d'anticommunisme et d'anti-socialisme. En réalité, le mouvement d'une large partie des travailleurs et des jeunes est vers la gauche, avec une hostilité croissante envers le capitalisme et un soutien grandissant au socialisme. Le vote pour Mamdani exprime non seulement la désillusion face à l’establishment politique en place, mais aussi l'indignation suscitée par l'immense concentration des richesses entre les mains d'une infime élite, le coût de la vie exorbitant et le délabrement des droits démocratiques et sociaux fondamentaux.
Plus d'un million de personnes ont voté pour Mamdani, dans un contexte de participation électorale record depuis des décennies: plus de deux millions de bulletins ont été déposés, soit le double du total d'il y a quatre ans et le chiffre le plus élevé depuis 1969. Mamdani, qui n'était crédité que de 1 pour cent des intentions de vote lorsqu'il a lancé sa campagne lors des primaires, a remporté une nette majorité dans cette élection triangulaire, devançant son principal rival, l'ancien gouverneur démocrate Andrew Cuomo, de 9 points de pourcentage.
Mamdani a remporté la plupart des quartiers populaires des cinq arrondissements de New York, s'imposant largement dans les districts les plus touchés par les inégalités sociales et la hausse du coût de la vie. Il a battu Cuomo de 45 points de pourcentage à Harlem, de 28 points à Jamaica (Queens), de 28 points à East New York (Brooklyn) et de 27 points à Parkchester (Bronx) – des quartiers parmi les plus pauvres et les plus diversifiés de la ville sur le plan ethnique.
D'après un sondage de sortie des urnes réalisé par CNN, 70 pour cent des électeurs de moins de 45 ans ont voté pour lui, contre seulement 25 pour cent pour Cuomo. Il a remporté une victoire écrasante auprès de ceux qui qualifiaient la situation financière de leur famille de «précaire» et parmi ceux qui s'opposent fermement à Trump et à son programme fascisant.
L'élection a constitué un rejet clair de l'establishment politique – tant de l'extrême droite républicaine que de la machine démocrate – qui avait soutenu Cuomo et injecté plus de 50 millions de dollars d’origine opaque dans sa campagne. L'accent mis par Mamdani sur la flambée du coût de la vie, notamment des loyers, de la garde d'enfants et des achats alimentaires, a trouvé un écho favorable, tout comme ses dénonciations véhémentes des oligarques qui dominent la vie politique et économique et se rallient à la dictature en développement de Trump.
L'élection de Mamdani a sans aucun doute suscité l'enthousiasme, non seulement aux États-Unis, mais aussi à l'étranger. Le contraste entre Andrew Cuomo – héritier de l'establishment du Parti démocrate, gangrené par la corruption – et Mamdani, qui se présente comme le défenseur des opprimés, alimente l'illusion d'un changement fondamental. Il est pourtant nécessaire d'énoncer certaines vérités essentielles, de ne pas se livrer aux illusions, mais de partir de la logique de la réalité politique et sociale.
Il faut d'abord préciser que, bien qu'il se présente comme un «socialiste démocrate», Mamdani ne défend pas un programme socialiste. Ses propositions – de légères hausses d'impôts pour les millionnaires, un encadrement limité des loyers et un modeste développement des services publics – ne constituent guère plus qu'une timide résurgence du réformisme libéral d'une époque révolue.
Cependant, même les propositions les plus modestes se heurteront à la résistance farouche de Wall Street, de l'oligarchie financière et des institutions qui défendent leurs intérêts, par le biais de procès, de provocations politiques ou d'actions plus directes. L'aristocratie financière n'est pas prête à céder quoi que ce soit. Elle résistera, par tous les moyens à sa disposition, à la moindre atteinte à sa richesse et à son pouvoir.
Le gouvernement Trump, agissant comme représentant politique de l'oligarchie financière, a déjà réagi à la victoire de Mamdani en intensifiant ses menaces et en se disant prêt à intervenir directement à New York. Dans une interview accordée à Fox News après que Mamdani, dans son discours de victoire, a appelé à «hausser le ton» contre Trump, le président a averti: «C'est une déclaration très dangereuse de sa part. Vous parlez de danger, je pense que c'est une déclaration très dangereuse. Il devrait faire preuve d'un peu de respect envers Washington.»
Steve Bannon, conseiller fasciste de Trump, a de même déclaré à Politico que l'élection de Mamdani «devrait servir d'avertissement », ajoutant qu'«il devrait y avoir des signaux d'alarme partout». Il a affirmé: «Ce sont des gens très dangereux et il faut s’en occuper sérieusement», avant d'exiger l'expulsion de Mamdani, citoyen américain né en Ouganda.
Le Parti de l'égalité socialiste s'opposera à ces attaques et à toutes les autres, y compris au déploiement probable de la Garde nationale ou d'autres forces militaires à New York. Cependant, nous ne subordonnerons pas notre politique à celle de Mamdani et du Parti démocrate.
Le Parti démocrate, dont Mamdani est membre, s'oppose catégoriquement à toute remise en cause de la richesse et de la domination de l'élite financière. Au sein du parti, les principaux démocrates sont divisés: d'un côté, une faction disposée à collaborer avec Mamdani car consciente de la nécessité d'un candidat capable de rallier un large électorat; de l'autre, une faction qui craint que l'exacerbation des sentiments anti-système ne lui échappe rapidement.
De nombreux démocrates de premier plan, dont le chef de la minorité sénatoriale Chuck Schumer, ont refusé d'apporter leur soutien à Mamdani, même après sa victoire aux primaires. Le New York Times, organe de presse du Parti démocrate, a publié mercredi un long éditorial définissant les lignes directrices que le nouveau maire devait suivre. Les éditorialistes exigeaient en substance que Mamdani renonce à ses promesses de campagne et gouverne à l'instar de l'ancien maire milliardaire Michael Bloomberg, que Mamdani avait lui-même tenté, sans succès, de séduire.
