RapSit-USA2022 : La passoire du Sud

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RapSit-USA2022 : La passoire du Sud

• Pour revenir à une des crises américanistes sans cesse en cours d’intensification, comme en une sorte de paroxysme endémique, une situation de la frontière Sud des États-Unis. • Quelques chiffres qui ne sont guère diffusés pour ne pas trop faire penser au Grand Remplacement. • 2,1 milions d’immigrants illégaux en 2021, depuis l’arrivée de Biden, un million depuis le mois de janvier 2022. • Et l’ombre des activiste cartels, qui ont introduit une nouvelle technologie de trafic : les drones. • En 2021, 9 000 vols de drones des cartels aux USA.

L’omnipotence d’Ukrisis nous a conduit à un peu (beaucoup) délaisser les diverses situations crisiques aux USA (sauf la situation crisique exacerbée du pouvoir US, qui a des effets partout, intérieurs et extérieurs [Ukrisis justement]). Quelques éléments très récents ont attiré notre attention, nous conduisant à nous intéresser pour la circonstance, un peu plus en détails, à la crise de la frontière Sud, USA-Mexique. Malgré qu’elle se soit faite discrète, cette crise est en mode-turbo, – d’une sorte de “paroxysme endémique” dirions-nous selon une expression oxymorique par rapport aux sens que l’esprit scientifique donne à ces deux mots, – mais en cette occurrence, comme en beaucoup d’autres, l’esprit scientifique aujourd’hui en déroute ne nous intéresse pas.

Dans un tout petit peu plus d’un mois (le 23 mai), l’administration Biden suspendra la législation dite ‘Title 42’ qui, depuis mars 2020, imposait certaines formes de contrôle sanitaire (Covid) et de restrictions à la frontière. L’activation de cette décision va considérablement accroître le passage de ces migrants. D’ores et déjà, depuis l’application de la politique dite-‘Open Door’ [‘Porte Ouverte’] par l’administration Biden, l’immigration illégale est devenue un flot incontrôlable et inarrêtable à la frontière Sud, notamment au Texas. Un reportage du 5 avril de ‘Epoch Times’ auprès d’officiers de la ‘Border Patrol’ chargés du contrôle de la frontière, décrivait les conditions actuelles de cette façon :

« Alors que l'administration Biden s'apprête à supprimer la disposition relative à la santé publique du titre 42 le 23 mai, les agents de la Border Patrol et les responsables locaux le long de la frontière se préparent à un afflux encore plus important d'immigrants illégaux.

» “On se prépare à devoir en ‘contrôler’ plus de 500 000 par mois”, a déclaré le 4 avril à Epoch Times un agent de la Border Patrol, qui s'est exprimé sous couvert d'anonymat par crainte de répercussions.

» Il a ajouté que les agents s’attendent à recevoir un appareil électronique dans lequel ils pourront saisir les données et les informations biographiques d'un étranger clandestin sur le terrain, avant de le relâcher.

» “Donc, en réalité, ce que la Border Patrol est en train de devenir, c'est essentiellement un simple organisme d’agents d’accueil”. »

Le chiffre avancé de “plus de 500 000” migrants illégaux par mois mesure le caractère extraordinaire de l’évolution actuelle de l’immigration “contrôlée” sur la frontière Sud. La mention officielle d’“arrestation” pour les migrants interceptés par la ‘Border Patrol’ désigne désormais une simple procédure d’accueil sans aucune restriction sauf des cas d’ores et déjà inventorié d’individus suspects d’actions illégales (terrorisme notamment).

Divers reportages sont effectuées à la frontière, essentiellement par les presses locales, les grands médias de la presseSystème s’abstenant de documenter ce phénomène qui pourrait susciter et animer des attitudes absolument prohibées par la bienpensance. Ils décrivent cette situation d’un contrôle réduit à sa plus simple expression, et devenant une simple procédure d’enregistrement. Les chiffres avancés de l’immigration illégale sont phénoménaux, comme dans ce court extrait d’un reportage d’une station télévisée locale de Brownsville, à la frontière mexicaine du Texas.

« Savanah Hernandez s'est entretenue avec l’adjoint au chef [de la ‘Border Patrol’] du point de passage dit-Eagle Pass. Il a déclaré que les arrestations dans sa zone frontalière ont atteint près d’un million de personnes depuis janvier de cette année.

