On se voit à Budapest

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On se voit à Budapest

• Une surprise énorme et considérable qui n’a surpris personne parce que plus rien dans cette folle époque ne peut nous surprendre. • Alors que Trump vient de refuser le ‘Tomahawk’ à Zelenski et que l’aura de l’Ukrainien disparaît comme un simulacre d’aurore boréale, le sommet entre Trump-Poutine, se présente sous des auspices renouvelées. • En plus, il se passe à Budapest et constitue un adoubement triomphal du rebelle Orban contre les bureaucrates fascistes de Bruxelles. • Les deux événements ensemble ont une puissance inouïe.

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Le plus étonnant  est qu’en général personne n’est vraiment étonné. L’annonce du sommet de Budapest entre Trump et Poutine, sans doute dans deux ou trois semaines, aurait, in illo tempore, constitué une bombe diplomatique âr rapport au contexte en apparence si négatif. La décision renversait à 180° plusieurs semaines de spéculation sur la livraison, décrite comme “imminente”, de missiles ‘Tomahawk’ à l’Ukraine.

Le 15 octobre encore, Trump décrivait l’Ukraine préparant une offensive contre les Russes, et le moyen pour son gouvernement de l’aider...

« L'Ukraine veut passer à l'offensive contre la Russie, a déclaré le président américain Donald Trump. Les forces de Kiev restent en retrait sur la ligne de front, tandis que les responsables ukrainiens ont signalé une pénurie d'effectifs dans un contexte de campagne de mobilisation marquée par la violence et le ressentiment de la population.

» S'adressant aux journalistes mercredi, M. Trump a répondu que les États-Unis “étudiaient… différentes options” lorsqu'on lui a demandé quel message et quel soutien il pourrait apporter à Vladimir Zelenski en vue de leur rencontre à Washington vendredi.

» “Ils veulent passer à l'offensive… Je prendrai une décision à ce sujet”, a ajouté M. Trump. »

A côté de cela, des confidences commencent à émerger pour affirmer qu’il y a eu, ces dernières semaines, un véritable montage du côté de Trump essentiellement. Nombre de commentaires que nous avons lus et faits durant ce même laps de temps, sur l’inéluctabilité de la livraison des ‘Tomahawk’ et sur le verrouillage de Trump dans le parti de la guerre sous la surveillance des neocon, s’avèrent ainsi, et pour le temps courant (très vite), de la plus haute fantaisie.

Par exemple, Larry C. Johnson, qui vient de faire une visite-éclair en Russie, nous présente quelques éléments qui révèlent une politique “très sophistiquée” der la part de Trump, – ce qui n’est pas la moindre de nos surprises !

« Lors de mon séjour à Moscou, j'ai appris que Donald Trump avait des conversations plus approfondies avec Vladimir Poutine que ce que la Maison-Blanche et le Kremlin rapportent. Par exemple, bien que cela n'ait pas été rapporté publiquement, Donald Trump a appelé le président russe le jour de l'anniversaire de Poutine et ils ont discuté pendant plus de 40 minutes. Cela suggère que Trump se livre à des manœuvres assez sophistiquées concernant la guerre en Ukraine… Il évite de prendre publiquement une position qui pourrait enflammer les faucons bellicistes à Washington. Mais il continue de dialoguer avec Poutine. »

Ambiance “tendue”

Comme les choses vont très vite (déjà dit), nous avons eu hier, à Washington, non pas une rencontre Trump-Zelenski “classique” mais une ouverture, comme dans une symphonie, du sommet de Budapest. C’est-à-dire que nous sommes d’ores et déjà entrés dans une ère nouvelle, peut-être bien “post-Zelenski”. Le président désormais illégitime de l’Ukraine est arrivé à Washington sur un aéroport vide, sans accueil, sans personnalités, sans rien du tout, un peu comme n’importe qui, ou comme un souverain qui vient d’être déposé. On le conduisit alors à la Maison-Blanche puisque la rencontre était conclue.

