Pavane pour une globalisation défunte

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Pavane pour une globalisation défunte

• ... Une « globalisation défunte », ou bien une Europe défunte, ou bien défunt le bloc-BAO – USA inclus et comment ! – c’est toujours la même chose. • Quelques plumes constatent la capacité de se faire énigme de la Russie, d’autres nous annoncent que la Russie est vraiment “sur le sentier de la guerre”. • Pendant ce temps, ‘The Economist’ tresse une belle couronne mortuaire à la “politique des sanctions” qui étend raide celui qui la déchaîne. • Le même ‘nous conduit à réfléchir au sort attristant de la globalisation, au contraire de la mondialisation.  

Il y a six jours, mardi dernier, Larry Johnson nous donnait une réflexion de professionnel concernant l’alerte récente qui venait d’être communiqué par l’ambassade US à Kiev, “ordonnant” pourrait-on dire à tous les citoyens américains de quitter la capitale ukrainienne. Cet “ordre” n’en était pas formellement un bien sûr, mais le terme décrit le degré d’urgence extrême, le plus haut concevable, de l’alerte ainsi lancée.

D’où ces réflexions de Johnson, qui s’étonnait de la décision de l’ambassade US à Kiev d’alerte de sécurité maximale (« Il y a quelque chose qui ne va pas ») :

 « Lorsque je travaillais au Bureau du contre-terrorisme du Département d'État (aujourd'hui connu sous le nom de Bureau du contre-terrorisme), ces alertes n'étaient envoyées que si nous pensions disposer de renseignements solides. Et le département d'État, en tant que bureaucratie sclérosée, avait deux ou trois jours de retard sur la date à laquelle les informations étaient disponibles. En d'autres termes, si l'ambassade de Kiev émet cet avertissement le mardi matin, c'est que les renseignements à l'origine de l'alerte sont apparus le jeudi ou le vendredi précédent.

» L’alerte de l'ambassade de Kiev semble être très spécifique et son ton est certainement urgent. “Partez maintenant !”. Cela me rappelle la scène du film ‘GET OUT’... L'ambassade a clairement indiqué qu'il ne s'agissait pas d'une suggestion ou même d'une recommandation. La Russie allait faire quelque chose de méchamment dur à Kiev et Lviv et d’autres villes ukrainiennes et les Américains seraient en danger. Courez pour sauver vos vies.

» Lorsque j'ai vu cette alerte, j'ai contacté des amis qui font encore partie de la communauté du renseignement. Ils font toujours attention à ne pas violer leur accord de non-divulgation, mais je peux me faire une idée du sérieux des renseignements concernant la menace qui motive cette réaction du département d'État. Mes amis s’arrachaient les cheveux. Ils n'avaient aucune idée de ce qui motivait cette réaction. Il n'y avait pas de nouveaux renseignements signalant une attaque aérienne monstre imminente de la part de la Russie.

» Le Département d'État n'était pas le seul à agiter le drapeau rouge. Le gouvernement ukrainien, avec Zelenski en tête, a lancé un avertissement en force sur l'imminence de la catastrophe. Ils ont annulé toutes les célébrations et les défilés du 24 août, jour de l'indépendance de l'Ukraine. Ils semblaient effrayés.

» Alors, qu'est-ce qu’il se passe ? »

Johnson s’étonnait finalement d’une mesure qui semblait n’être pas passé par les réseaux de renseignement. Il est de notoriété quasiment publique aujourd’hui que les services de renseignement ne sont plus écoutés que lorsqu’ils apportent des nouvelles qui s’ajustent avec bonheur et élégance à la politique d’ores et déjà décidée par les “communicants”.