» Au total, 2,1 millions de personnes ont traversé illégalement la frontière l'année dernière. Dans ce secteur spécifique, les chiffres ont déjà presque doublé par rapport à l'année dernière. »

On comprend à l’audition de ces chiffres (2,1 millions de personnes en 2021, près d’un million depuis janvier, “plus de  500 000 par mois” à partir de mai-juin, etc.) qu’il s’agit d’une situation dans le plus complet chaos, où les autorités sont débordées sinon découragées et inexistantes, tandis que le pouvoir fédéral de Washington a établi une politique laxiste (une non-politique) de complet laisser-faire depuis l’arrivée de Biden. Il s’agit de la poussée migratoire la plus colossale, sans aucun précédent dans l’histoire des USA, ni sans doute, sauf par période limitée en durée de crise gravissime ou de guerre, dans l’histoire tout court. On comprend bien que les chiffres données n’ont aucune précision statistique, qu’ils fournissent l’ordre de grandeur, dans une situation en complète désintégration structurelle à mesure que les migrants potentiels prennent conscience de la complète accessibilité du territoire des USA.

Localement ou par État, des mesures spécifiques sont prises, souvent hors du cadre législatif fédéral, mais sans effet systémique notable. Par exemple, le gouverneur du Texas Abbott a décidé le 6 avril que des immigrants illégaux seront envoyés directement à Washington D.C., plutôt que d’être laissés sur place au Texas après leur procédure de contrôle. Il s’agissait pour Abbott de montrer son mécontentement et d’outrepasser les dispositions fédérales légales de l’administration Biden. Mais l’initiative a été accueillie avec ironie par la Maison-Blanche, comme facilitant l’intégration des immigrants illégaux plus encore que ne le fait la politique ‘Open Door’ de l’administration Biden :

« Interrogée lors du point de presse mercredi [13 avril] sur les efforts du gouverneur Abbott pour envoyer des clandestins à Washington afin de donner à Biden une leçon sur l'ouverture de la frontière Sud, la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki a félicité Abbott plutôt que de le condamner.

» “C’est une bonne chose que l’État du Texas aide [les migrants] à atteindre leur destination finale en attendant l’issue de leur procédure d'immigration, – car ils sont tous en procédure d’immigration”, a déclaré Psaki. »

L’épisode ajoute au chaos de la situation de l’immigration, l’impuissance des diverses autorités. L’administration Biden, qui est extrêmement faible, du fait principalement de l’état de santé et cognitif de son président et de l’éparpillement de ses pouvoirs qui en résulte, peut aisément soutenir une politique consistant à ne rien faire, justement à ‘laisser-faire’, à part le minimum d’un contrôle aléatoire. Contre cela, les gouverneurs sont désarmés comme le montre la mésaventure d’Abbott, sauf s’ils décident d’autorité de fermer la frontière, et encore s’ils en ont les moyens humains et de sécurité, – et cela constituant alors un acte de refus et de défi de la politique fédérale. Peut-être certains d’entre eux en arriveront là, mais on se trouve pour l’instant dans une délicate période préélectorale, pour les gouverneurs également.

Personne ne fait officiellement, ni le compte ni la prospective de la situation des États-Unis dans cet épisode d’immigration maximale. Là aussi, au niveau des observations officielles, le chaos est complet,  comme une marque de fabrique de l’administration Biden. Certaines sources officieuses font par contre leur compte, et elles communiquent des appréciations extrêmement alarmistes, ou dans tous les cas bouleversantes. L’une d’entre elles, rapportée sur la même télévision locale de Brownsville, estime ainsi qu’on se rapprocherait beaucoup plus vite que prévu du point fondamental d’inflexion, où la “communauté” WASP (Blancs, Anglo-Saxons, Protestants) étendue aux “Caucasiens-Américains”, héritière des fondateurs des États-Unis, ne serait plus majoritaire :

« Si ce rythme fou se poursuit et même s’amplifie, il va complètement bouleverser la situation démographique des USA. On pourrait arriver beaucoup plus rapidement qu’on ne le prévoit, disons en autour d’une décennie, à une situation où la communauté Latinos serait la première numériquement aux Etats-Unis, comme elle l’est déjà, par exemple, en Californie depuis 2014. »

Cette politique d’ouverture des frontières a été voulue par le parti démocrate, parallèlement aux diverses folies du wokenisme, pour consolider un avantage électoral à tout jamais sur le parti républicain. Mais le désordre ainsi institué, transformé en chaos, ne donnerait pas nécessairement ce résultat. La communauté Latino, de culture catholique, est attachée à un certain traditionalisme qui ne la pousse pas à suivre les thèses progressistes ; elle le fait dans certaines circonstances, où elle se juge opprimée, marginalisée, etc., mais la situation qui se dessine est toute autre.

