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12 août 2025 (12H00) – Ceci, en préparations au sommet glacé mais peut-être chaleureux du grand État de l’Alaska ? Se rend-on compte que la vedette médiatique incontestée en est toujours le président Donald J. Trump ? Oui, on s’en rend compte, l’autre étant classé Diable 6ème dan et reconnu comme très habile depuis fort longtemps
Il est remarquable de constater que dix ans après son entrée en politique, et deux mandats de président, Donald Trump sur lequel des milliers de tonnes d’articles ont été écrits, demeure un personnage relativement énigmatique. Est-il fou ? Est-il manipulé ? Est-il un pantin désarticulé ? Est-il handicapé banal ? Est-il un sadique humiliateur-en-chef des femmes ? Est-il un idiot complet avec un QI négatif ? Est-il une victime de parents abusifs ? Est-il un criminel évadé d’Alcatraz et évoluant sous un faux-nom déguisé en faux-nez ? Est-il un espion de Poutine secrètement marié à Tulsi Gabbard ?
Nous avons rencontré au cours des multiples interviews et dialogues des gens infréquentables qui sont aujourd’hui les plus intéressants, l’un d’entre eux qui nous a beaucoup intéressé. Il s’agit d’un entretien du commentateur russe Mark Sleboda avec le site ‘Dialogue works du Brésilien Nima R. Alkorshid, le 11 août 2025. Sleboda est un remarquable commentateur russe, capable de parler avec une totale liberté de ton et de style, voire avec une réelle brutalité s’il le faut (y compris pour la direction russe s’il en juge ainsi).
L’entretien général sur le sommet dégage un extrême pessimisme de Sloboda à cause de nombreuses menaces intérieures contre Trump (l’État profond en général, le Congrès, les européens, etc.) et donc dans une position de faiblesse qui peut pousser vers des excès imprévisibles. Du côté de Poutine, il juge que le président russe a pris un grand risque en acceptant ce sommet.
Note de PhGBis : « Tout de même, ce n’est pas pour rien si, à ce moment-là du sommet, la Russie annonce le premier essai du premier cruise missile hypersonique ‘Burevestnik’ 9M730 à moteur nucléaire, donc autonomie illimitée... Pas pour rien non plus si, sur son blog, un haut gradé militaire, le général Alexander Kots, écrit, précisant que toutes les forces nucléaires stratégiques russes seront en alerte maximale :
» “ Quant à la sécurité de Poutine, je pense que Minsk est une ville formidable, et il aurait été tout à fait possible d'y organiser un sommet. On peut s'attendre à des choses terribles de la part de ces Américains. Je suis donc certain que le jour du sommet, notre triade nucléaire sera dans un état de préparation au combat jamais atteint depuis la crise des Caraïbes.
» “Car si quelque chose arrive au président, ce sera sans aucun doute un casus belli, avec les pires conséquences pour ceux qui lui feront du mal”. »
Poutine a accepté le sommet, estime Sloboda, paradoxalement pour “protéger” l’autorité restante de Trump face aux menaces intérieures mais il (Sleboda) juge qu’il y aura de réelles menaces extérieures contre la sécurité de Poutine. Pour lui, le résultat du sommet sera nul et l’on en reviendra à l’évolution sur le terrain en Ukraine. Aux États-Unis, on se retrouvera avec une situation intérieure encore plus difficile, pour Trump certes, mais aussi pour le Système en général à cause de la colère toujours grandissante des foules MAGA qui sont toujours sinon de plus en plus fixées sur les “trahisons” trumpistes de ces derniers mois.