Il est probable qu’un certain nombre d’officiers ou de proches du renseignement français ont dû être ponctuellement étonnés d’entendre leur président annoncer que la France était, – disons, pratiquement, – “en guerre” (contre la Russie, pour compléter notre hypothèse). A cet égard, Johnson pourrait simplement recommencer son raisonnement en mettant en tête la décision de Zelenski de conseiller d’évacuer certains quartiers de la capitale, sinon la capitale elle-même, pour éviter les effets d’une attaque russe en riposte à l’assassinat de la fille d’Alexandre Douguine. C’est en effet ainsi que cela fonctionne : les ‘communicants’ suivent ou manipulent leur créature-communicante qu’est Zelenski, – les deux, suivisme ou manipulation sont possibles, – et le président lui-même monte à bord du canard en traduisant la chose dans son langage propre ; d’où son annonce du “nous sommes en guerre”, car c’est bien de la sorte que fonctionne un Macron, semblable à cent ou mille clones de son gabarit :

« Il y a exactement cinq ans, à l'occasion d'une crise internationale, Emmanuel Macron a déclaré que la France était en guerre. Très tôt [en mars 2020], lors de la crise du Covid, il a déclaré que la France était en guerre. Il a recommencé ces derniers jours entre deux photos de vacances à bord de son jet ski, à propos de la crise ukrainienne à précipiter le pays dans le conflit.

» Voilà donc une des principales puissances nucléaires de la planète, membre permanent du Conseil de sécurité qui passe son temps «en guerre», si l'on en croit son chef d'État. Il y a de quoi s'inquiéter sur l'état du monde. Ou du chef de l’État…

» Quelles qu'en soient les occasions, Emmanuel Macron a le besoin de se montrer sous l’apparence d'un personnage du théâtre shakespearien. Quoi de plus valorisant que l'annonce de l’entrée en guerre pour prendre la posture, avoir l’allure, et marquer l’Histoire ? »

Danser au son de l’énigme

Qui a donc été la dupe de quoi, après l’affreux assassinat de Daria Douguine et les réactions à la mesure de l’habitude occidentale désormais bien établie de l’aveuglement, du cynisme et de l’inversion ? On ne peut que constater que le bloc-BAO et ses représentants de Kiev dansent au son de l’énigme russe, s’étant préparé “massivement” à des représailles massives qui n’ont pas eu lieu. Si l’on suit l’humeur de Pépé Escobar, d’habitude chaleureux et assez aimable dans ses appréciations, même les plus abruptes, on trouve dans son dernier article le reflet d’une froide détermination russe de donner éventuellement une nouvelle dimension à la guerre, admettant in fine que si celle-ci devait engager des pays de l’OTAN, cela serait fait. Une remarque en commentaire de ce texte, d’une source indépendante est celle-ci :

« Devant la campagne de terrorisme qui menace, et qui implique automatiquement des pays de l’OTAN, les Russes prendront les devants et frapperont suffisamment loin pour transformer cette pression terroriste en un engagement que seront obligés d’assumer les pays de l’OTAN, – ou bien de céder aux Russes… »

En un sens, l’évolution de la tactique ukro-otanienne vers le terrorisme oriente le choix des dirigeants russes. Escobar, qui ne doute pas de l’issue de l’engagement, parle de...

« l’inévitable victoire militaire russe dans le Donbass, puis dans “toutes les terres tauriennes”, qui frappera l’Occident collectif comme un astéroïde mortel. L’humiliation géopolitique sera insupportable ; sans parler de l’humiliation géoéconomique pour l’Europe vassalisée ».

Voici donc le menu que nous annonce Pépé Escobar pour les prochains mois, c’est-à-dire un calendrier de huit à dix mois pour conduire l’‘Opération Militaire Spéciale’ (OMS) à son terme, selon un format augmenté du fait de l’action des pays de l’OTAN. Il est effectivement évident qu’un tel format imposerait une terrible pression sur l’équilibre de l’hypercommunication hyper-victorieuse qui tient lieu de poutre-maîtresse, et de la politique, et de la stratégie du bloc-BAO.

