Poutine énerve considérablement la Commission européenne

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Après la publication du “Livre Vert” de la Commission européenne sur les approvisionnements en énergie, le président russe Vladimir Poutine vient d’inviter le président Barroso en visite privée à Moscou. Le “Livre Vert” est rédigé par les experts d’une Commission traumatisée par la crise russo-ukrainienne du début de l’année, et par le comportement fort peu conforme aux règles du libre marché des Russes, et notamment de Gasprom. Pour les experts européens, la crise générale de l’énergie se réduit à la question de la normalité économique et libérale du processus d’approvisionnement et elle se définit opérationnellement par le respect des lois du marché par Poutine.

Mais en même temps que l’invitation faite à Barroso, les experts européens ont appris que Poutine allait faire une proposition au président algérien Bouteflika, qu'il visite à partir d'aujourd'hui en Algérie. Le but du Russe serait, dit-on, de former avec l’Algérie un “pool” des fournisseurs en énergie de l’Europe. La réaction des experts européens est caractérisée par une extrême fureur, qui suscite des exclamations anti-russes très rudes dans les discussions internes (alors que cette même Commission a plaidé, hier et du côté des États-membres, pour un arrangement avec la Russie). Les experts constatent qu’on recommande fermement à Poutine la transparence, la décentralisation, le désengagement de l’État et qu’il répond par l’inverse : concentration, États omniprésents, etc.

Les experts en sont à chercher une alternative aux livraisons russes, en rêvant à un “réseau transcaucasien” qui contournerait l’incivilisée Russie. Étrange rêveries de croire que les consommateurs peuvent imposer leur loi aux producteurs à l’heure où les consommateurs sont de plus en plus tributaires des producteurs ; étrange rêverie de croire qu’un organisme comme la Commission pourrait parler au nom de ses membres sur une matière aussi sensible ; et ainsi de suite.

Cette situation renvoie à la tendance générale des institutions européennes à tout réduire au niveau de l’économie, sa matière de prédilection. Les dimensions politique, géopolitique, psychologique, etc., lui sont absolument étrangères. Dans le papier original du “Livre Vert”, le mot “Iran” ne figurait pas. Avertis in extremisde l’existence d’une crise iranienne qui a une dimension énergétique colossale malgré les analyses occidentales, les experts en énergie de la Commission ont précipitamment saupoudré leur rapport de parenthèses où figure le mot.


Mis en ligne le 10 mars 2006 à 13H40