Rage et puissance inexorables du Russe

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Rage et puissance inexorables du Russe

• Le langage des Russes vis-à-vis du bloc-BAO, y compris et surtout des ex-libéraux russes comme Dimitri Pechkov, se fait de plus furieux et définitifs : « Nous ne ferons plus jamais confiance à l’Occident. » • Dimitri Medvedev, toujours lui, avertit vigoureusement les États-Unis : pour avoir un nouvel accord START (armes stratégiques nucléaires), il faudra venir le chercher en rampant. • Pendant ce temps, les forces armées russes mettent en œuvre une supériorité stratégique nucléaires écrasante, grâce aux missiles hypersoniques et une défense antimissiles sans égale.

Les gens qui dirigent avec la fluidité d’analyse qu’on sait le bloc américaniste-occidentaliste sont continuellement en train de débattre du sort de la Russie selon l’arguments implicite qu’ils tiennent toutes les ficelles permettant la manipulation du destin de ce pays, après avoir expédié son analyse en le réduisant à une barbarie prémoderne. Le débat est fascinant car ces ‘Masters of the Simulacrum’ évoluent comme s’ils avaient l’absolue conviction, au-delà de tout débat contradictoire, qu’ils maîtrisait effectivement toutes les situations concernant la Russie, sa chute, son ascension, sa gloire-Potemkine, sa défaite, sa chute, sa transmutation, sa “cancellation”, etc.

Sans doute quelques observateurs critiques jugent-ils que c’est prendre une ‘vérité-de-simulacre’ pour vérité-de-situation ; c’est certainement le contraire jugeraient si on les interrogeaient les Lituaniens qui durcissent encore leur position en mettant en place toutes les restrictions de leur blocus, ou bien le porte-parole du NSC (‘National Security Council’) de la Maison-Blanche s’inquiétant du sort de deux “volontaires” ou “mercenaires” US capturés dans les combats en Ukraine et donc passibles de la peine de mort puisqu’évoluant hors du cadre d’application des “lois de la guerre”.

Ces quelques exemples parmi une myriades d’autres montrent que le bloc-BAO, jusqu’à ses membres les plus minuscules (et par conséquent les plus teigneux et les plus irresponsables), continuent à tenir la Russie comme une entité “sous contrôle” moral et psychologique d’une civilisation occidentale continuant à se vivre comme la référence unique, indépassable et évidente de tous les autres, dont la Russie en premier. La Russie supporte de moins en moins cette attitude presque inconsciente de supériorité-malgré-tout (malgré les erreurs, les défaites, les gaffes, l’inégalité, l’injustice, le déclin, la dégénérescence...). Elle ne cesse de durcir son attitude et ses jugements, impitoyablement, et tout cela rend peu optimiste quant à l’évolution des situations opérationnelles.

Il est extrêmement caractéristique que les célébrités politiques officielles les plus renommées dans les tendances atlantistes et libérales russes aux yeux anciens des Occidentaux, sont les premières à faire entendre les mots les plus durs, voire les plus décisifs, que le bloc-BAO puisse entendre à son encontre. Deux exemples du jour...

• Dimitri Pechkov, porte-parole de Poutine, jusqu’il y a peu réputé et maudit dans les milieux patriotes russes pour sa mollesse presque doucereuse à l’égard du bloc-BAO, son goût de l’arrangement à tout prix. Certes, il parlait toujours au nom de Poutine et donc devait dire des choses bien précises, mais il les disait sur un tel ton, avec une telle tendance au compromis mâtinée de ce qui semblait être presque une révérence... Quel changement ! Changement dans l’esprit et dans les mots, l’espérance de l’arrangement étant remplacé par le constat de la rupture définitive, et cela alors même qu’il parlait longuement à la chaîne NBC, complètement intégrée dans l’establishment US ...

« Le porte-parole du Kremlin, Dimitri Pechkov, a déclaré lundi à NBC News que la Russie ne ferait “plus jamais confiance à l'Occident”. Dans un contexte de rupture historique des relations, Pechkov n'est pas le seul haut responsable russe à exclure un retour à la normale.

» En déclarant à NBC que les retombées du conflit ukrainien seraient “une longue crise”, Pechkov a prédit que les relations resteraient glaciales pour de bon.