Les premiers échos de la rencontre sont dramatiques. Il n’est plus question de ‘Tomahawk’, les échanges ont été vifs et peu amènes, même s’il n’y a pas d’incident exceptionnel. Zelenski n’a presque rien dit lors de sa conférence de presse qui suivit, et son amertume baignait toutes ses phrases et tous ses mouvements. Il fut raccompagné à sa voiture sans cérémonie excessive, par la porte-parole du président, un peu comme l’on congédie un domestique en lui recommandant : “Venez nous saluer si vous passez par là”.

C’est surtout autour des informations diffusées par ‘Axios’, un des sites favoris des dirigeants américanistes, qu’on a pu reconstituer cette rencontre. RT.com, qui ne cesse d’être félicité à Moscou pour son 20ème anniversaire, a bien entendu scrupuleusement rapporté cette reconstitution de la rencontre Trump-Zelenski.

« La récente rencontre à la Maison Blanche entre le président américain Donald Trump et Vladimir Zelenski a été “tendue”, le dirigeant ukrainien n'ayant pas réussi à obtenir la livraison de missiles Tomahawk à longue portée, a rapporté Axios vendredi, citant des sources.

» Trump a déclaré à Zelenski qu'il ne prévoyait pas de fournir de Tomahawks “du moins pour l'instant”, selon deux personnes informées de la réunion. Les discussions ont duré environ deux heures et demie et ont été décrites par une source comme “difficiles” et par une autre comme “mauvaises”. Par moments, la discussion a “viré à l'émotion”, a indiqué le média.

» “Personne n'a crié, mais Trump s'est montré ferme”, a confié une source à Axios. La séance s'est terminée brutalement lorsque Trump aurait déclaré : “Je pense que nous en avons terminé. On verra ce qui se passera la semaine prochaine”, faisant peut-être référence aux prochaines négociations russo-américaines. »

La Hongrie, centre du monde

Les commentaires sur le sommet de Budapest jusqu’à la rencontre Trump-Zelenski portaient prioritairement sur la question du ‘Tomahawk’, le débat sur ses capacités, sur l’opportunité de le livrer à l’Ukraine. Désormais, ce champ de spéculation est clos, l’affaire est tranchée avec la rencontre de Washington et le refus proche d’être cinglant que Trump a opposé à Zelenski. Alors, on passe à l’épisode suivant, un champ un peu plus vaste et décisif, qui est justement le statut de Zelenski. Supporte-t-on encore Zelenski à la Maison-Blanche ? Désormais, on cite plus volontiers le nom de Steve Witkoff que celui du général Kellogg...

« Alors que le projet ukrainien ne rapporte pas les “dividendes” espérés par ses planificateurs, et que Washington est accaparé par les guerres commerciales et l'escalade avec le Venezuela, Trump et son négociateur en chef, Steve Witkoff, commencent peut-être simplement à “se lasser de Zelenski”, estime la lieutenante-colonelle à la retraite de l'armée de l'air américaine Karen Kwiatkowski.

» Zelenski “a moins d'influence que jamais sur Trump, et il s'abstiendra de le défier directement”, a-t-elle déclaré, soulignant que la “baisse de l'aide gratuite et des armes” a placé le régime dans une dangereuse “mentalité de bunker”. Le président Donald Tramp s'est rendu aux arguments du président de la Russie... »

Mais voici autre chose qui doit retenir notre attention : l’événement formidable qui fait que la Hongrie de Viktor Orban, le rebelle de l’UE, l’adversaire acharné et héroïque de Bruxelles, soit choisie pour accueillir un événement de cette importance. C’était à Poutine de choisir le lieu de ce deuxième sommet, il a cédé son tour, comme concession prestigieuse, à son homologue US ; et celui-ci a choisi Budapest parce qu’il aime beaucoup Orban, ce qui n’a pas dû déplaire à Poutine (malgré le danger que son déplacement présente puisqu’il devra survoler ou frôler des pays de l’OTAN, – et l’on voit cette occurrence étonnante de la puissante machine de guerre US se mettre en branle au sein de l’OTAN pour assurer la sécurité de l’ennemi n°1 de l’Occident convulsif rassemblé essentiellement sur le pauvre continent européen).

On voudra bien considérer ce choix de Budapest comme un facteur important du sommet, interférant directement dans les “affaires intérieures” de l’UE, alors que Orban accuse d’une voix de stentor la direction de l’UE, la Hyène en tête, de vouloir le déposer pour mettre un larbin de l’européisme à sa place.

