Notre réaction roborative à une réaction à propos de “notre Samizdat

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Un lecteur nous écrit à propos de notre “Analyse” du 26 août sur Internet :

« Ce retournement de situation que nous constatons (vous dites à juste titre “Internet a pris le système a son propre piège”) n'est-il pas fragile? Je veux dire par là que le succès des sites libres divers ayant fleuri sur le Web est dû principalement à la facilité d'accéder à une très large audience quasiment sans frais. Mais alors, que sont capables de faire ceux qui ont d'énormes moyens financiers pour promouvoir le “système”, dès lors qu'ils prendront vraiment conscience de l'efficacité de ces tribunes libres? En ne mettant qu'une faible partie des moyens dont ils disposent pour s'attaquer à ce problème, ne peuvent-ils pas inonder le Web d'un grand nombre de sites soi-disant libres mais finalement “bien-pensants” alignés sur les doctrines officielles? Nouveau retournement de situation potentiel? »

Bonne(s) question(s) et question(s) du plus grand intérêt, au moment où l’on s’agite à dedefensa.org autour de cette sorte de questions… (Vous en saurez plus dans deux ou trois jours.) Et notre avis, roboratif, est : non, mille fois non.

Le miracle d’Internet, c’est la disparition des frais fixes qui rendent inaccessible la presse classique aux esprits libres et dénués de moyens (ceci allant souvent avec cela, vous savez). Vous n’avez plus les frais économiques nécessaires (composition, mise en page, fabrication, coûts d’impression, du papier, infrastructure autour de tout cela, pour la presse écrite ; encore plus de frais pour la radio et la TV). Que peuvent les gros moyens des gens du système avec Internet? Vous fabriquer au départ un site à 10 millions d’euros alors qu’on peut fabriquer un site acceptable pour 10.000 euros? Seriez-vous plus nombreux à visiter dedefensa.org si le site avait coûté au départ 10 millions d’euros au lieu de 10.000? (Les chiffres ne sont pas exacts mais ils donnent l’ordre de grandeur.)

Ensuite, il y a la question des coûts de fonctionnement (celle à laquelle nous sommes confrontés, — voir notre enquête). Ce n’est pas parce qu’un énorme capitaliste va financer le fonctionnement de son site avec un budget annuel de 50-100 millions d’euros que son site éliminera celui qui fonctionne avec 50.000-100.000 euros. (*) Et son site risque d’être formidablement emmerdant puisqu’il aura des plumes “aux ordres”, — ce qui n’amuse personne, — tandis que les esprits libres seront rassemblés sur le site à 50.000-100.000 euros. L’absence de moyens des “esprits libres” peut aisément, à cause de la petitesse des besoins, être comblée par les moyens du bord (appel à donation, comme Antiwar.com) et par des techniques annexes de liens payants et autres, aisément justifiés par le lectorat très fourni.

S’il y avait un moyen “capitalistique” direct d’écraser les sites dissidents, ce serait fait depuis longtemps et dedefensa.org ne serait plus là. Mais Internet les tient tous par la barbichette: pour démolir les dissidents, il faut de tels moyens, techniques et autres (y compris les restrictions de liberté d’expression), qu’on risque rien moins que de démolir l’outil. Le système ne prendra pas ce risque.

(*) Par exemple : le site Aviation.com de l’énorme groupe McGraw-Hill (Aviation Week & Space Technology, Aviation Daily, etc.), fonctionnerait avec $100-$150 millions par an, selon nos sources ; Antiwar.com, avec une base de donation de $180.000/an. La comparaison du volume du lectorat serait intéressante à faire.


Mis en ligne le 28 août 2005 à 10H30