RapSit-USA2025 : La guerre intérieure a débuté

Brèves de crise

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RapSit-USA2025 : La guerre intérieure a débuté

L’affaire Epstein reste plus que jamais au centre de ce qui devient une “guerre intérieure” US. Il s’agit cette fois de la contre-offensive lancée par l’administration Trump, en exploitation des très nombreux documents réunis par Tulsi Gabbard, la DNI. Après l’offensive majeure lancée par les divers adversaires de Trump en cette circonstance (des gauchistes aux soutiens de Trump [MAGA] furieux du blocage de la diffusion de documents publics), l’administration Trump lance ou suscite plusieurs mesures judiciaires qui prennent comme objectifs des personnalités de l’équipe Obama, – sinon l’ex-président lui-même ?

Il est pour l’instant impossible de savoir qui risque d’être inquiété (d’où le point d’interrogation autour d’Obama) puisqu’il ne s’agit que de l’annonce essentiellement de deux procédures préparatoires, selon l’exploitation qui en sera faite, affectant diverses personnalités.

• La première mesure est un ordre de la Procureure Générale (ministre de la justice) Pat Mondi de réunir un Grand Jury chargé d’examiner les documents disponibles pour déterminer qui doit être inculpé et éventuellement jugé, – une sorte de pré-procès sans aucune indication de charges à l’encontre des personnes convoquées à ces audiences dont la ou les décisions sont laissées à un groupe de citoyens (sorte de “pré-jurés”) assistant aux délibérations.

La présentation de la nouvelle reprise par ‘ZeroHedge.com’ du 6 août :

« La procureure générale  Pam Bondi a ordonné à son ministère de désigner un procureur pour la mission de présenter des preuves à un Grand Jury suite aux recommandations du plus haut responsable du renseignement de l'administration Trump [Tulsi Gabbard, DNI], a déclaré lundi une personne proche du dossier.

» On ignore quels anciens responsables pourraient être visés par les travaux du Grand Jury, où se trouverait le jury qui pourrait finalement entendre les preuves, ni quels procureurs – employés de carrière ou personnes nommées par le pouvoir politique – pourraient être impliqués dans l'enquête.

» On ignore également quelles allégations précises de mauvaise conduite, selon les responsables de l'administration Trump, pourraient fonder des accusations criminelles, qu'un grand jury devrait approuver pour qu'un acte d'accusation soit émis. »

• La seconde mesure, qui ne vient pas directement de l’administration sinon indirectement (les documents réunis par Gabbard), vient de la commission de la Chambre chargée d’enquêter sur l’affaire Epstein. L’intérêt immédiat direct de ces auditions est pour l’instant difficile à tracer, comme fait comprendre leur abondance et leur diversité, et d’ailleurs l’attitude de la Commission elle-même : « témoigner dans le cadre d'une enquête impliquant le financier déchu ». L’intérêt immédiat au niveau médiatique, c’est d’introduire le couple Clinton, réputé comme le plus  enrichi et le plus impliqué dans l’affaire, et avec pour les deux une carrière politique et l’exercice du pouvoir extrêmement chargés.

« La commission de la Chambre des représentants des États-Unis chargée d'enquêter sur l'affaire Jeffrey Epstein a assigné à comparaître l'ancien président Bill Clinton, l'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton et plusieurs anciens hauts responsables des forces de l'ordre à témoigner dans le cadre d'une enquête impliquant le financier déchu, – et de loin le plus célèbre, chargés.

» Parmi les personnes citées à comparaître figurent les anciens procureurs généraux Merrick Garland, Bill Barr, Alberto Gonzales, Jeff Sessions, Loretta Lynch et Eric Holder, ainsi que les anciens directeurs du FBI James Comey et Robert Mueller. La commission a également ordonné au ministère de la Justice de remettre « les dossiers Epstein complets et non expurgés » d'ici le 19 août. Les dépositions doivent commencer le 18 août et se poursuivre jusqu'à la mi-octobre.