On a déjà pu voir des renversements spectaculaires au Texas, où la communauté Latino est évidemment de plus en plus forte, mais où nombre de fiefs démocrates passent aux républicains avec le soutien latino, notamment parce que les Latinos installés sont très souvent hostiles à l’immigration illégale... latino, elle aussi ! Encore faudra-t-il que le parti républicain s’adapte lui aussi, et devienne plus populiste, plus trumpiste, dans la mesure où Trump apparaît comme un adversaire structurant des folies progressistes, et où sa volonté de réguler le flot des migrants répond justement à une volonté d’ordre, y compris de la part des Latinos intégrés.

Là aussi, rien n’est simple...

Des cartels et des drones

... Rien n’est simple, d’autant que l’on n’a pas encore abordé le problème spécifique des cartels, de leurs activités illégales, de la drogue et du contrôle payant du passage des clandestins (ce dernier point en forte baisse depuis que la politique ‘Open Door’ est d’application). Mais les cartels suivent le rythme, ils se modernisent. On s’arrêtera ici à l’emploi d’un nouvel outil très-sophistiqué, les drones, utilisé essentiellement comme outils de reconnaissance des activités des diverses forces de l’ordre aux USA, mais aussi comme outil d’attaque.

La chose n’est pas nouvelle, mais elle arrive désormais à maturité, avec 9 000 vols de drones des cartels effectués en 2021 au-dessus du territoire US. Le site ‘Judicial Watch’ a mis en ligne, ce 12 avril, une longue enquête sur cette question, que nous reprenons ci-dessous.

On voit d’abord l’historique de l’utilisation des drones par les cartels.

« Les rapports sur l'utilisation de drones par les cartels mexicains pour renforcer leurs opérations illicites ont commencé à faire surface au cours des dernières années. En fait, il y a trois ans, des agents du secteur d'El Paso, à environ 750 miles de la vallée du Rio Grande, ont révélé dans un reportage de ‘Breitbart.News’ qu'ils avaient été témoins de ce qu'ils pensaient être la première utilisation d'un drone par un cartel mexicain pour faire office de “guetteur”. Dans le reportage, des responsables du CBP du secteur d'El Paso sont cités disant que les agents “ont découvert une nouvelle tactique de contre-surveillance”, faisant référence au drone. Selon l’article, un agent surveillant la frontière à l'aide d’une caméra infrarouge a découvert le drone qui se dirigeait vers le nord des États-Unis depuis le Mexique. L'année dernière, le plus grand journal du Mexique a rapporté que certains des cartels les plus notoires du pays, dont ‘Jalisco Nueva Generación’, utilisaient des drones avec des explosifs pour attaquer la police dans l'ouest du pays. En 2018, une étude universitaire avait révélé que les cartels utilisent des drones pour rechercher des agents de la patrouille frontalière et informer les trafiquants de drogue de leurs positions. La recherche s'est concentrée sur le paysage sécuritaire complexe des drones militaires pour la sécurité des frontières et des acteurs non étatiques aux motivations fortement divergentes pour développer leurs propres capacités de surveillance par drone. »

Donc, cette évolution des quatre-cinq dernières années semblent désormais se concrétiser dans une année 2021 remarquablement active, et favorisée à cet égard par le chaos de l’élection de Buden sur fond de Covid. Le drone est donc en passe de devenir un outil immanquable des cartels, à l’image des 4x4 et des Kalachnikov AK-47, en plus des caches de drogue.

« Les cartels de la drogue mexicains ont effectué plus de 9 000 vols de drones dans l'espace aérien américain au cours de l'année dernière pour surveiller les opérations de maintien de l’ordre et de sécurité américaines dans la région de la frontière Sud, a déclaré cette semaine un haut responsable de la sécurité intérieure à ‘Judicial Watch’. Les drones observent les agences fédérales, celles des États, des comtés et des villes près de la frontière mexicaine, y compris la Border Patrol américaine, le département de la sécurité publique du Texas, la Garde Nationale du Texas, les shérifs de comté et la police locale. La Border Patrol, qui relève du service des douanes et de la protection des frontières (CBP), a capturé une douzaine de drones et a accédé aux systèmes de guidage et de mémoire des véhicules aériens sans pilote (UAV) afin d'obtenir des renseignements, selon un haut responsable de l'agence.