Si l’on tient compte des engagements pro-ukrainiens de nombre de dirigeants du bloc qui ne tiennent en place que dans un extraordinaire déséquilibre d’équilibrisme improvisé, une telle perspective nous conduit à un point du raisonnement où le cours même de l’avancement d’un tel programme pourrait conduire à une intervention de l’un ou l’autre pays de l’OTAN. Il n’est pas assuré du tout que cela ne soit pas le projet secret des Russes, qui aimeraient bien faire correspondre une telle obligation d’engagement avec une situation intérieure des pays du bloc atteignant un point de fusion d’une éventuelle colère populaire. La réflexion stratégique des Russes est désormais au-delà d’un arrangement avec le bloc et l’OTAN, au-delà même de la réussite achevée de l’OMS ; elle se trouve bel et bien dans le domaine de la réflexion autour de la question de la déstructuration et de la destruction du bloc-BAO en tant que centre de puissance, même annexe, même dans un cadre multipolaire

« Mardi dernier, un jour avant que l’O.M.S n’achève ses six mois, le représentant permanent de la Crimée auprès du Kremlin, Georgy Muradov, a donné le ton.

» Il a souligné la nécessité de “réintégrer toutes les terres tauriennes”  – la Crimée, le nord de la mer Noire et la mer d’Azov – en une seule entité dès “les prochains mois”. Il a défini ce processus comme “objectif et exigé par la population de ces régions”.

» Muradov a ajouté : “étant donné non seulement les frappes sur la Crimée, mais aussi le bombardement continu de la centrale nucléaire de Zaporijia, du barrage du réservoir de Kakhovka, des installations pacifiques sur le territoire de la Russie, de la RPD et de la RPL, il existe toutes les conditions préalables pour qualifier les actions du régime banderiste de terroristes”.

» La conclusion est inévitable : “la question politique de la modification du format de l’opération militaire spéciale” devient l’ordre du jour. Après tout, Washington et Bruxelles “ont déjà préparé de nouvelles provocations anti-Crimée de l’alliance OTAN-Bandera”.

» Ainsi, lorsque nous examinons ce qu’implique la “restauration des terres tauriennes”, nous voyons non seulement les contours de la Novorossiya, mais surtout qu’il n’y aura aucune sécurité pour la Crimée – et donc pour la Russie – dans la mer Noire sans qu’Odessa ne redevienne russe. Et cela, en plus, résoudra le dilemme de la Transnistrie.

» Ajoutez à cela Kharkov – la capitale et le principal centre industriel du Grand Donbass. Et bien sûr Dnipropetrovsk. Ce sont tous des objectifs de l’Opération Militaire Spéciale, l’ensemble devant être protégé ultérieurement par des zones tampons dans les oblasts de Tchernihiv et de Sumy. »

Tristesse de ‘The Economist

Il est assuré que le spectacle des chaînes sans fin des Polonais venant, sous le soleil de plomb de la sécheresse historique de 2022, venir prendre leur tour pour acheter directement dans une mine leur lot de charbon qui leur permettra de passer la froidure de l’hiver, présente un symbole étonnant. Cette réflexion, tirée d’un reportage qui a beaucoup voyagé depuis son original anglais pour rendre compte de cette situation polonaise, nous donne à mesurer le paradoxe à la fois comique et cosmique où nous plonge cet incroyable chaos d’Ukrisis. Nous sommes arrivés à faire pire que le communisme dans son inepte inefficacité, paralysie et impuissance, de ses trois dernières décennies d’existence...

« Artur, 57 ans, un retraité, est venu en voiture de Swidnik, à quelque 30 km de la mine, dans l’est de la Pologne, mardi, dans l’espoir d’acheter plusieurs tonnes de charbon pour lui et sa famille.

» “Les toilettes ont été installées aujourd’hui, mais il n’y a pas d’eau courante”, a-t-il déclaré, après avoir passé trois nuits à dormir dans sa petite voiture, dans une file d’attente de camions. “Cela dépasse l’imagination, les gens dorment dans leurs voitures. Je me souviens de l’époque communiste, mais il ne m’était pas venu à l’esprit que nous pourrions parvenir à quelque chose d’encore pire”. »

Cela concerne la Pologne mais cela concerne surtout l’Europe. C’est toute la situation européenne qui est en cause, en même temps qu’une étourdissante démonstration de la fausseté, de la vanité, de l’inefficacité contre-productive de ce monstre dont a accouché l’esprit tordu des États-Unis : la “politique des sanctions”. Que les Européens, après trois siècles de Richelieu, de Talleyrand, de Metternich, de Bismarck, soient parvenus à adopter cette conception d’une complète fermeture économique et d’une complète lâcheté politique constitue un verdict sans nuance quant au jugement qu’il faut porter sur le “format” européen.