Mais là-dessus, il y a la personnalité de Trump, et c’est bien là le facteur essentiel de ce qui constitue malgré tout l’incertitude totale du sommet. Et sur ce point, Sleboda a beaucoup à dire pour notre intérêt d’analyse :
« Trump est une bombe à Kao, tu vois comme une de ces grenades rebondissante Betsy, utilisé par les troupes américaines au Vietnam ou ailleurs. La grenade rebondit et on ne sait pas exactement où elle va exploser. Voilà Trump. En résumé, oui, c'est le chaos incarné. Et je ne pense pas que ce chaos soit forcément voulu. C'est juste ce qu'il est, ce qu'il fait, la façon dont il hésite sur les sujets, comment il a pas une vision forte ni une politique définie et porté par une équipe solide pour avancer. Il penche d'un côté puis de l'autre selon les vents politiques.
» Mais au-delà de ça, je pense que l'essence de Trump, c'est que tout est performatif. Il est comme le chef d'une téléréalité, une mauvaise téléréalité. Et tout est fait comme si c'était pour un public cherchant son approbation et moins pour la réalité de ce qui se passe. Ce qui importe moins que les annonces de grandes victoires de succès énorme. Tout est victoire, tout est succès, tout est le meilleur jamais vu. C'est très intéressant parce que malgré les discours du mouvement MAGA contre le wokisme et autres, ça fait de Donald Trump le président le plus postmoderne de l'histoire. Tout est construit pour la narrative. »
Cette vision doit nous rappeler une autre appréciation qui remonte à 2016 et qui nous donne une même appréciation de Trump. Nous la rappelons souvent dans nos articles notamment autour de l’image présentée de faire de Trump “un cocktail Molotov humain” que les votants potentiels veulent lancer contre le Système. Cette analyse était le fait du cinéaste, auteur de documentaire très engagés à gauche aux USA (couronnés au Festival de Cannes), Michael Moore. L’intérêt du propos étant que Moore était (et reste) un homme de la gauche du parti démocrate, profondément opposé à Trump, en 2016 comme en 2025. Il jugeait donc le phénomène-Trump d’une façon objective, absolument pas partisane pro-Trump, en un sens comme Sleboda dans l’autre camp, – d’où l’intérêt de la comparaison entre leurs deux jugements.
Nous rappelions cette intervention de Moore dans une émission du réseau télévisé NBC, en août 2016 (dans un texte du 26 octobre 2016 pour nous), après l’élimination grossière de Sanders par les manigances de Hillary Clinton et de la direction du parti démocrate (dont Tulsi Gabbard venait de démissionner de la vice-présidence à cause de ces manigances), et son attaque allait alors contre la corruption du parti démocrate. Trump devenait ainsi, toujours considéré d’une façon objective par un Moore décidé à voter contre Trump, un élément extrêmement positif par l’usage que voulait en faire les électeurs :
« Lors d'une interview avec Chuck Todd dans l'émission “Meet the Press” de NBC dimanche, le cinéaste a déclaré que l'establishment avait abandonné les électeurs et a avancé qu'ils pourraient voter pour Donald Trump par frustration. “Je ne pense pas que les gens fassent encore confiance aux Démocrates”, a déclaré Moore. “Comment un socialiste pourrait-il autrement remporter 22 États ?” ”Par exemple, dans mon État du Michigan, Bernie Sanders a gagné. Si Hillary Clinton et les Démocrates ont eu des difficultés avec lui, cela aurait dû alerter tout le monde : il existe un climat de mécontentement envers les Démocrates et les Républicains”.
» Au cours de son interview, Moore a déclaré que les Américains voient Trump comme un “cocktail Molotov humain”. “Dans tout le Midwest, dans toute la Rust Belt, je comprends la colère de beaucoup de gens”, a-t-il déclaré. “Et ils voient Donald Trump comme leur cocktail Molotov humain, qu'ils pourront utiliser pour voter le 8 novembre et injecter dans notre système politique” “Je pense qu'ils adorent l'idée de faire exploser le système”.