» Les législateurs sollicitent le témoignage des Clinton sur les liens de Bill Clinton avec Epstein... »

• Enfin, il ne faut pas mettre de côté l’action de la Commission juridique du Sénat, conduite par le vieux sénateur Grassley, qui a retrouvé toute sa verdeur malgré son âge (91 ans) et entend faire de cet aspect de l’affaire une affaire politique et médiatique de première importance. Son champ d’action est celui-ci :

« Une annexe récemment déclassifiée du rapport Durham jette un éclairage supplémentaire sur le plan de campagne de Clinton visant à lier faussement Trump à la Russie et sur l'échec du FBI à enquêter. »

Ce qu’on doit noter également, c’est que cette enquête a une très forte dimension politique à l’heure de la montée des tensions avec la Russie dans un cadre totalement fabriqué autour de la crise ukrainienne depuis 2014. Ce sujet peut très bien conduire, dans une atmosphère survoltée où de bonnes chose sont accomplies même par des gens peu recommandables à s’interroger : “Et si la guerre en Ukraine avec l’enchaînement des évènements qui a précédé avait été accélérée et déformée décisivement par l’invention du Russiagate qui est le fait même de l’équipe Clinton ?”.

Dernier élément pour la Commission Gressley, une très grande popularité de la résolution de cette affaire et de la nécessité de punir les coupables : 69% des votants (républicains) ont répondu dans sens. La “connaissabilité” de cette affaire, sa “popularité” est très forte dans la mesure où l’annonce de la Commission Grassley a très vite été supplantée dans la hiérarchie des nouvelles, par l’Ukraine et Israël. Son importance subsiste dans des domaines  essentiels : médiatique, effet sur le public.

Epstein : un lien avec la GrandeCrise

L’affaire Epstein est elle-même extrêmement intéressante par ce qu’elle dévoile des élitesSystème. Mais elle est encore plus intéressante dans la phase actuelle, et pour bien plus qu’elle-même. On voit bien avec l’entrée en scène des Clinton et des inculpations possibles de personnalité impliquées dans le  (lien avec l’Ukraine, Russiagate et la russophobie, et lien antagoniste) et bien d’autres aspects que cette affaire interfère de deux façons importantes dans la politique intérieure US puisqu’elle met en cause les circonstances autour de la crise ukrainienne, et donc la politique ukrainienne des USA/de Trump.

D’une part, c’est toute la popularité de Trump, déjà très fortement entamée, qui continue à être mise en cause. En fait, dans cette situation où aucune position politique ou idéologique n’est stable dans son orientation, l’intention prêtée à Trump de détourner l’attention du public pour Epstein-démolisseur de la popularité de Trump avec les échos de la politique russe et la période de grande tension qu’elle traverse, se heurte à l’intérêt constamment relancée pour l’affaire Epstein aux USA, et relancée dans ce cas par l’action de l’administration Trump elle-même. La contradiction est frappante et constitue une bonne marque de la confusion intellectuelle de Trump qui lui fait souvent perdre de vue l’existence de la logique.

D’autre part, ce contre-effet logique (ou plutôt illogique) à l’intérieur, aux USA, devrait également ou éventuellement agir au niveau extérieur si Trump découvre que sa popularité externe est aussi desservie par l’Ukraine et sa politique russe. Il suffirait que Trump admette qu’il est train de perdre sa popularité (ce qu’il nie encore d’une certaine façon) et que la politique des neocon contribue à une désaffection du public en même temps que s’impose de plus en plus l’impopularité (très forte chez les MAGA) des guerres extérieures et essentiellement celle qui est menée en Ukraine.

Le jeu est complexe, très complexe. C’est une partie de billard à combien ? Six bandes ? Neuf bandes ? Douze bandes ? On ne sait même pas, – et c’est dommage, cela aurait permis d’avancer des hypothèses farfelues, – si Trump joue au billard, s’il aime le billard, s’il sait ce que c’est que le billard. Le jeu est “complexe, très complexe”, mais en plus les joueurs pensent à d’autres choses qu’au jeu du billard, et bien peu sont dotés des vertus nécessaires à l’observation honnête et lucide pour admettre et comprendre l’évolution du jeu.

Quoi qu'il soit, notre audacieux et délicat pari reste d'actualité : une grave crise intérieure aux USA est le seul événement qui peut cointrecarrer la marche actuelle vers un conflit global.


Mis en ligne le 6 août 2025 à 17H30