» Au cours de cette interview d'une heure, dont NBC n'a publié que de courts extraits, M. Pechkov a également déclaré que les deux citoyens américains capturés en train de combattre pour l'Ukraine dans le Donbass sont considérés par Moscou comme des “soldats de fortune" et que leur sort [qui pourrait être une condamnation à mort] sera réglé par “une décision de justice”. »

• Dimitri Medvedev est le second cité, on dirait aisément “bien entendu”, tant cet ancien libéral-occidentaliste est désormais un habitué des interventions dévastatrices, sinon furieuses. Cela est d’autant plus remarquable dans le cas de l’intervention rapportée ici que cela concerne un processus extrêmement important qui est celui d’un futur traité de limitation des armes nucléaires stratégiques, pilier et sommet des accords d’équilibre nucléaires stratégiques (START) entre lus USA et l’URSS puis la Russie, – la disposition opérationnelle et symbolique la plus fondamentale pour limiter les risques de l’affrontement nucléaire. La dureté furieuse et méprisante du ton et des mots (“vous devrez mendier cet accord, Américains !, quelque chose comme ça) ne peut être vu que comme extraordinairement furieuse et intransigeante :

« Les États-Unis percevraient les tentatives russes de négocier une prolongation du traité nucléaire New START comme un signe de faiblesse, de sorte qu’aucune discussion ne devrait avoir lieu à moins que Washington ne change de comportement, a soutenu lundi l’ancien président russe Dmitri Medvedev.

» “Nous n'avons aucune relation avec les États-Unis pour le moment. Tout cela est au zéro absolu. Et nous ne devrons absolument pas les dégeler pour le moment”, a écrit le responsable sur les médias sociaux.

» “Laissez-les venir ou ramper et mendier pour cela. Et ils devront l'apprécier comme un acte de la plus grande générosité [de noitre part]”, a-t-il ajouté. “Sinon, [si nous n’agissons pas de cette façon] c’est comme ceci qu’ils se le représenteraient : ils jugeraient qu’ils lancent l’affaire à leur façon et que nous aurions alors cet accord nucléaire à leur façon après avoir dit ‘s'il vous plaît’”. »

La Russie assume la supériorité stratégique

On notera que cette intervention de Medvedev est d’autant plus importante que les USA sont effectivement demandeurs pour un tel traité, où ils voudraient inclure des armements hypersoniques stratégiques russes, contre lesquels ils n’ont strictement aucune défense, aucun moyen de repérage et de détection efficace et suffisant, aucun moyen de déterminer les intentions russes et les buts poursuivis par un éventuel usage. C’est un point capital.

Grâce à l’hypersonique, les Russes disposent d’une véritable supériorité stratégique nucléaire, ce qui fut la hantise des deux partenaires, – USA et URSS, – durant la Guerre Froide dans la mesure où une telle supériorité, d’une telle importance, d’une telle rapidité opérationnelle, représente une complète rupture der la doctrine MAD (“Destruction Mutuelle Assurée”), et un moyen de chantage stratégique au niveau suprême de la destruction générale... A cette époque de la Guerre Froide, les deux adversaires “raisonnables” travaillaient de concert pour empêcher une telle supériorité stratégique qui pouvait surgir des progrès technologiques parce qu’ils voulaient maintenir MAD.

Plus encore, à cette même époque (au moment des négociations SALT-II) où les antimissiles étaient limités par l’accord ABM à deux sites par signataire et très peu efficaces, avec quasiment aucune défense contre des missiles offensifs équivalents des deux côtés, le concept de “supériorité stratégique” était mis en cause (parole fameuse de Kissinger en 1973 : « Mais, Grand Dieu, à ce nouveau de destruction, le concept de ‘supériorité stratégique n’a plus aucun sens ! »). Aujourd’hui par contre, avec l’accord ABM dénoncé (en 2002 par les USA !), la très grande variété des nouveaux vecteurs du côté russe, la rapidité hypersonique dans des espaces très différents (haute/basse altitude, voire sous-marins), l’incapacité d’interception du point de vue US et la très grande capacité d’interception russe (S-500) face à des forces stratégiques US vieillies, tout cela donne aux Russes une “supériorité stratégique” qui leur permet des frappes très diverses, voire des premières frappes, en limitant au maximum les capacités de riposte de l’adversaire. C’est un énorme avantage psychologique et opérationnel.