Une excellente critique de cette politique dans le cas de la Russie est développée par l’hebdomadaire britannique ‘The Economist’, qui en fut de tous temps l’un des partisans indirects les plus passionnés, par sa défense sans concession du modèle anglo-saxon ; par conséquent, partisan passionné de toutes les pressions possibles pour faire triompher ce “modèle”. Le réseau russe RT.com en fait un rapport dont il est difficile de distinguer autre chose qu’une objectivité impassible mais satisfaite. Il est vrai que ‘The Economist’ se montre sévère sinon impitoyable en détaillant la cascade d’échecs de la civilisation américaniste-occidentaliste dans son attaque contre la Russie, et d’une façon où cette publication semblerait se dégager de toute responsabilité de la chose du fait de ses engagements passés.

« “De manière inquiétante, jusqu’à présent, la guerre des sanctions ne se déroule pas aussi bien que prévu”, écrit la publication britannique dans un article publié jeudi, insistant sur le fait que l'efficacité des restrictions économiques imposées à Moscou “est la clef de l'issue de la guerre en Ukraine”.

» “Le PIB de la Russie diminuera de 6 % en 2022, estime le FMI, soit beaucoup moins que la baisse de 15 % à laquelle beaucoup s'attendaient en mars... Les ventes d'énergie généreront un excédent de la balance courante de 265 milliards de dollars cette année, le deuxième plus important au monde après la Chine. Après une crise, le système financier russe s'est stabilisé et le pays trouve de nouveaux fournisseurs pour certaines importations, notamment la Chine”, souligne le rapport.

» Dans le même temps, la crise énergétique, provoquée par la guerre des sanctions, “pourrait déclencher une récession” en Europe, où les prix du gaz ont encore augmenté de 20 % cette semaine, selon le magazine britannique.

» Tout cela signifie que le “coup de grâce attendu [du fait des restrictions imposées à la Russie] ne s'est pas matérialisé”, selon ‘The Economist’.

» “Le moment unipolaire des années 1990, où la suprématie de l'Amérique était incontestée, est révolu depuis longtemps, et l’appétit de l’Occident pour l'usage de la force militaire s’est émoussé depuis les guerres en Irak et en Afghanistan”, reconnaît l'hebdomadaire”. »

Fake-globalization’ en action

Dans une seconde partie critique, ‘The Economist’ détaille les causes de ces échecs. Elles sont si évidentes qu’on en vient tout de même à se demander : mais pourquoi n’y ont-ils pas pensé plus tôt, par exemple avant de prendre toutes les décisions ? Ces décisions étaient d’ailleurs déjà prêtes, montrant ainsi que le bloc-BAO était prêt à faire face à une attaque russe, qu’il l’attendait, et même qu’il l’espérait pour avoir une raison de déchaîner sa “guerre des sanctions” tant célébrée et chantée comme l’apex de la civilisation et de l’humanisme. ‘The Economist’ oublie à cette occasion de mettre en évidence chez ceux qu’il critique qu’il est toujours dangereux de mettre tant de passion dans une politique, fût-ce celle des sanctions.

« Les restrictions économiques “semblaient” être le nouvel outil qui permettrait aux États-Unis, à l'UE et à leurs alliés de projeter leur puissance à l'échelle mondiale, mais le conflit en Ukraine a révélé que “l’arme des sanctions a des failles”, écrit l’hebdomadaire.

» L'un de ces défauts est “le décalage dans le temps“, poursuit-il. Par exemple, “bloquer l’accès [de la Russie] aux technologies dont l’Occident a le monopole prend des années avant de porter ses fruits”.

» ‘The Economist’ suggère que l’isolement des marchés occidentaux ne pourrait “causer des ravages en Russie... qu’à un horizon de trois à cinq ans”.