» ‘Judicial Watch’ a appris l’existence des incursions de drones du cartel mexicain lors d'une récente visite à la frontière Sud, et plus particulièrement en interrogeant des fonctionnaires fédéraux du secteur CBP de Rio Grande Valley au Texas. ‘Judicial Watch’ poursuit son enquête et a déposé une demande de Freedom of Information Act (FOIA) auprès du CBP, l'agence de 60 000 membres chargée d'empêcher les terroristes et leurs armes d'entrer aux États-Unis, afin d'obtenir tous les documents relatifs à l’utilisation de drones par des organisations criminelles opérant le long de la frontière américano-mexicaine dans le but de surveiller les agents de la force publique américaine ou de faciliter de toute autre manière une activité illégale. La demande de documents publics fédéraux comprend, sans s’y limiter, toutes les informations décrivant le nombre connu ou estimé de cas d’utilisation de cette technologie, ainsi que tous les rapports, évaluations de renseignements, analyses ou documents similaires liés à leur utilisation.

» Des fonctionnaires fédéraux sur le terrain ont déclaré à ‘Judicial Watch’ que les cartels utilisent les vols de surveillance par drone pour faciliter le passage de clandestins et le trafic de drogue. Plus précisément, ils permettent d’identifier les lacunes dans la couverture des frontières et aident les cartels à envahir certaines zones afin de créer une diversion pour déplacer des charges sensibles ou de grande valeur à travers d'autres emplacements frontaliers. Les données analysées à partir des drones confisqués ont également fourni aux autorités américaines d’autres informations sensibles en matière d'application de la loi qui ne peuvent être rendues publiques, ont indiqué des sources gouvernementales, ajoutant que les cartels de la drogue ont commencé à utiliser ces appareils il y a quelques années. Brandon Judd, le président du syndicat représentant les 20 000 agents de la Border Patrol, a déclaré à ‘Judicial Watch’ que les drones sont également utilisés pour faire entrer clandestinement de petites quantités de drogue aux Etats-Unis : “Ils larguent du fentanyl”, a déclaré Judd lors de notre rencontre d’il y a quelques jours. “Ils volent vers certains endroits prévus à l’avance, laissent tomber au sol leur charge de fentanyl puis repartent au Mexique”. Leurs drones ne sont pas des systèmes militaires, précise Judd, ce sont des modèles “ordinaires” qui peuvent être achetés n’importe où. »

Cette superposition des deux activités, – l’arrivée massive de millions d’immigrants illégaux et l’extension de l’action technologique des cartels, – induit une curieuse impression qui tend à exciter l’imagination à laquelle notre époque si fertile en étrangetés des “temps-devenus-fous” ouvre grande sa porte (‘Open Door’ !). Jusqu’ici, l’action des cartels étaient observée comme hostile aux migrants, ou plutôt les exploitant de façon systématique et honteuse, parfois meurtrière et souvent en forçant à des rétributions ou des renseignements une fois ces migrants installés. Mais avec la politique ‘Open Door’, cette activité précise des cartels devrait être de plus en plus réduite, au profit de la dogue, des armes, etc.

...En fait et dans ce cadre en plein renouvellement, ne semblerait-il pas que l’activité des cartels ressemble, justement et de plus en plus, à une invasion ‘furtive’ (‘stealth’) des Etats-Unis ? A côté de cela, et toujours dans le champ imaginatif de l’interprétation, la masse migratoire, très visible et ajustée aux bons sentiments, humanitaristes et affectivistes mais également intéressés et caractérisant la politique du parti démocrate et de ses illusions, ressemble à une invasion à très haute visibilité des États-Unis. Au lieu de mettre ces deux invasions en situation antagonisme, d’exploiteurs-exploités, ne pourrait-on imaginer qu’apparaisse une certaine complémentarité des deux, activant une forme postmoderne de ‘La Reconquista’, – ou “reconquête” des “territoires perdus de la république” (!), – c’est-à-dire des territoires mexicains volés à la suite d’une guerre de conquête sans la moindre dissimulation des États-Unis, en 1847-1848 ? Et éventuellement, pour ceux qui veulent poursuivre l’exercice, une sorte de “Grand Remplacement” de type américaniste ? Il ne faut jamais désespérer...

 

Mis en ligne le 18 avril 2022 à 15H55