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Comme l’indique clairement le site web de l’OTAN, « l’OTAN est une alliance politique et militaire de pays d’Europe et d’Amérique du Nord ». Notez l’ordre des adjectifs : politique vient avant militaire. Ce n’est pas un hasard : l’OTAN n’a en effet aucune importance sur le plan militaire. Son seul succès a été de démembrer la Serbie pour créer le Kosovo. La destruction de la Libye ne peut guère être considérée comme un succès. Mais l’OTAN a certainement réussi sur le plan politique, puisqu’elle s’est considérablement agrandie. Entre l’effondrement de l’URSS et le début de l’opération militaire spéciale de la Russie dans l’ancienne Ukraine, elle a absorbé la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, l’Albanie, la Croatie, le Monténégro et la Macédoine du Nord. L’OTAN avait également l’intention d’ingérer l’Ukraine et la Géorgie, mais elle a échoué et s’est ensuite contentée de la Finlande et de la Suède, plus faciles à digérer, comme lot de consolation.
L’expansion est l’une des principales fonctions de l’OTAN. Les nations nouvellement ingérées doivent former leurs armées et les équiper principalement d’armes fabriquées aux États-Unis, conformément aux normes de l’OTAN, inspirées pour l’essentiel de l’Allemagne nazie, ce qui nécessite une bureaucratie tentaculaire et gigantesque. Une autre fonction majeure de la bureaucratie de l’OTAN est de planifier et d’organiser des exercices d’entraînement au cours desquels les armées des différents membres de l’OTAN collaborent pour attaquer la Russie ou repousser une attaque russe (car il n’y a pas d’autres ennemis à envisager), sans se laisser décourager par le fait qu’attaquer la Russie serait un pur suicide et que la Russie n’a aucun intérêt à attaquer les pays membres de l’OTAN (mais qu’elle est prête à les détruire s’ils l’attaquent).
Cette dernière précision entre parenthèses mérite d’être développée. Bien que l’OTAN soit censée être une organisation défensive, elle n’a en réalité jamais défendu aucun de ses membres. Elle a participé à diverses opérations offensives menées par les États-Unis (en ex-Yougoslavie, en Irak et en Afghanistan). L’article 5 de la charte de l’OTAN stipule qu’en cas d’attaque contre un membre de l’OTAN, les autres membres de l’OTAN doivent se consulter pour venir en aide au membre de l’OTAN qui souffre, mais chaque membre est libre de décider de l’aide à apporter (qui peut se limiter à lui envoyer une boîte de délicieuses sucettes). Plus important encore, il n’y a aucune disposition stipulant que si un membre de l’OTAN est attaqué, les autres membres de l’OTAN doivent se suicider volontairement en tentant de défendre ce membre.
Prenons un exemple concret. Supposons que la Russie décide qu’elle en a finalement assez de l’ingérence britannique dans les pays proches de ses frontières et décide de régler le problème une fois pour toutes. L’une des armes de choix serait l’un de ses nouveaux missiles Sarmat. Ces missiles sont tirés à partir d’un lanceur mobile, prennent quelques minutes à être déployer, volent selon des trajectoires arbitraires dans la stratosphère (ce qui les rend impossibles à intercepter) et transportent 10 véhicules de rentrée hypersoniques, chacun manœuvrant indépendamment avec précision vers sa cible et transportant une charge nucléaire comprise entre 800 kilotonnes et 2 mégatonnes. Une seule de ces roquettes, d’une puissance de 20 mégatonnes, suffirait à neutraliser politiquement et militairement la Grande-Bretagne pour toujours, ce qui signifierait qu’il n’y aurait plus rien à défendre pour le reste de l’OTAN.
