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245614 septembre 2024 (18H20) – Il s’est passé beaucoup de choses ces deux derniers jours, entre les bruits de plus en plus précis d’autorisation de tir en Russie de missiles à longue portée UK et USA ; l’avertissement de Poutine hier, accompagné d’une symphonie venue des responsables russes ; avec l’aide du décalage horaire, un rétropédalage discret et bien significatif du bloc américaniste-occidentaliste en plein sauvetage de face et de fesse. Les deux compères Christoforou-Mercouris et Mercouris seul vous expliquent en hyper-détails non censurés par Kamala le déroulé des opérations.
Bien. Pour résumer, j’emprunte un paragraphe du dernier texte de Larry Johnson :
« Eh bien, cela n’a pas pris longtemps. Il y a deux jours, des fuites dans les médias britanniques ont indiqué que le Royaume-Uni allait approuver la demande de l’Ukraine de lancer des missiles Storm Shadow plus loin en Russie. Le député McCaul a également fait savoir que l’administration Biden allait embarquer et approuver l’utilisation de missiles ATACMS et JASSM à l’intérieur du territoire russe. C’était un autre temps. Aujourd’hui, après l’avertissement de Poutine hier selon lequel de telles frappes seraient considérées comme une attaque contre la Russie par l’OTAN et entraîneraient des représailles, la presse a été informée que les États-Unis et les Britanniques n’allaient pas donner à Zelenski ce qu’il veut. Il semble qu’un peu de bon sens soit revenu parmi les décideurs de l’OTAN. »
Bref : tout s’est passé comme à Koursk, mais en hyper-accéléré. Mercouris le note et j’aurais tendance à appuyer avec force et en hyper-hyper-accéléré : à Washington, où personne ne commande, le Pentagone est sorti de ses gonds en avertissant le duo Sullivan-Blinken (et les compères britanniques qui mènent la danse de Saint-Guy, les petits malins qui profitent de la grille de l’asile laissée grande ouverte) : “Mais vous êtes fous ou quoi ?!”.
En quelque sorte, je dirais que l’aile néo-neocon de l’Anglosphère a tenté un coup d’Etat camouflé en coup de force qui a brusquement réveillé ‘Moby Dick’ (surnom affectueux donné au Pentagone, en 1999, par le secrétaire à la défense Cohen). Le plus étonnant et le plus ivre-mort, comme ne cesse de la répéter Mercouris, c’est le rôle joué par la mouche du coche ‘britt’ dans tous ces coups de sang qui finissent par agacer le monstre pentagonal. Londres la multi-colorée ne cesse de nous rejouer ‘Britain Rules the Nuke’ depuis que Sa Majesté a anobli Lord Tony Blair pour récompenser ses exploits irakiens d’Azincourt. Étrange folie à $50 000-$100 000 la soirée (tarifs courants de ses conférences)...
Bref, et pour faire bref, comme dit la vidéo-debrief du ‘Times of India’ :
« L'OTAN capitule après la menace de guerre de Poutine ; le Royaume-Uni et les États-Unis empêchent l'Ukraine de frapper le territoire russe. »
... Pendant ce temps, les Russes sont passés à autre chose. Leur contre-attaque après l’attaque lancée par les USA contre le réseau RT est beaucoup plus violente que le coup de grâce de Poutine dans l’épisode “missiles à longue portée”, – je veux dire, du point de vue de la communication. Bien entendu, RT mène la charge, avec comme inspiratrice et chef de file la foudroyante et superbe Maria Zakharova. Elle a donc mis en piste un nouveau terme, rarement employé par la diplomatie russe, et beaucoup par la presse indépendante et dissidente dans nos murs. Il s’agit d’une variation sur le mot “zombie” souvent servi sur la table bien achalandée de nos furieuses dénonciations :
« “RT empêche une ‘zombification’ globale”
» Les médias russes présentent des faits qui sapent le “mythe de l’exceptionnalisme de Washington” et brisent l’illusion d’une “Pax Americana inexistante, qui a été formée par Hollywood, les FastFood et le marché de masse américain”, a déclaré [Zakharova].
» “Ils dressent un tableau objectif de la réalité, en se concentrant sur les vrais problèmes, défis et victoires de la société d’aujourd’hui. Ils ne permettent pas aux gens de devenir complètement accros et zombifiés par les chaînes grand public américaines” ».
Mais plus encore, pour ce qui concerne l’importance accordée par Moscou d’un terme qui n’a même pas effleuré l’esprit de Poutine pour les missiles à longue portée tant il doute peu de l’effet de son avertissement, les sanctions contre RT sont décrites comme « une agression ». C’est toujours Maria Zakharova qui est à la manœuvre, ce qui montre que la direction russe est consciente de l’effet global de cette femme qui est citée comme une “diplomate russe” à l’égal de Poutine et de Lavrov. (Certains iront jusqu’à s’imaginer que Zakharova est la successeure/successeuse toute trouvée de Lavrov, qui a 74 ans ; je ne les pénaliserais pas pour autant.)
“Mais plus” et mieux encore, l’affaire est utilisée avec un tel fracas par Moscou, pour sonner auprès des BRICS l’heure du ralliement contre l’“agression” américano-occidentaliste. C’est un message qui vaut notamment pour les Indiens et pour les Brésiliens, à la veille du sommet des BRICS dont la Russie assure cette année la présidence :
« “Nous ne pouvons pas rester silencieux. Ce qui arrive actuellement aux journalistes et aux médias russes… pourrait arriver à chacun d’entre vous”, a averti [Zakharova], s’adressant aux membres des BRICS tout en exhortant la communauté internationale à exprimer sa solidarité. »
Bien sûr, je vous dis ça en lisant notamment et particulièrement RT.com comme importante source écrite sur le cours des événements, d’ailleurs sans lui trouver grand’chose des travers considérable que l’arrogance et la stupidité américaniste dénoncent de concert. Il n’empêche que cet appel aux BRICS, après quelques heurts feutrés avec les Indiens et (surtout) les Brésiliens à propos de l’Ukraine, a une singulière résonnance stratégique.
Il est tout à fait remarquable que cette contre-attaque et cette manœuvre d’influence se fassent à propos d’un instrument essentiel de communication plutôt qu’à propos de la guerre. On dirait alors que les Russes semblent plus enclins, et plus habiles, à manier les outils de la communication pour plaider leur cause et favoriser leur stratégie que les outils de la guerre elle-même ? Les USA-américanistes n’y voient que du feu en appliquant aux Russes la censure qu’ils s’infligent à eux-mêmes, jugeant ainsi qu’ils “cancellent” la Russie. Ils sont eux-mêmes, dans cette affaire, la représentation théâtrale et simulacrée de la “zombification” dont il est question par ailleurs et dont le wokenisme est un parfait producteur ; mais l’on sait, si l’on est attentif au cours des choses, que le truc de l’arroseur-arrosé marche toujours bien.
En quelque sorte, j’irait jusqu’à dire, en bien mauvais esprit, que les Russes ont fichtrement bien préparé le sommet des BRICS. Ils ont des munitions de poids pour montrer à leurs chers amis ce que valent les bandits américanistes-occidentalistes. A eux de jouer.