» “Le plus grand défaut [des sanctions] est que les embargos complets ou partiels ne sont pas appliqués par plus de 100 pays représentant 40% du PIB mondial”, insiste le média. “Une économie mondialisée est bonne pour s’adapter aux chocs et aux opportunités, d’autant plus que la plupart des pays n’ont aucune envie d'appliquer la politique occidentale”.

» Les mesures de restriction économique n'ayant pas réussi à paralyser l'économie russe, il convient “d’écarter toute illusion selon laquelle les sanctions offrent à l'Occident un moyen bon marché et asymétrique de faire face à la Chine” si celle-ci décide de recourir à la force contre Taïwan, avertit ‘The Economist’”. »

Ce qui est remarquable dans cette non moins remarquable analyse critique, c’est de voir combien les artisans de la globalisation, tous ces globalistes qui veulent réduire la Russie, ont complètement ignoré les règles de la globalisation dans la “guerre des sanctions” qu’ils ont lancée. De même, ils nous ont montré combien eux-mêmes se fichent bien des mesures de libéralisation que chante cette doctrine. (La même chose, avertit ‘The Economist’, vaut pour la Chine, qu’on ne vaincra certainement pas par les sanctions.)

Quelques exemples de cette superbe liste de ‘fake-globalization’ :

• Dans la question des technologies, l’analyse suggère que les mesures du bloc-BAO mettront plusieurs années avant de faire sentir leurs effets. Le point essentiel est simplement qu’en temps normal, il faut beaucoup de temps pour accéder à ces technologies ; donc, si on interdit leur accès, il n’y aura un effet que dans “beaucoup de temps”, à compter en années. Au centre de cette question, on trouve, de la plume même des analystes prestigieux de l’hebdomadaire, « l’isolement des marchés occidentaux », c’est-à-dire leur repli sur eux-mêmes, c’est-à-dire leur isolationnisme déguisé, – une des super-spécialités des États-Unis, – même en temps de pleine-globalisation et de rapports normaux (avec la Russie)...

Mondialisation versus globalisation

 • Le principal défaut, c’est celui du credo, de la religion elle-même : qui à Wall Street, à la City ou dans les institutions de l’UE à Bruxelles, pouvait croire une seconde que le monde entier ne suivrait pas le bloc-BAO contre la Russie ? Ce fut pourtant le cas, et certains y croiraient encore volontiers...

• Et surprise, surprise ! Ce sont les avantages tant vantés de la “mondialisation” qui ont permis à la Russie de s’adapter à la situation qui lui fut imposée, parce que les Russes ont appris la manière de modifier rapidement leurs positions dans une « économie mondialisée bonne pour s’adapter aux chocs et aux opportunités, d’autant plus que la plupart des pays n’ont aucune envie d'appliquer la politique occidentale »...

On notera que nous gardons dans cette citation le mot “mondialisé” qui ne correspond pas à la globalisation mais à la mondialisation. La globalisation est une restructuration doctrinale dont l’effet est plus important que la simple addition de ses composants. C’est-à-dire que celui qui a suscité la globalisation, suscite effectivement une “mondialisation” – situation normale des échanges et des relations internationaux, –  mais qu’il oriente à son avantage en y mettant des structures, des “règles” qui l’avantagent ; c’est-à-dire qu’il étend à la dimension du monde l’empire qu’il exerce au départ sur ses propres relations internationales.

Il faut voir cette différence ontologique entre “globalisation” et “mondialisation”. Le bloc-BAO a lancé ses sanctions en croyant, comme l’on croit au petit-Jésus, que le monde était globalisé à son avantage, selon un schéma unipolaire ; il se trouve que le monde est mondialisé, et par conséquent plusieurs pôles peuvent s’y développer, et celui qui croyait être le seul à pouvoir ordonner le reste s’y casse rudement les dents... Il suffit pour comprendre cela de mesurer les files d’attente des pauvres Polonais venant chercher leur charbon et de consulter notre note de gaz-électricité dans les mois qui viennent jusqu’au cœur de l’hiver.

Nul n’a mieux compris ce qu’est la globalisation que celui qui en déplore l’échec, et bientôt le trépas. ‘The Economist’ est une bonne source.

 

Mis en ligne le 29 août 2022 à 19H10