Pour les Russes, le comportement US depuis 1989-1991 montre qu’il ne se soucie plus de la sorte d’équilibre sacro-saint observé durant la Guerre Froide. Et leur comportement récent montre qu’ils veulent détruire la Russie, éventuellement par d’autres moyens que la guerre nucléaire. Alors, Medvedev leur dit que la Russie se fiche bien désormais de rétablir un équilibre MAD, qu’au contraire elle est prête à faire peser de tout son poids, jusqu’au chantage nucléaire stratégique, cette supériorité dont elle dispose.

De Satan à Satan-II en passant par le S-500

Par ailleurs, ou plutôt par non-coïncidence opérationnelle, les propos de Medvedev ayant rapport avec START sont soulignés par des nouvelles concernant des armes stratégiques soviétiques. La première concerne l’énorme ICBM RS-28 ‘Sarmat’. (La presse occidentale le signale souvent comme le ‘Satan-II’, laissant évidemment entendre que le surnom de ‘Satan’ qu’on laisse croire qu’il fut choisi par les Russes, va très bien à une arme aussi absolue du monstre Poutine et dévoile sa véritable nature. En fait ‘Satan-II’ est la désignation OTAN, avec code SS-30, remplaçant le SS-18 ‘Satan’, toujours code/désignation-OTAN, des années 1970. Sarmat’ en russe n’a aucun rapport avec ‘Satan’.)

Le Colonel-Général Sergey Karakayev, commandant des forces de fusées stratégiques russes, précise que la modernisation de cette force, notamment avec le ‘Sarmat’ et le missile planant hypersonique ‘Avangard’ atteindra 86% d'ici la fin 2022. La nouvelle, qui concerne la mise en service du ‘Sarmat’, a été donnée par Poutine lui-même.

« Le tout nouveau missile balistique intercontinental (ICBM) à capacité nucléaire Sarmat de la Russie sera déployé en 2022, a déclaré le président Vladimir Poutine.

» “Nous avons testé avec succès le missile balistique intercontinental lourd Sarmat. Selon le plan, le premier système de ce type entrera en service de combat à la fin de l'année”, a déclaré M. Poutine lors d'une allocution devant des cadets diplômés mardi.

» Le Sarmat a été lancé à titre d'essai en avril.

» Ce missile remplacera les anciens systèmes ‘Voyevoda’, également connus sous le nom de SS-18 Satan.

» Dimitri Rogozine, directeur de l'agence spatiale russe Roscosmos, a déclaré en avril que le Sarmat, surnommé ‘Satan 2’, est le missile le plus puissant de sa catégorie en termes de portée et d’ogives. Il a été conçu pour être “invincible” à toutes les défenses aériennes existantes, a-t-il ajouté.

» Rogozine a ajouté que les Sarmat sont beaucoup plus rapides que les ‘Voyevodas’ et “peuvent frapper des cibles à une portée pratiquement illimitée”. »

Une deuxième nouvelle concerne le nouveau missile sol-air S-500, dont les capacités sont considérables : capacités anti-avions, anti-missiles (y compris anti-missiles contre les plus puissants ICBM), et également une certaine capacité contre des satellites.

« L’armée russe est en train de déployer le S-500, la nouvelle version la plus puissante du puissant système de défense aérienne, a déclaré mardi le président Vladimir Poutine.

» Le dirigeant russe a fait cette annonce lors d'un discours devant les diplômés des collèges militaires à Moscou, alors qu'il décrivait les plans de la Russie pour la mise en service de systèmes d'armes avancés, qui, selon lui, “détermineront les capacités de combat de l'armée et de la marine pour les années et les décennies à venir”.

» Poutine a déclaré que le système de missiles à longue portée S-500, qui est conçu pour intercepter les avions et les missiles et peut avoir des capacités antisatellites, n'avait pas d’équivalent dans le monde. »

 

Mis en ligne le 22 juin 2022 à 13H40

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