“Quand est-ce qu’il se tire, ce mec ?”

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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“Quand est-ce qu’il se tire, ce mec ?”

29 Avril 2024 (11H18) – Le départ de Blinken de Chine, après sa triomphale visite de la semaine dernière, a été épique, – dans le sens d’une crépusculaire discrétion. On l’a retrouvé à l’aéroport, accompagné par un  seul “officiel” vers son avion, – et qui plus est ! Cet “officiel” qui s’est avéré être l’ambassadeur des États-Unis en Chine. Personne d’autre, pas le moindre officier protocolaire chinois, sans parler d’un fonctionnaire de haut rang, encore moins d’un ministre.

C’est Alexander Mercouris qui rapporte tous ses détails, à la fin de son programme du 28 avril...

« En d’autres mots, les Chinois se sont complètement désintéressés de son départ de Chine[sinon pour qu’il se fasse le plus rapidement possible]... »

Mercouris poursuit en nous signalant qu’il y a un film, une vidéo, qui circule, qui est clairement un document original, – et j’ajouterais “officiel” lorsqu’on en voit les conditions de tournage et la teneur. On y voit le président chinois Xi faisant les cent pas dans une grande pièce, la mine aigre et acerbe, attendant de rencontrer Blinken et s’adressant à un aide pour lui demander, l’air manifestement anxieux dans l’attente d’une réponse rapide et décisive, pour quand le départ de Blinken est prévu.

« Il m’apparaît clairement que Xi attend avec impatience que la visite ait lieu le plus rapidement possible, et le plus rapidement possible le départ de Blinken, expédié à la même vitesse. »

Mercouris n’en perd absolument pas son flegme gréco-britannique pour nous conter cette anecdote qui est bien plus qu’une anecdote, pour nous montrer qu’il s’agit finalement bien plus que d’une anecdote. Car vous devez absolument vous dire que vous avez là-dedans bien plus qu’une longue analyse, et sur la vigueur et l’enthousiasme du climat des relations sino-américanistes, et sur la chaleur enthousiaste avec laquelle les Chinois accueillent la politique extérieure US et son principal et si terne “petit commissionaire”... Et tout cela, les Chinois, d’habitude si retenus, si discrets, stricts sur ler protocole, ils veulent le faire savoir ! Après tout, il s’agit bien de Xi, le président lui-même !

« Bien, il ne s’agit finalement que d’une question anodine de Xi, simplement pour savoir quand Blinken quitte la Chine, mais ce qui compte c’est la décision qui a été prise de diffuser publiquement ce film pour que nul n’en ignore. Il s’agit de faire savoir que Xi n’avait strictement rien à attendre de cette rencontre et qu’il n’attendait qu’une chose, que Blinken quitte la Chine aussi vite que possible... Bien entendu, c’est la décision de rendre publique ce film qui est particulièrement importante.

» Je ne peux imaginer une seconde que cette diffusion ait été faite sans une décision spécifique des autorités chinoises et je me demande si cette décision, ajoutée au  fait qu’aucun officiel n’ait été présent pour son départ de l’aéroport  de Pékin, n’ait pas clairement comme signification que les Chinois en avait assez de sa présence et que désormais le secrétaire d’État des États-Unis n’est plus le bienvenu en Chine. »

Poser la question, avec Mercouris on le sait bien, c’est y répondre. Moi, j’ajouterais : on peut  aussi bien se demander si les services-sévices d’analyse psychologique antichinois du département d’État auront bien entendu le message, c’est-à-dire “bien compris” ; si Blinken lui-même aura compris la signification qui lui était faite qu’on en avait marre de voir sa bouille et d’entendre sa bouillie de consignes impératives. Moi, vous me reconnaitrais bien, je ne crois pas.

Je vais vous dire, je vois d’ici Blinken à qui l’on communique ces détails tandis que le Boeing officiel ‘Air Force 3’ prend son envol, dire à ses féaux et empressés adjoints, vraiment sur le ton satisfait du type qui a tout compris :

« Fuck the Xi ! Cela montre bien, tous ces trucs et ces finasseries à la chinetoque, qu’ils ont bel et bien une trouille terrible et, croyez-moi, ils ont compris à qui ils ont affaire, et qu’ils vont bien vite s’aligner sur nos exigences. Son of a bitch ! Il faut encore plus leur serrer la vis ! »