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• La guerre en Ukraine se poursuit à un rythme très élevé. • Rencontre russo-ukrainienne à Ankara, c'est-à-dire une pantomime de négociation à laquelle plus personne ne croit plus. • Surtout pas Alexander Douguine, qui voit la guerre totale.
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27 juillet 2025 (09h00) – Cette fois, Douguine tombe vraiment à pic. Son texte, chargé de désenchantement et de pessimisme n’est pas outrancier. Il marque bien le climat général à Moscou après la troisième séance de “négociations” en Turquie, – dont tout le monde se fiche à Moscou (et ailleurs aussi, sinon les jérémiades turco-américanistes qui vous annoncent un sommet Trump-Poutine-Zelenski, – rien que cela). Tout le monde à Moscou (et ailleurs, suite) sait que la rencontre a été par automatisme de ne pas décevoir tous les amis du Sud Global, – qui, eux-mêmes, ne croient plus à un arrangement quelconque mais se préparent à un affrontement.
Il existe un courant d’un changement de paradigme à Moscou. Il s’agit d’une hypothèse, mais fortement renforcée par divers avis de blogueurs et de commentateurs expérimentés. Il faut observer que cete hypothèse va dans le sens des événements sur le terrain. Le 25 juillet, Mercouris donnait, dans une discussion à trois avec Glen Diesen et John Mearsheimer, une précision qu’il garantissait comme absolument vérifiée (on connaît sa prudence extrême) bien que bien entendu entièrement dissimulée pour éviter une identification de son interlocuteur :
« J’ai reçu une communication d’un soldat ukrainien appartenant à un des régiments d’élite, sans doute le régiment Azov, de l’armée ukrainienne. Il décrit le situation du moral et de la coordination au sein de cette unité comme “terrible”. Il estime que la bataille pour Kiev va commencer dans quelques semaines. »
Jusqu’ici, la prudence prévalait chez Poutine et dans sa direction stratégique. Désormais, selon le climat signalée plus haut, l’idée sur les opérations est qu’il est désormais préférable de jouer à fond la conduite de la guerre (qui continue à être de plus en plus favorable,, voir Mercouris le 26 juillet), sans compter sur aucune amélioration politique et diplomatique.
Rien ne s’améliore à l’Ouest dans ce sens, tout empire. Même les “menaces de guerre” de l’Allemagne sont considérées avec sérieux à Moscou tout comme les menaces de l’habile général Donahue, le commandant en cef surême des forces de l’OTAN, envisageant de prendre l’enclave russe de Kaliningrad en une poignée de journées. Tout cela se fait et s’agite sans que les armées alliées, Allemagne et dans l’OTAN, aient la moindre chance dans tel ou tel engagement. Bien entendu, les stupides Britanniques poussent dans ce sens, tandis que la France est beaucoup moins en pointe, selon les militaires russes. En vérité, observons-nous, les Britanniques ne seraient pas mécontents que les Allemands subissent de véritables revers militaires, ce qui supprimerait pour longtemps une résurgence de la puissance allemande sur le continente dont Londres ne veut à aucun prix, – vieille tactique britannique remontant au moins aux guerres napoléoniennes sinon à la bataille d’Hastings, – rien que de la pensée stratégique toute fraîche.
Pour résumer le climat, on reprend l’avis affirmé avec force de John Mearsheimer, selon lequel tout se réglera sur le terrain, avec un formidable avantage aux Russes. Le point de vue russe serait, selon ces rumeurs, qu’il est désormais préférable de frapper durement en espérant que le choc ramènera un peu d’ordre dans le chaos, selon l’idée que la réalité exacerbera l’impuissance, le nihilisme et la crainte des Occidentaux ; ou alors, que la guerre conduira à des déstabilisations intérieures ayant raison des gouvernements mis en place par les élitesSystème inexorablement russophobes... Toutes ces perspectives alors que s’installe une complète indifférence de l’administration Trump, entièrement absorbée par la crise Epstein dans les dimensions qu’on a décrites, qui embrase toute la direction américaniste... Une administration et un establishment US devenus isolationniste, non par ses actions qui restent mortifères et répandues dans le monde entier, mais par l’absence d’impulsion sur les situations extérieures...
C’est là-dessus qu’on peut introduire le texte de Douguine qui, plus ou moins va dans le sens de ce que nous décrivons à partir de ces rumeurs. Le titre complet du texte de Douguine, présenté par ‘euro-synergie.hautetfort.com’’:
« Le nouveau “Général Armageddon” de la Russie et la peur de la guerre totale en Occident. Les négociations s’évanouissent ; le conflit reprend. »
Bref, la pente générale est clair : nous finirons bien par l’avoir, notre grande guerre. Alors, la civilisation occidentale pourra prendre son miroir et lui poser la question : “Miroir, dis-moi enfin que je suis donc bien la plus belle et la plus forte”. Un miroir acheté au rabais, et complètement déformant.
dedefensa.org
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Alexander Douguine présente les pourparlers d’Istanbul comme un théâtre sans avenir et déclare que l’ère de la guerre totale a commencé.
Examinons comment le troisième tour de négociations à Istanbul a été couvert cette fois-ci par les médias. Tout à fait différemment des premier et deuxième tours.
Cette fois, l’information était chiche et laconique, comme si elle concernait une routine qui ne mènerait clairement nulle part. Les deux premiers tours de négociation avaient été essentiellement les mêmes sur le plan du contenu, mais ils avaient provoqué un frisson nerveux au sein de la société russe: les patriotes craignaient la trahison comme si c’était une sentence de mort, tandis que les libéraux silencieux et les occidentalisés de l’élite aspiraient à cette trahison avec un plaisir pervers. Cette tremblote ne pouvait être dissimulée. Maintenant, tout le monde comprend que la trahison n’arrivera pas, et pour le reste, – personne ne s’y intéresse particulièrement.