Il resterait la question de la vengeance, mais quels membres de l’OTAN seraient prêts à se suicider en attaquant la Russie dans une tentative futile de venger la Grande-Bretagne ? Aucun, en réalité. Quant aux représailles britanniques, la Grande-Bretagne dispose certes de quatre sous-marins de classe Vanguard armés de missiles balistiques Trident II D-5 de fabrication américaine, de moins en moins fiables, mais il est tout à fait incertain que l’un d’entre eux serait lancé en réponse et, en tout état de cause, la Russie dispose de batteries de défense antimissile qui les intercepteraient. Tout cela est bien sûr purement hypothétique, car les Russes sont d’une patience à toute épreuve et se contenteront très probablement d’observer la dégénérescence rapide de l’establishment britannique, qui n’est plus qu’à une dizaine ou une vingtaine d’années de devenir totalement inoffensif. D’un autre côté, si la Russie décidait de détruire la Grande-Bretagne à titre préventif, aucun des autres pays ne songerait même à s’en prendre à elle pendant un bon moment. « Mieux vaut prévenir que guérir », comme disent les Britanniques.
Laissons donc de côté la notion ridicule de la doctrine de défense mutuelle de l’OTAN, qui relève plutôt du conte pour enfants légèrement attardés, et concentrons-nous sur les compétences réelles de l’OTAN : l’expansion, l’achat d’armes et les exercices d’entraînement militaire. Alors que la partie expansionniste de la bureaucratie de l’OTAN s’acharne joyeusement sur la Suède et la Finlande, il est difficile d’ignorer que l’échec de l’engloutissement et de la dévoration de l’Ukraine et de la Géorgie a stoppé net la machine à agrandir l’OTAN. L’absorption de la Géorgie dans l’OTAN a été avortée assez rapidement.
En 2008, pendant les Jeux olympiques d’été à Pékin, l’armée géorgienne, sous la tutelle de l’OTAN et d’Israël, a attaqué les forces de maintien de la paix russes dans la région voisine de l’Ossétie du Sud. Les Russes ont alors envahi la Géorgie et n’ont mis qu’une semaine à humilier complètement l’armée géorgienne. La paix a été rétablie, même si certains Géorgiens continuent de ruminer leur défaite et rejoignent les Ukrainiens comme mercenaires, obtenant ainsi deux défaites pour le prix d’une. Les Géorgiens ont rapidement compris que faire la guerre à la Russie était une mauvaise idée et que l’adhésion à l’OTAN les rendrait vulnérables plutôt que sûrs, mais il restait la possibilité d’être engloutis et dévorés par l’Union européenne. Cette possibilité a persisté jusqu’en 2024, année marquée par l’échec d’une tentative de révolution colorée. Le président géorgien installé par l’UE (une ressortissante français) a été destitué et les relations civiles avec la Russie ont été rétablies.
La tentative de l’OTAN d’engloutir et de dévorer l’Ukraine est en cours depuis 2014 et se poursuit encore aujourd’hui, même si la plupart des personnes sensées la considèrent désormais comme impossible pour plusieurs raisons excellentes, telles que l’absence de frontières incontestées et sûres et le conflit militaire en cours avec la Russie. Tout a commencé avec le renversement du gouvernement légitime et élu de Kiev et son remplacement par un gouvernement illégitime et non élu, nommé personnellement par Victoria Nuland, du département d’État américain. Le peuple de Crimée ne voulait rien avoir à faire avec ces nouveaux dirigeants, tout comme celui des régions de Donetsk et de Lougansk. La Crimée a rapidement fait sécession et voté pour rejoindre la Fédération de Russie, tandis que Donetsk et Lougansk sont restées des régions séparatistes au sein de l’Ukraine. Le régime de Kiev a alors lancé ce qu’il a appelé une « opération antiterroriste » contre ces deux régions. En réponse, Donetsk et Lougansk ont organisé des forces de résistance locales.
Pourquoi les Russes ont-ils accepté la Crimée mais n’ont-ils pas immédiatement accepté Donetsk et Lougansk ? La réponse est simple : la Russie a compris que la guerre était inévitable, mais qu’elle avait besoin de temps. Elle a utilisé ce temps pour construire de nouveaux systèmes d’armes (Kinzhal, Tsirkon, Oreshnik, Poseidon, Sarmat/Avangard, etc.), lancer 42 navires de guerre, 11 sous-marins nucléaires d’attaque et 11 sous-marins diesel-électriques, et réorganiser son armée et son industrie de défense afin de la préparer au combat moderne.
Le 27 Mai 2025, Club Orlov – Traduction du ‘Sakerfrancophone’
Depuis quelques temps, des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la 1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.