« Le statut de la Hongrie “de pays neutre et raisonnable en ce qui concerne le conflit en Ukraine”, notamment par rapport à celui des autres nations européennes. L'escalade des violences et des discours en fait un lieu idéal pour un nouveau sommet Poutine-Trump, affirme Mikael Valtersson, vétéran des forces armées suédoises et analyste géopolitique.

» “La Hongrie d'Orban a été ostracisée par la plupart des autres pays de l'UE, la qualifiant de ‘régime pro-russe, conservateur et nationaliste’. Le fait que Trump décide de rencontrer Poutine en Hongrie est donc un affront flagrant aux dirigeants globalistes et progressistes-Woke de la plupart des pays européens”, affirme-t-il. »

Mariage des crises ukrainienne et de l’UE

Que conclure de tout cela ? Comme nous écrivions au début de ce rapport, nous pourrions écrire l’exact contraire : personne n’est vraiment étonné, et cela n’a rien pour être le plus étonnant ni pour étonner personne car c’est ainsi, aujourd’hui, que les choses vont... Elles naviguent entre simulacres et amoncellement de mensonges qui ne sont après tout qu’un peu de phrases diverses jetées pour occuper l’espace dialectique. De ce chaos de la communication, d’où n'importe quoi peut sortir et sort en général, soudain surgit un événement qui a le potentiel d’être important, et c’est le plus étonnant que nul ne soit étonné, et il n’étonne personne que nul ne soit étonné, – les deux en même temps...

En réalité, il faut laisser de côté les atermoiements et incertitudes humaines, les incroyables confusions de cerveaux embrumés et de technologies devenues folles au service d’êtres humains eux-mêmes emportés par ce rythme-là qu’impose la dictature du système de la communication. Les événements vont d’eux-mêmes comme cela paraît aussi évident qu’irrésistible, et nous les supposons soulagés de ne plus avoir à s’embarrasser des pesanteurs et des constructions idéologiques d’une espèce humaine (à l’Ouest anglo-saxonisé du monde) confrontée soudain au choix de son extinction et qui serait presque tentée de le faire tant elle a conscience, – conscience perçue ou ignorée, – de son nihilisme, de son inexistence, de son inutilité, de son arrogance pédalant dans le vide.

Par contre, les courses inattendues des événements allant d’eux-mêmes nous réservent, elles, des surprises parfois fort agréables. Pour l’instant, et en attendant de voir ce que donnera ce sommet, la principale de ces surprises nous paraît être le choix du lieux et donc le choix des événements politiques qui s’y rattachent... La Hongrie, Orban, l’affrontement à mort avec Bruxelles.

L’essentiel est alors ce lien qui est établi entre deux événements pour former un événement nouveau et d’une extraordinaire importance :

• Le premier événement, c’est bien entendu le sommet, avec ses effets possibles sur la guerre en Ukraine bien entendu. On mesure aisément son importance.

• Le second, c’est le choix de Budapest, qui est une façon, pour les deux présidents d’adouber la Hongrie et Orban contre Bruxelles et sa dictature bureaucratique. Qu’on le veuille ou non, que cela soit ou pas, il en est ainsi, sans le moindre doute.

• Alors se crée un autre événement, enfant des deux précédents, et enfant devenu à lui seul complètement différents et bien, plus puissants que ses deux parents additionnés (bien plus que la somme de l’un et l’autre parents, comme la formule fondatrice du globalisme). On voit soudain la possibilité que la crise de l’Ukraine, – quel que soit le résultat du sommet, – enchaîne directement sur un facteur fondamental et fondamentalement nouveau dans la crise européenne et la crise de l’UE où la Hongrie de Orban joue un rôle si essentiel. Orban, son principal rebelle, est brusquement propulsé par la puissance des deux présidents Trump et Poutine, et la crise de l’Ukraine passe ainsi à un niveau supérieur en intégrant dans sa structuration la crise européenne et la crise de l’UE.

Ce n’est nullement la résolution de l’une ou l’autre crise que nous vous proposons et promettons, bien au contraire ! C’est un pas de plus dans la structuration finale de la GrandeCrise, – un pas de géant ?


Mis en ligne le 18 octobre 2025 à 17H20