Dans les premiers tours, tout le monde, directement ou indirectement, était à l’écoute de la réaction de Trump. À tout moment, il pouvait venir lui-même, s'emporter furieusement contre Zelenski, exploser de rage face à la détermination de Poutine, et ainsi de suite. Il n’est allé nulle part, s’est énervé contre tout le monde, a vitupéré contre tout le monde, insulté tout le monde, puis est retourné à ses affaires — en l'occurrence dissimuler la liste d’Epstein et tenter de faire arrêter Obama.
Malgré l’excentricité de Trump, le comportement des États-Unis s’est avéré, curieusement, plutôt prévisible et peu différent de celui de Biden et des neocon — et nous avons appris à vivre et à fonctionner dans de telles circonstances. Ce n’est pas que Trump se soit complètement retiré, mais il ne semble pas prêt à faire quelque chose d’extrêmement mauvais (ni même quelque chose de bon) en ce moment. Cela signifie que la situation perdurera sur le long terme. Les 50 jours que Trump a déjà abandonnés comme ultimatum ne signifient rien du tout. D’où l’attitude générale envers le troisième tour: le facteur Trump s’est estompé, et donc les négociations n’ont plus beaucoup de poids. Il n’y aura pas de miracle. Les nazis ukrainiens ne sont toujours pas prêts à se rendre, donc il n’y a rien à discuter.
Il vaut la peine de s’arrêter sur le facteur Vladimir Medinsky [le chef négociateur russe]. Beaucoup croyaient à tort, faute de détails, qu’il était responsable de l’échec des premières négociations d’Istanbul en 2022, qui ont été suivies de réelles difficultés sur le champ de bataille pour la Russie. Il n’était pas en tort et, alors, comme maintenant, poursuivait une ligne fortement patriotique. C’est un homme intelligent qui ne vendra pas sa patrie. Le premier tour des nouvelles négociations a clairement montré cela. Ainsi, dans l’œil de ses alliés comme de ses ennemis, il est perçu comme un nouveau “Général Armageddon” ou quelque chose comme ça. Le fait qu’il soit historien ne fait qu’ajouter à la gravité: nous forgeons maintenant l’histoire de la Russie, et pour cela — pour obtenir la victoire — cette histoire doit être connue et comprise. C’est ainsi qu'apparaît le bon type d’historien.
En même temps, il ne faut pas surévaluer les protestations qui se déroulent actuellement à Kiev, afin d’éviter de retomber dans la panique. Tout d’abord, le nombre de personnes impliquées dans ces manifestations reste relativement faible, et ce n’est guère une tendance généralisée. Beaucoup restent fidèles au régime. C’est regrettable, mais c’est la réalité. Deuxièmement, le NABU (Bureau anti-corruption national de l’Ukraine) et le SAP (Procureur anti-corruption spécialisé) attaqués par Zelenski ne sont jamais que des structures soutenues par Soros. Elles ne feront jamais rien d’utile ou de bénéfique pour nous. C’est une évidence. Par conséquent, il est prématuré de considérer la position de Zelenski comme catastrophique ou même fragile. Ce qui signifie que Kiev n’est pas encore prête pour un dialogue substantiel avec nous.
Pendant ce temps, l’Europe se prépare à faire la guerre contre nous [la Russie] de manière directe et plus dure. Cela aussi ne doit pas être ignoré.
En un mot, il faut maintenant comprendre que la grande guerre est chose sérieuse, car elle se prolongera et sera totale. Il est temps de transformer la Russie en un pays sur pied de guerre. Combien de temps continuerons-nous à crier “Nous sommes pour la paix” ? Même si nous désirons effectivement la paix (mais certes pas à n’importe quel prix !), ils veulent surtout la guerre, eux, et ne cherchent pas à le cacher. L’Occident a pris sa décision: si l’Ukraine ne peut pas vaincre la Russie, alors l’Union européenne essaiera, et ce qui se passera ensuite, ils le découvriront plus tard. Une apocalypse nucléaire est tout à fait possible. L’état des sociétés occidentales s’est tellement dégradé que l’autodestruction atomique ne paraît plus une idée si terrible à leurs esprits tordus. Télécharger la conscience sur des serveurs dans le cloud puis s'autodétruire. Cela semble fou, mais ce n’est plus aussi invraisemblable qu’il y a quelques décennies.
Dans une telle situation, les négociations avec Kiev sont tout simplement dépourvues de sens — pour l’instant, du moins. Qu'elles se poursuivent ou soient mises en pause, cela ne change rien. Des assistants de Medinsky ou du personnel purement technique peuvent être envoyés au prochain tour. La nouvelle version de “Général Armageddon” a accompli sa mission. Brillamment. La prochaine étape est la signature d’un acte de reddition inconditionnelle. Cela peut très bien être fait par le président lui-même lors d’une rencontre avec Zelenski, qui a déjà commencé à rechercher une telle rencontre.
Mais pour que tout cela devienne réalité, nous devons commencer à convertir le pays de manière plus intensive à une économie de guerre. On disait autrefois que personne n’est prêt pour la guerre jusqu’à ce qu’elle commence. Cela dure déjà quatre ans et durera encore beaucoup plus longtemps, durement, terriblement. Il est temps d’accepter cette vérité dans nos cœurs et nos âmes.