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6372• Les USA, producteurs de tous les progrès concevables, sont peut-être sur le point de réussir un coup de maître. • Le F-35, ex-JSF, est tellement catastrophique qu’il faut prévoir d’avance la logistique, les pièces de rechange et les clefs à molette pour réparer les pannes à venir, qu’il faut pouvoir suivre. • Ils proposent donc de créer un immense réseaux avec la superbe idée d’y intégrer les Européens ayant choisi le F-35. • Ainsi vous vendra-t-on, en même temps que l’avion qui ne marche pas, le matériel pour tenter de réparer ses pannes.
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Les grandes têtes étoilées du Pentagone, avec leurs compagnons et compagnes des grandes entreprises caritatives du Complexe (CMI), ont trouvé une nouvelle vertu au F-35, l’ex-JSF qui nous occupa grandement pendant des décennies. Il s’agit d’un enseignement important tiré, avec une sagacité et une rapidité peu communes, du conflit ukrainien : pour faire la guerre, il faut des réserves (en carburant, en munition, en pièces détachées de toutes sortes). Du coup, nous enseigne le F-35, il faut savoir se débarrasser de la doctrine très américaniste et capitalistique du “justàtempisme” (ou “justintimism”, les deux à partir des expressions “Juste à temps” et “Just in time”).
Ainsi nous en avise le général Schmidt, de l’USAF et de la direction du JPO (ex-“JSF Program Office”) du Pentagone, entouré de ses explications de “marketing-des-grandes-surfaces versus appui-feu-sur-Barmouth”...
« Le “Juste à temps” est une stratégie de distribution utilisée par les entreprises pour maximiser leur rentabilité en réduisant au minimum les coûts d'inventaire. L'idée est d'avoir des fournitures prêtes et disponibles au moment où l'on en a besoin, plutôt que de les mettre de côté dans un entrepôt en vue d'une utilisation ultérieure. Un tel système fonctionne bien dans le secteur privé, a déclaré Schmidt, mais il peut avoir des conséquences désastreuses pour une armée qui mène une guerre dans des “environnements très contestés”. »
Cette précision, venu d’un texte de RT.com lui-même inspiré d’une nouvelle de ‘Defense News’, s’inscrit dans une analyse donné par le général Schmidt lors d’un séminaire de la Navy’s League, dans le Maryland.
« Le programme F-35 aura besoin d'une “chaîne d'approvisionnement plus résiliente pour garantir que l'armée puisse le maintenir en vol lors d'une future guerre très disputée”, a rapporté ‘Defense News’ lundi, citant les commentaires du lieutenant général de l'armée de l'air américaine Michael Schmidt. S’exprimant lors de la conférence Sea Air Space de la Navy League, lundi dans le Maryland, Schmidt a mis en garde contre les pénuries de pièces détachées qui pourraient conduire à un désastre lors d'un conflit majeur.
» “Lorsque vous avez cette mentalité [Juste à temps], un seul problème dans la chaîne d’approvisionnement, qu’il s’agisse d’une grève ou d'un problème de qualité, devient la cause d’une défaillance générale”, a déclaré le chef de programme. Nous devons nous demander à quoi ressemblera le “Juste à temps” à l’avenir, afin de nous donner plus de résilience dans un environnement de combat. »
On nous informe, parce qu’il faut bien être précis, que le programme F-35 connaît beaucoup de problèmes de maintenance et de logistique. Schmidt, selon le style des sources citées, a précisé par exemple et sur la pointe des pieds que, chaque jour du mois de février 2023, « 29% seulement de la flotte américaine de F-35 était pleinement apte à sa mission ». Cela donne une idée de l’“énormité” des problèmes de l’avion, confronté à “l’énormité” du réseau de bases diverses d’où opèrent des F-35 (27 bases, 10 navires, neuf pays disposent de F-35, 17 font partie du programme)... Précision :
« Les législateurs américains [le Congrès, le GAO, etc.] ont estimé que la maintenance de la flotte de F-35 [sur l’hypothèse d’une partie de vie opérationnelle de 20 ans] coûterait 1 300 milliards de dollars, en partie à cause du manque de fiabilité de l'appareil... »
Bien entendu, Lockheed-Martin, qui tient le F-35 dans l’industrie, est de la partie. C’est un phénomène intéressant qui commence à faire mesurer les dimensions oxymoriques du programme, c’est-à-dire les activités industrielles qui peuvent profiter des faiblesses et des impasses du programme qu’elle a développées triomphalement. Ce phénomène s’est intégré dans la discussion qui a eu lieu autour du général Schmidt, avec la participation de la directrice du programme chez Lockheed-Martin, prête à proposer des dépenses supplémentaires colossales pour ses clients favoris et périphériques.