L'éditorial soulignait la nécessité pour Mamdani de constituer un cabinet acceptable pour Wall Street et le secteur immobilier, une directive qu'il a rapidement adoptée. Mercredi, il a annoncé la composition d'une équipe de transition formée de démocrates chevronnés issus des administrations des trois derniers maires: Michael Bloomberg, Bill de Blasio et Eric Adams.
La réaction de Mamdani face aux menaces émanant de la classe dirigeante traduit la politique des Socialistes Démocrates d'Amérique. Toute sa perspective repose sur l'affirmation qu'il est possible de concilier des intérêts de classe diamétralement opposés, qu'un véritable changement social peut être réalisé grâce à une collaboration entre exploiteurs et exploités, et que cette collaboration peut être menée sous l'égide du Parti Démocrate. C’est là une illusion sans aucun fondement dans la réalité politique et sociale.
Lors de sa conférence de presse de mercredi, Mamdani a insisté à plusieurs reprises sur sa volonté de «collaborer avec» Trump et Wall Street. Il a déclaré que, malgré son opposition politique à Trump, il «souhaitait dialoguer avec le président Trump sur les possibilités de collaboration au service des New-Yorkais», ajoutant qu'il était «prêt à parler à quiconque» si cela servait les intérêts de la ville.
Mamdani a également annoncé qu'il avait hâte de rencontrer Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase, et «toute personne soucieuse de l'avenir de notre ville», louant Dimon et d'autres milliardaires «investis dans la vitalité» de New York. Ce ne sont pas là les propos d'un socialiste, mais ceux d'un homme politique assurant à l'élite financière que sa richesse, son pouvoir et ses privilèges resteront intacts.
Comme le World Socialist Web Site l’avait souligné lors des primaires de juin: «Les remparts de Wall Street ne s'effondreront pas sous le poids de discours électoraux.» La réaction des marchés à l'élection de Mamdani l'a confirmé. Loin de s'inquiéter, l'oligarchie financière a accueilli le résultat avec sérénité. Tous les principaux indices de Wall Street étaient à la hausse mercredi.
Dans son discours de victoire, Mamdani a invoqué le nom du grand socialiste américain Eugene V. Debs. Il a pourtant omis la conclusion essentielle de Debs: «La classe ouvrière ne sera jamais émancipée par la grâce de la classe capitaliste, mais seulement par le renversement de cette classe.»
L’expérience de la dernière décennie regorge d’exemples de partis et de personnalités dont les prétentions à représenter une rupture radicale avec l’establishment politique se sont heurtées de plein fouet aux réalités du pouvoir capitaliste. En Grèce, la Coalition de la gauche radicale (Syriza) est arrivée au pouvoir en 2015 en promettant de mettre fin à l’austérité, pour finalement imposer les coupes sociales les plus brutales telles que les dictèrent les banques et l’Union européenne. En Allemagne, Die Linke (Parti de gauche) a participé à des gouvernements régionaux qui expulsent les réfugiés et imposent l’austérité. En Grande-Bretagne, le mouvement Corbyn au sein du Parti travailliste a capitulé face à l’establishment de droite, ouvrant la voie au retour d’un régime de réaction manifeste.
En termes de classe, ces tendances expriment non pas les intérêts de la classe ouvrière, mais ceux de la classe moyenne supérieure – une couche sociale privilégiée qui ne recherche pas une restructuration fondamentale de la société mais une situation plus confortable pour elle-même.
Il ne fait aucun doute que nombre de travailleurs, ayant voté pour un socialiste, verront dans l'élection de Mamdani un signal pour passer à l'action et faire avancer leurs revendications. Mais que fera Mamdani lorsque les travailleurs entreront en lutte? Inévitablement, la logique des intérêts de classe prévaudra. Mamdani cédera aux exigences du pouvoir financier et politique. Quoi qu'il prétende, le but ultime de sa campagne est de devancer et de contenir le mouvement ouvrier grandissant.
La voie vers l’avant pour les travailleurs, à New York comme dans tout le pays, ne consiste pas à faire pression sur le Parti démocrate ni à nourrir des espoirs concernant l'administration de Mamdani, elle réside dans la mobilisation indépendante de la classe ouvrière en lutte.
Le Parti de l'égalité socialiste appelle à la création de comités de la base dans chaque lieu de travail, quartier et école, reliés entre eux à travers l'Alliance ouvrière internationale des comités de base (acronyme anglais IWA-RFC). Ces comités doivent permettre aux travailleurs de s'organiser, de se coordonner et d'amplifier leurs luttes – non pas pour réclamer des réformes auprès du pouvoir en place, mais pour formuler et défendre leur propre programme: la défense de l'emploi, des salaires et du niveau de vie, l'opposition à la guerre et à la dictature, et la lutte pour le pouvoir des travailleurs et la transformation socialiste de la société.
Rien ne sera accompli sans une attaque directe de la richesse de la classe dirigeante. Les fortunes des milliardaires – ancrées dans leur contrôle des banques, de la grande entreprise et des monopoles immobiliers – doivent être expropriées et transformées en services publics placés sous le contrôle démocratique des travailleurs.
La question cruciale est celle de la direction et de la perspective. Nous appelons tous ceux qui tirent des conclusions révolutionnaires de ces événements à rejoindre le Parti de l'égalité socialiste et à contribuer à forger la direction nécessaire pour transformer la colère sociale grandissante en une lutte consciente pour le socialisme.