» Moore, qui a précisé qu'il ne voterait pas pour Trump, a déclaré que les gens ne prêtaient plus attention aux médias ni aux “gens au pouvoir”. “Les gens ne font plus confiance aux médias, ils ne les écoutent pas, et pour cause : ils les ont laissés tomber. Les riches et les puissants les ont laissés tomber. Beaucoup d'entre eux votaient pour les riches et les puissants, et ils ne le feront plus”. »
Ainsi voit-on, chez Moore, le constat de la formation de ce qui allait devenir le mouvement MAGA, – et donc la résilience très forte de ce mouvement puisqu’il existait potentiellement avant Trump. Mais entre Moore et Sleboda, l’évaluation a évolué. On s’aperçoit que Trump a affirmé son existence, qu’on a pu constater ce qu’elle était, mais que MAGA n’est pas une création de Trump, mais un courant spécifique qui s’est saisi de Trump pour s’en servir. Il faut donc nécessairement faire une différence entre le mouvement MAGA et Trump.
Certes le Trump-cocktail Molotov est bien le même Trump-grenade Betsy de Sleboda, et c’est un enseignement d’une importance considérable, – un personnage insaisissable, sans pensée rationnelle, répondant à ses humeurs et sans la moindre culture politique, – c’est-à-dire une occasion plusieurs fois intéressante pour exprimer une colère populaire mais sans rien pour faire un grand leader politique, (sans parler de son âge, bien entendu). Mais ce n’est pas cet aspect, cet homme qui fonde par essence le mouvement MAGA, et l’on comprend mieux la fragilité du soutien de MAGA à Trump qui n’est en rien l’“homme providentiel” que certains en font.
Ce constat dégage plusieurs leçons :
• Trump est bien insaisissable plutôt que manipulé. Il est capable de dire et de faire n’importe quoi pour tenter de renforcer une présidence déjà en plein naufrage, et de ce point de vue il est complètement inutilisable pour le DeepState qui lui préférait évidemment la médiocrité et la stupidité exemplaires (selon son propre père, président de 1989 à 1993) de GW Bush, complètement conformiste et aux ordres du couple DeepState-neocon. Trump est vraiment capable de faire n’importe quoi, y compris embrasser Poutine que la DNI Gabbard a disculpé du ‘Russiagate’ fomenté par les traîtres Obama-Clinton, pour paraître toujours “le plus beau” et “le plus fort” et toutes ces sortes de choses.
• Du coup, l’excellente et profondément pessimiste analyse de Sleboda sur le sommet a du plomb dans l’aile. Il développe une analyse très rationnelle, très structurée et bien construite, mais il l’appuie sur un personnage prêt à user de tous ses pouvoirs qui sont considérables pour sauver sa soi-disant popularité, et dont il (Sleboda) nous a dit qu’il est comme une “grenade bondissante” qui est appelée 1) à exploser à un moment ou à un autre, et 2) dont on ne sait ce que sera ce moment et où sera la grenade à ce moment inconnu.
• Pour être rassurés (!?) à ce propos, prêtez attention aux propos de Ilya Ponomarev, ancien député de la Douma d'État réfugié en Ukraine (agent étranger, inscrit au registre des extrémistes), à l'antenne de ‘News Factory’. Cela nous promet du gros temps en Alaska, – mais nul ne sait pour qui...
L’intervieweur lui demande ce que serait l’attitude de Trump si Zelenski n’accepte pas une sorte d’“accord” avec Poutine qui ne remplirait pas toutes ses exigences maximalistes. Ses réponses ressemblent au sort d’un esquif perdu dans une terrible tempête où d’énormes vagues vont dans tous les sens :
« De mauvaises choses se produiront. Une nouvelle querelle entre les États-Unis et l'Ukraine. Dans ce contexte, les États-Unis se retourneront à nouveau et se retrouveront du côté prorusse, noueront des relations commerciales avec les Russes et lèveront les sanctions de leur côté. »
« Pour l'Ukraine, bien sûr, la situation sera extrêmement désagréable. Tout est mis en œuvre pour éviter que l'Ukraine ne se retrouve dans une situation où elle ne pourrait pas signer un document. »
« Mais le problème, c'est que Trump n'écoute personne, pas même ses proches... Nous sommes dans une situation très dangereuse. »
On s’en serait douté...