« Bridget Lauderdale a déclaré que l'entreprise s'est davantage concentrée sur la prévision de la demande pour l’avion afin d'anticiper ses besoins en pièces détachées avec plus de précision. “Beaucoup de ces matériaux nécessitent un délai de préparation, même si l'on dispose d’un financement et d'une capacité de réparation”, a-t-elle déclaré. »
On voit l’évolution signalée plus haut, c’est-à-dire la transformation d’une faiblesse mortelle (un monstrueux labyrinthe à mettre en place pour l’entretien des avions qui connaissent constamment de monstrueux problèmes d’entretien) en une opportunité financièrement juteuses, enrobée dans une communication-simulacre faisant passer une opération de sauvetage constant d’un énorme problème pour une réussite industrielle et de coordination sans précédent. En effet, le général Schmidt, après avoir exposé un problème qui discrédite tout le programme et les capacités de l’avion de combat, s’exclame « What a huge opportunity ! » en constatant que les utilisateurs (?) européens du F-35 et les chefs de l’USAF en Europe avec lleurs F-35, peuvent regrouper en un seul réseau tous les besoins de création de stocks considérables de matériels d’entretien et de logistique pour permettre au F-35 de tenter de décoller, voire de voler en temps de guerre, – peut-être jusqu’à envisager de combattre pour une minorité d’entre eux bien équipée en pièces de rechange...
« Schmidt a prédit qu'il y aurait entre 500 et 600 F-35 en service en Europe d’ici quelques années, et que moins de 100 appareils appartiendraient à l'armée américaine. “Il s'agit là d'une occasion unique de tirer parti des environnements logistiques et de maintenance des uns et des autres”. »
“Regrouper en un seul réseau”, – le rêve ! Ce réseau serait (sera) évidemment sous le contrôle, la maîtrise et la direction de la partie américaniste. Il est acquis que tous les Européens, von der Leyen et Borrell en tête, se précipiteront sur la proposition américaniste et que tous les pays UE, OTAN, etc., suivront avec enthousiasme, – c’est comme si c ‘était fait, tant est grande notre confiance dans la résilience de leur sottise moderniste et américaniste. Le réseau deviendra ainsi un grand succès de coopération industrielle, un axe transatlantique de plus pour protéger et renforcer la démocratie, une percée technologique de la coopération et de l’intégration du bloc-BAO, alias “Occident-collectif”.
Certains pourraient penser que c’est ainsi “emprisonner” l’Europe dans un service contrôlé par les USA, à la disposition des USA pour toutes les manipulations. Certes, mais cela n’est pas nouveau, cela serait même une sorte de pléonasme de la technique. L’Europe a été prisonnière dès qu’elle a choisi le JSF, – une succession de pays s’y engageant à partir de 2002 et la décision néerlandaise obtenue dans des conditions absolument douteuses, bien dans leur manière, – sur des décisions politiques ignorant totalement les réalités opérationnelles d’un programme dont les capacités opérationnelles “collectives”, notamment par rapport à la souveraineté des pays acheteurs, sont quasiment et absolument nulles. Cet emprisonnement spécifique (maintenance, logistiques, pièces de rechange) ne fait qu’ajouter un verrou de plus à un enfermement déjà complètement contrôlé, et d’ailleurs avec l’enthousiasme à couper le souffle des élites-zombie de l’UE/OTAN pour l’asservissement assumé au système de l’américanisme fonctionnant en mode IA. Tout cela est si évident qu’il y a effectivement comme un montage très artificiel mais très efficace dans ses effets contraires.
« Note de PhG-Bis : « Ce “mode-IA” n’est pas un simple ornement stylistique. Il se trouve que nous devons nous demander dans quelle mesure, le Système, aux USA, dont Joe Biden est une production-standard, – “Il ne faut jamais sous-estimer la capacité de Joe à foutre la merde” disait Obama de Biden, alors que celui-ci était encore en mode cognitif acceptable, – n’est pas justement, dans sa gestion des choses, dans sa créativité de catastrophes et d’inepties, une avancée camouflée de l’Intelligence Artificielle. Si l’on veut, une “IA-avant-l’IA” qui aurait eu pour mission d’assurer l’autodestruction de la chose, – mission confiée on ne sait par Qui et Comment...Dans ce cas, je propose l’hypothèse que le JSF est une création de l’“IA-avant-l’IA” tant la catastrophe frôle la perfection. »
En effet, ce que proposent Schmidt, le Pentagone, Lockheed-Martin et le Système dans toute sa puissance, c’est l’étouffement d’un scandale (l’incapacité de combat du F-35 dans des conditions de guerre d’une “certaine haute-intensité” dont nous voyons un exemple en Ukraine) par un super-scandale placé au-dessus : un réseau cauchemardesque d’empilements de pièces de rechanges et de milliards de lignes d’encodage pour des pannes et des avatars du F-35 à venir, dont nul ne sait rien et que personne ne peut appréhender, – la seule prédictions assurée étant celle-ci : ils viendront (“des pannes et des avatars... à venir”). Ce qui attend les Européens très-heureux possesseurs de F-35, ce sont des factures salées qui se comptent en $milliards et $trillions, pour encombrer des sites stratégiques qui deviendront des cibles tentantes avec leurs F-35 empilés au milieu de leurs pièces de rechange.
Il reste à convaincre Macron d’abandonner le ‘Rafale’ pour un F-35, sous la forme d’une sorte de ‘Start-Up Fighter’. La France détonne d’une façon obscène dans ce concert des nations européennes. Biden devrait arriver à convaincre Macron qu’il y va de la survie de l’OTAN.
Mis en ligne le 6 avril 2023 à 17H45